Les grossistes invoquent la contrefaçon pour limiter les retours - Le Moniteur des Pharmacies n° 2692 du 15/09/2007 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2692 du 15/09/2007
 

PROFESSION

Actualité

A en croire un mot d'ordre de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique, soutenue par l'Ordre, les répartiteurs pourraient désormais refuser certains retours pour, disent-ils, lutter contre la contrefaçon. Mais, à ce jour, aucune liste n'a été communiquée !

La coupe est déjà pleine ? Erreur ! Il reste encore de quoi égayer l'actualité officinale. Lundi, la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP) a publié un communiqué enjoignant aux officinaux d'« exclure l'éventualité de retourner les médicaments ayant fait l'objet d'une alerte, voire d'un retrait pour cause de contrefaçon aux grossistes qui ne seraient alors plus en mesure de garantir de manière fiable l'origine des médicaments qu'ils fournissent ». Aussi concernés : les médicaments « notoirement connus pour faire l'objet de commerce illicite (sur Internet, par exemple) ».

Au nom de la lutte contre les trafics, les grossistes-répartiteurs sont donc aujourd'hui officiellement incités à refuser les retours de ces produits dits « sensibles » ou « à risque ».

Une position conjointe de la CSRP et de l'Ordre. En juillet déjà, Jean-Charles Tellier et Jean-Luc Delmas, respectivement présidents des sections A et C, avaient annoncé dans Les Nouvelles pharmaceutiques leur décision de mettre en oeuvre « un encadrement très strict des retours, en dehors des aléas de commande ou de livraison », pour certains produits, dont la liste reste encore à établir. Jean-Luc Delmas évoque 10 à 15 produits « implicites ». En effet, des lots contrefaits de Plavix, de Zyprexa et de Casodex ont été découverts au printemps sur le marché britannique ; ils portaient des numéros de lots circulant en France. Quant au Viagra...

Anticoncurrentiel ?

Jean-Luc Delmas explique que cette « incitation forte » vise à « abolir le risque de contrefaçon ». Il dément tout système d'entrave à la concurrence. Cela suffira-t-il à rassurer les syndicats, déjà choqués d'avoir appris le mot d'ordre de la CSRP par Le Moniteur ? La FSPF, l'USPO et l'UNPF avaient bien sûr conscience de la nécessité de traiter le problème de la contrefaçon. Mais si elles comprennent la perte financière dont pâtissent les grossistes, elles se souviennent aussi de leur volonté affichée de ne plus accepter de reprise et l'interprètent toutes comme un « prédiv anticoncurrentiel ». Gilles Bonnefond, secrétaire général de l'USPO, juge « l'occasion trop belle pour les grossistes de ne plus perdre d'argent » et estime qu'il leur revient de « faire le tri entre les pharmaciens honnêtes et les autres ». Jocelyne Wittevrongel, de la commission Exercice professionnel à la FSPF, déplore l'absence de concertation avec les syndicats, pourtant prêts à adopter de nouvelles modalités pour sécuriser la chaîne. Le président de l'UNPF, Claude Japhet, voit déjà les relations avec les répartiteurs se durcir. Et rappelle qu'il demande depuis des années une meilleure traçabilité et l'inviolabilité des boîtes. Bref, les syndicats ont du mal à avaler la mesure, d'autant qu'elle ne se veut que préventive.

Limiter plutôt qu'interdire

La CSRP laisse le soin à ses troupes de s'organiser. Difficile d'en savoir plus auprès des répartiteurs, encore en attente de la liste de produits concernés. Selon nos informations, la section C évoquera sûrement le sujet cette semaine. En attendant, Philippe Godon, directeur des affaires pharmaceutiques d'Alliance Healthcare France, insiste sur l'idée de « limitation » plutôt que d'interdiction et assure que cela ne concernera pas « les retours de bon sens, lesquels seront traités avec vigilance ». Espérons-le, ou 23 000 officines pourraient s'amuser à relancer la concurrence entre distributeurs...

L'IGAS déjà...

La remise en cause des retours grossistes est loin d'être une idée neuve. L'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) l'avait déjà suggérée en janvier 2005 dans les conclusions de son enquête sur le dispositif de recyclage des médicaments Cyclamed. Pour « assurer la sécurité nationale et internationale », l'IGAS proposait alors « de sécuriser le circuit du médicament », notamment « en encadrant mieux les retours aux grossistes ».

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