Les syndicats remportent la bataille des chiffres - Le Moniteur des Pharmacies n° 2753 du 15/11/2008 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2753 du 15/11/2008
 

L'ÉVÉNEMENT

Actualité

Des semaines d'échanges et un travail considérable de la part de vos syndicats auront ouvert les yeux au ministère de la Santé. Ce dernier admet enfin que les comptes de l'officine ont viré au rouge cette année. Une bonne nouvelle, si ce n'est que l'USPO, l'UNPF et la FSPF n'arrivent pas à tomber d'accord sur la suite à y donner...

Il s'est passé une chose exceptionnelle, unique en son genre : le gouvernement a constaté, avec nous, qu'en 2008 la marge totale de l'officine sera en baisse ! » Ces mots du président de l'UNPF auraient pu tout aussi bien être dits par ceux de l'USPO ou de la FSPF. Car les trois syndicats ont mené de conserve, pendant quasiment un mois, un travail considérable pour démontrer au ministère de la Santé que, non, l'économie de l'officine n'est pas florissante. Et, après s'être basé sur une augmentation tendancielle du médicament à 7 %, le ministère a fini par admettre, devant la réalité des chiffres de la profession, que l'officine subira bien une perte de revenus cette année.

De 30 à... 167 millions d'euros perdus en 2008

Le 5 novembre dernier, au cours d'une ultime réunion avec la Direction de la Sécurité sociale (DSS), la comparaison des chiffres de la profession avec ceux du gouvernement sur l'évolution de l'officine a enfin été clôturé. Le ministère de la Santé, l'UNPF, l'USPO et la FSPF s'accordent donc désormais à dire qu'à fin 2008 la rémunération du réseau aura diminué de 184 millions d'euros sur le médicament remboursable. Il reste toutefois encore quelques points de désaccord.

Philippe Besset, président de la commission Economie de la Fédération, indique notamment que, sur le marché du médicament non remboursable, des différences persistent, liées aux sources de chacune des parties : ainsi, le gain serait de 56 millions d'euros pour les syndicats (source IMS Health), tandis qu'il se monterait à 90 millions d'euros pour la DSS (source GERS). Sur le marché des produits appartenant à la liste LPP, la DSS table sur un gain de marges de 50 millions d'euros, contre 12 millions pour les syndicats. « On s'accorderait tout de même sur 35 millions d'euros », précise Philippe Besset.

Quant aux autres marchés (dermocosmétique, diététique, etc.), le ministère et les syndicats sont tombés d'accord sur une évolution de 12 millions d'euros en 2008. Pour l'ensemble des revenus, la DSS chiffre ainsi la perte à 30 millions d'euros, contre jusqu'à 167 millions pour la profession (105 millions exactement pour la FSPF). Soit une moyenne de 4 500 euros par officine en termes de résultats, calcule Claude Japhet, président de l'UNPF. Concernant les charges de l'officine, « la DSS se dit dans l'incapacité de les calculer », déclare Philippe Besset, qui précise que la profession les chiffre à + 3 % en 2008 par rapport à 2007, soit 195 millions d'euros.

Le ministère reconnaît en tout cas finalement l'involution de l'économie de l'officine, et c'est l'essentiel. Claude Japhet rappelle que la « philosophie intellectuelle du gouvernement consistait à dire : "De toute façon, vous compensez largement" ». Il ajoute que « c'est la première fois depuis l'après-guerre que la marge brute est négative ! Pire : on nous annonce déjà qu'elle le sera aussi en 2009 ». Quoi qu'il en soit, « économiquement, statistiquement, comptablement, la messe est dite ! », fait remarquer Claude Japhet. Il s'agit maintenant de savoir comment faire pour « retrouver un équilibre en termes de marge brute, puis un équilibre en termes de marge nette et, dans un troisième temps, une croissance ». C'est là que le bât blesse : l'USPO et l'UNPF se heurtent à la FSPF quant à la suite à donner aux événements.

L'USPO et l'UNPF toléreraient une baisse de marge, pas la FSPF !

Les deux premières ont proposé une solution alternative à la baisse de marge pour trouver les 75 millions d'euros exigés par le gouvernement, en améliorant notamment la répartition des pertes sur les grands conditionnements entre les différents acteurs. Et, donc, en tolérant une baisse de marge « acceptable » pour le pharmacien. Mesure à laquelle s'oppose « clairement » la Fédération qui rejette « toute forme de baisse de marge supplémentaire » et appelle plutôt à « imaginer une revalorisation » de celle-ci. Claude Japhet rappelle que la mesure imposant les grands conditionnements est « de toute façon inscrite dans la loi. C'est une mesure inéluctable. On peut aller se coucher sur la voie publique, [...] il n'y a aucune chance pour que cela soit changé ». Autant donc, à ses yeux, discuter du dispositif et lisser la mesure dans le temps. Il évoque à ce titre les propos de la FSPF qui, en réclamant une augmentation de la marge, « a fait rire la ministre. Un peu jaune mais ça l'a fait rire ! »... Il admet, certes, que sa proposition « ne nous sauve pas mais elle nous permettrait de sortir la tête de l'eau ».

Gilles Bonnefond va plus loin : « Evidemment que le ministère se servira de l'hésitation de la Fédération pour refuser notre proposition ! Dans ce cas, on saura qui tenir pour responsable. » Le président délégué de l'USPO estime en tout cas que cette idée est « pragmatique et efficace pour l'assurance maladie en termes d'économies. Elle ne peut que convenir aux pharmaciens. »

Outre sa proposition conjointe avec l'USPO, l'UNPF a aussi demandé « l'ouverture immédiate des services aux officinaux », que « les divs sortent pour pouvoir être rémunérés et que l'on retrouve des espaces de liberté ».

La balle est maintenant dans le camp du ministère, qui pourrait tenir « une réunion politique conclusive pour valider les différentes options après le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, en fin de semaine prochaine ou en début de semaine suivante », nous indique Claude Japhet. D'ici la fin du mois de novembre, donc, nous saurons si le ministère tiendra compte ou non des demandes de la profession maintenant qu'il s'est rendu compte des difficultés économiques qu'elle traverse. Nous saurons aussi si les syndicats, de part leurs divergences d'opinions in fine, n'auront pas sapé eux-mêmes leur travail. Une bataille a certes été gagnée, mais pas la guerre.

Les chiffres 2007 de l'Afssaps

Les ventes de spécialités remboursables et non remboursables en officine ont crû de 4,1 % en CA (au total 21 075 MEuro(s)) et de 1,4 % en unités (3 209 millions de boîtes) en 2007 par rapport à 2006, indique l'Afssaps qui publie les chiffres clés des ventes de médicaments en officine et à l'hôpital en 2007. Certes, le marché officinal croît mais la tendance est au ralentissement comparée aux dix dernières années. Le non-remboursable conserve ses 7 % des parts du marché officinal en valeur comme en 2006. Les spécialités à prescription obligatoire remboursables pèsent 81,8 % en valeur mais seulement 54,5 % en quantité. A contrario, les spécialités de prescription facultative remboursables représentent 11,2 % en valeur mais 32 % en unités. Sans surprise, Plavix, Tahor et Seretide occupent le podium des plus gros chiffres d'affaires, tandis que Doliprane, Efferalgan et Dafalgan occupent celui des unités vendues.

Croissance continue des génériques

La baisse des ventes d'hypolipémiants et de médicaments contre les troubles de l'acidité se confirme (respectivement - 8 % et près de - 3 % en valeur par rapport à 2006). En revanche, les immunosuppresseurs et les vaccins connaissent une forte croissance (+ 17 % en valeur par rapport à 2006). La croissance de plus de 11 % des médicaments contre l'asthme est imputée à l'augmentation des ventes d'un nouveau traitement de la BPCO lancé en 2006 (Spiriva). La part des médicaments ophtalmologiques croît fortement également, en lien avec un lancement dans la DMLA (Lucentis) en 2007 (+ 12,9 %). D'autres classes connaissent une hausse (antithrombotiques, antidiabétiques, psycholeptiques, immunostimulants...).

Grâce à l'extension du Répertoire et à l'augmentation du taux de pénétration des génériques au sein de chaque groupe générique, les génériques poursuivent leur ascension, atteignant 20 % du marché des spécialités remboursables en unités pour 9,6 % en valeur.

Autre progression, celle des médicaments orphelins. Bien que le marché soit petit (1,6 % des ventes de médicaments en France), leur coût augmente : 254 millions d'euros en officine (au lieu de 155 millions d'euros en 2006) et 174 millions d'euros à l'hôpital (au lieu de 135 millions d'euros en 2006).

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