Objectif observance - Le Moniteur des Pharmacies n° 2717 du 23/02/2008 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2717 du 23/02/2008
 

DOL-DE-BRETAGNE

Initiatives

Nom de code : ADOST-Plan de prise. Signe particulier : outil d'aide à l'observance thérapeutique créé de toutes pièces par Philippe Mercier et son équipe. L'initiative est non seulement ingénieuse et utile aux patients de l'officine, mais elle apporte aussi une réelle valeur ajoutée au métier de pharmacien. Avis aux partenaires.

On a beau délivrer les meilleurs conseils du monde, l'information se dilue si elle ne se prolonge pas par une action d'éducation. Les gens rapportent régulièrement des médicaments non utilisés, alors que d'autres viennent nous réclamer des boîtes supplémentaires pour finir leur cure d'antibiotiques. » Partant de ce constat, Philippe Mercier, titulaire avec son épouse à Dol-de-Bretagne, en Ille-et-Vilaine, a créé il y a deux ans des outils d'aide à l'observance thérapeutique. Ce n'est pas un hasard. Il y a cinq ans encore, c'était un spécialiste du ciblage thérapeutique. Autrement dit, il concevait pour l'industrie des médicaments atteignant directement la cible pour en diminuer les effets secondaires... et favoriser ainsi l'observance.

Aujourd'hui, Philippe Mercier le clame haut et fort : « Avec l'équipe, nous avons un objectif commun : celui d'améliorer le service rendu à la personne. Chaque mois, lors de nos réunions, nous réfléchissons sur les moyens à trouver pour optimiser notre activité dans ce sens, notamment en expliquant les modalités de prise médicamenteuse. »

Des écrits valent parfois mieux que des grands discours

Donc, pour améliorer le service rendu, chaque collaborateur colle systématiquement des étiquettes sur les emballages de médicaments en y indiquant la forme galénique, le moment de prise et la date de renouvellement le cas échéant. « Cela sécurise les clients, mais au fil du temps nous nous sommes aperçus que certaines personnes rencontraient toujours des difficultés de compréhension », rapporte le pharmacien.

La seconde phase du projet « Education au suivi thérapeutique » se concrétise alors par la création de l'ADOST-Plan de prise. Cette « Aide au développement de l'observance et de la sécurité thérapeutique, dont le nom et le modèle ont été déposés, se présente sous forme de feuillets rectangulaires reliés entre eux tel un minicarnet dont chaque page peut être totalement isolée. Sur les deux feuillets externes figurent les données relatives au patient, au médecin prescripteur et à l'ordonnance (date, renouvellement...), ainsi que des explications sur l'utilisation du plan de prise. Les feuillets internes de couleurs différentes correspondent chacun à un moment de prise : matin, midi, soir ou coucher. Le malade y trouve bien sûr la liste des médicaments à prendre.

L'originalité et l'intérêt de l'ADOST-Plan de prise résident dans la présentation des informations. A chaque spécialité correspond une étiquette adhésive - faite maison - décrivant l'unité de prise du médicament, photographie à l'appui. Pour chaque spécialité, il est précisé la quantité à absorber, les conditions et l'horaire de prise. Pas question de se contenter de marquer « 1 comprimé le matin ». A la Pharmacie de la Cathédrale, on va plus loin. Ainsi sont précisés les moments et les modalités de prise les plus appropriés par rapport aux caractéristiques physicochimiques du médicament, à ses interactions potentielles et à la pathologie prise en charge.

Vingt minutes pour agir

Mais d'où viennent ces informations qui, à l'évidence, s'avèrent plus ciblées que dans le Vidal ? C'est Philippe Mercier lui-même qui a élaboré une base de données ! « J'ai suivi plusieurs conférences sur la pharmacologie dispensées par le Pr Buxeraud. Il faut néanmoins assurer un gros travail de veille scientifique car les données évoluent sans cesse », reconnaît le concepteur, motivé et passionné. Ce qui lui importe ? Apporter un maximum de précisions. Ainsi, la pose d'un patch n'est jamais indiquée sans stipuler l'heure de son retrait.

L'ADOST-Plan de prise ne s'adresse bien sûr pas à tout le monde. « Nous le proposons plus particulièrement aux personnes âgées qui connaissent des problèmes de mémorisation. Il y a tout un travail de psychologie à effectuer au comptoir pour identifier les clients qui ont besoin d'aide et qui acceptent volontiers notre soutien. Il s'agit de ne pas vexer nos interlocuteurs. Nous ne pouvons pas donner à quelqu'un une béquille quand il ne veut pas en avoir », explique Philippe Mercier. L'expérimentation de l'ADOST a débuté l'été dernier et compte aujourd'hui une trentaine de patients. L'édition du plan de prise personnalisé demande environ vingt minutes, le temps de bien analyser l'ordonnance et l'historique du patient avant d'aller chercher les données informatisées et de les imprimer. « La démarche demande une écoute et une attention particulières. Mais, au final, toute l'équipe se sent valorisée dans son travail de dispensation. Nous avons même reçu des appels de médecins pour nous féliciter », observe le titulaire.

Aller au-delà de l'intérêt personnel

L'objectif du pharmacien ne s'arrête pas aux frontières de son officine. Il souhaite permettre à ses confrères de bénéficier de l'ADOST. « Vu son intérêt sur le plan économique et professionnel, il serait dommage que l'outil reste confidentiel. Pour le pharmacien, c'est une nouvelle corde à son arc, d'autant plus utile avec le vieillissement croissant de la population. »

Lentement mais sûrement, Philippe Mercier cherche à faire mûrir son projet. Dans un premier temps, il l'a présenté à l'Ordre. « Il faut définir le statut de l'ADOST : est-ce un acte pharmaceutique à part entière ou le prolongement de l'acte de délivrance habituel ? Ou les deux ? », s'interroge l'officinal. La réponse est entre les mains des organismes de tutelle. De cette réponse dépendent les orientations à donner au développement et, par conséquent, au mode de financement de l'outil. Qui des pouvoirs publics ou des sponsors privés pérennisera le concept ? Economiquement, les calculs sont vite faits : un plan de prise revient à 5 euros. Ce qui comprend notamment l'achat des feuillets préimprimés et des étiquettes. « Une chose est sûre, ce n'est pas le patient qui doit payer », estime le pharmacien.

Force est de constater que la démarche de Philippe Mercier a déjà séduit une partie de la profession. « En outre, l'accueil de mon groupement régional a été enthousiaste. Je teste actuellement l'essaimage du concept avec un de mes proches confrères », précise le titulaire.

Et si, à l'heure où le monopole est chahuté, l'ADOST permettait à la fois de fédérer toute la profession et de faire valoir de façon concrète l'expertise pharmaceutique ?

Envie d'essayer ?

Les plus

- Eviter les erreurs de prise et améliorer l'efficacité des traitements.

- Faciliter la compréhension du traitement par le malade mais aussi par son entourage.

- Acquérir de nouvelles connaissances sur la pharmacocinétique et les interactions médicamenteuses.

- Réaffirmer son expertise sur le médicament.

- Fédérer l'équipe autour d'un projet qualitatif, la valoriser dans son acte de délivrance.

- Se forger une image de marque.

- Permettre aux pouvoirs publics de faire des économies : un traitement bien suivi = moins de complications = moins de consultations et d'hospitalisations.

Les moins

- La démarche demande une mise à jour permanente de la base de données.

- Le développement du concept à tous les clients intéressés représente un coût.

Les conseils de Philippe Mercier

- « Il faut savoir déceler les personnes qui auraient besoin de l'ADOST : celles qui rapportent souvent des boîtes inutilisées, qui posent plusieurs fois les mêmes questions sur un médicament. »

- « Une fois le client en difficulté repéré, attention à ne pas proposer d'emblée l'ADOST ! Mieux vaut lui présenter le concept en lui laissant le choix d'accepter - ou non - une aide. Certaines personnes peuvent en effet se sentir froissées, en ayant l'impression d'être jugées incapables de prendre correctement leur traitement. »

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


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