Agencement en famille - Le Moniteur des Pharmacies n° 2705 du 08/12/2007 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2705 du 08/12/2007
 

Initiatives

Certes, l'agencement est le plus souvent une histoire de professionnels. Mais, quand on s'appelle Agnès Curval-Détry et que l'on est bien entouré, cela peut aussi être une affaire de famille. Son officine, installée sur les bords de Saône à Lyon, a été entièrement repensée avec l'aide de ses deux soeurs, de son frère et de son beau-frère !

Gardez-moi un peu chez vous, je suis si bien ici. » « Dans cette pharmacie, on ne ressent aucune onde négative. » Ce type de compliments, Agnès Curval-Détry l'a maintes fois reçu de la part de ses patients depuis qu'elle a réaménagé et étendu son officine. La pharmacie lyonnaise est idéalement placée, en bordure de Saône et aux abords d'un gros carrefour quasiment incontournable.

Un jour, Agnès Curval-Détry se voit proposer par la copropriété d'annexer une petite boutique voisine vacante depuis plusieurs mois et qui est à vendre. Cela tombe bien ! La pharmacienne se sent relativement à l'étroit dans cet immeuble d'angle aux allures de grosse proue de navire. Seul hic, mais pas des moindres, le local qu'on lui propose est séparé de l'officine par l'entrée de l'immeuble et l'escalier qui dessert les étages. « Sauf à créer un tunnel, je ne voyais pas comment faire », se souvient-elle. Alors Agnès hésite, expose son dilemme en famille, et en particulier à ses deux soeurs aînées, Véronique et Florence, toutes deux ingénieurs des travaux publics, dont l'une est par ailleurs mariée à un ingénieur passionné d'architecture. La décision est prise, c'est en famille que le problème sera résolu.

Des économies réalisées sur de nombreux postes

En deux temps, trois mouvements, Véronique ébauche la solution. « Ma soeur m'a dit que c'était relativement simple, qu'il suffisait d'enlever l'escalier et de le reconstruire ailleurs. En y regardant de plus près, nous nous sommes aperçues que l'idée, effectivement réalisable, était en plus peu coûteuse », explique Agnès. Elle consistait à supprimer l'entrée et la première volée de l'escalier et à les recréer in extenso de l'autre côté du bâtiment. C'était évidemment envisageable à la condition de pouvoir acheter les murs. Or, à peine contactés, les propriétaires de l'immeuble souscrivent totalement au projet de transformation qui leur est soumis.

Restait ensuite à concrétiser le projet, trouver les entreprises de gros oeuvre, installer et suivre le chantier, et négocier tout ce qui devait l'être afin de ne pas avoir, comme souvent, de mauvaises surprises à l'arrivée. Or, autant la pharmacienne avait confiance dans l'agenceur (l'entreprise PARM, Pharmacie Agence Réalisation Michelin), qu'elle avait choisi « par affinités », autant elle se trouvait dépourvue face aux premières difficultés, qu'elles soient techniques ou juridiques (démolition de l'existant, protection du chantier, déplacements des réseaux, assurances, etc.).

Qu'à cela ne tienne, rentrant tout juste d'un voyage au Yémen, en octobre 2005, Véronique, la grande soeur, décide de suivre le chantier de bout en bout, depuis le gros oeuvre jusqu'à la décoration et l'installation finales. Un chantier extrêmement long, mais l'exemple mérite d'être médité. Non seulement Véronique demande à ce que soient établis des devis écrits minutieux, mais elle fait également préciser chaque « ligne », surtout lorsqu'elle est laissée vide. EDF avait ainsi chiffré le déplacement de ses câbles de façon très imprécise. A l'arrivée, la différence sera de près de 1 800 euros en faveur de la pharmacienne. De même, l'économie sur le budget d'un artisan aura été de 30 % ! Et de 15 % sur un poste comme le vitrage. Autre exemple, le climatiseur, pour lequel les soeurs feront le choix de prendre un autre système que celui proposé par l'agenceur : plus esthétique, plus performant et moins cher, ont-elles estimé. « Je suis persuadée qu'un architecte n'aurait pas obtenu les mêmes résultats que les nôtres », se réjouit Véronique. Il est vrai qu'elle possède des compétences bien particulières : ingénieur en travaux publics, elle s'est spécialisée dans le coaching de dirigeants et la sociologie des organisations. ça peut servir !

« Ne touchez pas au plafond à la française ! »

Une fois le gros oeuvre terminé, les deux soeurs se mêleront de la décoration intérieure, aux côtés de la société PARM. Est-ce parce que la pharmacie se situe à un endroit où la Saône entame un lent méandre ? Elles ont en tout cas l'idée d'aménager au plafond une large vague unissant les différents espaces de l'officine et renfermant l'ensemble des outils techniques (éclairage, climatisation, etc.), sans pour autant que des câbles électriques courent partout. Cette astuce aura évité de transformer le plafond à la française et de l'abaisser de 3,60 mètres à 2,80 mètres ou 2,60 mètres. Abaissement que l'agenceur motivait par la mise en valeur des produits sur les étagères via un éclairage directionnel intégré au plafond. De même, elles décideront d'adopter une autre signalétique (en Plexiglas) sur laquelle sont collés des bandeaux informatifs renouvelables, en lieu et place de celle proposée par l'agenceur qui prônait quant à lui un éclairage intégré.

Un chiffre d'affaires qui a augmenté

En jouant sur l'éclairage, le bois exotique du parquet, la qualité des matériaux, la conservation de l'ancien (piliers de pierre, plafond à la française) et les quatre banques gaies et colorées qui rythment l'ensemble, s'est ainsi construit, dans le plus strict respect des contraintes légales, un petit monde de quiétude... et d'efficacité. Certes, avec le léger recul dont elle dispose, Agnès Curval-Détry constate que le chiffre d'affaires de l'officine a augmenté cette année dans la foulée des travaux. Mais est-ce vraiment l'essentiel ? « Ne rien faire, cela aurait été reculer », est-elle convaincue.

Surtout, ce réaménagement et cette extension, même s'ils auront duré plus d'un an, auront permis à pratiquement toute la famille de se mobiliser autour de l'officine. Laurent, le « petit frère », par ailleurs radiologue... et bricoleur, est lui aussi venu donner un coup de main pour installer le coffre-fort, pendant que Gérard, le beau-frère, s'est occupé de toute la partie assurances (c'est sa profession). Alors, pourquoi aller chercher ailleurs des compétences que l'on a parmi ses proches ?

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LES AVANTAGES

- Réfléchir et travailler à plusieurs, c'est permettre le « choc des idées », et de là naît la solution. Avoir des interlocuteurs divers permet de chasser les idées reçues alors qu'on est un peu « parasité » par les opinions préconçues.

- Concevoir un projet avec des personnes de confiance permet aussi de ne pas lâcher prise, de parfois prendre un parti différent des solutions, par ailleurs éprouvées, proposées par l'agenceur. Sans pour autant que la bonne entente et la coopération avec ce dernier en soit affectées.

- Agir ainsi ne revient pas plus cher. Comme le montre l'exemple de la signalétique adoptée ici, différente de celle proposée par l'agenceur.

- Adopter cette démarche, c'est avoir un agencement qui vous ressemble encore plus et différent de celui d'à côté. Du coup, les clients de l'officine expriment souvent leur satisfaction à trouver une nouvelle ambiance comme celle bâtie ici.

LES INCONVÉNIENTS

- Essentiellement la durée des travaux : quinze mois dans le cas présent ! Le diable est parfois dans les détails...

- Cette durée est forcément plus longue lorsqu'on décide de ne pas fermer l'officine.

- Pour l'agenceur aussi, l'intervention de plusieurs personnes qui ont des idées précises sur le chantier est synonyme de délais plus longs.

LES CONSEILS d'AGNÈS CURVAL-DéTRY

- « Il faut vraiment obtenir des devis sur tout, et ne rien faire sans données précises et chiffrées. Il faut donc tout coucher sur le papier, ce qui engage tout le monde. Dès que l'on relâche l'attention, on peut arriver à des prix incroyables chez tel ou tel interlocuteur. »

- « Avoir quelqu'un près de soi en qui on a confiance est indispensable, quelqu'un qui regarde de très, très près les choses. Cela permet de mieux forger sa propre opinion. Dans mon cas, cela a été fondamental. »

Pourrez-vous respecter la minute de silence en mémoire de votre consœur de Guyane le samedi 20 avril ?


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