Du conseil au comptoir au conseil ordinal - Le Moniteur des Pharmacies n° 2714 du 02/02/2008 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2714 du 02/02/2008
 

LE PLOUHINEC

Dossiers

Initiatives

Conseiller ordinal depuis un an après dix années passées comme suppléant, Patrick Fabry, titulaire au Plouhinec, dans le Finistère, a pris goût à sa fonction. Qu'il s'agisse d'étudier les dossiers de vente d'officines, de visiter des maîtres de stage, de suivre l'actualité réglementaire ou de participer à des programmes sanitaires.

Le fonctionnement de l'Ordre en Bretagne est un peu spécifique. Il implique vraiment les conseillers suppléants, tient à souligner Patrick Fabry. Ceux-ci accompagnent les titulaires aux réunions, voire les remplacent quand ils ne peuvent pas se rendre au conseil régional. C'est vraiment un fonctionnement en binôme. » Patrick Fabry lui-même a permuté avec son titulaire il y a un an après avoir été son suppléant pendant dix années.

Installé depuis vingt ans au Plouhinec, une commune finistérienne proche de Quimper, ce pharmacien a répondu en fait à la demande du conseiller départemental qui avait besoin d'un suppléant dans le Sud Finistère. « Je m'étais impliqué dans l'organisation des tours de garde qui ne fonctionnait pas très bien dans mon secteur. C'est sans doute pour cette raison qu'on a pensé à moi. Je ne savais pas alors en quoi consistait le métier de conseiller ordinal. Etre suppléant fut un très bon apprentissage », reconnaît Patrick Fabry.

Appliquer la règle de trois

Le conseiller ordinal applique au niveau local les missions dévolues à l'Ordre : respect des devoirs professionnels, de l'honneur et de l'indépendance de la profession. « Dans le premier cas, cite Patrick Fabry, chaque pharmacie doit par exemple participer aux tours de garde. Nous devons y veiller. Si une pharmacie de garde est injoignable par téléphone, nous faisons une enquête pour comprendre d'où est venu le souci, si cela provenait d'une panne. » Veiller à l'honneur de la profession ? Ce peut être vérifier les offres de coopération lancées par les maisons de retraite pour travailler avec des pharmaciens. « Lorsqu'une officine est concernée, le conseil régional désigne un enquêteur parmi les conseillers ordinaux. » Pour éviter tout conflit, le pharmacien désigné n'est pas issu de la ville ni même parfois du département concerné. Il se rend dans le point de vente pour discuter avec l'officinal. « Le compte rendu de cette visite, insiste le conseiller, est construit comme un procès-verbal. Il s'agit de présenter la situation : tel jour, à telle heure, telle personne m'a présenté les pièces suivantes. C'est le conseil régional qui décide des éventuelles suites disciplinaires. » Troisième principe, assurer l'indépendance de la profession. « Nombre de compagnies d'assurances proposent aujourd'hui des contrats aux pharmaciens. Quand un pharmacien m'appelle à ce propos, je lui conseille d'être prudent. »

Les missions sont vastes, d'autant que chaque conseiller couvre en moyenne une soixantaine d'officines, le Finistère en comptant 360. « Une bonne part de mes visites consiste à aller voir les futurs maîtres de stage pour nous assurer des conditions de travail et de leurs motivations. Les étudiants ont des stages bibliographiques à réaliser en troisième et quatrième année. Si l'officine ne dispose pas d'un bureau dans lequel ils puissent réellement travailler, la demande sera refusée. Nous faisons également attention à ce que les stagiaires ne soient pas employés comme personnel saisonnier », insiste Patrick Fabry

D'autres dossiers attendent le conseiller comme l'étude des demandes de création, de transferts ou des ventes de pharmacies. « Est-ce bien une vente ou s'agit-il d'un simple changement de parts ? Si la reprise se fait sous forme de société, son statut est-il conforme à l'exercice officinal ? Les acquéreurs ont-ils bien réalisé un stage de six mois au minimum en officine ? Leur casier judiciaire est-il vierge ?..., détaille Patrick Fabry. C'est le préfet qui envoie le dossier au conseil régional de l'ordre des pharmaciens pour vérifier tous les aspects pharmaceutiques. »

Conseiller, pas gendarmer

La fonction de conseiller ordinal requiert un certain investissement. « Je n'aurais pu remplir cette tâche sans mon épouse, laquelle est aussi ma collaboratrice. Entre les appels, les visites et le déplacement mensuel à Rennes, j'y consacre environ trois jours par mois. » Dix fois par an, Patrick Fabry doit en effet se rendre au siège du conseil régional à Rennes pour faire le point sur les divers dossiers en cours. L'ensemble des conseillers ordinaux, l'inspecteur de la pharmacie et des membres de la faculté de pharmacie y décident des suites à donner. « Certains confrères nous voient comme des gendarmes. Mais nous avons en fait peu d'affaires disciplinaires, cinq ou six par trimestre. Notre objectif est d'intervenir en amont. J'ai récemment présenté un dossier en voie de règlement. Il s'agissait d'une assistante qui s'installait à proximité de son ancien employeur. Ce n'est pas possible en théorie, sauf avis favorable du titulaire. Ce dernier a donné son accord. »

Le conseiller joue aussi localement un rôle de référent. « L'Ordre nous tient informés des divs de loi, des réglementations, des interventions des ministres... Les confrères qui nous connaissent le savent et nous appellent pour avoir des renseignements. Dernièrement, c'était à propos de l'évolution de la réglementation concernant les préparations magistrales », ajoute Patrick Fabry. Les questions sont en général classiques, comme les conditions minimales d'installation d'une officine, l'obligation de disposer ou non d'un permis de construire dans certains cas ou le droit de mettre une vitrine sur un lieu de stockage qui n'est pas dans l'officine.

Participer à la politique sanitaire

Emanation de l'Ordre, les conseillers ordinaux le représentent aussi lors de réunions avec la préfecture, la DDASS ou les syndicats pharmaceutiques sur la permanence de soins ou sur la mise en place de procédures exceptionnelles dans le cadre de programmes sanitaires. « Nous sommes une quinzaine de conseillers dans la région. Chacun a sa spécialité. Comme j'ai une formation de sapeur-pompier volontaire, j'ai suivi plus le plan Biotox avec la distribution de médicaments des stocks d'urgence en cas d'alerte chimique ou bactériologique. »

Cette formation a amené Patrick Fabry à gérer des questions portant sur des stocks de médicaments d'urgence à la demande de centres de santé qui ne disposaient pas de pharmacie à usage intérieur. « Il fallait s'assurer que la demande était légitime, comment le stock serait géré. L'un des dossiers concernés va être résolu : un des demandeurs, un réseau de soins, prévoit de signer une convention avec une pharmacie. Et le médecin du réseau s'est engagé à être responsable du stock. »

Patrick Fabry a également réalisé des formations sur la grippe aviaire, à la demande du ministère de la Santé et, sur la toxicomanie à la demande de l'école d'infirmières de Quimper. Cet investissement, il ne le regrette pas. « Etre conseiller ordinal incite à sortir du cadre de l'officine, à s'ouvrir. On est encore plus sensible ensuite à la meilleure manière de travailler et au côté indépendant du métier. »

Envie d'essayer ?

Les avantages

- Jouer un rôle de conseil auprès de ses confrères.

- Sortir de son officine, rencontrer des confrères, participer à des réunions comprenant des représentants de l'Etat, de la DDASS..., ce dont on n'a pas habituellement l'occasion.

- Etre informé par le biais du Conseil national et du conseil régional de toutes les actualités législatives et réglementaires.

Les inconvénients

- « Beaucoup de confrères sont étonnés que nous leur rendions visite lorsque nous avons un dossier à examiner. Ils sont parfois sur la défensive. »

- « Etre conseiller ordinal est une fonction prenante », précise Patrick Fabry, qui estime y consacrer au minimum 3 jours par mois.

- Attention : le conseiller ordinal ne reçoit pas un salaire mais une indemnité compensatrice qui varie en fonction du temps qu'il passe hors de son officine sur les dossiers qu'il traite. Il ne faut donc pas considérer cette fonction comme un métier.

Les conseils de patrick fabry

- Pour avoir ce type d'activité, il faut absolument s'organiser. « Avec mon épouse, nous avons réussi à diminuer les amplitudes horaires en fermant le samedi à cinq heures et en ouvrant le mardi à neuf heures. Il faut avoir à l'officine quelqu'un de confiance sur qui se reposer. »

- « Faire preuve de pédagogie : vos confrères peuvent vous voir la première fois comme un gendarme. »

- « Ne pas s'engager dans une fonction de conseiller ordinal si vous ne souhaitez pas sortir du cadre de l'officine ou êtes réfractaire à tout ce qui touche à la réglementation. »

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !