Prix du Moniteur Les résultats 2008 - Le Moniteur des Pharmacies n° 2748 du 18/10/2008 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2748 du 18/10/2008
 

Cahiers Formation du Moniteur

Les procédures qualité ont gagné leurs lettres de noblesse. Elles apparaissent cette année, avec l'opinion pharmaceutique, dans de nombreux dossiers de participation au Prix « Intervention autour d'une ordonnance ». Dossiers à travers lesquels transparaissent toujours la diversité de votre exercice mais aussi votre rigueur et l'objectif d'un meilleur service rendu au patient. Bravo à tous les participants !

EN PARTENARIAT AVEC L'ASSOCIATION POUR LA PROMOTION DES PHARMACIES EXPÉRIMENTALES

(APPEX) ET LE COLLÈGE FRANÇAIS DES MAÎTRES DE STAGE

les résultats

Le Prix du Moniteur 2008

Voilà cinq ans que le Prix du Moniteur a été créé. Son but : mettre en lumière la diversité de vos interventions autour d'une ordonnance et montrer à quel point elles sont souvent vitales. Plus d'une fois, elles ont sauvé ou changé la vie de vos patients.

Cette année, les dossiers provenaient en majorité du nord de la France. Le Sud prendra-t-il sa revanche en 2009 ? On vous attend nombreux !

Le dossier gagnant

A la base, une interaction toute simple entre Reyataz et Mopral qui, si elle n'avait pas été détectée par le pharmacien, aurait pu coûter cher à une patiente séropositive. Les inhibiteurs de la pompe à protons diminuent, en effet, de façon considérable l'activité de l' inhibiteur de protéase (voir page 4).

La Pharmacie des Ecoles, située dans le XIVe arrondissement de Paris, ne s'est pas contentée de bloquée l'ordonnance. Suite à cette détection d'interaction potentiellement dangereuse, elle a créé une procédure globale de gestion des interactions médicamenteuses qui sécurise au maximum les délivrances.

Le jury, séduit, a attribué à la Pharmacie des Ecoles le Prix du Moniteur 2008. François Chassagne, étudiant en 6e année, stagiaire et à l'initiative du dossier, a reçu, lui, un chèque de 2 000 euros.

Un aperçu des dossiers sélectionnés

Parmi les dossiers reçus, la plupart excellents, quinze (voir la liste p. 11) ont été récompensés par l'ouvrage Le Conseil pédiatrique à l'officine écrit par Fabiole Moreddu (Editions Pro-Officina). Outre celui du gagnant, trois d'entre eux ont plus particulièrement retenu l'attention du jury (lire p. 8). Pour vous montrer la diversité de vos interventions, voici le résumé de ces trois autres dossiers.

Pharmacie de la Cité

Le Plessis-Robinson

(Hauts-de-Seine)

Le cas

Une ordonnance de Zinnat en soluté buvable pour un enfant de 12 ans souffrant d'une otite. Plutôt classique. Mais lorsque l'ordonnance est libellée « 250 mg matin et soir », faut-il traduire par une « dose-poids matin et soir »... même si l'enfant pèse 44 kilos ? Non, car cela correspondrait au triple de la dose recommandée puisque, avec cet antibiotique, il ne faut pas dépasser la dose « 17 kilos matin et soir » pour une otite.

Le plus du dossier

La Pharmacie de la Cité a mis en place un système où des petites fiches sont glissées dans les tiroirs au niveau des antibiotiques à dose-poids limite, et a affiché en back-office un tableau des posologies et des contenances des flacons d'antibiotiques.

Pharmacie Foch

Rodez (Aveyron)

Le cas

Une prescription de compléments alimentaires et de préparations magistrales à base de plantes peut parfois poser problème, surtout lorsque le médecin s'entête ! La Pharmacie Foch a ainsi eu à faire face à une prescription de Tryptocalm, spécialité à base de L-tryptophane non disponible en officine. Le médecin a alors demandé à le remplacer par des gélules de L-tryptophane à 500 mg : celui-ci est interdit en préparation magistrale depuis 1991. Puis par des gélules de Hoodia gordonii : la plante n'est pas inscrite aux Pharmacopées européennes et française et l'avis l'Afssaps est défavorable. Puis, enfin, par des gélules à base de Griffonia simplicifolia, une plante africaine dont on extrait... le L-tryptophane !

Le plus du dossier

Une opiniâtreté exemplaire de la part de l'officine, qui dû contacter un centre de pharmacovigilance, effectuer des recherches bibliographiques poussées afin de prendre une décision motivée et tenter de combler le vide juridique en matière de réglementation concernant la délivrance de plantes non inscrites aux Pharmacopées européennes et française.

Pharmacie Vitrey

Evreux (Eure)

Le cas

Une patiente se présente avec une « simple » ordonnance de charbon. Oui, mais il y a charbon et charbon !

Le plus du dossier

Il fallait que l'équipe de la Pharmacie Vitrey fasse preuve de beaucoup de perspicacité pour deviner que le charbon de Belloc, ici, était prescrit à tort à la place de Toxicarb pour accélérer l'élimination d'Arava (« wash-out ») et non pour un simple problème digestif chez cette patiente souffrant de polyarthrite rhumatoïde ! Le wash-out, qui permet de reprendre le méthotrexate plus rapidement, s'avérait nécessaire devant l'insuffisance d'efficacité d'Arava.

Moralité : toujours poser et se poser des questions pour vérifier la cohérence d'une ordonnance.

Ce qu'ont fait également de nombreux participants au Prix du Moniteur et que nous ne pouvons malheureusement présenter, faute de place. Merci à eux et bravo à tous ! Et à l'année prochaine !

Florence Bontemps

le dossier gagnant

Gestion d'une interaction entre Reyataz et Mopral

Une patiente sous trithérapie anti-VIH se voit prescrire du Mopral pour des maux d'estomac apparus récemment. La Pharmacie des Ecoles intercepte la contre-indication absolue. Mais elle va aller beaucoup plus loin : sensibilisée par la portée de cette interaction, elle décide de mettre en place une procédure de gestion des interactions. Quand bloquer la délivrance ? Où chercher des informations ? Quand chercher une alternative thérapeutique ? Comment réagir face à une interaction simplement déconseillée ? Une belle réaction qui a conduit à une démarche qualité mobilisant toute l'équipe.

Pourquoi avoir participé au Prix du Moniteur 2008 ?

« J'avais vu la communication autour du Prix du Moniteur depuis déjà deux ans, et je m'étais dit que ce serait sympa de participer pendant mon stage, commente François Chassagne, à l'époque étudiant en sixième année, à l'origine du dossier lauréat du Prix du Moniteur 2008. Et puis, un après-midi, pendant le stage, une patiente a déposé une ordonnance à préparer qui comportait du Mopral et du Reyataz. J'avais vu l'interaction en cours et ça a fait tilt dans mon esprit : l'association était contre-indiquée. »

François décide dès lors de créer un document sur la « Gestion des interactions médicamenteuses » et, avec toute l'équipe, de participer au Prix du Moniteur. « Ce n'est pas toujours facile de savoir que faire en cas d'interaction : où trouver de la documentation, que proposer en remplacement. A partir de mes cours, des "Cahiers du Moniteur" et de mon expérience, j'ai réfléchi à une démarche à appliquer de façon systématique », explique François. Une sorte de mise à plat de ce qui est fait de manière plus ou moins instinctive par toute l'équipe, et qui sera particulièrement utile aux futurs étudiants accueillis en stage par la Pharmacie des Ecoles.

Le cas

Condiv clinique

Madame D., 34 ans, mariée, quatre enfants, originaire d'Afrique subsaharienne, est suivie par le service de gynécologie de l'hôpital R. depuis plusieurs années. Récemment, lors de sa dernière grossesse, ses analyses ont montré une infection par le VIH. Connaissant bien cette patiente, c'est ce service qui la prend en charge pour sa pathologie.

Depuis 4 mois, madame D. vient régulièrement à l'officine pour se procurer son traitement antirétroviral. Elle ne présente aucune autre pathologie et ne prend pas d'autres médicaments.

Dans son historique, on note :

- une prescription le 8 août 2007 comportant :

- Kivexa 1 cp/jour,

- Reyataz 150 2 cp/jour,

- Norvir 100 mg 1 cp/jour.

- idem le 11 septembre 2007.

- idem le 26 octobre 2007.

Les ordonnances

Madame D., toujours sous trithérapie anti-VIH, se plaint de maux d'estomac depuis quelques jours. Ce qui conduit le médecin gynécologue de l'hôpital R. à prescrire un traitement antisécrétoire gastrique afin de pallier ces douleurs digestives

Madame D. se présente donc à la pharmacie le vendredi 4 janvier 2008 avec deux ordonnances émanant de deux médecins du service de gynécologie de l'hôpital. Elle annonce qu'elle va repasser après le week-end pour récupérer ses médicaments.

- La première ordonnance associe Kivexa (1 cp/jour), Norvir 100 (1 cp/jour) et Reyataz 200 (2 cp/jour), pour un mois.

Il s'agit d'une trithérapie anti-VIH associant deux inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse (abacavir, lamivudine) et un inhibiteur de protéase (atazanavir) « boosté » par le ritonavir. Cette trithérapie a pour but de rendre la charge virale plasmatique indétectable (< 50 copies/ml).

- La deuxième prescription comporte du Mopral 20 (1 cp/jour) pour un mois.

Cet antisécrétoire gastrique de la famille des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) permet la diminution de l'acidité de l'estomac et donc diminue l'effet agressif du liquide stomacal sur l'estomac et l'oesophage. Les IPP facilitent notamment la cicatrisation des érosions gastriques.

Quel est le problème?

Détection du problème

Il existe une interaction médicamenteuse entre le Reyataz et le Mopral, qui est de type « contre-indication absolue ». En effet, le Mopral, en augmentant le pH gastrique, entraîne une diminution importante des concentrations plasmatiques du Reyataz. Il y a donc un risque important d'inefficacité du traitement anti-VIH.

Analyse du risque encouru

Cette diminution des concentrations plasmatiques du Reyataz peut entraîner :

- une reprise de la virémie,

- une diminution du taux de lymphocytes CD4,

- la survenue d'événements cliniques mineurs (infections bactériennes respiratoires, infections bactériémiques ou candidoses muqueuses),

- et, surtout, l'apparition de mutations de résistance pour l'atazanavir mais également pour l'abacavir et la lamivudine. Ce qui pourrait remettre en cause l'utilisation de ces médicaments chez la patiente.

Déroulement de l'intervention

Analyse du problème

L'interaction médicamenteuse étant de niveau « contre-indication absolue », ceci nous conduit à bloquer la délivrance et à informer les médecins de cette situation.

Nous leur proposons une alternative thérapeutique aux inhibiteurs de la pompe à protons : un anti-H2 (exemples : Raniplex, Azantac) en 1 prise par jour à avaler 2 heures après le comprimé de Reyataz du matin et 10 heures avant le comprimé de Reyataz du soir, le dosage de l'anti-H2 étant à discuter avec le médecin.

Appel au médecin

Le service a été appelé le jour même de la réception de l'ordonnance. Celui-ci étant fermé lors de notre appel (vendredi après-midi), nous avons laissé un message.

Le lundi suivant (7 janvier 2008), la patiente revient chercher ses médicaments, nous lui expliquons la situation. Sans nouvelle des prescripteurs, nous décidons de ne pas lui délivrer le Mopral, ce qu'elle accepte parfaitement.

Le médecin gynécologue prescripteur du Mopral nous contacte le mardi 8 janvier. Elle nous informe qu'elle connaît le traitement antiviral de sa patiente mais avoue ne pas avoir trouvé d'interaction dans sa monographie. Elle dit également « mélanger » les IPP et les anti-H2 et prend note de l'alternative proposée. Ayant réalisé une fiche d'opinion pharmaceutique, nous lui proposons de la lui faxer, mais elle préfère ne pas s'encombrer avec du papier, et décline notre proposition.

Le mois suivant, cette patiente nous présente une nouvelle ordonnance prescrivant de l'Inipomp... et émanant du même médecin ! Nous recommençons alors notre démarche. Conclusion : nous pouvons donc constater l'importance de la transmission papier de l'opinion pharmaceutique au médecin !

Conseils sur l'utilisation des médicaments

Suite à ces problèmes digestifs, nous informons la patiente que la prise de Reyataz doit se faire à distance de celle des médicaments conseil antiacides (exemples : Maalox, Rennie...) : il convient de prendre le Reyataz 2 heures avant ou 1 heure après les médicaments tamponnés. Nous insistons auprès de madame D. sur le fait qu'elle doit rester observante et donc ne jamais interrompre son traitement afin d'éviter l'apparition de résistance. D'autre part, nous lui conseillons de préciser à tout médecin ou pharmacien sa pathologie VIH et son traitement afin d'éviter d'éventuelles interactions, effets indésirables...

Répercussions

Création d'une opinion pharmaceutique spéciale « interactions »

Suite à cette intervention, une fiche d'opinion pharmaceutique a été spécialement créée pour les interactions sur le modèle de la fiche générale d'opinion pharmaceutique du guide de stage de sixième année de pharmacie.

Enrichissement du dossier patient

Dans la fiche informatique de la patiente, nous avons rajouté un commentaire informant de l'existence de l'interaction de son traitement anti-VIH (Reyataz) avec les inhibiteurs de la pompe à protons (Mopral, Inipomp, Inexium, Ogast, Ogastoro, Lanzor, Eupantol, Pariet...). Ce commentaire s'affichant dès la reconnaissance de la carte Vitale de la patiente, cela permet à toute l'équipe officinale d'être au courant de la situation et donc de pouvoir éviter cette interaction.

Mise en place d'une procédure qualité

Une simple erreur d'inattention à la lecture de l'ordonnance peut avoir des conséquences très importantes, comme on peut l'imaginer avec ce cas. Grâce au logiciel pharmaceutique de détection des interactions, ce problème est en partie résolu. Néanmoins, il est important de savoir gérer parfaitement ces situations d'interactions médicamenteuses. C'est dans ce but que nous avons mis en place une procédure globale de gestion d'une interaction. Nous avons donc élaboré une fiche qui décrit pas à pas la démarche à adopter face à une interaction médicamenteuse.

Trois dossiers sélectionnés

Hypoglycémies inquiétantes

Une patiente de 87 ans, sous insuline depuis peu, se plaint de « coups de fatigue » en fin de matinée. La Pharmacie Viel décide donc de mener une enquête et découvre que les mesures de glycémies, parce qu'elles sont faites deux heures après le petit déjeuner, sont très élevées et entraînent une augmentation des doses d'insuline de jour en jour, ce qui provoque des hypoglycémies...

Pharmacie Viel

45, rue de la République

61160 Trun

- Participants :

- Laurence Viel, pharmacien titulaire

- Anne Quernet, pharmacienne adjointe

- Sandra André, préparatrice

LE CAS

- La patiente

Agée de 87 ans, madame F. souffre d'un diabète de type 2 traité depuis 2004 par des antidiabétiques oraux : Glimépiride 6 mg et Stagid 700 mg.

- Le condiv clinique

Il y a deux mois, Mme F. a été hospitalisée suite à un malaise, sa glycémie ayant été mesurée à 4 g/l. Son hémoglobine glyquée était à 9 % lors de son entrée à l'hôpital.

- L'ordonnance

Une insuline NovoRapid est ajoutée au traitement à raison de 4 unités le matin avant le petit déjeuner. C'est une infirmière qui réalisera les injections à domicile.

Quel est le problème ?

Suivi des glycémies

Le premier mois, Mme F. se sent beaucoup mieux. Quatre semaines plus tard, elle signale à la pharmacie des « coups de fatigue » vers 11 h qui l'obligent à manger quelque chose sans attendre le déjeuner. Sa glycémie vérifiée à 11 h est très basse, à 0,5 g/l.

La Pharmacie Viel lui propose d'apporter son carnet de suivi des glycémies. Au vu de ce carnet, elle découvre que la dose d'insuline a été progressivement augmentée, passant de 4 unités à 18 unités le matin.

Risque encouru

En cas de dose trop élevée, l'insuline peut entraîner des hypoglycémies sévères, avec malaise et chute.

La gestion du problème

Schéma d'injection

Il faut d'abord comprendre pourquoi la dose d'insuline a ainsi augmenté. En réalité, l'infirmière passe tous les jours faire la glycémie et l'injection d'insuline de madame F. vers 9 h 30, soit 2 heures et demi après le petit déjeuner et non avant. De ce fait, la glycémie reflète les apports glucidiques du premier repas (seuls les antidiabétiques oraux ont été pris) et dépasse souvent les 2,5 à 3 g/l. L'infirmière a donc augmenté progressivement la dose d'insuline dans le but de faire baisser cette glycémie. Les injections de NovoRapid à un horaire et à une dose inadaptés ont provoqué ces hypoglycémies sévères et récurrentes en fin de matinée.

Appel au prescripteur

Le service de diabétologie de l'hôpital est joint par téléphone : il conseille de repartir sur le nombre d'unités prescrites initialement (4 UI). L'adaptation de la dose doit se faire en fonction des résultats de la glycémie postprandiale du matin observée la veille. La dose doit être ajustée de 2 en 2 unités tous les 2 jours, jusqu'à obtention d'une glycémie postprandiale du matin inférieure à 2,5 g/l.

Appel à l'infirmière

Celle-ci propose de venir dorénavant à 7 h pour pratiquer l'injection d'insuline. La pharmacie met par écrit les conseils d'adaptation posologiques expliqués par le CHU.

Répercussions sur la pratique officinale

Démarche de formation

Une formation de diabétologie a été suivie sur un cycle de 6 soirées animées par un diabétologue. Elle est particulièrement utile à l'exercice en mode rural.

Procédures qualité

Une procédure qualité est déjà en place pour la délivrance d'un lecteur de glycémie. Elle a été appliquée lors de la délivrance de l'ordonnance de madame F. et lui a permis de bien assimiler le fonctionnement du lecteur et d'apprendre à faire ses contrôles glycémiques toute seule.

Trois dossiers sélectionnés

Téralithe et Nexen ne font pas bon ménage

Les prescriptions de lithium sont devenues rares. Raison de plus pour être vigilant car les surdosages peuvent être très graves. La Pharmacie Saint-Paul, confrontée au problème d'une interaction entre Téralithe et Nexen, a décidé de rédiger un aide-mémoire à la délivrance pour toute l'équipe et une fiche patient spécifique.

Pharmacie Saint-Paul

86-88, rue Jean Jaurès

44400 Rezé

u Participants :

- Sophie Duclay, étudiante en 6e année

- Isabelle Robin, cotitulaire

- Anne Gouy, cotitulaire

LE CAS

- Le patient

Monsieur B., 42 ans, agriculteur, souffre de troubles psychiatriques. Le diagnostic de troubles bipolaires a été posé il y a 6 mois par le psychiatre, et un traitement par Téralithe LP 400 a alors été instauré. La posologie, initialement de un comprimé par jour, est actuellement de 2 comprimés le soir.

- Le condiv de prescription

Aujourd'hui, monsieur B. consulte son médecin traitant pour un épisode rhumatismal aigu.

- L'ordonnance

Pour soulager la douleur, le médecin traitant décide de prescrire un AINS, le Nexen (nimésulide), à la posologie de 2 comprimés par jour pendant 10 jours, au milieu des repas.

Quel est le problème ?

Association déconseillée

L'association lithium-AINS est déconseillée car elle entraîne un risque d'augmentation de la lithémie par diminution du débit rénal. Elle nécessite une surveillance biologique accrue. L'interrogatoire du patient met alors en évidence un manque de suivi biologique (lithémie, bilan rénal) depuis le début du traitement par Téralithe. De plus, le patient ne sait pas qu'un régime désodé ou une déshydratation peuvent modifier la lithémie et entraîner des effets indésirables.

Risques encourus

L'intoxication au lithium est grave : les premiers troubles se manifestent par des nausées, vomissements et diarrhées, ainsi que par des tremblements fins des extrémités. Les formes graves se traduisent par des troubles de la conscience voire un coma, une hypotension artérielle (pouvant entraîner un collapsus). 10 % des patients décèdent des suites d'une intoxication au lithium.

La gestion du problème

Appel au prescripteur

Le médecin traitant est contacté par téléphone : il maintient la prescription de Nexen mais programme un bilan biologique en urgence. Le psychiatre est également joint par téléphone : c'est l'occasion de faire le point sur le suivi biologique de la lithémie.

Elaboration d'une opinion pharmaceutique

Une opinion pharmaceutique est élaborée et archivée dans le dossier patient pour acter l'intervention de la pharmacie. Elle n'est pas envoyée aux médecins, déjà prévenus par téléphone.

Répercussions sur le travail d'équipe

Une démarche qualité est mise en place : elle inclut un aide-mémoire à la délivrance ainsi que la remise au patient d'une fiche conseil.

Aide-mémoire

Il rappelle les points critiques de la délivrance du lithium : nécessité de prendre garde à la forme galénique (LI ou LP), modalités de prise, surveillance biologique et thérapeutique du traitement, vigilance vis-à-vis des contre-indications et interactions, dangers de l'automédication. Il rappelle qu'il faut apprendre au patient à reconnaître les premiers signes d'intoxication.

Fiche patient

Elaborée par la pharmacie, elle est remise systématiquement lors de l'initiation d'un traitement par lithium et résume les conseils oraux donnés lors de la délivrance.

Trois dossiers sélectionnés

Du Didronel 400 mg en continu

Chaque ordonnance problématique peut être l'occasion d'aller plus loin que la simple résolution du problème. C'est exactement ce qu'a fait Catherine Mathelet, adjointe à la Pharmacie d'Amancy, après avoir eu entre les mains une ordonnance d'étidronate à une posologie erronée. Elle a recherché les recommandations actuelles en matière de prise en charge de l'ostéoporose cortisonique et, surtout, rappelé le médecin et fourni à la patiente et aux membres de l'équipe des informations claires et pertinentes.

Pharmacie d'Amancy

S. Dunand

CC Intermarché

74800 Amancy

- Participants : - Catherine Mathelet, pharmacienne adjointe - Sophie Dunand, titulaire

LE CAS

- La patiente

Une femme de 58 ans ayant suivi depuis de nombreuses années de multiples cures de corticoïdes per os (Solupred 20, Médrol 16, Prednisone...) prescrits pour une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO).

- Le condiv de prescription

Cette patiente sort d'un établissement de rééducation fonctionnelle, suite à une décompensation cardiaque liée à son insuffisance respiratoire.

- L'ordonnance

L'ordonnance de sortie d'hôpital comporte un nouveau médicament : Didronel 400, un comprimé par jour.

Quel est le problème ?

Posologie erronée

L'étidronate (Didronel) est un biphosphonate à prise séquentielle dans le traitement de l'ostéoporose. Son schéma d'administration comporte 14 jours de Didronel à 400 mg/jour suivi de deux mois et demi d'apports de calcium. Ici, il s'avère que la patiente a déjà pris deux mois de Didronel 400 en continu. Aucun relais calcique n'est prévu.

Accompagnement de la patiente

La patiente est demandeuse d'informations sur l'ostéoporose et sur son nouveau traitement.

La gestion du problème

Les risques encourus

Le centre de pharmacovigilance est immédiatement contacté : que risque cette patiente après un surdosage de 2 mois en étidronate ? Le centre de pharmacovigilance, rassurant car le surdosage est limité dans le temps, évoque une possible inefficacité de l'étidronate pris sans relais calcique. Il conseille de reprendre le traitement cyclique et de faire un bilan phosphocalcique. En effet, les biphosphonates peuvent aggraver une ostéomalacie si le bilan phosphocalcique est déficitaire.

Appel au médecin traitant

Le médecin confirme l'arrêt immédiat du Didronel 400 et acquiesce à la proposition de la pharmacie d'instaurer un traitement séquentiel cyclique après avoir effectué un bilan phosphocalcique. Afin de conserver une trace écrite de cette modification, la pharmacie la note dans la fiche informatique de la patiente, en précisant la date à laquelle elle doit reprendre le cycle de Didronel. Tous les membres de l'équipe auront accès à l'information.

Conseils à la patiente

La patiente est avide d'informations sur son ostéoporose et sur son traitement. Les conseils sont dans un premier temps d'ordre hygiénodiététique : arrêt total du tabac (la patiente est fumeuse malgré sa BPCO), exposition solaire suffisante pour l'apport en vitamine D, apports calciques alimentaires, exercice physique. En parallèle, et pour favoriser l'observance, cette information est complétée par le mode d'action et l'utilisation du Didronel.

Répercussions sur l'équipe

C'est l'occasion pour Catherine Mathelet de rechercher les consensus actuels de traitement de l'ostéoporose cortisonique (recommandations de l'Afssaps de février 2003, conférence canadienne de consensus sur l'ostéoporose de 2006) et les informations sur la prévention et le traitement de l'ostéoporose (fiche Cespharm 2007, site http://www.grio.org). Autre point capital : un rappel des informations essentielles est partagé avec toute l'équipe. Une occasion pour tous de se former.

Le prix du Moniteur 2009

Choisissez votre sujet

Les dossiers reçus en 2008 nous l'ont prouvé : chaque jour vous intervenez pour améliorer la prise en charge de vos patients. Vous interceptez des interactions, des contre-indications, des erreurs de posologie, certes, mais vous allez généralement beaucoup plus loin en mettant tout en oeuvre pour améliorer la qualité de la dispensation. Cette année encore, envoyez-nous une intervention autour d'une ordonnance prouvant à quel point le pharmacien est un maillon incontournable de la chaîne de santé.

Téléchargez le dossier

A partir de janvier 2009, connectez-vous sur http://www.WK-pharma.fr, rubrique « Formation », et téléchargez le dossier « Prix du Moniteur ». Vous avez jusqu'au 1er juin pour remplir votre dossier et le renvoyer par e-mail. Chaque dossier doit être accompagné de l'ordonnance au format pdf et, si nécessaire, des autres documents qui peuvent le compléter : opinion pharmaceutique, documents des centres de pharmacovigilance...

Gagnez 2000 euros

L'été prochain, le jury du prix 2009 lira les dossiers (anonymisés) afin de sélectionner les meilleurs d'entre eux. Début septembre, il se réunira pour élire le dossier gagnant, lequel sera publié en intégralité dans le cahier spécial Prix du Moniteur. Un prix de 2 000 euros sera remis au gagnant courant octobre. Les 15 meilleurs dossiers reçevront un ouvrage consacré à l'officine.

La Pharmacie des Ecoles

10, rue d'Alésia

75014 Paris

- Participants :

- François Chassagne, étudiant en 6e année

- Christine Duclercq, titulaire

- Hélène Tellier, pharmacienne adjointe

- Bay Xiong, étudiant en 4e année

Références

(1) « Vidal » 2007 : Reyataz pp. 1 886 à 1 889. (2) http://www.theriaque.org, rubrique « Interactions - analyse de l'ordonnance ». (3) http://www.afssaps.sante.fr, « Thesaurus » (référentiel national des interactions médicamenteuses). (4) Guide de stage officinal 2008 de sixième année de pharmacie : « Assurance qualité à l'officine » (pp. 71-74), « Opinion pharmaceutique » (pp. 88 à 94). (5) « Le Moniteur des pharmacies » (« Détecter les interactions médicamenteuses », cahier n° 2495 du 21 Juin 2003). (6) Cours de 5e année sur les interactions médicamenteuses, Olivier Bourdon. (7) Rapport 2006 de Patrick Yeni sur la « Prise en charge médicale des personnes infectées par le VIH » (Ed. Médecine-Sciences Flammarion). (8) Laboratoire Bristol-Myers Squibb : confirmation par téléphone de l'utilisation possible de l'anti-H2 à la place de l'IPP dans cette interaction.

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