Insomnie, stress, déprime et phytothérapie - Le Moniteur des Pharmacies n° 2734 du 14/06/2008 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2734 du 14/06/2008
 

Cahiers Formation du Moniteur

Conseil

les troubles du sommeil - au comptoir

« Mon mari se réveille souvent la nuit »

M on mari dort de plus en plus mal depuis qu'il est à la retraite. Il ne veut pas de mes tisanes. Pouvez-vous lui conseiller un médicament pour l'aider à dormir ? »

Votre réponse

« Avec l'âge, la qualité du sommeil est souvent moins bonne. Les plantes sédatives sont tout à fait adaptées au cas de votre mari. S'il n'aime pas les tisanes, vous pouvez lui proposer des plantes sous forme de comprimés, plus pratiques d'emploi. Veillez également à ce qu'il ne fasse pas de siestes trop longues dans la journée. »

Lors de trouble du sommeil, les plaintes peuvent être diverses : manque de sommeil, sommeil non réparateur, temps d'endormissement long (supérieur à 30 minutes), réveils nocturnes fréquents et/ou réveil beaucoup trop matinal (vers quatre ou cinq heures).

Ces troubles doivent être pris en charge car ils perturbent le plus souvent les activités de la journée (manque d'attention, somnolence...).

Leur origine (stress, bruit, température de la pièce trop élevée, manque d'obscurité...) doit être également recherchée afin que le traitement du patient soit global et que ces troubles ne récidivent pas.

Limites du conseil

Le conseil se limite aux insomnies occasionnelles (une à deux nuits) ou à durant une période courte (une à quatre semaines).

Une insomnie chronique (depuis plus d'un mois) ou évoquant un état dépressif caractérisé doit inciter à consulter un médecin.

plantes sédatives

Par leur activité sédative, ces plantes facilitent l'endormissement et améliorent la qualité du sommeil sans désorganiser les différents stades du sommeil.

Pour une action optimale, il est recommandé d'associer plusieurs plantes aux actions complémentaires : anxiolytique, sédative et antispasmodique.

Plantes majeures

- Pavot de Californie ou Eschscholtzia californica (parties aériennes fleuries) : inducteur du sommeil à privilégier dans les insomnies d'endormissement ou en cas de surmenage gênant le sommeil. Cette plante a également des propriétés spasmolytiques, anxiolytiques et analgésiques légères. L'action anxiolytique est retrouvée dans la poudre totale de plante mais pas dans la tisane (les alcaloïdes ne sont pas solubles dans l'eau).

Posologie : 1 cuiller à café par tasse d'eau bouillante, infusion dix minutes ; 1 à 4 tasses par jour.

- Houblon ou Humulus lupulus (cônes) : tonique amer (facilite la digestion), cette plante sédative est rarement utilisée seule. Elle a fait la preuve de son efficacité en association avec la valériane. Le houblon présente un intérêt spécial en période de ménopause car il calme les bouffées de chaleur.

Précautions d'emploi : à éviter par prudence en cas de cancer ou d'antécédent de cancer hormonodépendant en raison de son activité estrogène.

Posologie : 0,5 g de plante par tasse d'eau bouillante, infusion 10 minutes ; 2 à 3 tasses par jour.

- Aubépine, Crataegus lævigata ou C. oxyacantha (fleur, sommité fleurie) : sédatif cardiaque et du système nerveux central, spasmolytique. Son effet normotensif la fait privilégier en cas de troubles tensionnels associés.

Posologie : 1 cuiller à café (1,8 g) par tasse d'eau bouillante, infusion 15 minutes ; 1 tasse 2 à 4 fois par jour.

- Passiflore ou Passiflora incarnata (partie aérienne) : sédative, anxiolytique, antalgique et antispasmodique. Elle convient aux troubles du sommeil de l'hyperactif stressé.

Posologie : 1 cuiller à café (2 g) par tasse d'eau bouillante, infusion 10 à 15 minutes ; 1 à 4 tasses par jour.

- Valériane ou Valeriana officinalis (organes souterrains) : calmante et anxiolytique. C'est la plante à privilégier chez l'agité nerveux qui se plaint d'un mauvais sommeil ou de difficultés à s'endormir.

Posologie : de par son odeur désagréable, il est préférable d'utiliser la valériane sous forme de gélule (1 à 2 g de plante totale par prise) ou de teinture (20 à 50 gouttes par prise).

u La ballote et la mélisse sont des plantes inductrices du sommeil, mais, dans la pratique, elles sont plus intéressantes dans la prise en charge de l'anxiété et/ou du stress.

Plantes complémentaires

Leur activité sédative est moins importante, mais elles renforcent l'action des plantes majeures ou constituent, sous forme de tisanes, un véhicule actif pour avaler comprimés, gélules, teintures de plantes.

- Lavande ou Lavandula angustifolia (fleur, sommité fleurie) : sédatif léger, elle calme les spasmes intestinaux et facilite la digestion.

Posologie : 1 à 2 cuillers à café (1,8 g) par tasse d'eau bouillante, couvrir, infusion 10 minutes ; 1 tasse plusieurs fois par jour.

- Oranger amer, bigaradier ou Citrus aurantium var. amara (fleur) : sédatif léger, il a surtout un intérêt comme aromatisant.

Posologie : 1 (1 g) à 2 cuillers à café par tasse d'eau bouillante, infusion 5 minutes ; 1 à 2 tasses le soir au coucher.

- Oranger amer (feuille) : outre son activité sédative, il a une action antispasmodique intéressante en cas de troubles intestinaux à type de ballonnements, crampes, digestion difficile, lesquels peuvent gêner le sommeil.

Posologie : infusion 15 minutes à 20 g/l, 250 à 500 ml par jour.

- Tilleul ou Tilia cordata (inflorescence) : c'est en partie à son huile essentielle que la fleur de tilleul doit son effet sédatif. Une action anxiolytique a été prouvée chez l'animal.

Posologie : 1,8 à 2 g (1 cuiller à café) par tasse d'eau bouillante, couvrir, infusion 15 minutes ; 1 à 2 tasses au coucher.

Conseils de prise

Si les troubles du sommeil constituent la plainte principale, les prises sont regroupées le soir : une demi-dose 3 à 4 heures avant l'heure du coucher puis une prise 30 minutes avant, renouvelable en cas de réveil nocturne.

Précautions d'emploi

- Femme enceinte ou allaitante : par mesure de précaution et en l'absence de données suffisantes, leur utilisation n'est pas recommandée.

- Association à un hypnotique : leur emploi peut majorer l'effet des hypnotiques ; un avis médical est nécessaire.

- Valériane et alcool : association déconseillée.

Conseils hygiéno-diététiques

Le recours aux hypnotiques, qu'ils soient de synthèse ou naturels, ne doit pas remplacer les conseils hygiénodiététiques qui sont nécessaires pour préparer un bon sommeil.

- Posséder une literie de bonne qualité.

- Pratiquer une activité physique régulière, mais plutôt dans la journée.

- Cesser toute activité intellectuellement ou physiquement exigeante une heure au moins avant d'aller se coucher.

- Limiter les excitants dans la journée et les supprimer après 17 heures : café, thé, cola, médicaments (vitamine C, corticoïdes oraux...).

- Prendre un dîner léger et pauvre en protéines animales.

- Accroître le contraste veille/sommeil : obscurité dans la chambre à coucher, absence de bruit, température ne dépassant pas 18 °C.

- Ne se coucher que lorsque l'on est fatigué et prêt à dormir, mais aussi dès que l'envie s'en fait sentir. Il ne faut pas lutter contre le sommeil.

- Créer un rituel de préparation au sommeil.

- Si après vingt minutes le sommeil ne vient toujours pas, se lever, aller dans une autre pièce et y rester aussi longtemps que nécessaire. Retourner ensuite dans la chambre pour dormir.

- Veiller à se lever tous les jours à la même heure, quelle que soit la durée de la nuit précédente, de façon à acquérir un rythme de sommeil constant.

- Ne pas faire de sieste dans la journée.

- Associer des techniques de relaxation.

l'anxiété - au comptoir

« Je m'inquiète toujours pour un rien »

Je suis très anxieuse. Depuis une semaine, j'ai les muscles du dos et du cou raides et douloureux. Pensez-vous qu'une pommade décontracturante me ferait du bien ? »

Votre réponse

« Certainement, mais agir localement n'est pas suffisant. Vous devriez faire de la relaxation. En attendant, il vous faut un produit qui vous aide à calmer vos appréhensions et à vous détendre. La phytothérapie est généralement efficace et très bien supportée. Prenez matin, midi et soir cette association de plantes contre l'anxiété. »

Emotion proche de la peur mais sans cause évidente, l'anxiété est une réaction normale face à une menace potentielle ou une situation particulièrement anxiogène (maladie grave, licenciement...). Elle devient pathologique lorsqu'elle est intense, envahissante et altère la qualité de vie. Elle se manifeste principalement par des troubles psychiques (humeur anxieuse, irritable, peurs, difficultés d'endormissement, troubles de la mémoire et de la concentration, humeur dépressive) et somatiques tels que douleurs et raideurs musculaires, secousses cloniques, vision brouillée, bouffées de chaleur ou de froid, symptômes cardiovasculaires, respiratoires, digestifs (dyspepsie, nausées, coliques, diarrhée ou constipation) et génito-urinaires, pâleur, vertiges, céphalées de tension, tendance à la sudation). Ces symptômes persistants et très variables d'un sujet à l'autre prennent de l'ampleur au cours de la journée et surtout le soir.

Plantes anxiolytiques

Utilisées pour réduire la nervosité, elles améliorent le bien-être diurne et la qualité du sommeil. L'intérêt de les associer est de pouvoir couvrir les différentes manifestations de l'anxiété légère.

Plantes majeures

- Passiflore ou Passiflora incarnata (partie aérienne) : son activité sédative cardiaque la rend tout à fait intéressante lorsque l'anxiété est associée à de la tachycardie. Par ailleurs, elle a fait preuve de son utilité dans le sevrage aux opiacés et aux benzodiazépines.

Posologie : 1 cuiller à café (2 g) par tasse d'eau bouillante, infusion 10 à 15 minutes ; 1 à 4 tasses par jour.

- Valériane ou Valeriana officinalis (organes souterrains) : relaxant musculaire, c'est la plante de choix chez l'anxieux avec tendance à l'agressivité et manifestations somatiques à type de contractures, tensions musculaires. C'est aussi un adjuvant du traitement de la dépendance au tabac.

Posologie : de par son odeur désagréable, il est préférable d'utiliser la valériane sous forme de gélule (1 à 2 g de plante totale par prise) ou de teinture (20 à 50 gouttes par prise).

- Pavot de Californie ou Eschscholtzia californica (parties aériennes fleuries) : son activité anxiolytique est moindre que celle de la passiflore et de la valériane mais présente un intérêt certain en cas d'émotivité.

Posologie : 1 cuiller à café par tasse d'eau bouillante, infusion 10 minutes ; 1 à 4 tasses par jour.

- Ballote noire ou ballote fétide, ßIIßallota nigra ou ßI/Ißallota foetida (sommité fleurie) : neurosédative et anxiolytique, son activité antispasmodique l'indique en cas de somatisation gastro-intestinale à type de crampes.

Posologie : la tisane a un goût peu agréable. Préférer les extraits hydroalcooliques, en outre plus actifs comme la teinture mère, 30 gouttes trois fois par jour.

Plantes complémentaires

Il s'agit essentiellement de plantes sédatives.

- Aubépine, Crataegus lævigata ou C. oxyacantha (fleur, sommité fleurie) : en cas de tachycardie d'origine anxieuse.

Posologie : 1 cuiller à café (1,8 g) par tasse d'eau bouillante, infusion 15 minutes ; 1 tasse 2 à 4 fois par jour.

- Lavande ou Lavandula angustifolia (sommité fleurie) : pour son activité anxiolytique légère, mais surtout pour son action sur les troubles digestifs d'origine nerveuse tels que le manque d'appétit, les douleurs abdominales d'origine digestive.

Posologie : 1 à 2 cuillers à café (1,8 g) par tasse d'eau bouillante, couvrir, infusion 10 minutes ; 1 tasse plusieurs fois par jour.

- Mélisse ou Melissa officinalis (feuille) : calmante et antispasmodique, c'est la plante de choix dans les troubles fonctionnels intestinaux d'origine nerveuse ou non à type de spasmes, flatulences, ballonnements, lenteur à la digestion.

Posologie : 1 à 3 cuillers à café (1,5 à 4,5 g) par tasse d'eau bouillante, couvrir et laisser infuser 10 minutes ; 3 à 4 tasses par jour.

- Mélilot ou Melilotus officinalis et Melilotus altissimus (sommité fleurie) : avant d'être reconnu comme plante de l'insuffisance veineuse, le mélilot était utilisé comme sédatif léger, diurétique et antispasmodique des troubles digestifs (flatulences, ballonnements). Comme la mélisse, il est utilisable chez l'enfant et la personne âgée.

Posologie : 1 à 2 cuillers à café (1,5 à 3 g) par tasse d'eau bouillante, infusion 5 à 10 minutes ; 2 à 3 tasses par jour.

Effets secondaires : parfois céphalées dues à la présence de coumarine.

Conseils de prise

La prise en charge de l'anxiété nécessite une répartition régulière du traitement sur la journée en trois ou quatre prises, dont la dernière 30 minutes avant le coucher.

Précautions d'emploi

- En l'absence de données de sécurité suffisantes, ces plantes ne sont pas recommandées chez la femme enceinte ou allaitante.

- Un avis médical est nécessaire en cas d'association de phytothérapie à d'autres sédatifs.

- La prise concomitante d'alcool est déconseillée.

- Bien qu'aucune étude clinique ne mentionne cet effet indésirable, une altération de la capacité à conduire est toujours possible, notamment avec le pavot de Californie.

- Si après deux semaines de prise les symptômes persistent ou s'aggravent, une consultation médicale est nécessaire.

Conseils hygiéno- diététiques

Ils font partie intégrante du traitement de l'anxiété.

- Apprendre à se détendre : respirer à fond plusieurs fois dans la journée, se réserver des moments pour soi-même, faire des exercices de relaxation.

- Veiller à une bonne hygiène de vie : sommeil suffisant (éviter les excitants, l'alcool), pratiquer un exercice physique au moins une fois par semaine.

- Avoir une alimentation équilibrée et suffisamment riche en magnésium (eaux minérales telles que Hépar, Contrex, Badoit ; oléagineux), en vitamines du groupe B (céréales complètes, légumineuses), en acides gras polyinsaturés oméga-3 (poissons gras), en antioxydants (fruits, légumes, thé vert, chocolat noir).

le stress au comptoir

« Je stresse à l'idée de passer un examen »

Je vais passer un examen dans 3 semaines. Avez-vous quelque chose pour me calmer sans me faire dormir ou m'empêcher de me concentrer pour mes révisions ? »

Votre réponse

« La phytothérapie devrait vous convenir. Prenez du ginseng le matin et à midi, pour mieux réviser sans stresser, et de la mélisse le soir si vous avez peur de mal dormir. »

Tout stimulus physiologique, physique, mental, émotionnel est un stress plus ou moins important auquel l'organisme réagit en monopolisant toutes ses ressources énergétiques dans le but de dominer la situation ou de la fuir. Les réactions au stress sont normales et utiles. Des symptômes apparaissent cependant quand les stress se répètent ou perdurent et/ou quand la réaction est inappropriée.

- Symptômes physiques : tensions musculaires, crampes, lombalgies, tremblements, aérophagie, colopathie spasmodique, diarrhée, gastrite, ulcère, troubles du sommeil, de l'appétit , maux de tête, vertiges, palpitations, extrasystoles, acouphènes, hypertension labile, angor spastique, souffle court, fatigabilité.

- Symptômes émotionnels : agitation, irritabilité, indécision, inquiétude, anxiété, mélancolie, baisse de la libido, difficulté à se concentrer...

- Symptômes comportementaux : négativisme, difficultés relationnelles, isolement, absentéisme, surconsommation de sucré, d'alcool, de tabac...

Plantes du stress

Plantes adaptogènes

Les plantes adaptogènes augmentent de façon générale et non spécifique la résistance de l'organisme aux stress de toutes natures. Leur action normalisatrice sur les fonctions physiologiques se traduit par des effets antiasthéniques, immunostimulants et une moindre susceptibilité aux stress psychiques. Dépourvues de toxicité, elles permettent d'atteindre ses capacités maximales sans les dépasser.

Ces plantes permettent de traiter le terrain. A faible dose, elles ont une action calmante, alors qu'à forte dose elles sont tonifiantes.

- Ginseng ou Panax ginseng (racine) : il est indiqué en cas de fatigue, d'affaiblissement lié à l'âge, de convalescence, de surmenage avec moindre capacité physique au travail et de difficultés de concentration intellectuelle.

Posologie : les extraits titrés en ginsénosides ou la poudre titrée sont à préférer à la tisane par ailleurs peu utilisée. Les prises se font le matin et à midi pour ne pas gêner le sommeil. L'effet ne se manifeste qu'après plusieurs jours de prise régulière.

Poudre : 500 mg à 2 g par jour. Extrait titré (4 à 7 % de ginsénosides) : 200 à 400 mg par jour.

Ne pas dépasser l'équivalent de 2 g de racine par jour pour une durée maximale de 3 mois renouvelable après un arrêt de deux semaines au minimum.

Précautions d'emploi : le ginseng est déconseillé chez la femme enceinte, l'enfant de moins de 12 ans, et à forte dose en cas d'hypertension artérielle, d'obésité, d'insomnie, d'angoisse.

Effets indésirables (à craindre en cas de surdosage) : hypertension, insomnie, diarrhée, nervosité.

Interactions médicamenteuses possibles avec les IMAO, les anticoagulants oraux et les hypoglycémiants car le ginseng est hypoglycémiant. Une surveillance accrue est nécessaire.

- Eleuthérocoque ou Eleutherococcus senticosus (organes souterrains) : ses indications sont les mêmes que celles du ginseng.

Posologie : l'infusion n'est pas d'utilisation courante. Comme pour le ginseng, les prises se font le matin et à midi par cures de trois semaines renouvelables après une à deux semaines de pause et ses effets ne sont pas immédiats.

Poudre : équivalent à 1 à 3 g de racine en deux prises.

Teinture mère : 25 à 150 gouttes diluées dans de l'eau en deux prises selon l'intensité des symptômes.

Précautions d'emploi : l'éleuthérocoque est déconseillé chez la femme enceinte, l'enfant de moins de 12 ans et à forte dose en cas d'hypertension artérielle, de nervosité, d'insomnie.

Effets indésirables possibles (en cas de surdosage) : insomnie, diarrhée.

Interactions médicamenteuses possibles avec les hypoglycémiants oraux (l'éleuthérocoque peut augmenter la glycémie postprandiale), les hypotenseurs et les hypertenseurs.

Plantes sédatives

Pour un effet antistress immédiat, les plantes sédatives et décontractantes peuvent être associées.

u Passiflore ou Passiflora incarnata (partie aérienne) : elle s'adresse à l'hyperactif souffrant de troubles du sommeil ou de palpitations cardiaques.

Posologie : 1 cuiller à café (2 g) par tasse d'eau bouillante, infusion 10 à 15 minutes ; 3 ou 4 prises dont une au coucher.

- Valériane ou Valeriana officinalis (organes souterrains) : plante de choix quand le stress entraîne irritabilité, agressivité, tensions musculaires.

Posologie : de par son odeur désagréable, il est préférable d'utiliser la valériane sous forme de gélule (1 à 2 g de plante totale par prise) ou de teinture (20 à 50 gouttes par prise).

- Mélisse ou Melissa officinalis (feuille) : elle protège des stimuli visuels, sonores, émotionnels perçus chaque jour et renforce la résistance nerveuse. Sa capacité à améliorer les performances cérébrales demande à être confirmée.

Posologie : 1 à 3 cuillers à café (1,5 à 4,5 g) par tasse d'eau bouillante, couvrir et laisser infuser 10 minutes ; 3 à 4 tasses par jour.

Conseils hygiéno-diététiques

- L'organisme a besoin d'énergie pour faire face au stress. Cette énergie est apportée par les sucres lents qui ont aussi un effet sédatif.

- Pour lutter contre le stress, il faut aussi des nutriments permettant d'assurer une synthèse correcte des neurotransmetteurs, sérotonine, dopamine et GABA, en particulier : magnésium (les besoins sont proportionnels au stress), vitamines B1, B6, B9, B12, zinc, vitamine C et acides gras oméga-3 qui favorisent la transmission de l'influx nerveux.

- Limiter les excitants.

- Adopter un mode de vie équilibré : sommeil suffisant, activités physiques et, si nécessaire, recourir aux techniques de gestion du stress.

la déprime - au comptoir

« Ma soeur déprime depuis un mois »

M a soeur n'a pas le moral depuis sa rupture avec son petit ami il y a un mois. Une amie lui a conseillé de prendre du millepertuis. Qu'en pensez-vous ? »

Votre réponse

« Le millepertuis est en effet indiqué en cas de dépression légère et transitoire. Toutefois, il faut d'abord vérifier que votre soeur ne prenne pas de médicaments contre-indiqués avec cette plante. »

Le terme de « dépression caractérisée » ne s'applique que face à une association de plusieurs symptômes spécifiques générant une souffrance importante, inhabituelle et se manifestant depuis au moins 15 jours, presque chaque jour et presque toute la journée.

Ses principaux signes d'alerte sont une tristesse inhabituelle, très douloureuse, perturbant la vie quotidienne, et/ou une perte d'intérêt pour le travail ou les loisirs.

Ces signes peuvent être associés à trois ou quatre des symptômes plus ou moins intenses suivants :

- fatigue, manque d'énergie ;

- perte ou prise de poids de plus de 5 kg ;

- problèmes de sommeil : insomnie ou hypersomnie ;

- ralentissement général ou nervosité inhabituelle ;

- ralentissement intellectuel, difficultés à se concentrer ;

- dévalorisation ;

- pensées morbides.

Limites du conseil

Le traitement par antidépresseurs classiques est recommandé en cas d'épisodes dépressifs caractérisés d'intensité modérée ou sévère.

Une prise en charge autre (phytothérapie, soutien psychologique...) avec suivi à 15 jours peut être envisagée en cas de :

u dépression caractérisée légère ;

u manifestations dépressives (symptômes isolés ou en nombre insuffisant pour répondre à la définition de la dépression caractérisée ou de durée inférieure à 15 jours) ;

- symptômes d'intensité sévère, mais transitoires (réactionnels : deuil par exemple).

Millepertuis

Le millepertuis ou Hypericum perforatum (sommité fleurie) est la seule plante reconnue par les autorités de santé en France comme traditionnellement utilisée - en traitement de courte durée - chez l'adulte dans les manifestations dépressives légères et transitoires accompagnées d'une baisse d'intérêt et de troubles du sommeil. Son action antidépressive est de type sédatif.

Posologie

La tisane n'est pas recommandée en raison de sa composition trop variable. Préférer des médicaments de phytothérapie (Procalmil, Prosoft...) ou des extraits titrés correspondant à une posologie journalière de 2 à 4 g de plante ou 0,2 à 1 mg d'hypéricine en 1 à 3 prises qui doivent être effectuées aux mêmes heures.

Cette posologie correspond à 50 gouttes de teinture mère deux fois par jour.

Les effets ne se font ressentir qu'après 10 à 14 jours de traitement ; au-delà de 15 jours, un avis médical est recommandé pour vérifier l'évolution des symptômes dépressifs. En l'absence d'amélioration significative après quatre semaines de traitement, il est inutile de le poursuivre.

Interactions médicamenteuses

Les interactions médicamenteuses sont liées à l'effet inducteur enzymatique de cette plante sur le cytochrome P450.

- Associations contre-indiquées : anticoagulants oraux, anticonvulsivants (sauf la carbamazépine), contraceptifs oraux, digoxine, immunosuppresseurs, inhibiteurs de protéases, théophylline.

- Associations médicamenteuses déconseillées : carbamazépine et télithromycine.

- Associations nécessitant des précautions d'emploi en raison du risque d'apparition d'un syndrome sérotoninergique : antidépresseur ISRS, IMAO non sélectif et IMAO sélectif A, linézolide.

- En cas d'association à un antidépresseur inhibiteur du recaptage de la sérotonine, des troubles digestifs et un risque de syndrome sérotoninergique sont possibles chez la personne âgée.

Précautions d'emploi

- Eviter l'exposition au soleil et aux UV (risque de photosensibilisation).

- Le millepertuis est déconseillé par mesure de précaution en cas de grossesse et allaitement.

Plantes complémentaires

- Des plantes sédatives et hypnotiques d'action rapide en début de traitement pour agir plus rapidement sur les insomnies : Eschscholtzia, aubépine ou houblon.

- La mélisse pour son action sédative, antistress et antispasmodique.

- La valériane, dont certains constituants sont considérés comme des antidépresseurs anxiolytiques.

- Ginkgo biloba (feuille) chez la personne âgée pour son action anxiolytique ou antidépressive et sur les troubles mnésiques.

Posologie : teinture mère, 100 gouttes deux fois par jour dans un verre d'eau ; extrait sec, 50 à 100 mg trois fois par jour avant les repas.

Conseils hygiéno-diététiques

- L'alimentation doit apporter les éléments nécessaires à la synthèse des neuromédiateurs, en particulier noradrénaline et dopamine, sans lesquels le traitement de la dépression est vain.

Privilégier la vitamine C (fruits et légumes frais), les vitamines du groupe B (céréales complètes, poisson, viande), le magnésium (fruits secs, céréales, certaines eaux minérales), les acides gras polyinsaturés oméga-3 (huile de colza, poissons gras), les protéines (apport de tyrosine).

- Le lithium en oligoélément le soir comme modificateur de terrain des manifestations psychiques et psychosomatiques peut être utile.

- Une activité physique d'intensité modérée contribue réellement à réduire les symptômes de dépression légère à modérée : trente à quarante minutes cinq fois par semaine (natation, randonnée, gymnastique...).

- La relaxation peut aider les plus anxieux.

- Les personnes déprimées doivent s'efforcer de préserver des relations sociales.

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Une alternative pour mieux dormir : la phytothérapie

Le concept

- L'événement : La prise en charge des troubles du sommeil par la phytothérapie

- Le message : La phytothérapie offre une alternative pour mieux dormir

- Les produits : Des plantes en vrac, sous forme de sachets de tisane, de gélules, d'ampoules...

- La couleur : Vert clair, bleu nuit et blanc

Les slogans

- Dormez mieux avec les plantes

- Retrouvez le sommeil avec les plantes

- Des plantes pour mieux dormir

Les fournitures

- 2 panneaux de polystyrène extrudé

- Adhésif toilé (largeur 40 mm)

- 2 baguettes de bois

- Bombe de peinture bleu nuit

- Peinture acrylique blanche en tube

- Eponge

- Lettres adhésives ou pochoirs

- Etoiles phosphorescentes adhésives

- Fil de nylon ou tiges métalliques

- Pochoir végétal (facultatif)

- Table basse

- Couverture, drap et oreiller

- Cartons plume (5 mm d'épaisseur)

- Feuille A4 transparente adhésive pour impression.

- Epingles à tête

Plan de la vitrine

Créer un panneau de fond en accolant deux panneaux de polystyrène extrudé à l'aide d'adhésif toilé et de baguettes de bois. Le peindre en bleu nuit. Coller les lettres du slogan ou les peindre à l'aide des lettres pochoirs. Dessiner un nuage blanc (voir « Malin » !). Disposer les étoiles. Accrocher le panneau au plafond à l'aide de fil de nylon ou de tiges métalliques. Placer la table basse devant le panneau et le recouvrir du drap, de la couverture et de l'oreiller à la façon d'un lit. Disposer les produits dessus.

Détail d'un élément du décor

Pour fabriquer les panneaux prix, découper des formes de nuage dans du carton plume. Imprimer les noms des produits ainsi que leur prix sur une feuille transparente adhésive. Les découper et les coller sur les nuages. Fixer les panneaux à l'aide d'épingles à tête sur la couverture.

Malin !

Pour donner du volume et créer un aspect cotonneux au nuage, utiliser une éponge recouverte de peinture blanche et tamponner avec plus ou moins de vigueur. Il est possible d'ajouter un motif végétal à l'aide d'un pochoir pour agrémenter le slogan.

communiquez ! des conseils pour votre rayon

Des produits classés selon leur forme

Insomnie, anxiété, stress sont des pathologies pour lesquelles la phytothérapie est particulièrement adaptée. Sachez mettre en avant ce segment pour booster l'ensemble du rayon consacré aux plantes.

A chaque forme sa place

Le rayon de phytothérapie n'a pas la même organisation que le rayon de médication familiale. Les produits sont rangés d'après leur forme plutôt que selon leur fonction.

L'ensemble des tisanes en vrac et en sachets occupe un premier meuble. Elles sont classées par marque puis par fonction (plantes sédatives, hypnotiques...). Au sein d'un deuxième meuble accueillant les gélules de plantes, une étagère, en haut de meuble, est consacrée à la « forme » et une autre, juste en dessous, au stress et au sommeil. Des réglettes précisent clairement les différentes catégories.

Des porte-fiches accueillent les fiches conseil maison en fonction des saisons. Les fiches sur les troubles nerveux sont mises en avant en automne et de février à mi-avril.

Conseil : pensez plantes !

Dans l'organisation de votre linéaire conseil en back-office, établissez une alternative phytothérapique pour chaque symptomatologie. Selon les cas, rangez soit le produit s'il n'est pas déjà exposé au public, soit simplement une fiche de rappel. Cette fiche reprend l'ensemble des informations nécessaires à un bon conseil.

Une formation ciblée

Ce conseil est d'autant plus performant que la phytothérapie entre dans le cadre de votre plan de formation continue. L'idéal : réaliser une formation régulière sur chaque axe thérapeutique. La formation sur la phytothérapie et les troubles nerveux sera programmée en septembre pour coller à l'actualité et trouver son utilité immédiatement.

Des animations au bon goût

Toujours très appréciée, la dégustation met la phytothérapie à l'honneur ! Vous pouvez par exemple mettre en place la semaine ou la quinzaine des médecines par les plantes en déclinant ce thème de la vitrine au comptoir.

Outre une vitrine sur les plantes, diffusez dans l'officine une huile essentielle antistress comme la lavande, l'orange douce... Organisez un « coin dégustation » où vous offrez une infusion. Et pensez à mettre à disposition une fiche reprenant ses caractéristiques essentielles.

Explicitez votre offre grâce à un slogan : « Retrouvez le sommeil », « Contre le surmenage », « Dormez mieux naturellement »...

les mots pour convaincre

La phytothérapie suffisante pour des symptômes légers

Les médecines alternatives, dont la phytothérapie, connaissent depuis plusieurs années un engouement de la part du grand public. Sachez convaincre les derniers réticents.

Efficacité plus adaptée

Mettez en valeur la sécurité de la phytothérapie. Elle peut être une alternative aux médicaments psychotropes, qui doivent être réservés aux pathologies sévères. Son efficacité suffit à traiter des troubles légers, évitant ainsi les problèmes iatrogènes liés aux psychotropes chimiques. « L'aubépine permet de ne pas entraîner de troubles de la mémoire, contrairement aux somnifères que vous avez l'habitude de prendre. »

Expliquez également que la phytothérapie entraîne peu de dépendance : « Avec ce médicament à base de plantes, il n'existe pas de problèmes de dépendance. Vous pouvez l'arrêter à tout moment. »

Traitement du terrain

Lors de troubles du sommeil, d'anxiété, de stress, il ne faut pas se contenter de soigner seulement un symptôme. Il est nécessaire de prendre en compte les besoins du patient dans sa globalité. Mettez en avant l'intérêt de la phytothérapie dans le traitement du terrain du patient : « La phytothérapie ne traitera pas que votre insomnie. Elle permet de prendre en charge sa cause qui semble être votre anxiété. »

Attention à la dose !

Certaines plantes, notamment les plantes adaptogènes, ont des propriétés qui diffèrent selon la dose. Insister sur le respect des doses : « Vous devez prendre le ginseng à faible dose, un demi-gramme par jour de plante en poudre, pour obtenir un effet calmant. Si vous dépassez un à deux grammes par jour, il devient tonifiant. »

En collaboration avec Loïc Bureau, pharmacien, responsable des formations de l'Institut de formation des acteurs de santé.

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LIVRES

Bien dormir grâce aux plantes

Dr Jacques Labescat, Sophie Raynaud, Ed. Rustica

Cet ouvrage propose des alternatives en phytothérapie, mais aussi en homéopathie et en oligothérapie, adaptées à une problématique : senior, enfant, décalage horaire, grossesse... Une seconde partie est consacrée aux monographies des principales plantes médicinales citées. Destiné au grand public, il a aussi sa place au comptoir pour donner des conseils personnalisés aux adeptes de la phytothérapie.

Les plantes qui nous soignent. Traditions et thérapeutiques

Jacques Fleurentin, Ed. Ouest-France, 2 007

Dans ce recueil, illustré par de très belles photos, Jacques Fleurentin, pharmacien et universitaire passionné par les plantes médicinales depuis 20 ans, regroupe plus de 70 plantes rassemblées par indications. Pour chacune de ces plantes, usage traditionnel et propriétés pharmacologiques démontrées permettent de choisir les plus adaptées. Un livre de référence à avoir dans sa bibliothèque.

INTERNET

http://www.passeportsante.net

Ce site canadien propose de nombreuses monographies de plantes médicinales (onglet « Approches complémentaires », rubrique « Herbier médicinal »). Les informations, très complètes, fiables, pratiques, sont supervisées par des spécialistes et coordonnées par un pharmacien. Les références bibliographiques et les liens hyperdiv permettent d'approfondir si nécessaire certains points particuliers.

à retenir - insomnie, stress, déprime et phytothérapie

A dire aux patients

Troubles du sommeil

- Les plantes sédatives facilitent l'endormissement et améliorent la qualité du sommeil.

- La posologie est d'une demi-dose 3-4 h avant le coucher et de une dose 30 minutes avant.

- Respecter les règles hygiénodiététiques et rechercher l'origine éventuelle des troubles.

Anxiété

- Les plantes anxiolytiques améliorent le bien-être diurne et le sommeil.

- La posologie est répartie régulièrement sur la journée en 3 à 4 prises dont la dernière 30 minutes avant le coucher.

Stress

- Le ginseng et l'éleuthérocoque se prennent le matin et à midi.

- En cas de nervosité, associez les plantes sédatives.

Déprime

- Le millepertuis est utilisé seulement en cas de manifestations dépressives légères, transitoires.

- Consulter après 15 jours de prise pour vérifier l'amélioration de l'humeur.

- Le millepertuis présente de nombreuses interactions médicamenteuses : toujours signaler son emploi.

Infos clés

- Les plantes sédatives facilitent l'endormissement et améliorent la qualité du sommeil : Eschscholtzia, houblon (recommandé à la ménopause), aubépine (surtout en cas d'hypertension associée), passiflore et valériane en cas d'anxiété.

- En complément : lavande, tilleul, oranger amer (fleurs, feuilles).

- Modalités de prise : 1 demi-dose 3 à 4 h avant l'heure prévue du coucher et 1 prise 30 minutes avant d'aller se coucher renouvelable en cas de réveil nocturne.

Quelques huiles essentielles améliorant le sommeil

Pour améliorer le sommeil, les huiles essentielles peuvent être une alternative aux plantes en tisanes ou en gélules. Elles s'utilisent soit par voie orale (une à deux gouttes sur un sucre), soit par voie externe (massage sur une zone localisée ou diffusion dans la chambre à coucher grâce à un diffuseur).

- HE de cumin ou Cuminum cyminum (semences) : inductrice du sommeil, digestive et antispasmodique ; 1 goutte au dîner et 1 goutte 30 minutes avant le coucher sur un morceau de sucre.

- Essence de mandarine ou Citrus reticulata (zeste) : modératrice du système nerveux central, relaxante et sédative ; 1 goutte au dîner et 2 gouttes 30 minutes avant le coucher, ou diffusion pendant 10 minutes, 15 minutes avant d'aller au lit. Risque de photosensibilisation en cas d'application sur la peau.

- HE de lavande ou Lavandula angustifolia (sommité fleurie) : antispasmodique puissante et sédative, favorise un sommeil plus rapide et réparateur (à utiliser particulièrement chez les hypertendus) ; 2 à 3 gouttes en massage sur la face interne des poignets, sur le plexus solaire ou le long de la colonne vertébrale 30 minutes avant le coucher. En olfaction, deux gouttes sur la taie d'oreiller avant le coucher.

- HE de lavandin super ou Lavandula burnatii CT super (sommité fleurie) : propriétés proches de celles de la lavande ; en diffusion dans la chambre pendant 30 minutes avant le coucher.

- HE de camomille romaine ou Chamaemelum nobile (partie aérienne fleurie) : insomnie due à un choc nerveux ou en préparation à une opération chirurgicale ; 3 gouttes sur le plexus solaire et la face interne des poignets 30 minutes avant le coucher.

Précautions d'emploi

- Enfant et femme enceinte : en l'absence de données suffisantes et sauf avis contraire d'un thérapeute, les huiles essentielles sont déconseillées chez la femme enceinte, l'enfant de moins de 30 mois et chez les épileptiques. Chez l'enfant de plus de 30 mois, donner la préférence à l'essence de mandarine et à l'huile essentielle de lavande.

- Dilution : il est préférable de diluer les huiles essentielles dans un peu d'huile végétale, de Macadamia par exemple, pour éviter toute irritation lors de l'utilisation en massage ; deux à trois gouttes d'huiles essentielles dans une cuillère à café d'huile végétale.

l'avis du spécialiste

« Une huile essentielle doit être chémotypée »Sous quelle forme utiliser les plantes ?

Le choix de la forme d'administration de la plante dépend des propriétés chimiques des molécules actives. Si celles-ci ne sont pas solubles dans l'eau, les tisanes ont une efficacité moindre. Il vaut mieux alors utiliser la poudre de plante totale ou les teintures. Les propriétés de la plante diffèrent également selon que l'on utilise la plante fraîche ou sèche.

Que contiennent les huiles essentielles ?

Les huiles essentielles contiennent des molécules aromatiques, donc seulement une partie des composants de la plante. Cela explique les propriétés parfois différentes entre la plante utilisée en phytothérapie et son huile essentielle employée en aromathérapie. Cette différence est aussi renforcée par l'oxydation que subissent les molécules lors de l'entraînement par la vapeur d'eau, transformant ainsi leur activité. Attention, car la composition chimique des huiles essentielles peut varier selon la partie de la plante utilisée et sa provenance ! Une huile essentielle doit donc être chémotypée : les ou les composants chimiques qui lui confèrent une action thérapeutique doivent être identifiés par analyse, en général par chromatographie en phase gazeuse (HE de Thymus vulgaris CT thymol par exemple).

Loïc bureau,

responsable des formations à l'Institut de formation des acteurs de santé (IFAS) et spécialiste en phytothérapie.

pour approfondir - Le sommeil, un atout de qualité de vie

Le sommeil est nécessaire pour récupérer physiquement, psychologiquement et intellectuellement. Il a un impact sur :

- le maintien de la vigilance à l'état de veille ;

- la reconstruction des stocks énergétiques des cellules musculaires et nerveuses ;

- la production d'hormones de croissance ;

- la régulation de la glycémie : le manque de sommeil favorise diabète, surpoids, intolérance aux sucres ;

- l'élimination des toxines des systèmes glandulaire, respiratoire et cardiovasculaire ;

- la stimulation des défenses immunitaires ;

- la régulation de l'humeur et de l'activation du stress ;

- les mécanismes d'apprentissage et de mémorisation.

Infos clés

- Les plantes anxiolytiques s'adressent aux anxiétés légères : elles réduisent la nervosité, améliorent le bien-être diurne et facilitent l'endormissement.

- Plantes anxiolytiques : passiflore, valériane (en cas d'agressivité ou de tensions musculaires), Eschscholtzia (émotivité), ballote noire (avec somatisation digestive à type de crampes).

- En complément : aubépine, lavande, mélisse, mélilot.

- Modalités de prise : répartir la posologie journalière en 3 ou 4 prises régulièrement réparties, avec la dernière 30 minutes avant le coucher.

Quelques huiles essentielles anxiolytiques

Les huiles essentielles relaxent et rééquilibrent le système neurovégétatif.

- HE de lavande, Lavandula angustifolia (sommités fleuries) : indiquée chez l'hypertendu anxieux de tempérament plutôt mélancolique ou lorsque la somatisation est digestive (spasmes, nausées) ou cardiaque (extrasystoles). 2 gouttes en massage (plexus solaire ou face interne des poignets), trois fois par jour.

- HE de petit grain bigarade, Citrus aurantium ssp. aurantium (feuilles) : anxiété accompagnée de spasmes musculaires, fatigue mentale ou palpitations. 2 gouttes 3 fois par jour dans un peu de miel. S'utilise aussi en massages (poignets, colonne vertébrale, plexus solaire).

- HE de marjolaine des jardins, Origanum majorana (sommités fleuries) : dystonies neurovégétatives. 2 gouttes 3 fois par jour sur un morceau de sucre (3 semaines).

- HE d'ylang-ylang, Cananga odorata extra et totum (fleurs) : hypotensive et relaxante, utile si agitation et palpitations cardiaques, facilite aussi l'endormissement. Réservée à l'adulte. Utiliser diluée (irritante). 3 gouttes d'HE et 2 gouttes d'huile végétale en massage sur la face interne des poignets, 3 à 4 fois par jour.

pour approfondir

Phytothérapie et sevrage aux benzodiazépines

L'utilisation des benzodiazépines au long cours (plus de 30 jours) n'est pas recommandée, en particulier chez la personne âgée en raison des effets indésirables sur la mémoire et la vigilance, des risques de chute et d'accoutumance.

La phytothérapie représente un soutien actif et psychologique dans l'aide au sevrage des benzodiazépines et apparentés. Le protocole mis en route ne peut se faire qu'en étroite relation avec le médecin et le patient ; il demande patience, observance, précautions, écoute et suivi pour vérifier l'absence de réapparition des troubles.

Les trois étapes du sevrage :

- Baisse très progressive et par paliers successifs du tranquillisant avec augmentation parallèle du traitement phytothérapique.

- Stabilisation.

- Diminution très progressive du traitement phytothérapique.

A tout moment, le patient doit pouvoir adapter la posologie et/ou revenir au palier précédent.

Infos clés

Les plantes adaptogènes augmentent la résistance de l'organisme au stress. u Extraits ou poudre titrée de ginseng, d'éleuthérocoque.

- Les prises sont réparties sur la journée.

- Les plantes sédatives (passiflore, valériane, mélisse) peuvent compléter l'action antistress.

Quelques huiles essentielles antistress

- Les HE employées contre l'anxiété (voir p. 6) sont classiquement utilisées en cas de stress du fait de leur action sédative.

- Les HE psychostimulantes aident à surmonter une fatigue due au stress.

- HE de menthe poivrée, Mentha x piperita (parties aériennes) : tonique, stimulante nerveuse, indiquée en cas de fatigue physique, émotionnelle, difficultés de concentration ; 1 goutte 3 à 4 fois par jour sur un morceau de sucre. Contre-indications : grossesse, enfant de moins de 7 ans. Pas d'usage prolongé sans avis médical.

-HE de laurier noble, Laurus nobilis (feuilles) : régulatrices du système nerveux sympathique et parasympathique. HE de choix pour affirmer ses convictions dans une situation jugée difficile. A utiliser ponctuellement quand les craintes se font sentir ; appliquer une goutte sur le poignet et la respirer. Précautions d'emploi : cette HE peut être allergisante.

pour approfondir

La rhodiole, une plante à la mode

- La rhodiole (Rhodiola rosea L.) ou orpin rose, de la famille des crassulacées, est une plante vivace des régions montagneuses et circumpolaires de l'Europe de l'Est et de l'Asie. Depuis des siècles, sa racine est utilisée en Russie et dans les pays scandinaves pour augmenter la résistance physique, traiter la fatigue, la dépression, les infections, en particulier pulmonaires. Dès 1960, les Russes la classent comme adaptogène, comme le ginseng et l'éleuthérocoque. Les athlètes et cosmonautes russes l'utilisent pour augmenter leurs performances, les soldats pour vaincre leur stress. La rhodiole est à présent autorisée en France comme complément alimentaire.

- L'activité des extraits semble liée à une concentration minimale de 3 % en rosavine (diglucoside de l'acide cinnamique) et de 1 % en salidroside. La rhodiole améliore les performances physiques et réduit le temps de récupération. En situation de stress, elle augmente la capacité au travail et les fonctions cognitives. C'est aussi un antioxydant et un psychostimulant qui pourrait être utile en cas de dépression. Ses effets antiasthéniques et antistress se manifestent rapidement.

- Posologie : extrait titré : 100 à 170 mg jusqu'à 300 mg par jour en deux prises, matin et midi, 30 minutes avant de manger, pendant 10 à 20 jours. A renouveler si nécessaire après deux semaines d'arrêt. Eviter d'en prendre le soir pour ne pas risquer de perturber le sommeil.

- Par précaution, la rhodiole est contre-indiquée en cas de grossesse et son utilsation doit être prudente chez les personnes souffrant de troubles bipolaires. Elle n'est pas toxique, mais des effets indésirables sont toujours possibles à type d'agitation et excitation, ce qui nécessite de réduire la posologie puis de l'augmenter très progressivement.

Infos clés

- Le conseil à l'officine se limite aux dépressions mineures et transitoires de l'adulte qui peuvent être soulagées par la phytothérapie.

- Le millepertuis est la principale plante utilisée. Son délai d'action est d'environ deux semaines. Interactions médicamenteuses nombreuses !

- En complément, Ginkgo biloba chez la personne âgée et plantes sédatives d'action rapide en début de traitement en cas d'insomnie (houblon, Eschscholtzia, aubépine).

- Dans tous les cas, un suivi à 15 jours auprès d'un professionnel de santé permet de ne pas passer à côté d'une dépression caractérisée modérée à sévère.

Déprime et huiles essentielles

Ces huiles essentielles augmentent le potentiel énergétique et sont associées dans des formules composées à des HE antistress (ylang-ylang qui est aussi désinhibant, marjolaine, petit grain bigarade...).

- HE de ravintsara ou Cinnamomum camphora à cinéole (feuille) : tonique physique et stimulante du système nerveux, cette HE convient aux tempéraments nerveux car elle facilite aussi le sommeil ; 1 à 3 gouttes trois fois par jour en massage sur le plexus solaire.

- HE de verveine citronnée ou Lippia citriodora (feuille) : elle est calmante et antistress tout en augmentant le potentiel énergétique ; 1 goutte deux fois par jour sur un morceau de sucre pendant trois semaines.

pour approfondir

Acides gras oméga-3 et dépression

Importance des acides gras oméga-3

La masse du cerveau est constituée à plus de 50 % de lipides dont plus de 60 % d'entre eux sont des acides gras oméga-3, en particulier l'acide eicosapentaénoïque (EPA) et l'acide docosahexaénoïque (DHA). Incorporés dans les membranes cellulaires, ils y jouent un double rôle :

- structurel, en assurant la fluidité des échanges membranaires et en stabilisant la membrane,

- fonctionnel : précurseurs d'eicosanoïdes (prostaglandines, prostacycline, thromboxanes, leucotriènes...), EPA et DHA permettent la synthèse des messagers chimiques du cerveau.

Un déséquilibre oméga-3/oméga-6 est un des facteurs de risque d'un syndrome dépressif. Il a été montré que l'EPA avait un effet bénéfique en prévention ou chez des patients souffrant de dépression légère ou en début de maladie, alors que le DHA semble plus impliqué dans les troubles du comportement.

Apports alimentaires

Les acides gras constitutifs des membranes sont apportés essentiellement par l'alimentation. Les apports nutritionnels conseillés sont de 0,3 à 0,5 g/jour d'EPA + DHA sans dépasser 2 g/jour, quantité au-delà de laquelle il y a augmentation du temps de saignement. Ces quantités sont apportées par la consommation de deux portions de poissons gras par semaine : maquereau, sardine, hareng, saumon. Les oméga-3 peuvent également être apportés sous forme de leur précurseur, l'acide alphalinolénique (1,7 à 2 g/jour) : huiles de colza, caméline, Perilla. Utiliser l'huile d'olive pour la cuisson. Parallèlement, il faut :

- réduire la consommation d'acides gras oméga-6 : tournesol, maïs, sésame, pépins de raisin, carthame, soja ;

- avoir une alimentation variée riche en antioxydants pour protéger les oméga-3 : vitamines E et C, caroténoïdes, sélénium, polyphénols, acide oléique (huile d'olive).

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