Tous à table ! - Le Moniteur des Pharmacies n° 2736 du 28/06/2008 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2736 du 28/06/2008
 

HOMÉOPATHIE

Cahier spécial

Marché 2007

L'homéopathie se porte bien. Très bien même. Avec une croissance à deux chiffres en 2007, elle fait partie des marchés les plus attractifs de l'officine. A tel point que la concurrence se renforce.

Les pharmaciens ont raison de continuer à investir sur le marché de l'homéopathie (31 % en 2006 contre 27 % en 2005). D'autant que la vague du bio pourrait booster les chiffres dans les années à venir.

Les années se suivent et se ressemblent pour ce marché qui croît de façon régulière depuis près de dix ans. N'en déplaise à ses détracteurs, l'homéopathie fait désormais partie des thérapeutiques utilisées en première intention pour certaines pathologies comme celles concernant les voies respiratoires. Ainsi Oscillococcinum est cette année encore numéro un des ventes OTC dans le domaine des voies respiratoires, et Camilia s'impose sur le segment des antalgiques buccaux. Ce marché a enregistré en 2007 une croissance à deux chiffres : près de 14 % en unités et de 10 % en valeur. De quoi réjouir les deux principaux acteurs du marché et réveiller quelques espoirs chez les autres.

Les raisons de cette bonne santé sont plurielles. La vague de pathologies hivernales particulièrement importante a bien sûr bénéficié au segment des voies respiratoires qui enregistre une hausse de 18 % en volume et 16 % en valeur. Cette performance retentit d'autant plus sur l'ensemble du marché que ce segment totalise près de la moitié du marché de l'homéopathie. Les deux autres poids lourds sont tout aussi performants : les sédatifs et modificateurs de l'humeur connaissent une hausse de près de 21 % en volume et 9 % en valeur. Quant aux antalgiques, leurs ventes en 2007 croissent de plus de 15 % en volume et 14 % en valeur.

« La prise de conscience croissante de la part des Français des effets secondaires de certains médicaments est une tendance que nous observons depuis de nombreuses années sur des marchés européens plus matures en termes de recours à l'automédication, analyse Marc Bouchu, directeur marketing de la division médication familiale des laboratoires Boiron. Elle arrive en toute logique sur le marché français. On peut citer à cet égard le rôle très important de la campagne « Les antibiotiques, c'est pas automatique » qui marque une rupture inéluctable dans le rapport des patients à leur santé.

Ce mouvement de fond est amplifié par les professionnels de santé qui eux aussi ont revu leurs modes de prescription, que ce soit au travers d'une prise de conscience personnelle, sous la pression de leurs patients ou sous celle des pouvoirs publics soucieux d'encadrer certaines dérives de prescription. Enfin, le discours sur le développement durable, l'écologie, le Grenelle de l'environnement convergent vers une prise en compte de l'importance d'adapter au mieux la réponse thérapeutique à la situation rencontrée.

Profiter de la vague du bio

Les laboratoires voudraient d'ailleurs profiter de la vague du bio et n'hésitent pas à travailler leur image en conséquence. « Il est primordial pour un laboratoire comme le nôtre de respecter l'environnement et jouer la carte du développement durable, explique Stéphane Lehning, président de la société du même nom. Notre site est d'ailleurs situé en pleine nature, à Sainte-Barbe, petit village de l'est de la France. Le système de chauffage solaire mis en place est l'un des plus innovants en France sur un site industriel. Nos produits s'appuient sur des matières premières réellement naturelles. Chaque fois que c'est possible nous utilisons des plantes issues de l'agriculture biologique et sommes particulièrement vigilants quant à l'utilisation des plantes faisant l'objet d'une protection particulière ou en voie de disparition. »

Des « petits » aux dents longues

Même souci pour Weleda qui cherche le meilleur positionnement pour profiter de la vague verte. Si la marque ne possède que dix spécialités avec AMM quand le géant Boiron en totalise plus de dix fois plus, le Petit Poucet entend bien utiliser son capital client comme porte d'entrée sur le marché de l'homéopathie. « Notre marque possède une forte notoriété et un positionnement tout à fait spécifique. Nos clients sont très sensibles à notre approche, l'utilisation de substances naturelles utilisées pour toutes nos préparations, la prise en compte en toutes circonstances de la protection de la nature et des exigences écologiques... Nous développons les mêmes concepts en homéopathie et souhaitons offrir aux pharmaciens une marque alternative sur ce marché, forts de notre potentiel client sur le segment des soins du corps et de la diététique », explique Séverine Dewally, responsable marketing des médicaments avec AMM chez Weleda.

Arkopharma compte utiliser sa notoriété sur le marché des compléments alimentaires pour valoriser son « petit » portefeuille homéopathique. « La branche homéopathique du groupe Arkopharma est composée des spécialités Ferrier dont une nouveauté, Veinosium, est en cours de lancement, et des gouttes buvables de l'Abbé Chaupitre dont l'année 2008 marque le centenaire. Ferrier propose également toute une gamme de polychrestes, principaux tubes de granules et de doses homéopathiques remboursés, rappelle Laurent Priou, pharmacien responsable de Ferrier. Les pharmaciens qui se tournent vers Arkopharma pour leurs achats homéopathiques sont soucieux d'offrir un choix plus large et une véritable alternative à leur clientèle. »

Du côté de la communication, Arkopharma comme Weleda misent d'abord sur leurs réseaux de visites auprès des médecins et pharmaciens. « Nous avons aussi développé depuis 2006, avec une montée en puissance en 2007, des outils de PLV et de marketing et des formations sur l'homéopathie unitaire », complète Séverine Dewally. Lehning a augmenté de 40 % le nombre de ses visiteurs en pharmacie et effectué une modification de la sectorisation de son réseau commercial. « Nous souhaitons désormais appuyer notre démarche commerciale autour d'un groupe resserré de produits leaders que sont L.52, Sinuspax, L.72, Biomag et Climaxol en phytothérapie », précise Stéphane Lehning. Un recentrage accompagné d'une « épuration » des produits les moins rentables (dont le chiffre d'affaires est inférieur à 10 000 euros ou dont les indications ne sont pas ou plus celles de l'homéopathie).

Boiron, toujours chef de file

Face à cette concurrence qui s'organise, Boiron tient plus que jamais les rênes du marché et ses investissements en termes de communication grand public ont largement influencé sans doute la croissance générale l'an dernier (le plan de communication 2007 a encore été renforcé par rapport à celui de 2006) . Les produits Boiron occupent la première marche du podium des meilleures ventes sur les trois premières classes du marché. « Pour les sédatifs, le dynamisme est pour beaucoup dû à celui de Sédatif PC. Nous observons aussi un très fort développement de nos médicaments ORL (Oscillococcinum, Stodal, Coryzalia) mais aussi de Camilia, dans la classe des antalgiques, qui se positionne comme le produit conseil chouchou des officines. Les pharmaciens l'ont d'ailleurs élu produit conseil de l'année et leur conseil est à l'origine de la majorité des achats de ce médicament », note Marc Bouchu.

Après une année aussi exceptionnelle, l'évolution de marché de l'homéopathie en 2008 pourra-t-elle tenir la cadence ? Difficile de l'assurer, même si le premier semestre semble l'indiquer.

+ 10,4 %

En 2007, l'homéopathie avec AMM a représenté un chiffre d'affaires de 140,2 millions (+ 10,4 % par rapport à 2006), soit 28,3 millions d'unités vendues (+ 13,8 %).

LES MEILLEURES VENTES

Voies respiratoires

1 Oscillococcinum doses (6)

2 Stodal sirop

3 L.52

Sédatifs et modificateurs d'humeur

1 Sédatif PC cp (40)

2 L.72

3 Passiflora composé granulé

Antalgiques

1 Camilia unidose (10)

2 Arnigel Premiers soins

3 Urarthone Elixir

Dermatologie

1 Homéoplasmine (40 g)

2 Homéoplasmine (18 g)

3 Calendula LHF crème (20 g)

Vitamines et minéraux

1 Biomag cp (90)

2 Rexorubia granulés

3 Weleda sels calciques

Antinauséeux

1 Cocculine cp (30)

2 Cocculine doses (6)

3 Nux vomica complexe N49

Stéphane Lehning, président de Lehning

« Il est primordial de respecter l'environnement et de jouer la carte du développement durable. »

Paroles de clients

Sylvie, 27 ans, secrétaire, un enfant de 2 ans

« Avec tout ce que l'on entend sur les médicaments, ça ne donne pas vraiment envie d'en donner à son bébé. Quand Mathias est né, j'ai donc essayé de les éviter autant que possible et je continue aujourd'hui de privilégier l'homéopathie. Ce n'est pas toujours facile car le pédiatre au départ n'avait pas l'air trop au courant, ni trop favorable. Heureusement, depuis j'ai trouvé une pharmacie spécialisée. Ils m'ont toujours bien conseillé pour les poussées dentaires, les petits problèmes de sommeil de mon fils... Je reste fidèle aux médicaments allopathiques quand c'est plus grave ou en cas de forte fièvre, mais sinon j'essaie toujours d'abord l'homéopathie. »

Paroles de clients

Nathalie 41 ans, un enfant, femme au foyer

« J'ai choisi l'homéopathie car je pense que ce sont des remèdes qui n'agressent pas notre corps comme le font des médicaments dits plus efficaces. Je me suis acheté un livre qui explique quelles souches prendre selon son problème. A vrai dire, je ne demande jamais conseil à mon pharmacien car je sais toujours ce dont j'ai besoin. Cela fait plus de dix ans que je l'utilise pour toute la famille, je finis par bien connaître les principales souches. Mes amies me demandent même souvent conseil ! »

Yves, 67 ans, retraité

« Cela ne fait pas très longtemps que j'ai recours occasionnellement à l'homéopathie. La première fois, c'était pour éviter d'avoir la grippe après avoir vu une pub à la télé. Je ne suis pas sûr que cela soit vraiment efficace, mais cette année-là je n'ai pas eu de grippe ! Cela m'arrive parfois d'utiliser de l'homéopathie quand ce n'est pas grave et que je veux éviter de prendre trop de médicaments à cause des interactions avec mon traitement pour le coeur et les reins. J'ai en effet eu plusieurs fois des soucis. Alors, j'explique mes symptômes à mon pharmacien, je lui précise que je veux de l'homéopathie, et il se débrouille ! »

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