Un projet de loi divise les pharmaciens italiens

Après la décision de la CJCE sur la possession du capital attendue au printemps (voir Le Moniteur n° 2743), l'Italie fait à nouveau parler d'elle, en matière de médicament, cette fois sur le plan intérieur. Le projet de loi Gasparri-Tomassini, du nom des deux sénateurs de la majorité de Silvio Berlusconi qui l'ont présenté, mêle à la fois protectionnisme et libéralisme.

D'un côté, il prévoit de réduire fortement le nombre de médicaments vendus hors des pharmacies, ce qui permettrait aux officines de reprendre la main, après la multiplication des « corners » de supermarché. De l'autre, une poignée de références OTC serait vendue dans tous types de commerces, sans présence d'un pharmacien.

Cinq mille emplois menacés

« Cela remet en cause notre professionnalisme et c'est considérer le médicament comme une marchandise », dénonce Vincenzo Devito, président du Mouvement national des pharmaciens libres (12 000 adhérents). Pour lui, cette loi est d'autant plus révoltante qu'elle entraînera la disparition des parapharmacies, nées il y a deux ans de la libéralisation de la vente d'OTC (elles sont aujourd'hui plus de 2 000 et emploient 5 000 personnes, dont de nombreux pharmaciens, pas assez fortunés pour acheter leur officine).

Certaines associations de professionnels, comme la Fédération nationale des titulaires de pharmacies, ne montent pourtant pas au créneau : « Dans ce projet, des choses nous conviennent, d'autres non », note simplement la présidente Annarosa Racca. « C'est parce que cette loi a été proposée pour les pharmaciens propriétaires, qui sont des électeurs de poids ! », s'emporte Vincenzo Devito. Son mouvement, avec la Fédération des magasins pharmaceutiques, se dit prêt à faire appel aux instances européennes si le projet est accepté.