Quand et comment retenir un salarié démissionnaire - Le Moniteur des Pharmacies n° 2701 du 17/11/2007 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2701 du 17/11/2007
 

MANAGEMENT

Entreprise

Jusqu'ici fidèle, un salarié vous annonce qu'il vous quitte pour voguer vers d'autres horizons. Faut-il tenter de le retenir ? Quitte à céder à une surenchère salariale ? Méthodes pour réagir.

Vous ne vous y attendiez pas. Un matin, votre préparatrice vous annonce qu'elle démissionne. Or, ce départ volontaire doit susciter des interrogations essentielles. « Il est toujours gênant de voir partir un bon élément. L'employeur doit surtout en comprendre les raisons », explique Michel Lora, dirigeant de Gii, spécialisé dans la formation en management. Est-il en quête d'une rémunération supérieure ? De meilleures conditions de travail ?

La réponse à ces questions vous permettra d'abord de savoir si le départ isolé d'un collaborateur n'est pas la partie immergée de l'iceberg. « Une démission peut aller au-delà d'une simple insatisfaction individuelle et être le symptôme d'un dysfonctionnement de l'entreprise ou d'un problème collectif latent », explique Bertrand Pracca, psychologue du travail et consultant chez Capeo, une société de conseil en gestion de carrières. Aussi, avant que la démission ne soit contagieuse, il est indispensable de connaître les motivations réelles du salarié prêt à boucler ses valises. Comment ? D'abord en le convoquant à un entretien individuel, sitôt son départ annoncé. S'il expose des motifs d'ordre professionnel, comme un malentendu mal géré ou un salaire insuffisant, vous pouvez corriger le tir.

Detecter les raisons officieuses d'une démission

Or, le motif réel d'une démission est parfois caché. « Une rémunération insuffisante est souvent un prédiv qui occulte des difficultés plus profondes », précise Jean-Baptiste Loiseau, directeur de JBL Conseil, un cabinet de gestion en ressources humaines. Pour connaître les raisons cachées d'une démission, Michel Lora, du cabinet Gii, recommande de poser des questions ouvertes, en commençant par interpeller directement le salarié, comme par exemple : « Qu'est-ce qu'il vous faudrait pour rester ? » Vous pouvez aussi proposer à votre salarié quelques pistes, du style : « Si j'augmentais votre salaire, est-ce que vous resteriez ? » Si votre collaborateur démissionnaire se fait hésitant, c'est que le véritable motif de son départ est ailleurs. Petit à petit, au fur et à mesure des réponses de votre interlocuteur, vous pourrez alors fermer le champ des questions jusqu'à obtenir un « oui » franc et massif.

Retenir un collaborateur, un arbitrage au cas par cas

En engageant la communication avec le salarié, vous parviendrez à crever l'abcès. De cette manière, certains salariés peuvent revenir sur leur décision car l'employeur a montré qu'il était capable de se remettre en cause. « Mieux vaut, parfois, savoir retenir un collaborateur de valeur », souligne Jean-Paul Sécheresse, dirigeant de JPS Consultants, un cabinet de conseil spécialisé dans le développement officinal. D'autant qu'un départ occasionne inévitablement des coûts pour recruter, former et intégrer un nouveau talent.

Pour arbitrer, posez-vous les bonnes questions. La personne démissionnaire a-t-elle une vraie valeur ajoutée dans l'entreprise ? Sera-t-elle facilement remplaçable ? Ses requêtes sont-elles réalistes ? A vous de peser le pour et le contre. Mais prenez garde à ne pas céder à la surenchère ni au chantage. Brigitte Defoulny (Héliotrope), conseille de « ne pas accepter toutes les revendications de son salarié, au risque d'affaiblir sa propre autorité ». Si vous avez simplement cédé aux arguments de votre interlocuteur, sans pour autant avoir résolu les problèmes de fond, vous risquez de tomber dans une logique de pression salariale.

Détecter les baisses de motivation en amont

Pour éviter de perdre un collaborateur talentueux, l'idéal est d'agir en amont en privilégiant les actions de prévention. Comment ? Tout simplement en étant à l'écoute de ses collaborateurs afin qu'ils puissent exprimer souhaits ou sources de tensions. A cet égard, l'entretien individuel d'évaluation est une occasion en or pour faire le point et tester d'éventuelles baisses de motivation. Ou encore pour prendre conscience d'un souhait de réorientation ou de changement de poste avant qu'il ne soit trop tard. Ce n'est pas tout. « Pour prendre le pouls de vos collaborateurs, il ne faut pas hésiter à exploiter des moments de convivialité quotidiens, comme la pause-café », précise Jean-Paul Sécheresse (JPS Consultants).

Le départ se confirme ? Soignez la période de préavis

Mais, si la rupture devient inéluctable, votre salarié démissionnaire devra quitter l'entreprise une fois son préavis effectué. Si celui-ci marque la mort programmée de la collaboration, les relations de travail doivent se poursuivre normalement. En évitant les accrocs, histoire d'assurer le passage de témoin. Pour Bertrand Pracca (Capeo), la règle d'or, durant cette période transitoire, est de prendre du recul. « Il faut éviter de se laisser submerger par des sentiments passionnels. Une démission n'est pas une trahison. Il est indispensable de maintenir de bonnes relations afin de pouvoir mettre en place un transfert de compétences durant ce laps de temps. »

Si les relations s'enveniment, il vaut mieux alors dispenser votre salarié de son préavis. « Les conflits se propagent vite. En quelques semaines, vous pouvez, de cette manière, déstabiliser toute une équipe », indique Brigitte Defoulny.

Le cadre légal de la démission

Pour démissionner, un salarié doit respecter une procédure précise. D'abord, l'annonce d'un départ doit impérativement être faite par lettre recommandée avec accusé de réception. La première présentation de cette lettre à l'officine marque d'ailleurs le point de départ du préavis que le salarié est tenu d'exécuter, sauf dispense de son employeur. Les salariés cadres (pharmaciens adjoints) devront réaliser un préavis de trois mois, tandis que les non-cadres (employés, étudiants, préparateurs) et assimilés cadres (préparateurs d'un coefficient égal ou supérieur à 300) ne sont tenus qu'à un mois.

Repérez les signes avant-coureurs

Vous n'avez pas besoin de savoir jouer aux devinettes pour pressentir une démission. Au quotidien, certains comportements permettent de détecter l'imminence du départ d'un collaborateur :

- Une démobilisation au travail.

- Une mise à distance soudaine avec l'équipe et le titulaire.

- Des retards réguliers.

- Des tensions avec les autres salariés.

- Une absence marquée de plaisir au travail.

Carnet d'adresses

-Capeo : http://www.capeo.fr

-Gii : http://www.gii.fr

-Héliotrope : http://www.heliotrope.fr

-JBL Conseil : http://www.jbl-conseil.fr

-JPS Consultants : jpsconsultants@wanadoo.fr

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