Libre accès et ouverture du monopole ne fragiliseraient pas l'officine ! - Le Moniteur des Pharmacies n° 2728 du 03/05/2008 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2728 du 03/05/2008
 

PROFESSION

Actualité

Selon une étude de Smart Pharma Consulting, les pharmaciens n'auraient rien à craindre des attaques de la GMS. Si l'accès aux produits OTC était libéralisé, le circuit officinal ne serait guère fragilisé. Quant au libre accès, il devrait doper le marché officinal...

Il ne faut pas sous-estimer la capacité des pharmaciens à s'adapter pour retenir l'essentiel des volumes de médicaments en libre accès », affirme Jean-Michel Peny, P-DG du cabinet de conseil Smart Pharma Consulting. Selon lui, la perspective de la mise en place du libre accès et la pression de la grande distribution sur le monopole ne doivent donc pas inquiéter outre mesure les officinaux.

« 0,2 point de croissance par an pour l'officine »

L'étude de Jean-Michel Peny sur « La libéralisation de l'accès aux médicaments OTC » révèle d'abord que les pharmaciens n'auraient rien à perdre avec le libre accès. Au contraire. Comparée aux principaux pays européens, la part de marché de l'automédication en France est l'une des plus basses (8 % contre 12 % pour le Royaume-Uni et 13 % en Allemagne en 2007).

Or, d'après le consultant, « le libre accès et l'absence du monopole pourraient participer à une plus forte utilisation des produits d'automédication et, par conséquent, à une croissance du marché ». En effet, le libre accès ferait gagner 3,6 points de croissance, en moyenne, par an au marché de l'OTC strict d'ici 2010. Ses ventes passeraient, entre 2007 et 2010, de 71 000 euros (par officine) à 89 000 euros (au lieu de 80 000 sans le libre accès), soit un gain de 11 %. En outre, sur la même période, le libre accès pourrait donner un (petit) coup de pouce à l'économie de l'officine. « Au périmètre des ventes globales, il pourrait générer 0,2 point de croissance supplémentaire en moyenne, par an », précise Jean-Michel Peny.

Préserver quelques années le monopole

A prendre le virage du libre accès, les pharmaciens ont-ils donc tout à gagner ? Oui, répond l'étude, à condition de jouer le jeu d'une politique de prix qui saura se montrer attractive. Le monopole pourrait alors être préservé pendant au moins quelques années. Mais les pharmaciens doivent se préparer à l'inéluctable. « La décision d'ouvrir le monopole officinal sera prise sur des considérations politiques, et non économiques, à l'instar de ce qui s'est passé pour le libre accès », en est persuadé le P-DG de Smart Pharma Consulting.

L'OTC, simple produit d'appel pour la GMS

Mais toujours d'après l'étude, la libéralisation du circuit officinal ne devrait pas avoir trop d'impact sur les pharmacies. Pour une raison simple : les consommateurs ont besoin d'être rassurés par le pharmacien quand ils doivent choisir un médicament. Pour preuve, d'après une enquête Ipsos menée en janvier 2008, 92 % des Français achèteraient, à prix équivalent, leurs médicaments en officine plutôt que dans la grande distribution. Mieux, 76 % pensent que si les médicaments étaient vendus dans la grande distribution ils feraient peser davantage de risques sur leur santé.

Par ailleurs, l'ouverture du monopole « ne devrait pas affecter de manière significative les ventes du circuit officinal », renchérit Jean-Michel Peny. Dans le cas d'une suppression du monopole en 2009, le taux de croissance annuelle de l'officine serait de 4,6 %, contre 4,7 % dans le cas du maintien du monopole, et ce quel que soit l'écart de prix (entre 0 et 20 %) constaté avec la grande distribution.

Surprenant ? Pas vraiment. Première explication : malgré les effets d'annonce de Michel-Edouard Leclerc, la distribution de médicaments ne constitue pas un enjeu prioritaire pour la grande distribution. « Les médicaments devraient offrir une rentabilité au mètre linéaire bien inférieure à celle de bon nombre de produits vendus dans la grande distribution, et donc être utilisés simplement comme produits d'appel. C'est pourquoi le libre accès de médicaments dans la grande distribution sera vraisemblablement limité aux seules marques à très forte notoriété », commente encore Jean-Michel Peny.

De plus, les officinaux ne devraient pas rester sans réagir. « Il est certain qu'ils s'efforceront de réduire l'écart de prix avec la GMS pour rester compétitifs. Comme ils ont su le faire par le passé quand la parapharmacie est sortie du monopole. »

Estimations 2010 des ventes officinales en OTC strict

D'après l'étude de Smart Pharma Consulting, le libre accès devrait doper le marché de l'OTC strict, entraînant un gain net de chiffre d'affaires de 189 millions d'euros, soit + 3,6 %. Entre 2007 et 2010, les ventes officinales pourraient passer de 1,5 à 1,9 milliard d'euros. Or, sans le libre accès, l'étude montre qu'elles auraient à peine atteint 1,7 milliard d'euros.

Prévoyez-vous de fermer votre officine le 30 mai prochain en signe de protestation ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !