Celesio veut faire signer des promesses de vente aux officines - Le Moniteur des Pharmacies n° 2774 du 04/04/2009 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2774 du 04/04/2009
 

ALLEMAGNE

Actualité

Sans attendre les jugements de la CJCE sur l'ouverture du capital en Sarre et en Italie, le répartiteur allemand, propriétaire de l'OCP, poursuit sa stratégie de verticalisation en concoctant des promesses de vente à l'attention des officinaux allemands.

Selon des informations confidentielles données par un site professionnel allemand, Celesio (qui n'a pas donné suite à nos demandes réitérées de précisions ou de démenti) n'attendrait donc pas le jugement de la Cour de justice des Communautés européennes pour avancer. Le répartiteur allemand aurait déjà fixé par des contrats de promesses de vente les modalités de rachat d'officines et ses futurs droits de propriétaire. Achats, politique de prix, gestion des ressources humaines, gestion de la base clients, nom de l'enseigne échapperont au pharmacien vendeur s'il décide de rester responsable du point de vente après la cession. Il s'engage par ailleurs à ne pas ouvrir d'officine propre dans un rayon de 2,5 kilomètres pendant deux ans. Cette clause de non-concurrence vaudrait également pour les conjoints, les ascendants et descendants.

10 % versés dès la signature de l'accord

La vente serait effective au lendemain du jugement de la CJCE, à supposer que celui soit favorable à l'ouverture du marché aux chaînes. Mais une partie du fruit de la vente (10 %) serait réglée dès la signature de l'accord. L'Abda (équivalent allemand à la fois de l'Ordre et d'un syndicat professionnel), stupéfié, se retient pour le moment de tout commentaire.

C'est la deuxième grande offensive de Celesio pour se positionner sur le marché de la pharmacie allemande. En 2007, il avait acquis la société néerlandaise de VPC Doc Morris, qui dispose depuis d'un contrat de coopération avec 150 officines. Il y a quelques mois, il a aussi commencé à poser ses jalons sur le sol français. En toute discrétion. Début septembre 2008, le groupe aurait formé plusieurs équipes de collaborateurs pour détecter et approcher les officines. Une formation à bonne école, c'est-à-dire en Allemagne.

Mais c'est pour l'instant sur son propre terrain que Celesio avance ses pions. Il annonçait d'ailleurs la couleur dans son rapport d'activités 2008 en date du 26 mars dernier : « Celesio s'est préparé au cours de l'année 2008 à un assouplissement potentiel de la réglementation sur la propriété de la pharmacie en Europe. Quel que soit le résultat des procédures en cours, Celesio est bien positionné. » Rien d'étonnant pour un groupe dont c'est également le métier : 2 337 pharmacies sont aujourd'hui entre ses mains en Europe. Et la direction de Celesio a déjà déclaré à plusieurs reprises qu'elle lorgnait sur les marchés limitrophes.

Celesio se prépare-t-il à un remake de son opération de 2001 en Norvège ? En une nuit, 61 des 317 pharmacies indépendantes du pays étaient passées aux mains de trois chaînes appartenant respectivement aux répartiteurs allemands Celesio et Phoenix et au Britannique Alliance Unichem. L'avenir proche pourrait y ressembler fortement si la CJCE venait à contredire l'avis préliminaire de l'avocat général Yves Bot. Certes, l'histoire a prouvé qu'il était suivi dans 80 % des cas. Cependant, un récent jugement portant sur des chaînes de cliniques dentaires en Autriche (voir Le Moniteur n° 2770) a dérogé à cette règle. D'où un regain d'inquiétude.

Celesio contraint à se diversifier

En 2008, les pharmacies dans le giron du répartiteur ont enregistré un CA de 3,55 milliards d'euros contre 3,62 en 2007, soit une baisse de 1,8 %, imputable en partie à la faiblesse de la livre. L'Italie mais surtout la Grande-Bretagne, avec des chutes d'activités respectives de 2 et 10,5 %, ont quelque peu perturbé ce marché. Il n'en reste pas moins que pour des questions de synergie comme de stratégie globale, Celesio a besoin de ces points de vente. Ne serait-ce que pour diversifier des activités qui subissent le revers des politiques de santé en Europe. Pour 2008, Celesio a accusé une baisse de 2,3 % de son CA global à 21,83 milliards d'euros et annoncé une perte sèche de 18,5 millions. Et pour 2009, Fritz Oesterle, son patron, n'est guère plus optimiste, prévenant que le groupe devrait connaître un résultat inférieur à 2008, année où le bénéfice brut s'était pourtant réduit de 22 % à 657,3 millions ! Il y a deux mois, Celesio a même dû procéder, en raison de la situation économique, à des amortissements de l'ordre de 287 millions. Or l'activité de détail reste bien plus rentable, au niveau européen, que l'activité de grossiste.

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