Mi-prof, mi-adjoint

Vivien Veyrat n'a jamais vraiment quitté la faculté. « Je m'y suis découvert une passion pour l'officine et, surtout, pour la pharmacie clinique appliquée à l'officine », explique-t-il. C'est donc tout naturellement qu'en 2002, diplôme en poche, Vivien Veyrat propose ses services à la faculté de Châtenay-Malabry. Un mardi sur deux, il va ainsi animer, avec un jeune confrère de sa promotion, des séances de « commentaires d'ordonnances ». Très vite, l'équipe enseignante de Châtenay comprend l'intérêt d'assurer des commentaires d'ordonnances par des officinaux de terrain. « On faisait ça en dehors du cursus habituel, bénévolement, par l'intermédiaire de l'Association des étudiants de l'officine-test. On aurait aimé avoir ces commentaires d'ordonnances authentiques lors de notre sixième année ! », se souvient Vivien.

Le premier poste de PAST (professeur associé à temps partiel) de la faculté de Châtenay-Malabry fut créé en 2002 avec pour objectif d'y transmettre les pratiques du terrain. En 2005, Annick Four, titulaire du poste, annonce qu'elle ne souhaite pas renouveler son mandat. Vivien Veyrat n'hésite pas une seconde et présente un dossier de candidature. Pour prétendre au poste, il faut justifier de trois années d'ancienneté professionnelle. En tant qu'adjoint, le compteur de Vivien en affiche... trois plus trois semaines. Il a obtenu également trois DU (orthopédie, premier secours à l'officine et médication officinale) !

Nommé PAST en août, Vivien commencera les cours en septembre. Tout en gardant son activité d'adjoint car le statut réglementaire de PAST est clair : celui-ci a une obligation d'exercer une activité professionnelle en rapport avec la discipline enseignée*. « Si je démissionne de mon poste d'adjoint, je perds automatiquement mon poste de professeur associé », précise Vivien. Sauf, bien sûr, si c'est pour devenir titulaire.

Ne pas hésiter à aller frapper à la porte de la fac

Un PAST, dans la filière officine, est donc un hybride entre pharmacien d'officine (adjoint ou titulaire) et professeur. Il lui incombe la moitié des obligations des services d'enseignement d'un professeur des universités. Statutairement, un PAST doit donc faire 64 heures de cours d'amphithéâtre par an ou 96 heures de travaux dirigés ou toute combinaison équivalente. Vivien, qui est un passionné, en assure en réalité plus de 200 par an, consacrées à la médication officinale (pathologies ORL, conseil en pédiatrie, ophtalmologie, etc.).

Les enseignements, majoritairement destinés aux étudiants de la filière officine, s'adressent aussi aux pharmaciens inscrits au DU de préparation à l'exercice officinal, par exemple après une carrière dans l'industrie ou encore, comme le prévoit la convention collective, après vingt ans de rupture professionnelle pour élever ses enfants.

En 2007, la faculté de Châtenay-Malabry a recruté un second professeur associé à temps partiel. Pharmacienne, titulaire à Paris, Catherine Lafortune s'occupe surtout, de façon très complémentaire, des cours de gestion. « La faculté, c'est l'interface entre les étudiants et le monde professionnel. Il est normal que des étudiants aillent travailler en officine, mais il est aussi normal que les pharmaciens viennent à la faculté. C'est un mélange qui interagit, souligne Vivien Veyrat. Si certains ont envie d'essayer, il faut aller frapper à la porte de la fac. Cela poussera peut-être certaines d'entre elles à créer des postes de profs associés. Plusieurs facs n'en comptent toujours pas... »

Le salaire de base, fixé à 1 500 euros net, peut évoluer jusqu'à 2 000 euros, ce qui correspond à la moitié du salaire moyen d'un professeur d'université, poste à mi-temps oblige.