Bilan des officines 2007 : alerte générale ! - Le Moniteur des Pharmacies n° 2731 du 24/05/2008 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2731 du 24/05/2008
 

ÉCONOMIE

Entreprise

Dans une période de tensions et d'incertitudes fortes, le bilan économique de l'année 2007 n'est pas rassurant. D'après la dernière enquête KPMG, l'activité stagne, le résultat moyen de l'officine est en forte baisse et le revenu du pharmacien s'érode sensiblement.

Beaucoup de signes avant-coureurs pouvaient laisser penser que l'année 2007 serait morose. Les moyennes professionnelles établies par le réseau santé de KPMG Entreprises, à partir des comptes de résultats de 757 de ses clients, confirment que ces prédictions se sont malheureusement réalisées. Le fardeau des mesures gouvernementales a été trop lourd à supporter : l'an dernier, le CA HT des officines n'a augmenté en moyenne que de 1,37 % contre 3,44 % en 2006. La chute de la croissance de l'activité observée depuis 2004 risque de perturber durablement l'économie de l'officine. La situation est quasiment la même pour tous. « Toutes les progressions se tassent, il y a même un recul de 0,24 % pour les officines réalisant moins de 800 kÛ de CA HT », signale Patrick Bordas, responsable du réseau santé de KPMG. Pour les officines dont le CA est compris entre 800 kÛ et 1,5 MÛ, l'augmentation est de 1,22 %. Elle est de 1,70 % pour celles qui dépassent 1,5 MÛ de CA.

Les officines de centre commercial s'en sortent mieux que les autres, bénéficiant d'une bonne situation en termes de chalandise, le médicament remboursable n'étant plus la locomotive de l'évolution de leur activité. Elles sont toujours en tête en matière de CA, avec une hausse moyenne de leur activité de 4,09 % en 2007, creusant ainsi un peu plus l'écart avec les pharmacies urbaines (+ 1,07 % en moyenne) et rurales (+ 1,40 %).

Les écarts continuent de se creuser en défaveur des très petites officines (- 0,24 % en moyenne). Celles comprises entre 800 kÛ et 1,5 MÛ de CA réalisent une progression moyenne de 1,22 %, mais l'effet de taille a ses limites puisque, au-delà de 1,5 MÛ, la croissance des officines se tasse (+ 1,70 %).

Le taux de marge se stabilise

Traditionnellement, les années précédentes l'augmentation du CA compensait la baisse du taux de marge. Compte tenu de la faible augmentation de l'activité en 2007, la compensation sur la marge n'est certainement pas cette année au rendez-vous pour une grande majorité des officines. Mais c'était sans compter sur le redressement du taux de marge médian des pharmacies.L'augmentation de 0,08 point du taux de marge (toutes officines confondues) que l'on observe cette année est inattendue. Concrètement, elle est passée de 27,53 % en 2006 à 27,61 % en 2007. Il n'empêche, quelle que soit la taille ou la typologie, les officines ne dépassent pas 28 % de marge après remises, exception faite des pharmacies de centre commercial dont le taux de marge, en progressant de 0,42 point, repasse cette barre fatidique (28,13%).

Le taux de marge des pharmacies de plus de 1,5 MÛ de CA a baissé de 27,55 % à 27,52 % et se situe maintenant derrière celles le CA est compris entre 800 kÛ et 1,5 MÛ (+ 0,04 point à 27,61 %) et celles de moins de 800 kÛ qui, contre toute attente, affichent le meilleur taux de marge (27,70 % grâce à un bond en avant de 0,42 point). Les avantages commerciaux plus importants dont bénéficient généralement les grosses pharmacies n'ont donc pas suffi à gommer le poids des charges de fonctionnement (loyers, frais de personnel...).

EBE : seules les pharmacies de centre commercial progressent

En 2007, l'excédent brut d'exploitation (EBE) a subi un nouveau coup de rabot. Il perd 0,27 point à 10,82 %. L'érosion est générale, quelle que soit la taille de l'officine. Seules les officines de centre commercial ne suivent pas la tendance (EBE en progression de 0,44 point).

La performance commerciale de gestion (PCG) est un ratio plus pertinent que l'EBE. Or elle a mal résisté en 2007, chutant de 0,58 point à 13,49 % après une baisse plus ténue en 2006 (0,17 point). La perte cumulée sur trois ans atteint 1,3 point. Les petites officines (CA inférieurs à 800 kÛ) sont épargnées avec + 0,17 point).

Autre constat assez inquiétant : les frais de personnel augmentent à un rythme plus soutenu (+ 0,20 point, représentant maintenant 10,34 % du CA HT) après une pause en 2006 (+ 0,01 point). « L'augmentation 2007 des frais de personnel consomme entre 1 et 2 % de la marge brute en valeur de l'officine », signale Patrick Bordas. Ce poste important du compte de résultat ne pèse pas le même poids selon que l'on se trouve dans une petite officine (8,76 %, + 0,15 point en 2007) ou une grande officine (10,79 %, + 0,18 point). Des écarts qui s'expliquent par l'amplitude des horaires d'ouverture dans les grandes pharmacies, notamment celles de centre commercial, ainsi que par l'obligation d'emploi d'un diplômé en fonction du CA. Curieusement, ce sont les pharmacies moyennes qui affichent la plus forte variation en frais de personnel (+ 0,22 point). Ces chiffres militent pour l'adoption de la forme sociétale.

La taille amortit la chute

Dernier fait marquant : la baisse du résultat net s'accélère. Le taux de résultat moyen ressort à 7,51 % du CA en 2007 contre 8,18 % en 2006, soit un tassement de 0,67 point représentant sur un CA moyen de 1,3 MÛ un manque à gagner de 8 700 Û. Sur trois ans, la baisse atteint 1,47 point. Si l'EBE des officines de centre commercial augmente, en revanche leur résultat net plonge (- 1,70 point) en raison d'un endettement (intérêts financiers) plus élevé que la moyenne et du poids des amortissements, ce qui signifie qu'elles investissent plus que les autres pour améliorer leur productivité.

Et que dire des petites officines ! Elles sont quatre fois plus touchées que les grosses (- 0,30 point), avec une baisse de 1,20 point de leur résultat net qui tombe à 6,38 %. « On peut dire que le pharmacien a perdu en 2007 un mois de salaire », résume Patrick Bordas.

En conclusion : un chiffre d'affaires qui stagne, un résultat qui baisse fortement, notamment dans les structures les plus petites. Plus l'économie se dégrade, plus l'effet de taille devient prédominant pour créer de la richesse. Les petites officines ont donc du souci à se faire. Jusqu'ici, les génériques leur ont permis, comme d'autres, de garder un équilibre. Mais on sait que lorsque l'économie d'une entreprise repose sur un poste démesurément important, la fragilité s'installe. La compensation donnée en contrepartie de la suppression des marges arrière sera-t-elle suffisante ? Quel sera l'impact du développement des grands conditionnements ? De la nouvelle franchise sur les médicaments remboursables ? Des déremboursements sur les vignettes orange ? Il est encore trop tôt pour le dire, mais la baisse d'activité ressentie par les officines sur le premier trimestre 2008 n'est pas de bon augure pour la suite. Il est probable qu'elle affectera de manière importante les résultats. Dans ce condiv, 2008 sera sans doute une année cruciale pour l'économie de la pharmacie.

Le crédit fournisseur augmente

Il a progressé de trois jours de chiffre d'affaires (à 42,17 jours), ce qui équivaut approximativement en valeur à 10 000 Û pour une officine moyenne. Cette augmentation du crédit fournisseur est la bienvenue pour compenser la baisse du résultat net. Elle est surtout due à l'effet générique. En effet, les génériqueurs accordent en direct à leurs clients des délais de paiement beaucoup plus longs que la moyenne. De plus, le surstockage de fin d'année contribue aussi à l'allongement de cette durée.

important

Les moyennes données par KPMG sont en fait des valeurs médianes. C'est-à-dire que 50 % des officines étudiées se situent de part et d'autre des valeurs médianes annoncées.

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