Les futures centrale s d'achat seront votre propriété exclusive ! - Le Moniteur des Pharmacies n° 2747 du 11/10/2008 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2747 du 11/10/2008
 

L'ÉVÉNEMENT

Actualité

Exclusif ! « Le Moniteur » s'est procuré la deuxième version du projet de décret sur les centrales d'achat. Elle se veut plus rassurante pour l'officine mais des interrogations subsistent encore. Le décret pourrait paraître au « Journal officiel » avant la fin de l'année.

La version 2 du projet de décret sur les centrales d'achat de médicaments non remboursables a été soumise à consultation du 29 septembre au 10 octobre. Ces centrales, prévues dans les divs accompagnant le libre accès, doivent permettre aux pharmaciens d'acheter aux meilleures conditions et de proposer à leur clientèle des prix plus attractifs, oeuvrant ainsi pour le sacro-saint pouvoir d'achat. Bonne nouvelle, la centrale d'achat pharmaceutique est désormais bien définie comme « l'entreprise propriété exclusive de pharmaciens d'officine ». Une formulation qui devrait rassurer les détracteurs de la première version.

Pascal Louis, président du Collectif national des groupements, déplorait notamment le manque de clarté concernant l'identification des acteurs de ces centrales : « Effectivement, nous avions plusieurs interrogations. A commencer par le fait que nous n'avons jamais été demandeurs de ces structures et que nous ne sommes toujours pas persuadés du besoin réel. Manifestement, le ministère souhaite faire apparaître ce statut. Dont acte. Le Collectif n'est pas opposé au principe, mais il faut impérativement que toutes les précautions soient prises. » Serge Rader, président de la Coopérative des pharmaciens d'Ile-de-France (devenue une filiale d'Astera, ex-CERP Rouen), regrette pour sa part des atermoiements « qui ont fait perdre plusieurs mois pour la sortie du décret. Résultat, nous ne pouvons toujours pas peser sur les prix et vous commencez à voir des médias et des caméras cachées stigmatiser les prix élevés pratiqués par les pharmaciens en libre accès. Sans compter que ces prix vont du simple au double. Normal, vu la disparité entre ceux qui sont déjà organisés, ceux qui pratiquent un peu de rétrocession et enfin tous ceux qui sont obligés de passer par le grossiste ! ».

« Pas question de déstabiliser les grossistes ou les groupements »

Côté labos, Magali Flachaire rappelle le peu d'enthousiasme que l'AFIPA, dont elle est déléguée générale, porte pour le projet depuis ses débuts : « Il y a déjà un grand nombre d'établissements pharmaceutiques et on va se doter d'un intermédiaire supplémentaire. Admettons qu'il s'agisse d'un outil utile, mais il ne faudra pas que cela débouche sur un flou artistique avec des conditions commerciales multipliées à l'infini : celles du laboratoire travaillant en direct avec le pharmacien, celles avec le grossiste, celles consenties si le pharmacien achète seul et celles avec les centrales d'achat. Et, dans l'hypothèse d'une centrale d'achat pour 23 000 pharmaciens se procurant les médicaments au même prix, où sera la concurrence indispensable pour faire fonctionner la dynamique du marché ? »

Gilles Bonnefond, président délégué de l'USPO, rappelle son souhait de souplesse « pour que tous les pharmaciens accèdent au meilleur prix à des médicaments, même en quantité faible. Et pas question d'éliminer ou de déstabiliser les grossistes ou les groupements. Il faut réfléchir : faut-il en faire un outil spécifique ou un outil intégré aux structures intermédiaires déjà existantes ? ».

Dans le projet de décret, l'article R. 5125-24-1 stipule que les titulaires « peuvent se livrer au sein d'une structure dotée de la personnalité morale et spécialement dédiée à cet effet, à une activité d'achat de médicaments autres que des médicaments expérimentaux, à l'exception des médicaments remboursables par les régimes obligatoires d'assurance maladie, en faveur des membres la composant, ainsi que, le cas échéant, aux opérations de stockage y afférents ». Cet article gêne Pascal Louis : « Il semble valider l'existence de groupements informels et la possibilité d'achats directs et du stockage au sein d'une structure dont la seule garantie est celle d'être dotée d'une personnalité morale, ce qui n'est guère rassurant. Il est indispensable que ce soit des établissements pharmaceutiques avec un pharmacien responsable et que ces centrales d'achat bénéficient d'équipements informatiques nécessaires et suffisants à la traçabilité ». D'autant que le décret stipule que la centrale d'achat « ne peut refuser ses services en cas d'urgence aux pharmaciens d'officine non membres ».

Voici venu le temps des commissionnaires

« Dans l'esprit, ce projet de décret sur les centrales d'achat permet de légaliser une pratique qui existe déjà sur le terrain de façon plus ou moins informelle, fait remarquer Claude Japhet, président de l'UNPF. Ce div va permettre de pouvoir aller dans le sens du pharmacien acheteur et négociateur. Et, finalement, les laboratoires y trouveront leur intérêt. Les possibilités de marché sont plus larges. Les négociations seront peut-être plus serrées mais la perte de temps largement diminuée. Et puis, on parlera peut-être enfin de prix d'achat et non de remise ! Par le biais des centrales d'achat, on légalise les rétrocessions... En fait, elles n'auront plus de raison d'être. Et cette structure n'est pas financée par des capitaux autres que pharmaceutiques. Les mentions concernant les commissionnaires aux achats étaient une notion que nous avions demandée dans le projet de décret. C'est une petite révolution dans l'organisation de la politique d'achat et les confrères ne s'en rendent encore pas bien compte. Ce statut, déjà connu, présente un gros avantage pour des pharmacies non groupées qui souhaitent des structures légères pour négocier, la distribution des produits pouvant être sous-traitée à des tiers. On va entrer dans une autre dimension où, à l'extrême, quelque 12 000 pharmacies non groupées vont pouvoir faire négocier pour elles les prix ! » Malgré cet enthousiasme, Claude Japhet regrette déjà que « cela soit limité aux simples médicaments non remboursés. On devrait pouvoir y glisser l'ensemble des médicaments du Répertoire, un marché à mon sens concurrentiel ». « Le fait d'intégrer les commissionnaires aux achats (une profession qui existe déjà dans les groupements) dans un div propre à la pharmacie, c'est bien car cela officialise cette notion. Mais attention, actuellement cela ne nécessite pas forcément un statut pharmaceutique. Or, s'il y a achat et stockage pour les pharmaciens, il faut un pharmacien responsable dans cette chaîne et cela n'apparaît pas clairement dans les divs », nuance cependant Pascal Louis.

Le projet de décret doit faire l'objet d'un dernier tour de table dans la seconde quinzaine d'octobre pour une publication officielle avant la fin de l'année. Le 1er juillet, Roselyne Bachelot avait annoncé sa sortie sous trois mois.

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