Un GIE carrément MAD - Le Moniteur des Pharmacies n° 2771 du 21/03/2009 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2771 du 21/03/2009
 

Initiatives

Voilà quatre mois que les pharmaciens du pays de Ploërmel, dans le Morbihan, se sont organisés en GIE pour faire connaître et développer le maintien à domicile via le réseau officinal. A l'origine de cette initiative, Pascal Aunai et Christophe Laboureau, qui en avaient assez de voir les prestataires couper l'herbe sous le pied des officines, coincées faute de pouvoir communiquer. Ils peuvent maintenant montrer leurs compétences.

Mad. Ce mot parlera sûrement aux patients du pays de Ploërmel puisqu'il signifie « bon » en breton ! Il a en tout cas certainement parlé aux deux pharmaciens de Ploërmel quand ils eurent l'idée, il y a un an, de créer Phar'matériel médical du pays de Ploërmel*, un GIE pour le MAD. « Nos parts de marché dans ce domaine fondaient comme la banquise », raconte Christophe Laboureau, vice-président du groupement d'intérêt économique. « La population vieillit et nous devions être présents à la sortie des hospitalisations pour montrer à nos patients que nous étions compétents dans le maintien à domicile », renchérit Pascal Aunai, le président. On pouvait créer notre structure, mais c'était trop cher et nous manquions de temps. Là, notre mise de fonds a été modeste ! » 1 500 euros seulement ont été nécessaires pour constituer le GIE. Motiver la vingtaine de pharmaciens environnants a été un peu plus difficile.

Après constitution du GIE, il a fallu choisir un fournisseur via un appel d'offres. « Nous avons retenu Pharmaréva car il était pharmacien à la base », souligne Pascal Aunai. Le cahier des charges qui a été défini entre les deux parties exige des délais de livraison très courts, des interventions 7 jours sur 7 et un numéro de téléphone unique. L'adhésion au GIE est de 150 euros par an. « En plus de tarifs très compétitifs, nous avons obtenu une remise de fin d'année pour chaque adhérent et une prime de référencement », complète Pascal Aunai.

Communiquer au nom du GIE pour pouvoir se battre

En sus, le prestataire assure une communication au nom du groupement d'intérêt économique (leaflets pour le public, visite médicale, formations...). Car l'intérêt de se regrouper en GIE est aussi de pouvoir communiquer, l'un des atouts que possèdent les prestataires de maintien à domicile et qui semble constituer le frein essentiel à l'implication des officines dans ce domaine. « Nous ne nous battons pas avec les mêmes armes que les sociétés qui peuvent faire de la publicité et qui sont des professionnels du marketing », déplore Christophe Laboureau. « Or, dans le cas présent, nous ne communiquons pas au nom de tel ou tel pharmacien mais au nom du GIE », poursuit Pascal Aunai. Voilà un premier obstacle réglementaire levé !

Chaque pharmacien adhérent du GIE s'est engagé à travailler essentiellement avec Pharmaréva. Outre la satisfaction de construire un projet, ce système favorise la mise en commun d'idées et de compétences. « On se sent plus fort groupé qu'isolé, insiste Christophe Laboureau, et, surtout, par le biais du GIE on espère attirer l'attention d'autres pharmaciens, sans perdre de vue l'idée que ce groupement doit rester local. Nous souhaitons rayonner sur un périmètre de 50 kilomètres. » Pascal Aunai appuie ces propos : « Nous avons deux "tours de contrôle" : l'hôpital de Ploërmel et Malestroit pour la gériatrie. Grâce au GIE, nous apportons une structure qui offre un réel maillage et une proximité aux malades. Nous sommes leurs pharmaciens, et nous nous devons de les suivre de A à Z. »

Or, la plupart des pharmaciens le constatent, lorsque le malade est hospitalisé, il leur « échappe ». D'autres ont le sentiment que les hospitaliers doutent de la capacité des officinaux à faire du MAD. Là encore, les pharmaciens comptent gommer tous ces doutes grâce au GIE. « Pour nous, c'est une force supplémentaire ! Auparavant nous étions court-circuités par les prestataires qui, eux, savent se faire connaître dans les hôpitaux, les cliniques et les maisons de retraite. Désormais le GIE va nous permettre d'être présents tout le temps », assure Christophe Laboureau.

Une initiative bien accueillie par les médias locaux

Les deux pharmaciens illustrent leurs propos par un exemple : une cliente les a récemment informés de l'hospitalisation de son mari, précisant qu'il aurait besoin d'oxygène et qu'elle aurait recours à eux. A sa sortie, l'oxygène était déjà au domicile du patient... Désormais, par le biais du GIE, le patient ou la famille compose un seul numéro de téléphone pour obtenir le matériel médical adapté aux ordonnances. Un coordinateur réceptionne l'appel et joue le rôle d'intermédiaire entre le patient et le pharmacien.

Peu de temps s'est écoulé depuis le démarrage du GIE, et pourtant les médias se sont déjà penchés sur cette initiative. Preuve pour les pharmaciens fédérateurs que « l'idée doit être bonne ! ». Articles dans la presse régionale et reportage radio se sont succédé. « En tant que pharmacien, nous sommes persuadés que les patients savent que l'officine distribue du matériel médical, mais ce n'est pas le cas !, prévient Christophe Laboureau. On a toujours fait du MAD, mais qui le sait à part nous ? On ne peut plus se suffire de la communication à l'officine. Grâce au GIE nous allons toucher un plus large public et montrer enfin nos compétences dans le MAD ! »

Le GIE s'est doté d'un logo, visible sur les camionnettes de Pharmaréva. Le 20 mars, ce dernier organisait un salon dans la salle des fêtes de Ploërmel. En journée pour le public, en soirée pour les professionnels. « Nous comptons énormément sur ce genre d'événement pour prendre notre place vis-à-vis de l'hôpital, du patient, des médecins et aussi des pouvoirs publics, reconnaît Pascal Aunai. Pour les formations, nous allons solliciter les fabricants et Pharmaréva pourra organiser des soirées dans ses locaux. » Le prestataire sera aussi sollicité pour étendre l'offre du GIE, en qualité et en quantité.

« Nous serons plus forts avec une offre de plus en plus large ! », insistent les pharmaciens, qui comptent bien par ailleurs contracter d'autres partenariats en complément de Pharmaréva. « Nous pensons notamment à un fournisseur de compléments alimentaires hyperprotéinés et hypercaloriques, mais aussi à un fournisseur sur le segment de l'incontinence... », annonce les créateurs du jeune GIE. Comme on dit en breton : « Bloavez mad ! »

* Phar'matériel médical du pays de Ploërmel, Tél. : 02 97 11 22 16.

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LES AVANTAGES

- Dans un secteur bloqué pour l'officine, monter ce type de GIE permet de regagner des parts de marché.

- Il s'agit aussi d'asseoir sa position d'acteur de santé sur le marché du MAD par rapport aux autres professionnels de santé (médecin, hôpital, infirmier...).

- Garder le contact avec les patients, même en cas d'hospitalisation.

- Le GIE ne demande pas d'investissement financier.

- C'est le prestataire référencé par le GIE qui se charge de l'installation du matériel médical.

- Renforcer la relation humaine avec les patients.

- Sortir de l'isolement officinal.

- Se confronter à d'autres compétences et mettre ses idées en commun.

LES DIFFICULTÉS

- Réunir régulièrement tous les membres du GIE.

- Soutenir son effort sur la durée.

- Devoir grignoter sur le temps de loisirs.

LES CONSEILS

- « Surtout, si vous vous lancez dans ce genre de projet, il est indispensable de vous faire conseillé et d'être accompagné par un cabinet d'experts-comptables (pour les statuts, le montage...). »

- « Le fruit des efforts peut se faire un peu attendre. Il faut donc s'armer de patience et maintenir le cap. »

- « Comme toujours, l'union fait la force. Se rapprocher entre confrères n'est pas toujours évident, mais, sur un secteur comme le MAD, nous n'avons pas le choix. Il faut mettre l'individualisme de côté ! »

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