L'association indiquée - Le Moniteur des Pharmacies n° 2777 du 25/04/2009 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2777 du 25/04/2009
 

MARSEILLE

Initiatives

La conduite d'une association correspond parfaitement à l'état d'esprit du pharmacien, estime Michèle Delaroque, titulaire à Marseille, qui fête les 10 ans de l'Association des commerçants 5 Avenues-Longchamp. Elle constate tous les jours l'efficacité d'un tel engagement pour la survie du commerce de proximité.

Qui a dit que le pharmacien devait avoir le comptoir pour seul horizon ? Certainement pas Michèle Delaroque, qui va fêter les dix ans de l'Association des commerçants 5 Avenues-Longchamp, dont elle fut à l'origine le 18 juin 1999. Cotitulaire de la Pharmacie des Cinq Avenues, l'une des plus anciennes de Marseille (elle daterait des années 1880), cette battante n'a pas hésité une seconde quand il a fallu monter au créneau. A l'époque, il s'agissait de montrer qu'un quartier pouvait exister en dehors de l'hypercentre-ville (proche) et des grandes surfaces périphériques, et que ses habitants pouvaient y trouver tout ce qu'ils désirent. Et aussi, d'être un interlocuteur crédible vis-à-vis des pouvoirs publics pour les questions de propreté, de sécurité ou encore d'accessibilité.

Le déclencheur a été la braderie foraine. Il y a 10 ans, elle constituait le seul élément d'animation du quartier et, selon certains, le tirait vers le bas. Insupportable pour la poignée de commerçants qui avaient envie de s'impliquer dans la vie de leur quartier et de changer la donne. Parmi eux, Michèle Delaroque. Née dans le quartier, installée dans la même pharmacie depuis 1985, 7 ans après sa sortie de la faculté de Marseille, la titulaire a senti qu'il était nécessaire de participer à l'aventure. Pour elle, pour sa pharmacie, pour les autres. « Seuls, chacun dans notre coin, nous n'étions rien, nous n'existions pas. A plusieurs, nous pouvions beaucoup », commente-t-elle.

Pharmacien donc sage et digne de confiance

Les commerçants ont voté à l'unanimité pour élire la titulaire à la présidence de l'association. « J'ai été choisie à cause de l'image qui est rattachée au métier de pharmacien. Il est considéré comme quelqu'un de neutre, de sage, qui ne tire pas la couverture à soi et dans lequel les autres ont d'emblée confiance. Etre pharmacien, c'est savoir travailler en équipe. Cela compte, quand on doit gérer une association. A condition de savoir aussi se retrousser les manches. Je me souviens encore que, pour notre premier Téléthon, j'ai passé la journée à vendre des bougies. Compte tenu du coût horaire d'un pharmacien, ce n'était pas forcément rentable. Mais ce serait sans compter le plaisir de participer à une oeuvre collective. »

Ce respect va se gagner à la force du poignet. « Avec une amie, parfumeuse, nous avons passé beaucoup de temps à arpenter les rues pour convaincre les commerçants de nous rejoindre. Je n'étais pas encore associée et j'ai dû embaucher une personne supplémentaire dans la pharmacie », raconte Michèle. Le résultat est à la hdiv du travail accompli, avec, au final, une centaine de commerçants adhérents. Michèle Delaroque se rapproche aussi de la chambre de commerce et d'industrie de Marseille et, avec l'aide de ses permanents et de subventions, crée un site Internet (http://www.5avenues-marseille.com). « C'était la première fois qu'une association de commerçants se lançait ainsi dans Internet. » Cela lui aura valu de remporter à deux reprises le Trophée 13 de la communication et de faire braquer les projecteurs des médias sur le quartier.

L'association, c'est aussi des animations tous azimuts. Au programme : cartes de fidélité, courses de garçons de café, carnaval, loterie, illuminations, Saint-Valentin, concours de dessins, expositions de peintres dans la rue, apéros-concerts en prélude au festival de jazz des Cinq-Continents, concert rassemblant plus de 3 000 personnes dans les jardins du palais Longchamp, festival de culture hispanique, ferme pédagogique, distribution de sacs écologiques avec le logo du quartier, etc. « Les idées fusent. C'est fou ce que les commerçants sont productifs quand il s'agit de donner vie au quartier !, s'enthousiasme-t-elle. Ce qui nous motive, c'est aussi la conviction que, sans commerces de proximité, accueillants, de qualité, un quartier se meurt, les gens partent, les impôts ne rentrent pas et les infrastructures nécessaires ne peuvent pas suivre. »

Prendre un associé pour tenir la distance

Michèle Delaroque est aussi chargée d'aller chercher les subventions auprès des partenaires et des institutions comme le conseil général, la municipalité ou la chambre de commerce, et aussi d'assurer les relations publiques auprès des médias. Elle apprend à parler en public et gagne en confiance. « J'ai un défaut, dans l'association comme dans l'officine, celui de vouloir en faire trop, observe-t-elle. Quand je décide de faire quelque chose, je le fais à fond, sinon j'ai l'impression de le faire mal. Et puis, dans l'esprit des commerçants, le président doit tout faire. Cela n'aide pas à lâcher prise. » Totalement absorbée par une officine qui se développe et sa participation active dans une SEL, à l'autre bout de l'agglomération marseillaise, Michèle Delaroque finit par craquer, laisse l'association en roue libre et, pour s'accorder un peu plus de recul, prend un associé. Deux ans après, elle remonte au créneau, d'autant que les travaux du tramway vont plonger les commerçants dans de grosses difficultés, avec des chiffres d'affaires en berne. « Le fait d'être entre nous, d'être unis, nous a permis de tenir le choc pendant deux ans », assure Michèle Delaroque.

« Depuis que je suis adjointe au maire, on m'en demande plus ! »

En mars 2008, Michèle Delaroque est en 10e position sur la liste UMP du troisième secteur de Marseille. « Quand on m'a sollicitée, j'ai énormément hésité, avoue-t-elle. J'ai finalement dit oui et j'ai été élue. » Adjointe au maire de secteur, elle est chargée... des relations avec les commerçants, domaine qu'elle connaît par coeur. Ceci aura une conséquence : lâcher la présidence de l'association. Du moins formellement. Parce que, faute de candidat, elle continue à s'investir à 100 %. « Depuis que je suis élue, les commerçants m'en demandent encore plus ! Ils ne comprennent pas toujours que les choses n'aillent pas beaucoup plus vite... »

Décidée à aller au bout de son mandat d'adjointe, Michèle Delaroque confesse : « La vie associative correspond davantage à ma personnalité. On a un objectif, des moyens et on sait qu'on va obtenir un résultat. Dans une mairie de secteur, on est dépendant de la mairie centrale. On reçoit des doléances que l'on transfère ailleurs, sans pouvoir vraiment les traiter. Finalement, je me rends compte que la conduite d'une association correspond parfaitement à l'esprit d'indépendance d'un pharmacien, à sa combativité. Et, aussi, à sa capacité à se mettre au service des autres. » Ce qui n'est jamais contre-indiqué !

Envie d'essayer ?

Les avantages

- Sortir de l'officine et connaître d'autres personnes, d'autres expériences, d'autres secteurs.

- Contribuer à monter un projet très différent du monde pharmaceutique (un spectacle par exemple).

- Participer à une aventure qui n'est pas balisée d'avance.

- Etre maître d'oeuvre de projets, de l'idée jusqu'à sa réalisation.

- Développer le relationnel avec les élus, la chambre de commerce...

- Développer la confiance en soi.

- Apprendre à parler en public.

Les inconvénients

- Le temps passé.

- La lourdeur des tâches administratives et de la paperasse. Il ne suffit pas de dire les choses pour qu'elles se fassent. Il faut toujours faire des courriers.

- La tendance des membres de l'association à tout déléguer au président.

- La difficulté à trouver des successeurs.

Les conseils de michèle delaroque

- « On n'est pas président d'une association de commerçants pour faire davantage de chiffre d'affaires dans son officine. Au contraire. Le fait de prendre position sur la vie du quartier peut faire perdre des clients. On est président pour participer et faire changer les choses. Il faut penser quartier, collectif, avenir, pas au tiroir-caisse. »

- « Pour réussir, il ne faut pas compter ses heures, mais aussi avoir l'esprit d'équipe et d'aventure. »

- « Il faut être très organisé, très rigoureux, et bien choisir son bureau. »

- « Avec une telle responsabilité associative. Il faut songer à sa succession et l'organiser ! »

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !