Les petites ont aussi droit à leur automate - Le Moniteur des Pharmacies n° 2711 du 12/01/2008 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2711 du 12/01/2008
 

MULHOUSE

Initiatives

Christian Wilhelm n'avait jamais pu s'équiper de l'automate dont il rêvait à cause de l'exiguïté de son officine. L'opportunité d'un agrandissement, assortie d'une bonne dose d'astuce et d'ingéniosité, a permis à notre confrère mulhousien de s'offrir ce luxe. Un exemple reproductible.

Mardi, 15 heures. La pharmacie de la rue de Pfstatt se vide lentement. Les quatre préparatrices profitent de cette accalmie pour se réunir autour d'un bon café pendant quelques minutes. Un moment de convivialité inconcevable dans cette petite officine avant qu'elle ne s'équipe d'un automate. Christian Wilhelm, son titulaire de 43 ans, installé dans un quartier populaire de Mulhouse, peut jubiler. « Avant, nous étions à flux tendu. Si personne n'était au comptoir, l'équipe avait toujours une tâche à terminer. Il n'y avait jamais de temps mort, se rappelle-t-il. Désormais, l'équipe est moins stressée. Elle parvient à se dégager du temps libre dans la journée. » Et pour cause : l'automate, qui permet d'approvisionner le comptoir en quelques clics sur l'ordinateur, fait gagner deux minutes en moyenne par client.

Avec un chiffre d'affaires d'un million d'euros et quatre préparatrices à plein temps, l'officine de Christian Wilhelm fait partie des structures de taille moyenne. Rares sont celles qui s'équipent d'un automate. Pendant longtemps le titulaire a caressé ce rêve, « pour optimiser le temps de travail à l'officine et être plus disponible pour les clients ». En vain. Car sa surface de vente, 50 mètres carrés consacrés à la clientèle, et le prix prohibitif d'un automate, 100 000 euros en moyenne, lui faisaient vite remettre les pieds sur terre. Mais le titulaire refusait d'enterrer définitivement son projet.

Un montage financier élaboré

L'opportunité d'un agrandissement, assortie d'un peu d'astuce et d'ingéniosité, le récompenseront. Tout commence en 2006 quand le local - un ancien cabinet d'infirmières - jouxtant la pharmacie est à vendre. « Les candidats à la reprise étaient rares car les copropriétaires ne voulaient pas d'un commerce de bouche. J'ai attendu plusieurs mois avant de me déclarer intéressé, afin de faire baisser le prix », raconte Christian Wilhelm. Une stratégie risquée mais payante : le pharmacien finit par acheter ce local de 130 mètres carrés pour seulement 63 000 euros, soit « un tiers de sa valeur ». Simple souci d'économies ? Non. « Pour investir dans un automate, j'avais besoin de dégager des fonds importants. J'ai donc racheté ces locaux au moyen d'une SCI, en contractant un prêt bancaire afin de ne pas déposséder la pharmacie de ses liquidités et lui permettre de s'équiper d'un automate », explique Christian Wilhelm. Ce n'est pas tout. Jusqu'ici locataire des murs de son officine, le titulaire les rachète pour 150 000 euros, toujours par le biais de sa SCI. L'officine verse alors un loyer à cette dernière, équivalent à celui qu'elle payait avant l'opération. Et, pour avoir un complément de revenu, le pharmacien loue une petite partie du nouveau local à un cabinet d'infirmières. Etape numéro un : d'importants travaux, financés par la SCI, pour réunir les deux locaux et quasiment doubler la surface officinale. Avec une zone réservée à la clientèle de 100 mètres carrés, il peut alors s'équiper d'un automate sans rogner sur l'espace réservée aux patients.

Il reste alors à Christian Wilhelm à trouver l'automate de ses rêves. Et là, point d'architecte ni d'expert, il va lui-même comparer les offres des différents prestataires. Il contacte une demi-douzaine de fabricants français, mais aussi étrangers, et va même jusqu'à visiter une usine en Allemagne. Finalement, il a un coup de coeur raisonné pour Movetec, l'un des derniers-nés de l'Italien Tecnilab. Pour la coquette somme de 115 000 euros.

Libérer le personnel

Ce nouvel équipement impose au titulaire d'agencer son officine, rénovée et agrandie, en conséquence. Avec un fil conducteur : veiller à ce que le personnel ne s'éloigne du comptoir qu'au minimum. « Ayant gagné en espace, j'ai pu reculer les comptoirs et les installer à proximité des "gares d'arrivée" pour réceptionner les boîtes. » Ainsi, chacun des trois comptoirs dispose, à quelques centimètres de là, de son propre tapis roulant : le pharmacien et ses préparatrices n'ont qu'à tendre le bras pour prendre les médicaments, commandés quelques secondes avant par l'ordinateur. Magique !

Ce n'est pas tout. « Pour limiter les déplacements, j'ai également installé l'automate derrière le comptoir, dans un espace complètement ouvert et visible de la clientèle », précise Christian Wilhelm. L'automate doit être approvisionné régulièrement. « J'ai mis au point un système de rotation. Chacun, à tour de rôle, est chargé d'approvisionner l'automate dès qu'il n'y a plus personne au comptoir. Vu la proximité du comptoir, cette tâche ne prend que quelques minutes. » L'automate est finalement inauguré en octobre 2006, en même temps que les locaux rénovés et agrandis de l'officine. Mais le jeu en valait-il vraiment la chandelle ? « Oui, répond sans hésiter Christian Wilhelm. Il y a un avant et un après-automate. » Au quotidien d'abord. « Il permet de servir la clientèle plus rapidement et, par conséquent, de libérer le personnel pour faire d'autres tâches. »

Une activité en progression

Surtout, l'officine, qui dispose de la clientèle régulière des tours et des résidences situées à proximité, aurait dû embaucher une personne supplémentaire. « Avec un rythme moyen de 180 clients par jour, nous étions à flux tendu. » Or, le gain de temps procuré par l'automate a permis à Christian Wilhelm de faire l'économie d'un poste supplémentaire à plein temps. « Je peux me permettre de ne pas augmenter l'effectif jusqu'à ce que le chiffre d'affaires ait progressé de 30 %, calcule-t-il. Depuis l'acquisition de l'automate, le chiffre d'affaires a grimpé de seulement 5 % ». Certes, le pharmacien en espérait plus, mais un coup d'oeil sur les chiffres d'activité de la région l'aura rassuré. « Le chiffre d'affaires des officines n'y augmente pas. En comparaison, mon activité, elle, est en progression ». Et d'ajouter : « Dans un quartier de clients fidèles, il est plus difficile de capter de nouveaux clients. »

Peu importe, Christian Wilhelm ne regrette rien : sa petite officine d'un million d'euros de chiffre d'affaires a réussi le pari de se doter d'un équipement « de luxe », réservé aux plus grandes. Et a permis à son personnel de réduire son stress et à sa clientèle d'être servie plus vite. Que demander de plus ?

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Les avantages

- Une économie de déplacements entre le comptoir et le back-office. Pendant ce temps, le contact avec le client est privilégié.

- Un gain de temps appréciable : les clients sont servis plus rapidement. Et le personnel peut ensuite vaquer plus vite à d'autres tâches, comme le suivi des commandes, la réception de médicaments ou la mise en rayon.

- Un stockage plus facile : la solution est idéale pour les officines disposant de peu de place pour stocker. Un automate permet, en effet, de ranger plusieurs milliers de boîtes sur quelques mètres carrés.

- Une image d'officine moderne auprès de la clientèle.

Les inconvénients

- Le prix : souvent dans les 100 000 euros au minimum pour l'appareil lui-même. C'est beaucoup pour la trésorerie d'une petite pharmacie.

- S'équiper d'un automate nécessite d'agencer sa pharmacie en conséquence. D'où d'importants travaux en perspective.

- Un automate prend de la place, au mieux une dizaine de mètres carrés. Il faut avoir suffisamment d'espace à l'arrière pour ne pas empiéter sur la zone réservée à la clientèle.

Les conseils de Christian Wilhelm

- « Pour optimiser le temps de travail de l'équipe, il est important d'installer l'automate à proximité du comptoir afin qu'il soit réapprovisionné dès qu'il y a un temps mort. »

- « Les comptoirs doivent être agencés de telle façon qu'ils soient situés à proximité d'un tapis roulant. Dans l'idéal, il est bon que chaque comptoir ait sa propre gare d'arrivée. »

- « Il ne faut pas hésiter à rendre l'automate visible afin que les clients comprennent le système d'arrivée de leurs médicaments, en toute transparence. »

- « Avant de choisir son appareil, il ne faut pas céder à la première offre venue mais comparer. L'idéal est d'aller voir comment d'autres pharmacies sont équipées. »

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