« Renforcer le lien entre l'enseignement et la pratique »

« Le Moniteur » : Où en sont aujourd'hui vos revendications concernant l'intégration de la pharmacie au CHU ?

Philippe Arnaud : Nous avons rencontré au mois de juillet les représentants des ministères de la Santé et de l'Education. L'accueil a été positif. Un seul décret (qui crée un statut hospitalo-universitaire pour les pharmaciens hospitaliers qui exercent en faculté) est paru à ce jour, mais nous avons bon espoir d'une sortie rapide de l'ensemble des divs.

Que manque-t-il pour que la réforme soit enclenchée ?

Nous attendons une intégration de droit des personnels titulaires à l'université et à l'hôpital et la désignation des membres de la commission nationale d'intégration qui doit étudier le cas des professionnels déjà en poste mais non titulaires. Certains ont déposé leur dossier en juillet 2006 pour bénéficier du nouveau statut. Il faut également que des conventions soient signées entre facultés et CHU.

Que signifie l'intégration de la pharmacie au CHU ?

La pharmacie est la seule discipline médicale à ne pas être intégrée officiellement au CHU, même si un certain nombre de pharmaciens exercent dans les hôpitaux. Cela aboutira à harmoniser les statuts des différents praticiens qui exercent à l'hôpital : les pharmaciens hospitaliers et universitaires sont aujourd'hui soumis à une autorisation annuelle de cumul qui peut être remise en question. Le rapprochement concerne aussi les centres de recherches cliniques, les unités INSERM et CNRS présentes dans les hôpitaux mais aussi dans les facultés.

Que cela doit-il apporter concrètement ?

Disposer d'un plus grand nombre de pharmaciens biappartenants (hôpital et faculté) permettra de renforcer le lien entre l'enseignement et la pratique de terrain. Les étudiants auront une approche plus concrète de l'exercice hospitalier. Ce rapprochement des deux univers ainsi que la mise en commun des moyens des centres de recherche des facultés et des hôpitaux bénéficieront au final aux patients qui auront accès plus rapidement aux dernières avancées de la science.

Y a-t-il urgence ?

Oui, car nous allons manquer de professionnels. Entre 2012 et 2015, 50 % du personnel en place, que ce soit des universitaires purs, des hospitaliers purs ou bien des hospitalo-universitaires, partira à la retraite. Or les moyens d'encadrement pharmaceutique des étudiants en cinquième année manquent déjà dans les hôpitaux. En faculté, de plus en plus de non-pharmaciens exercent aujourd'hui comme enseignants, d'où un risque de perte de la culture professionnelle. L'intégration de la pharmacie au CHU permettra d'accueillir dans l'université des professionnels aux compétences parfaitement adaptées et répondant aux critères universitaires, et d'attirer plus d'étudiants vers la carrière universitaire.