Pile-poil révolutionnaire

Guy Pillot a inventé une brosse à dents révolutionnaire. Son ergonomie seule suffit à susciter le geste idéal du brossage et elle a été conçue pour que ses poils ne soient jamais en contact avec la surface sur laquelle elle est posée. Tout a commencé il y a 10 ans lors d'une conférence. « Après qu'un chirurgien-dentiste réexpliqua les techniques de brossage comme celles de Bass, Charter, etc., je me suis demandé si moi-même je les appliquais... »

Le pharmacien, qui a débuté sa carrière en créant une société de MAD-HAD, en a gardé depuis le goût pour l'innovation. « Au début des années 80, j'étais l'un des rares pharmaciens à avoir investi ce marché, et cela m'a permis de rencontrer de nombreux professionnels de santé (kinésithérapeutes, chirurgiens...). J'avais à coeur de trouver le produit en parfaite adéquation avec leurs attentes », explique Guy Pillot. C'est ce souci de la perfection qui le poussera, bien des années plus tard, à rechercher la meilleure forme à donner au manche d'une brosse à dents pour qu'elle devienne un véritable outil médical de prévention de la santé buccodentaire !

Apporter à la fois une simplicité d'usage et un faible coût

« En tant que pharmacien, je me sentais impliqué dans mon rôle d'éducateur de santé et je me devais de promouvoir une bonne hygiène dentaire, détaille Guy Pillot. Mais comment le faire quand l'outil, à savoir la brosse à dents, n'est pas adapté aux techniques de brossage recommandées ? Toutes les bibliographies mentionnent les difficultés d'application de ces techniques pour des raisons morphologiques. Et, pendant ce temps, les pathologies consécutives à une mauvaise hygiène buccodentaire constituent la quatrième cause mondiale de morbidité. Il n'y avait donc qu'une solution : repenser globalement le concept et imaginer un outil qui, du manche à la tête, soit adapté aux techniques de brossage comme à la morphologie de la main. »

Avec des kinésithérapeutes, le pharmacien étudie les mouvements de préhension possibles pour la main. Le fléau et les couteaux de la balance, si symboliques pour l'officinal, vont lui donner l'idée d'un manche spécial : « Il fallait que sa partie supérieure en dièdre forme un plan de 90° pour se positionner naturellement entre les phalanges de la main qui constituent cet angle, explique Guy Pillot. Elle présente ainsi dans son prolongement la tête de la brosse à 45°, qui est l'axe exact des commissures interphalangiennes. Et c'est aussi l'angle préconisé pour présenter les poils de la brosse à dents au niveau du sillon gingivodentaire et permettre ainsi d'appliquer la technique de Bass... »

Il ne restait plus qu'à commercialiser l'invention. « Mes recherches ont été conditionnées par deux impératifs : d'une part, une simplicité d'usage, pour que tous les utilisateurs, jeunes ou âgés, puissent respecter les techniques de brossage, et, d'autre part, un faible coût pour permettre un large accès de toutes les populations. »

Inventeur de l'année... à quelques secondes près

Guy Pillot va commencer par sensibiliser à son projet diverses ambassades. En vain. Il le délaissera quelque temps, jusqu'à sa participation à l'émission L'Inventeur de l'année sur M6, en 2006, où il recueillera deux des quatre voix du jury. « J'avais 2 minutes pour les convaincre de l'intérêt de ma brosse à dents. L'un des membres du jury qui a voté pour moi, consultant en marketing, a ensuite développé des arguments que je n'avais pu utiliser par manque de temps. Cela m'a redonné l'énergie de me battre ! »

L'officinal reprend donc son bâton de pèlerin. Il embauche un adjoint pour pouvoir se dégager du temps et multiplie les rendez-vous avec les représentants des professionnels de santé et les institutionnels. De l'Union française pour la santé buccodentaire aux médecin et pharmacien inspecteurs de santé publique en passant par les directeurs d'hôpitaux ou les présidents de groupements de pharmaciens, Guy Pillot ne néglige aucune piste. « Bien sûr, je souhaite trouver un fabricant. Mais je ne veux pas développer le projet tout seul et surtout pas qu'il soit réduit à une simple initiative commerciale, assure le pharmacien. Il s'inscrit dans le cadre de la prévention de la santé buccodentaire, à laquelle j'aimerais que tous les pharmaciens puissent participer car c'est leur rôle. C'est aussi une façon de prouver que nous pouvons être innovants et trouver des moyens de renouveler les standards de l'éducation pour la santé. »

Associer le pharmacien à la prévention buccodentaire

Un engagement que l'officinal met aussi en application au quotidien. Chaque occasion est bonne pour parler à ses clients de l'importance d'entretenir son capital buccodentaire à tout âge. « Les femmes y sont particulièrement sensibles, note Guy Pillot. Je parle de l'hygiène dentaire bien sûr lors des ventes de produits de ce rayon, mais aussi lors de demandes de produits diététiques ou lors des conseils associés pour des ordonnances de fluor par exemple. Je renvoie aussi mes clients chez leur chirurgien-dentiste. Je leur explique en détail pourquoi la prévention buccodentaire est si importante, et je suis frappé de voir à quel point ils apprécient lorsque je développe des arguments scientifiques. Ils y sont en général très sensibles. »

Avec une diététicienne, Guy Pillot a aussi décidé de monter des réunions d'information pour le personnel soignant en EHPAD. « Le succès a été tel que j'envisage de réitérer l'expérience et de proposer des réunions d'information aux résidents eux-mêmes. » Nul doute qu'avec une telle énergie sa brosse à dents révolutionnaire trouvera bientôt place dans bon nombre de salles de bains...