Les experts - Le Moniteur des Pharmacies n° 2722 du 22/03/2008 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2722 du 22/03/2008
 

Le récit en images

En France, ce ne sont pas des héros de séries télévisées mais ils n'en sont pas moins experts. Une dizaine de pharmaciens travaillent aux côtés de chimistes ou de docteurs en biologie dans la police scientifique. Elle nous a ouvert ses portes.

Scène de crime

Enquêteurs et médecins légistes sont sur les lieux pour recueillir le maximum d'indices. Ici, outre les expertises balistiques habituelles, il s'agit de trouver des empreintes digitales ou génétiques de l'agresseur, à partir par exemple d'un mégot abandonné, de salive sur un verre, de cheveux trouvés sur place... Les prélèvements vont ensuite être envoyés dans un laboratoire de la police scientifique.

Six labos en France

Hormis le laboratoire de toxicologie de la préfecture de police de Paris, il existe quatre laboratoires de police scientifique en France (Marseille, Toulouse, Lille et Lyon). Leurs domaines d'intervention vont de la recherche des causes d'incendies et d'explosions (lors d'attentats notamment) en passant par la balistique, les empreintes digitales et documents, les stupéfiants, la biologie (recherche d'empreintes génétiques, identification de cadavres), la physicochimie (recherche de traces de résidus de tir, de peinture automobile en cas de fuite...) et la toxicologie (recherche de substances toxiques, d'alcool et de stupéfiants).

Pharmaciens, fonctionnaires et ingénieurs

Les demandes d'analyses se font sur réquisition ou sur ordonnance de commission d'experts. Les prélèvements arrivent par la poste, par transporteur ou sont directement apportés par des policiers ou des gendarmes. Nous sommes ici au laboratoire de police scientifique de Lyon. Quatre pharmaciens y travaillent. Ils sont fonctionnaires de police mais avec un statut d'ingénieur. Ils n'ont donc pas droit au port d'arme. Au niveau national, 400 scientifiques (dont une dizaine de pharmaciens) travaillent dans les différents laboratoires de police scientifique. La majorité d'entre eux sont chimistes de formation.

Effervescence à l'accueil

Le personnel de l'accueil du laboratoire de police vérifie que la réquisition est conforme et que le prélèvement est bien scellé. Si ce n'est pas le cas, la demande est rejetée.

Si tout est conforme, une fiche saisine va être remplie permettant la constitution d'un dossier informatisé traçable. Un code-barres est apposé sur chaque scellé.

L'année dernière, 45 000 dossiers ont été traités à Lyon, y compris par l'unité automatisée de génotypage. Cette dernière est en charge au niveau national de l'analyse génétique des prélèvements sur personnes condamnées ou mises en cause, et de leur fichage.

Ce jour-là, parmi les scellés en attente de traitement, un fragment de muscle prélevé sur un cadavre.

Scellés sous haute surveillance

Plusieurs salles sont nécessaires pour entreposer les nombreux scellés, dont certains sont pour le moins volumineux (matelas, canapé, tente...). Une armoire blindée abrite les armes et les munitions.

Des congélateurs permettent de stocker à - 20 °C les prélèvements de sang, d'urine, de bile, d'humeur vitrée, de contenu gastrique. Les cheveux sont conservés à température ambiante.

Deux chambres froides, dont la température est de 4 °C, sont également prévues pour entreposer en toute sécurité les échantillons à risque tels les résidus d'explosifs.

Une pharmacienne chef de service

Marie-Thérèse Thévenot est chef de service de la section Toxicologie médicolégale du laboratoire de police scientifique de Lyon. Pharmacienne de formation, elle est inscrite à l'Ordre, section biologie. Cinq personnes travaillent à ses côtés, dont une autre pharmacienne, un ingénieur chimiste et trois techniciennes. Tous les prélèvements étant effectués par des médecins légistes, Marie-Thérèse Thévenot quitte rarement son laboratoire. Depuis son arrivée en 1990, elle l'a fait à deux reprises : la première fois, lors du Tour de France 1999, à l'occasion de perquisitions dans les chambres des coureurs ; la seconde, c'était l'été dernier, pour assister à la mise en place de dépistages salivaires de stupéfiants auprès d'automobilistes. Elle organise régulièrement des formations pour les policiers.

Surtout des recherches de stupéfiants chez des automobilistes

La section Toxicologie reçoit une dizaine de demandes d'analyse par jour. Elle recherche et dose l'alcool et les stupéfiants dans le sang dans le cadre de la sécurité routière, mais aussi des substances toxiques (médicaments, stupéfiants, monoxyde de carbone...) dans les prélèvements biologiques (sang, urine...), les aliments, les boissons... C'est notamment le cas lors d'une suspicion de soumission chimique (du flunitrazépam, du triazolam, du GHB, des antihistaminiques peuvent alors être retrouvés).

Plus ponctuellement, cette section est amenée à rechercher la cause de la mort chez des personnes trouvées à leur domicile ou à l'extérieur.

60 % des analyses sont liées à des recherches de stupéfiants chez des automobilistes. Les alcoolémies sont plus rares, sauf chez les personnes décédées. Il faut aller vite car la durée de détection d'une substance n'est que de quelques heures dans le sang. Elle est plus longue dans l'urine (quelques semaines) et dans les cheveux (quelques mois). La détection de cannabis est particulièrement délicate car le THC n'est retrouvé qu'entre 6 et 10 heures après la consommation. Dans plus de la moitié des échantillons, on ne retrouve que ses métabolites, dont la présence persiste plus longtemps. Il n'est donc pas évident d'affirmer que le conducteur conduisait sous l'influence d'une drogue.

Un crâne en analyse

Il arrive que les demandes soient particulières comme celle d'analyser un gâteau. Un employé avait préparé deux gâteaux, l'un pour ses collègues, l'autre, au cannabis, pour ses amis. Il s'est trompé, provoquant des malaises chez ses collègues... Ou encore celle d'un crâne défoncé retrouvé dans un pré. Des recherches de médicaments sur la matière cérébrale restante ont été demandées pour essayer de détecter des traces de médicaments et tenter de remonter jusqu'aux prescriptions. Des os, de la moelle épinière peuvent également être analysés. Ces recherches à l'aveugle sont particulièrement longues.

Mieux comprendre le trafic

La section Stupéfiants, dirigée par Fabrice Besacier, est chargée d'analyser toutes les drogues ou présumées telles saisies. La moitié des analyses nationales sont réalisées ici, y compris sur les produits saisis dans les DOM-TOM, les aéroports parisiens ou sur les cargos. L'objectif, ce n'est pas seulement de détecter les drogues mais aussi de déterminer le degré de pureté, la présence de produits de coupage (dont beaucoup de médicaments tels le diltiazem, le paracétamol, la caféine...). Ce qui permet de mieux comprendre les trafics au niveau international.

De la lumière bleue pour révéler des traces cachées

Un duvet est suspendu en attente d'analyse. Par terre, une paire de baskets. Vous avez certainement vu au cinéma ou à la télé ces images saisissantes de policiers tentant de retrouver des traces sur les murs en projetant une lumière bleue. Ce local est justement utilisé par les experts de la section Biologie pour détecter des traces invisibles de liquides biologiques (sang, sperme...), même si le vêtement a été lavé.

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