Régime tonique

C omment devenir préparatrice quand on est titulaire d'un BTS de commerce international, d'un autre de diététicienne et d'un diplôme d'éducateur sportif ? La réponse, c'est Bénédicte Pernet qui la fournit : « La perspective de pouvoir répondre aux problèmes de santé des gens m'a toujours motivée. » Alors, à 40 ans et cinq enfants, la sportive invétérée va relever un défi : suivre une formation en alternance pour devenir préparatrice.

A l'école de Poissy, la maturité et le profil atypique de Bénédicte ne vont pas laisser ses professeurs indifférents. Parmi eux, Frédérique Delahousse enseigne la gestion et travaille à Achères comme conjoint collaborateur dans l'officine de son mari. En juin 2008, elle propose à Bénédicte de venir rejoindre l'équipe. Objectif : lui permettre d'exercer ses talents de diététicienne dans un cadre pharmaceutique en lui laissant l'entière responsabilité de ce projet construit autour de rendez-vous personnalisés. « Les titulaires ont clairement fait le choix de développer le secteur de la diététique en misant sur l'accompagnement de la clientèle », détaille Bénédicte.

« Mon but n'est pas que la cliente reparte avec un produit »

Lundi matin, 11 heures. Comme tous les quinze jours depuis neuf mois, madame L. se rend à la Pharmacie Delahousse pour son rendez-vous diététique. Bénédicte l'accueille de manière conviviale et lui propose de s'installer dans le bureau de confidentialité. Madame L. est suivie par la préparatrice pour un problème de surpoids et a déjà perdu 12 kg... sans fatigue ni carences. Pas de doute : les « entretiens diététiques » de Bénédicte portent leurs fruits. Pendant une demi-heure à une heure, elle prend le temps d'écouter les problèmes et les attentes de chacun. Une relation de proximité se crée naturellement. « Au cours de ces entretiens, je retrouve chez les femmes le même comportement que celles qui viennent prendre un cours de gymnastique. C'est un moment privilégié qu'elles s'offrent pour s'occuper d'elles, pour souffler », explique celle qui a toujours préféré les associations sportives aux très impersonnels clubs de fitness.

A l'issue de chaque rendez-vous, Bénédicte remet à sa patiente un document détaillé précisant les programmes nutritionnels adaptés ainsi qu'un mémo rappelant les recommandations principales et les points abordés au cours de l'entretien. « S'agissant des compléments alimentaires ou des substituts de repas, je présente les produits comme une aide, en les sélectionnant au cas par cas (draineurs, coupe-faim...). Je propose et j'explique l'intérêt. Mon but n'est pas que la cliente reparte avec un produit. Je veux surtout qu'elle revienne satisfaite de mes conseils et qu'elle retrouve le plaisir de manger », assure Bénédicte. Son leitmotiv : donner aux clients toutes les clés pour corriger leur alimentation sans jamais leur imposer quoi que ce soit, ni résultats, ni rendez-vous ultérieurs. Hormis dans le cadre des régimes hyperprotéinés. « Ce type de programme n'est pas anodin (au niveau de la fonction rénale notamment) et nécessite un suivi régulier », précise Bénédicte. Force est de constater que cette démarche qualitative est appréciée... et promue par le bouche-à-oreille. Une dizaine de rendez-vous sont ainsi planifiés chaque semaine.

Des conseils adaptés selon les ordonnances

Si aujourd'hui la demande majoritaire concerne la minceur, la « préparatrice-diététicienne » peut tout aussi bien orienter les personnes qui souffrent d'un syndrome métabolique ou d'une intolérance au gluten. « J'ai reçu récemment une patiente qui venait d'être opérée du foie et de la vésicule biliaire et qui est sortie de l'hôpital sans aucune indication sur son régime alimentaire », raconte-t-elle. Avec l'appui de toute l'équipe, Bénédicte cherche à instaurer un conseil et un suivi diététique en complément de toutes les ordonnances qui le justifient. Les cas sont nombreux : prise en charge de l'hypercholestérolémie, traitements antihypertenseurs, prise d'antidiabétiques oraux, mise sous insuline, suivi de la femme enceinte...

A l'exception de la perte de poids, interroger son pharmacien pour un conseil sur l'alimentation ne fait pas encore partie des réflexes de la clientèle. « Et, au comptoir, nous n'avons pas toujours le temps d'aborder la nutrition lors de la délivrance d'une ordonnance », reconnaît Béatrice. Mais l'équipe de la Pharmacie Delahousse est bien décidée à faire évoluer les habitudes et les mentalités. L'officine s'investit également dans le domaine du dépistage (hypertension artérielle, cholestérol, diabète, souffle...) avec l'appui des outils de l'enseigne Viadys à laquelle elle est affiliée. Un pharmacien vient d'ailleurs d'être recruté pour gérer cette activité avec la perspective de travailler en synergie avec Bénédicte.

« Je continue à donner des cours de sport 6 heures par semaine »

Tranquillement mais sûrement, l'approche nutritionnelle prend de plus en plus de poids dans le comportement de l'équipe. Parallèlement, le rayon diététique prend de plus en plus de place. Une offre pour les sportifs est venue rejoindre les compléments alimentaires et la diététique minceur. Et qui mieux que Bénédicte - avec sa triple expérience - pour leur apporter des conseils éclairés et les guider si nécessaire vers des produits diététiques adaptés ? Car ce n'est pas parce qu'elle travaille en pharmacie qu'elle a délaissé le sport. « Je continue à donner des cours 6 heures par semaine. J'y tiens ! » Bénédicte savoure les liens de confiance qu'elle a patiemment tissés aussi bien avec ses élèves qu'avec les clients de la pharmacie. Au profit de tous.