Comment élargir ses horaires d'ouverture - Le Moniteur des Pharmacies n° 2770 du 14/03/2009 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2770 du 14/03/2009
 

POINT DE VENTE

Entreprise

Pour capter davantage de clients, vous êtes tenté d'élargir les horaires d'ouverture de l'officine ? Attention, la décision ne doit pas être prise à la légère ! Générant un coût supplémentaire, elle doit vous permettre de gagner des parts de marché. Conseils de spécialistes.

Après les 35 heures et la réduction du temps de travail, le credo de ces derniers temps était de « travailler plus pour gagner plus ». Le gouvernement s'est d'abord attelé, en 2007, à la défiscalisation des heures supplémentaires. Aujourd'hui, c'est le sacro-saint jour de repos dominical qui est sur la sellette. Mais l'examen du div a été pour le moment ajourné. Il ne devrait pas entraîner de révolution pour les pharmaciens qui ont déjà la possibilité d'ouvrir leurs officines selon l'amplitude qu'ils désirent, même le dimanche et sans service de garde. Voici les trois règles qui doivent vous permettre d'arbitrer.

1. Identifier ses besoins

« Ouvrir pour ouvrir, ça ne sert à rien !, met en garde Brigitte Defoulny, consultante (Héliotrope). Avant de tomber dans l'engrenage des horaires à rallonge, le titulaire doit d'abord identifier une raison objective pour augmenter ses horaires d'ouverture. » Il peut par exemple s'agir de synchroniser les horaires de la pharmacie avec ceux des cabinets médicaux environnants ou de s'adapter aux habitudes des clients de sa zone de chalandise. « Si tous les soirs c'est la bousculade à la pharmacie au moment de la fermeture, c'est le signal qu'il faut revoir les horaires car, sous la pression d'une fermeture imminente, le client se concentre uniquement sur les produits de première nécessité et fait l'impasse sur les achats complémentaires. »

2.Pouvoir générer du chiffre d'affaires

Il est essentiel que « la stratégie de modulation ou de révision des heures d'ouverture génère réellement un chiffre d'affaires supplémentaire, et pas simplement un déplacement des habitudes des consommateurs », souligne Olivier Delétoille, expert-comptable (cabinet Arythma). Autre paramètre à intégrer : le surcoût entraîné par l'augmentation des horaires. « La note sera différente s'il s'agit d'heures supplémentaires avec exonérations de charges sociales ou s'il s'agit de recourir à des embauches », précise Olivier Delétoille (voir tableau ci-contre). Selon lui, « les titulaires qui assurent des amplitudes entre 35 et 45 heures par semaine peuvent se demander s'il est opportun d'ouvrir plus, alors que ceux qui ouvrent 55 heures par semaine pourraient envisager d'ouvrir moins » (voir tableau ci-dessus). Il est donc primordial, avant de prendre toute décision, de faire une étude de rentabilité pour savoir si une amplitude horaire plus large peut, au mieux faire gagner du chiffre d'affaires, au pire rentrer dans ses frais. « A défaut de connaître l'apport réel d'activité, il est possible de chiffrer le coût supplémentaire généré, puis d'en déduire le chiffre d'affaires minimum à réaliser. La rentabilité des officines est, en moyenne, plus faible pour les pharmacies à amplitude horaire élevée », observe Olivier Delétoille (voir tableau ci-contre).

3. Soigner la qualité de l'accueil

Quels que soient les horaires de la pharmacie, Brigitte Defoulny rappelle qu'il est fondamental de ne pas commettre certaines erreurs psychologiques, comme « par exemple diminuer les lumières alors qu'il y a encore un client à l'intérieur de la pharmacie, ou baisser le rideau à l'heure exacte de fermeture au risque de claquer la porte au nez du dernier client. Tout ce qui peut laisser supposer au client qu'on est pressé de le voir partir écorne l'image de la pharmacie ».

Autre mauvais point : les collaborateurs qui désertent le comptoir alors que le titulaire doit gérer plusieurs clients. « La qualité de l'accueil fait partie du métier. En contrepartie, le titulaire pourra compenser le service rendu avec une prime de disponibilité », préconise Brigitte Defoulny. Dans tous les cas, la fermeture doit se faire avec souplesse. « Mieux vaut parfois moduler les horaires en introduisant une flexibilité d'un quart d'heure et observer son impact, plutôt que de vouloir à tout prix augmenter plus largement ses horaires », conclut Brigitte Defoulny.

Ce tableau permet d'analyser le coût d'une augmentation horaire de une heure sur la base de plusieurs hypothèses :

- Le pharmacien ou son adjoint reste seul à l'officine pour assumer cette heure supplémentaire d'ouverture (1re colonne).

- Le pharmacien choisit de renforcer l'accueil avec l'embauche d'un préparateur durant cette heure supplémentaire. Il lui en coûtera 59,37 euros de l'heure (coût du préparateur au coefficient 240 et du pharmacien, somme de la 1re et de la 2e colonne soit 44,61 Euro(s)+ 14,76 Euro(s)).

- Le pharmacien paye l'un de ses préparateurs en heure supplémentaire. Avec le coût horaire de l'adjoint, cela lui reviendra à 62,06 euros.

- La détermination du « point mort » : pour rentrer dans ses frais, le pharmacien devra au minimum réaliser 398 euros de chiffre d'affaires lors de cette heure supplémentaire s'il est tout seul, ou 554 euros s'il est accompagné de son préparateur payé en heure supplémentaire. Pour réaliser ce calcul, le tableau a pris en considération deux critères : un taux de marge de 28 %, auquel il faut ajouter un coefficient de déplacement. Celui-ci prend en compte l'adaptation de la clientèle de la pharmacie clients aux nouveaux horaires.

à retenir

-D'après l'article L. 5125-2 du Code de la santé publique « le pharmacien qui ouvre son officine pendant un service de garde ou d'urgence, alors qu'il n'est pas lui-même de service, doit la tenir ouverte durant tout le service considéré ».

-Les heures supplémentaires sont des heures majorées de 25 % de la 36e à la 43e heure incluse et de 50 % au-delà de la 43e heure. Les heures complémentaires (cas des temps partiels) sont payées au taux horaire normal sans majoration.

-Les heures de nuit sont des heures majorées de 20 % entre 20 heures et 22 heures et entre 5 heures et 8 heures ; 40 % entre 22 heures et 5 heures.

Les salariés doivent bénéficier d'un repos hebdomadaire d'un jour et demi (au minimum), dont une demi-journée accolée au dimanche. Mais ils ne peuvent refuser d'effectuer des heures supplémentaires, sauf si elles dépassent le contingent actuel de 150 heures par an ou si elles les amènent à travailler plus de dix heures par jour ou plus de 46 heures par semaine. Un salarié à temps partiel peut refuser d'effectuer des heures complémentaires si elles ne sont pas prévues dans son contrat ou si elles dépassent 10 % du temps de travail contractuel, ou si le salarié est prévenu moins de dix jours à l'avance.

-En cas de recours aux heures supplémentaires, l'employeur bénéficie d'une déduction forfaitaire de cotisations patronales variable selon l'effectif de l'entreprise : 1,50 euro dans les entreprises de moins de 20 salariés ; 0,50 euro dans les entreprises de 20 salariés et plus. Quant au salarié, il ne paye pas d'impôt sur la rémunération des heures supplémentaires (depuis le 1er octobre 2007). Cette exonération s'applique au salaire de base et à la majoration correspondante. La rémunération des heures supplémentaires est ainsi exclue du net fiscal.

législation

Hors service de garde, le travail des salariés le dimanche est-il autorisé ?

L'article R. 3132-5 du Code du travail fait figurer les pharmacies parmi les établissements autorisés de plein droit à déroger au principe du repos dominical. Si le Code du travail ne précise pas les circonstances de recours au travail le dimanche, la convention collective nationale de la pharmacie d'officine ne l'évoque que dans le cas des gardes. D'après Lionel Jacqueminet, avocat, deux raisonnements sont possibles. « Si on considère que les dispositions plus favorables au salarié de la convention collective doivent lui bénéficier, le salarié ne peut se voir imposer de travailler le dimanche, hors garde. On peut aussi raisonner de manière plus pénaliste [NdlR : tout ce qui n'est pas interdit est autorisé] et considérer que le Code du travail a prévu une exception générale pour les pharmacies, auquel cas le salarié peut se voir imposer de travailler le dimanche, hors garde. Mieux vaut donc privilégier le principe du volontariat autant que possible afin d'éviter les tensions et d'éventuelles procédures. »

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