« Madame Bébés » - Le Moniteur des Pharmacies n° 2698 du 27/10/2007 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2698 du 27/10/2007
 

MONTIGNY-LE-BRETONNEUX

Initiatives

A la Pharmacie Adda-Piquet, la responsabilisation des collaborateurs est de mise. Patricia Belliot, préparatrice, règne en maître sur le rayon bébés. L'opportunité pour elle de s'investir à fond en faveur de l'allaitement maternel. Pour la plus grande satisfaction des mamans.

Je vous en prie, installez-vous et mettez-vous à l'aise. Il est à croquer ce bébé ! - Mais il meurt de faim. Je n'ai pas vu le temps passer et j'ai dépassé l'heure de la tétée. J'ai pensé que je pourrais lui donner le sein chez vous. » La scène se passe à la Pharmacie Adda-Piquet de Montigny-le-Bretonneux (Yvelines). Patricia Belliot accueille la maman et son nourrisson de 2 mois avec beaucoup d'attention et l'invite donc à nourrir son enfant en toute intimité, dans un local à l'arrière de l'officine.

Pour elle, cette demande n'a rien d'exceptionnelle. « Nous sommes situés dans un centre commercial qui ne propose aucune structure dédiée aux tout-petits. Les mamans qui désirent allaiter n'hésitent pas à venir chez nous. » Et ce n'est certainement pas par hasard. Patricia a su, au fil des années, se forger une réputation pour la pertinence de ses conseils dans le domaine de la petite enfance. La jeune femme est préparatrice dans la même officine depuis 18 ans - elle y a effectué son apprentissage - et s'est toujours occupée du rayon bébés. Comme le veut la politique maison de management, elle est responsabilisée à 100 % et dispose de l'entière gestion de son secteur : du choix des gammes aux animations en passant par les commandes et les négociations auprès des laboratoires. « Je travaille en collaboration avec mes titulaires qui sont toujours à l'écoute », ajoute Patricia.

Trop peu de formations sur l'allaitement

Pour les 40 salariés de l'officine comme pour la clientèle, Patricia est « Madame Bébés ». « La petite enfance m'a toujours attirée. Avant même que je ne sois maman », raconte-t-elle. Quand ses collègues ne savent pas répondre aux questions des mamans, ils font automatiquement appel à son expertise. Le rôle de Patricia ne s'est jamais cantonné à la biberonnerie à la cosmétique. Elle est incollable sur l'hygiène nasale, le soin du siège ou le traitement des croûtes de lait. « Je me suis informée grâce aux livres et je suis attentivement l'actualité. »

Mais au-delà des conseils sur les produits, elle a voulu s'engager en faveur de la réussite de l'allaitement maternel. Un choix que ses titulaires ont toujours respecté, à tel point qu'ils lui ont laissé carte blanche pour développer sa démarche. « En discutant avec les mamans, je me suis rendu compte qu'elles ont un réel besoin de soutien au cours de l'allaitement. La mise en route n'est pas toujours facile et elles sont réellement dans l'embarras. Il y a une réelle attente de conseils éclairés », explique Patricia. Son engagement, tient-elle à préciser, n'est pas un combat en faveur de l'allaitement mais un service que le pharmacie offre à ses clientes pour améliorer leur confort.

Des mamans reconnaissantes et fidèles

Patricia s'est donc donné les moyens pour se former. Non sans mal. « Beaucoup de DU de nutrition ne sont pas ouverts aux préparateurs et le diplôme de consultante en lactation demande plusieurs années d'étude », regrette-t-elle. Qu'à cela ne tienne, elle s'est rapprochée de son collègue diététicien et a décroché, il y a deux ans, un diplôme de conseillère en nutrition infantile (formation par correspondance assurée par les laboratoires Ménarini). Elle porte désormais un badge affichant cette distinction. « Vis-à-vis de la clientèle, j'ai acquis une réelle crédibilité », estime Patricia.

Mais elle ne veut surtout pas prendre la place du pédiatre, de la sage-femme ou d'une conseillère en lactation. « J''aide les mamans qui sont dans le désarroi à reprendre confiance en elles, à les déculpabiliser lors des incidents de parcours durant l'allaitement. Chacune d'elles peut trouver la solution qui convient à leur bébé. Il n'y a pas normes préétablies. J'essaie de donner une information objective et des conseils de bons sens. Surtout, il est nécessaire d'en finir avec les idées reçues du genre "Mon lait n'est pas assez bon"... »

Patricia n'est pas à court d'explications sur le positionnement du bébé ou sur le rythme des tétées. « Il m'arrive parfois de passer 45 minutes pour tranquilliser une maman. » Mais elle connaît parfaitement ses limites et n'hésite pas à orienter vers la consultante en lactation de la région quand elle ne parvient pas à résoudre un problème. Patricia travaille aussi de concert avec le diététicien de l'officine au moment du sevrage et du choix du lait infantile. Sa satisfaction ? Elle la tient de la reconnaissance et de la fidélité que lui témoignent les mamans. « A travers le conseil en allaitement, on apprend à bien connaître les clientes. En résolvant leurs soucis dans un moment aussi délicat que celui du post-partum, on gagne leur confiance en retour. » Patricia a même détecté une phlébite débutante chez une maman venue louer un tire-lait dans l'optique de soulager ses crevasses !

Avec le temps, elle a appris à ouvrir le dialogue à propos de l'allaitement et a découvert ainsi des femmes en réelle souffrance parce qu'elles ne savent pas comment faire. « Dans un cas sur deux, la demande d'une location de tire-lait n'est pas fondée », assure-t-elle. L'implication de Patricia est telle qu'elle se rend disponible pour ses clientes en dehors de ses heures de travail. Ses collègues la contactant par téléphone dans les cas difficiles.

« Chouchouter » les futures mamans

Mois après mois, les liens que Patricia a su tisser avec les jeunes mamans se soudent et se ressentent automatiquement sur les ventes de l'espace bébés. « Je développe activement mon rayon mais ma démarche n'est absolument pas commerciale. Je n'ai d'ailleurs ni obligation ni prime de rendement », tient-elle à préciser, fière de montrer la richesse de son offre : 5 soins du mamelon, 3 marques de coquilles d'allaitement, le choix de coussinets, 15 tire-lait en location... « Je propose mais n'impose jamais un achat, surtout lorsqu'il s'agit de bouts de sein qui ne sont pas indispensables dans tous les cas. » Incollable sur la composition des crèmes anticrevasses, elle fait aussi attention aux tarifs. « Je tiens à offrir un choix conséquent mais pas à vendre à tout prix. Tant pis si la maman n'achète pas d'emblée, je préfère lui expliquer les spécificités de chaque marque. Je sais qu'elle reviendra ultérieurement. »

Patricia, également responsable de l'approvisionnement d'une maison de retraite, sait se rendre toujours disponible pour « son » rayon ou pour prendre des nouvelles d'un bébé... Sans oublier de « chouchouter » les futures mamans qu'elle informe volontiers sur l'allaitement. « J'en parle quand elles viennent chercher leur liste avant d'aller à la maternité. Si je les sens intéressées, je leur donne quelques conseils et elles savent qu'elles pourront me trouver en cas de pépin par la suite. »

Si l'implication de Patricia émane d'une initiative personnelle, elle profite sans aucun doute à l'image de marque de la pharmacie tout entière.

Envie d'essayer ?

Les avantages

- Créer un relation de confiance avec la clientèle.

- Fidéliser les jeunes mamans au profit des ventes du rayon bébés.

- Apporter à la pharmacie une image de marque en nutrition infantile.

- Tisser des liens avec les professionnels de la petite enfance du secteur.

- Valoriser son rôle de conseiller et d'acteur de santé.

Les difficultés

- Les formation sur l'allaitement sont peu nombreuses et très longues.

- Il faut s'informer régulièrement : sur les récentes découvertes dans le domaine de l'allaitement, sur les recommandations en nutrition infantile, sur l'évolution des tire-lait, sur le sevrage et les spécificités des différents biberons...

- Avoir une disponibilité à toute épreuve, ce qui peut difficilement s'étendre à toute l'équipe.

- Faire comprendre la démarche en faveur de l'allaitement est parfois difficile, surtout auprès des hommes.

Les conseils

de Patricia Belliot

- « Proposer l'allaitement mais ne jamais faire preuve de militantisme. »

- « Etre à l'écoute. Chaque cas est différent. Il faut bien connaître les réactions de la maman et de son bébé pour pouvoir conseiller à bon escient. »

- « Ne pas hésiter à lutter contre les idées reçues. »

- « Exposer une offre jeune maman pour susciter les questions. »

- « Profiter d'une location de tire-lait pour ouvrir le dialogue. »

- « Pour faire valoir son expertise en nutrition infantile, capter l'attention des jeunes mamans quand elles viennent acheter les produits sur leur liste de maternité. »

Pourrez-vous respecter la minute de silence en mémoire de votre consœur de Guyane le samedi 20 avril ?


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