Le modèle Palliadôm - Le Moniteur des Pharmacies n° 2778 du 02/05/2009 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2778 du 02/05/2009
 

CLERMONT-FERRAND

Initiatives

Guy Vaganay est trésorier d'un réseau de soins palliatifs qu'il a contribué à créer au terme de plusieurs années laborieuses. Car ce type de projet est difficile à monter, obstacles et tracasseries administratives ayant tôt fait de décourager les professionnels libéraux, peu coutumiers de l'exercice, face à l'omnipotent hôpital. Pourtant, l'engagement du titulaire montre que c'est possible. Et Palliadôm est là pour le prouver.

Après 14 ans d'assistanat, Guy Vaganay s'est installé en 2001 à Clermont-Ferrand avec deux associés. Il s'est immédiatement impliqué dans le syndicat local USPO. « Il me semble que dans notre métier il faut avoir plusieurs casquettes », lance-t-il. De fait, il s'intéresse également aux soins palliatifs, qui ne bénéficiaient d'aucun réseau dans le Puy-de-Dôme. « Plus généralement, la France était en retard, ajoute Guy Vaganay. Un bon indicateur en était la sous-utilisation des morphiniques. Il y a dix ans, notre pays en utilisait deux fois moins que la Grande-Bretagne. Le manque de prise en charge en soins palliatifs en était l'une des raisons. »

A la demande des autorités de tutelle de l'époque, l'agence régionale de l'hospitalisation et l'Union régionale des caisses d'assurance maladie, un premier dossier de création d'un réseau avait été monté. Il fut aussitôt retoqué car il n'impliquait que des hospitaliers quand la demande était résolument ville-hôpital ! « Des contraintes budgétaires ont pesé sur cette décision, explique Guy Vaganay. Il s'agissait de développer les soins palliatifs sans passer par l'hôpital (supposé moins économique) tout en permettant aux gens de satisfaire leur souhait de mourir chez eux. »

Des lenteurs administratives très démotivantes

Du coup, en 2004, tous les libéraux du Puy-de-Dôme sont sollicités pour la mise en place du réseau qui, cette fois, a des contours départementaux... Une grand-messe les rassemble à l'issue de laquelle une trentaine de volontaires sont intéressés, dont six confrères de Guy Vaganay : « La période de gestation a été longue et fastidieuse. Pour la rédaction des statuts, chacun donnait son avis sur la manière dont les professionnels libéraux pouvaient animer le réseau. Le souhait était de tendre vers une prise en charge maximale de ce qui n'était pas ou mal remboursé. Pour les fournitures pharmaceutiques, nous devions trouver un équilibre entre le prix libre et le prix juste. Là, ma casquette de syndicaliste m'a servi, car j'ai pu faire avaliser par mes confrères une liste de matériels et fournitures à prix encadrés... »

Accord et financements arrivent enfin à l'automne 2005, mais non sans conséquences : au fil des réunions, les rangs des participants s'éclaircissent ! Il reste à peine une dizaine de membres dans le bureau et, rapidement, Guy Vaganay se retrouve le seul pharmacien actif, aux côtés de ses collègues médecins, infirmiers et hospitaliers : « L'investissement bénévole a ses limites, d'autant que nous avons dû nous investir davantage encore à la suite de la démission au bout de quelques mois du médecin hospitalier, qui était le pilier de la création du réseau. De par sa légitimité et sa compétence, il prenait une place qu'il nous revenait de tenir au mieux. »

Les pharmaciens toujours obligés de prouver leurs compétences

Les débuts de Palliadôm sont laborieux : « Sans médecin salarié les trois premiers mois, le réseau peinait à réaliser les évaluations nécessaires lors de la prise en charge du patient », raconte Guy Vaganay. Et puis, si tout le monde s'accorde sur le principe de l'utilité du réseau, il reste encore à convaincre de faire appel à lui : « Les libéraux ont l'habitude de travailler seuls. Le réseau bouleverse les habitudes car il faut partager ses connaissances et les décisions. Par ailleurs, nous avions à faire nos preuves. Nous n'avions pas de légitimité hospitalière non plus, du fait de cette démission, et l'hôpital est une structure qui fonctionne en vase clos ; il ne se décharge pas facilement sur les libéraux... qui le lui rendent bien !, reconnaît avec lucidité Guy Vaganay. Sous la pression de la demande, cependant, nous avons été sollicités, notamment pendant les vacances d'été des hospitaliers où nous fonctionnions alors en surrégime. Et c'est parce que nous avons été compétents que ceux qui ont fait appel à nous une fois ont continué de le faire et que, progressivement, notre activité est montée en puissance. »

A tel point qu'aujourd'hui le réseau a dû recruter un cadre (une infirmière) pour assurer l'interface entre l'équipe et le bureau, confronté là encore aux limites du bénévolat. De même, un demi-poste supplémentaire d'infirmière sera créé qui s'ajoutera aux deux temps pleins et demi existants, au temps plein et demi de médecins et aux deux temps pleins d'une psychologue et d'une assistante sociale, pour une prise en charge des soins palliatifs globale qui concerne près de cent cinquante personnes par an.

Dans les réseaux, les pharmaciens, selon Guy Vaganay, sont encore trop timides : « L'idée est encore trop souvent répandue qu'ils n'ont pas grand-chose à y faire. Au départ, certains professionnels de santé n'imaginaient même pas qu'ils puissent participer aux réunions de coordination, par exemple lors de l'inclusion d'un patient dans le réseau. Et pourtant, qui dit soins palliatifs dit prévision, et le pharmacien peut s'approvisionner en anticipant sur les prescriptions à venir. Il peut aussi apporter sa compétence en matériel médical autour du lit du malade. Par ailleurs, il apporte souvent une perception de la famille différente de celle de l'infirmier ou du médecin. Eux sont plutôt au contact du malade, lui plutôt de son entourage. »

« Je ne peux qu'inviter mes confrères à rallier les réseaux »

Après trois ans de fonctionnement, Palliadôm doit maintenant satisfaire une double exigence de ses autorités de tutelle : mettre l'accent sur la formation des libéraux et unifier les réseaux au niveau régional. Ce qui réclame du temps et des moyens. « Pour la formation, explique Guy Vaganay, nous y consacrerons plus de temps car c'est en effet nécessaire. L'idéal serait même que chaque libéral soit suffisamment compétent en soins palliatifs pour que le réseau n'ait plus lieu d'être. Car nous ne sommes qu'un support à l'équipe libérale ; elle seule devrait soigner et prescrire, ce qui n'est pas toujours le cas : l'équipe salariée de Palliadôm est quelquefois soignante par défaut. Pour ce qui est des synergies à mettre en place au niveau régional, notamment l'astreinte téléphonique et la permanence des soins, les autorités devront s'impliquer davantage afin de peser sur les décisions à prendre et en assurer le financement. Le bénévolat a ses limites, je le répète. Certes, le réseau repose surtout sur l'équipe salariée et le cadre de santé, mais combien resterons-nous demain au bureau ? Pour ma part, j'y suis bien et ne peux qu'inviter mes confrères à aller prendre leur place dans les réseaux existants et ceux restant à créer. » En s'inspirant peut-être de Palliadôm...

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Guy Vaganay

Les avantages

- Rencontrer d'autres professionnels de santé ; échanger avec eux.

- Sortir de l'officine, afin d'affirmer sa légitimité auprès des autres professionnels de santé.

- Travailler d'égal à égal avec les autres professionnels libéraux.

- Goûter la satisfaction de créer quelque chose et d'en mesurer la progression.

- Suivre une formation continue accélérée, grâce à l'approche globale des soins palliatifs.

- S'épanouir à travers un investissement personnel aussi valorisant, « qui renforce sa conviction dans les tâches quotidiennes ».

Les difficultés

- Intégrer un tel réseau exige de la disponibilité, surtout si l'on veut y prendre toute sa part.

S'investir pleinement peut générer de la frustration vis-à-vis des autorités de tutelle, généralement plus promptes à décider qu'à accompagner les initiatives de terrain.

- Se faire reconnaître, en tant que pharmacien, comme professionnel de santé. « Peut-être cela vient-il de nos études où nous sommes trop dans la passivité, notamment au regard de la prescription. Nous pourrions être plus actifs. Par exemple, nous avons des logiciels qui peuvent intégrer les profils pathologiques. Y renseigner certaines constantes serait très pertinent en termes de sécurisation de la délivrance médicamenteuse et d'iatrogénie. »

Les conseils de guy Vaganay

- « Mieux vaut s'associer, pour avoir plus de temps et pouvoir ainsi s'impliquer dans de telles initiatives, extrêmement enrichissantes sur les plans professionnel et humain. »

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