Les anciens filent, les jeunes se défilent !

Le nombre d'inscriptions au tableau de l'Ordre a quasiment cessé d'augmenter en 2007 (+ 0,14 % avec 2 295 nouveaux inscrits), laissant craindre une diminution dans le futur. Avec un numerus clausus à la traîne pour combler les départs, la pénurie guette. La structure des officines et le maillage territorial pourraient en pâtir. Jean-Luc Audhoui, trésorier, évoque un risque pour la santé publique. Chiffres à l'appui.

Au 1er janvier 2008, l'Ordre recensait 72 509 pharmaciens inscrits à l'une ou l'autre de ses sept sections, soit seulement 187 de plus qu'un an plus tôt. Alors que le numerus clausus était fixé à 2 250 (voir schéma), ce sont seulement 1 946 diplômés depuis moins de 3 ans qui se sont inscrits à l'Ordre en 2007. De quoi préoccuper Jean-Luc Audhoui. « En 2006, 89,9 % des diplômés s'inscrivaient dans les 3 ans, ils ne sont plus que 86,5 % en 2007. Ce phénomène d'évaporation est à surveiller », indique-t-il.

Avec 65,65 % contre 65,52 % l'année précédente, la proportion des femmes continue d'augmenter. Autre enseignement de cette cuvée 2008, l'ancrage du vieillissement. En 1993, les effectifs les plus importants se retrouvaient chez les 32-46 ans. Le curseur a bougé de 10 ans en 2007. La CAVP confirme d'ailleurs une accélération sensible du nombre de départs à la retraite. Bon an, mal an, le chiffre était bloqué à 600 jusqu'en 2006. Il est passé à 1 200 en 2007 (contre 800 à 900 attendus) et il devrait être supérieur en 2008. Les incertitudes, aussi bien sur le monopole que sur les futures conditions d'exercice, n'y sont pas étrangères. L'âge moyen de la retraite qui était de 65 ans, 15 ans plus tôt est tombé à 63 ans aujourd'hui. Et il sera en nette baisse dans les années qui viennent.

En 2007, seuls 86,5 % des diplômés depuis moins de trois ans se sont inscrits à l'Ordre. Un pourcentage en baisse.

Régime avec SEL

Les pharmaciens officinaux sont maintenant pour 48 % d'entre eux des adjoints dont près de la moitié sont à temps partiel. La section A voit ses membres diminuer avec 28 168 titulaires (- 0,1 % par rapport à l'année précédente) pour 22 514 officines (20 créations et 77 fermetures en 2007). Au 1er janvier 2008, 11 424 pharmaciens exploitaient leur officine en nom propre. C'est 6,5 % de moins que l'année précédente. L'exercice en association concerne aujourd'hui 13 946 titulaires soit un peu moins de la moitié de l'effectif. Les SNC déclinent (4 463 soit - 4,5 %), alors que les SEL continuent d'exploser (3 611 soit + 27 %), de même que les SARL (+ 13 %).

La section D compte, quant à elle, 26 402 inscrits soit 75 de plus en un an. Ils sont parmi les plus jeunes (42 ans et 6 mois). Ou plutôt « elles », devrait-on dire, tant les femmes y sont majoritaires (81,65 %). Si les 22 381 adjoints d'officine sont légèrement moins nombreux (- 0,52 %), les 2 977 « multi-employeurs », sont en nette progression (+ 8,45 %).

RÉPARTITION RÉGIONALE DES PHARMACIENS TITULAIRES

France-Europe Express

La France compte un titulaire pour 2 172 habitants, un pharmacien d'officine (titulaire ou adjoint) pour 1 144 habitants et une officine pour 2 717 habitants (soit 38 pour 100 000 habitants). Bien moins qu'en Grèce (85), Belgique (51), Espagne (48) mais plus qu'au Royaume-Uni (18) ou aux Pays-Bas (11). « Il ne faut pas s'arrêter à ces chiffres » prévient Jean-Luc Audhoui qui rappelle que « le nombre d'habitants au km2 n'est que de 98 en France contre 247 en Grande-Bretagne et 344 en Belgique ». Plat pays dont le taux d'urbanisation est de 89 % contre 76 % seulement en France. D'où la nécessaire prise en compte des zones rurales.