Le cancer de la prostate - Le Moniteur des Pharmacies n° 2688 du 21/07/2007 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2688 du 21/07/2007
 

FORMEZ-VOUS EN DOUCEUR

Cahiers Formation du Moniteur

Ordonnance

une prescription à la loupe

Un patient souffrant d'un cancer de la prostate à un stade avancé

Ce que vous savez du patient

u Gérard V. a consulté pour des douleurs osseuses diffuses. L'examen clinique a révélé des douleurs à la palpation au niveau du rachis et des côtes. Une perte de poids et un syndrome prostatique ont aussi été constatés. Le toucher rectal a mis en évidence une prostate dure et pierreuse. L'hospitalisation dans un service d'urologie a permis de confirmer le diagnostic d'adénocarcinome prostatique métastatique. Le traitement mis en place comprend un biphosphonate, une association de calcium et de vitamine D3 ainsi qu'un traitement hormonal avec un antiandrogène et un analogue de la LH-RH. Par ailleurs, ce patient est sous traitement morphinique.

Ce que lui a dit son médecin

u Gérard V. a compris que le traitement proposé était purement palliatif. La chimiothérapie et la prostatectomie ne sont pas proposées étant donné son âge, son état général et le degré d'évolution du cancer. La radiothérapie en plus des morphiniques est à visée antalgique.

La demande spontanée du patient

- Du Donormyl pour l'aider à dormir.

Détection des interactions

Il n'y a pas d'interaction médicamenteuse.

Analyse des posologies

Les posologies sont cohérentes. Cacit D3 assure par voie orale un apport de 500 mg de calcium et de 440 UI de vitamine D par jour. La dose recommandée en association avec l'acide zolédronique est de 500 mg et de 400 UI. La prescription d'une spécialité comme Orocal D3 ou Caltrate D3 aurait répondu plus précisément à cette exigence.

Avis pharmaceutique

Le cancer de la prostate, hormonosensible, évolue lentement. Certains cas sont révélés au stade des métastases par des douleurs osseuses. Compte tenu de son âge, de l'état général et du degré d'évolution du cancer (métastatique), il n'est pas judicieux de proposer un traitement curatif agressif.

Antiandrogène et agoniste de la LH-RH

Le traitement palliatif hormonal associant Eligard et Casodex permet d'inhiber la sécrétion des hormones androgènes (testostérone testiculaire et androgènes surrénaux) responsables de la croissance tumorale et d'obtenir une rémission, souvent pendant plusieurs années. Cet effet perdure sur une période allant jusqu'à 7 ans. La libération constante de l'acétate de leuproréline est rendue possible grâce à un système de diffusion progressive et contrôlée permettant une injection sous-cutanée tous les 3 mois.

Eligard stimule dans un premier temps la sécrétion des hormones gonadotropes (effet « flare-up ») qui s'épuise complètement après quelques semaines (saturation), induisant un hypogonadisme et une chute de la testostérone en un mois. Comme il n'inhibe pas la sécrétion d'androgènes surrénaux, l'administration d'un antiandrogène permet de bloquer l'activité néfaste des androgènes surrénaux sur les cellules-cibles. Ce blocage androgénique total est efficace sur la douleur liée aux métastases osseuses.

Biphosphonate et calcium

L'association du biphosphonate au calcium et à la vitamine D3, à visée antalgique, prévient les complications osseuses (fractures). Zometa est actif sur tous les types de métastases osseuses.

Donormyl

La doxylamine est un antihistaminique à effets anticholinergiques. Il peut entraîner un rétrécissement des voies urinaires et est contre-indiqué en cas de troubles urétroprostatiques à risque de rétention urinaire. Il ne doit donc pas être conseillé dans le cadre du cancer de la prostate. Monsieur V. doit consulter son médecin car il est possible qu'un syndrome anxiodépressif soit sous-jacent.

Mise en place du traitement

L'administration d'Eligard et de Zometa est réalisée à domicile par une infirmière diplômée d'Etat.

Avec Casodex

Un contrôle des transaminases doit être réalisé avant la mise en route du traitement et doit être répété lors des bilans de contrôle ultérieurs.

Avec Zometa

Un dosage de la créatininémie, de la phosphatémie, de la calcémie et de la magnésémie est nécessaire avant chaque délivrance. Un examen dentaire avec des soins appropriés doit être réalisé avant l'instauration du traitement, dans l'hypothèse où ce patient a une mauvaise hygiène buccale pour éviter des ostéonécroses de la mâchoire.

Suivi du traitement

Outre un examen clinique mensuel pour évaluer la tolérance, le suivi biologique est primordial. Le dosage des taux sériques de l'antigène spécifique de la prostate (PSA) doit être réalisé.

Sous Zometa, une surveillance régulière de la fonction rénale, de la calcémie, de la phosphatémie et de la magnésémie est recommandée.

Effets indésirables d'Eligard

Des bouffées de chaleur, une fatigue, des malaises, des vertiges et étourdissements, une atrophie testiculaire, mais aussi une disparition de la libido et une impuissance ainsi qu'une irritation locale transitoire modérée au niveau du point d'injection peuvent survenir. A long terme, une diminution de la densité osseuse est possible avec des signes d'aggravation d'ostéoporose, augmentant le risque de fracture.

Au cours des premières semaines de traitement, les douleurs osseuses peuvent être aggravées. C'est pour cela qu'un antiandrogène approprié est instauré trois jours avant le traitement et poursuivi pendant les deux à trois premières semaines.

Une surveillance rigoureuse des patients ayant des métastases vertébrales et/ou cérébrales ainsi que ceux souffrant d'une obstruction des voies urinaires est indispensable pendant les premières semaines de traitement.

Effets indésirables de Casodex

Le plus grave demeure la survenue d'hépatites cytolytiques. La prise de Casodex nécessite donc la surveillance régulière des fonctions hépatiques. Monsieur V. doit prévenir immédiatement son médecin traitant en cas de signes d'atteinte hépatique (nausées ou vomissements, douleurs abdominales, ictères ou urines foncées, prurit, asthénie, anorexie). Un dosage des transaminases doit alors être réalisé en urgence (l'arrêt du traitement est immédiat si l'élévation des transaminases dépasse trois fois les valeurs normales).

Conseils aux patients

Conditions de conservation modalités d'administration

- Eligard se conserve entre + 2° et + 8°. La stabilité physicochimique après reconstitution a été démontrée pendant 30 minutes à 25°.

Même s'il s'agit d'une sous-cutanée, l'injection d'Eligard doit être réalisée par une infirmière.

- La perfusion IV de Zometa (les 5 ml de la solution concentrée sont à diluer dans 100 ml de NaCl à 0,9 % ou solution de glucose à 5 %) peut être réalisée au domicile. Le temps total entre la dilution, le stockage entre + 2 et + 8° et la fin de l'administration ne doit pas dépasser 24 heures.

Gérer les risques

- Respecter les posologies prescrites et le calendrier des examens cliniqu-es et biologiques.

- Le traitement est poursuivi à long terme et ne doit pas être interrompu en cas de rémission ou d'amélioration.

- Contacter le médecin spécialiste en cas de symptômes inhabituels.

- Eviter la survenue d'une constipation (prise de morphiniques) : éventuellement prendre un laxatif osmotique.

- Eviter toute automédication, notamment la prise des médicaments majorant l'effet sédatif ou accentuant la constipation : hydroxyde d'aluminium, autres dérivés morphiniques (dextropropoxyphène), antitussifs (codéine)... Attention à la somnolence au volant et au risque de chute !

- Bien manger pour ne pas perdre de poids. Dans ce condiv pathologique, la dénutrition est fréquente.

Garder le moral

- Les associations de patients ou les groupes de parole constituent un lieu d'écoute, d'échange et de soutien.

- Conserver ses activités habituelles, dans la mesure du possible, pour éviter la désocialisation.

- Ne pas hésiter à s'octroyer des moments de repos.

Plan de prise conseillé

u Zometa 4 mg/5 ml : en perfusion intraveineuse (par une infirmière) d'au moins 15 minutes à n'importe quel moment de la journée. Une fois diluée, la solution en attente d'administration se conserve entre + 2 °C et + 8 °C.

u Cacit Vitamine D3 : croquer ou sucer un comprimé (goût abricot) à distance des repas riches en acide oxalique (épinards, rhubarbe, oseille, cacao, thé) et en acide phytique (céréales complètes, légumes secs, graines oléagineuses, chocolat).

u Eligard 22,5mg (par une infirmière) : le contenu des deux seringues stériles préremplies doit être mélangé juste avant l'administration en sous-cutané.

- Casodex 50 mg : moment de prise indifférent.

TESTEZ VOS CONNAISSANCES

1

Sous Casodex (bicalutamide), certains effets indésirables doivent conduire à alerter le médecin. Il s'agit : a) de signes d'atteinte hépatique b) de manifestations cutanées c) de malaises ou de vertiges

2

Les modalités d'administration et de conservation d'Eligard (leuproréline) sont les suivantes : a) administration possible en sous-cutané par le patient lui-même b) conservation au réfrigérateur entre 2 et 8 °C c) une injection sous-cutanée toutes les semaines

3

La prostatectomie radicale est le traitement de référence du cancer de la prostate localisé chez les patients jeunes (moins de 65 ans) : a) l'incontinence urinaire et l'impuissance sont des complications qui disparaissent rapidement après l'opération b) l'opération nécessite 8 jours d'hospitalisation suivis d'un mois d'arrêt de travail

4

Les analogues de la LH-RH assurent une castration chimique : a) ils sont associés à un antiandrogène débuté quelques jours avant la première injection d'analogues de la LH-RH b) ils soulagent rapidement les douleurs osseuses

5

Eligard 22,5 mg correspond à un dosage à administrer : a) toutes les 4 semaines b) toutes les 12 semaines

6

Le nilutamide (Anandron) est un antiandrogène non stéroïdien. Il peut induire les effets indésirables suivants : a) une prise de poids b) des troubles de la vision des couleurs et de l'accommodation à l'obscurité c) des bouffées de chaleur et une impuissance

7

Un dépistage précoce (toucher rectal et un dosage du PSA sérique annuels) doit être encouragé en cas d'antécédents familiaux de cancer de la prostate dès : a) 45 ans b) 55 ans

8

Ces analogues de la LH-RH doivent se conserver entre 2 et 8 °C : a) Décapeptyl b) Enantone LP c) Gonapeptyl d) Zoladex

9

Pour lutter contre certains effets indésirables des traitements, vous proposez : a) l'utilisation de façon ponctuelle de Donormyl pour favoriser le sommeil b) l'utilisation de laxatifs osmotiques contre la constipation c) vous incitez le patient à avoir une alimentation suffisamment énergétique, voire à utiliser des compléments alimentaires hyperprotéinés

10

La stratégie thérapeutique du cancer de la prostate : a) est la même quel que soit l'âge du patient b) repose sur un traitement curatif si le patient a moins de 70 ans c) associe toujours la radiothérapie à une prostatectomie

Délivreriez-vous ces ordonnances ?

Ordonnance 1

Docteur Jean Douceur

Cancérologue, Hôpital Service

2, allée des Vignes

13000 Marseille

Tél. : 04 94 00 00 00

13 1 88888 9

Sur rendez-vous

Enantone LP 3,75mg : 1 injection sous-cutanée toutes les 4 semaines

Eulexine : 1 comprimé 3 fois par jour au cours des repas pendant 30 jours

Zometa 4 mg/5ml : 1 perfusion par mois pendant 3 mois

Orocal D3 (500 mg/400 UI) : 1/jour pendant 3 mois

Injections à faire par IDE.

Ordonnance 2

Docteur Claude Pojefri

Généraliste

13000 Aix-en-Provence

13000 Aix-en-Provence

Tél. : 04 42 65 87 34

13 1 99999 8

Sur rendez-vous

Décapeptyl LP 11,25mg : 1 injection intramusculaire tous les mois

Anandron 150mg : 1 par jour pendant 4 semaines puis 2 par jour pendant 2 mois

Ordonnance 1 : OUI.

Mais on peut aussi contacter le médecin afin qu'il prescrive un flacon de sérum physiologique, indispensable pour que l'infirmière puisse réaliser la perfusion de Zometa.

Ordonnance 2 : NON.

Il faut contacter le médecin car les doses prescrites sont erronées. Pour Décapeptyl, il s'agit d'une injection trimestrielle à ce dosage. Pour Anandron, la posologie requise est de 2 par jour pendant 4 semaines et 1 par jour ensuite.

Réponses « Testez vos connaissances »

1 : a. 2 : b. 3 : b. 4 : a. 5 : b. 6 : b et c. 7 : a. 8 : c. 9 : b et c. 10 : b.

Votre pharmacien vous conseille

Vous êtes traité pour un cancer de la prostate

Si vous avez subi une radiothérapie

Prenez soin de votre peau dans la zone exposée aux rayons. Utilisez un savon surgras pour la toilette et appliquez la crème prescrite par votre radiologue en cas d'irritation locale.

En cas de fuites urinaires

Si vous avez subi une intervention chirurgicale ou une radiothérapie, vous souffrez peut-être d'incontinence urinaire. C'est en général transitoire, mais parfois long à rentrer dans l'ordre.

u Les coquilles absorbantes, à coller dans le slip, sont discrètes et idéales en cas de fuites au goutte-à-goutte, peu abondantes.

u Si les fuites sont plus conséquentes, les étuis péniens, sortes de préservatifs à dérouler sur le pénis, reliés par une tubulure à une poche de recueil fixée à la jambe (ou la nuit, au lit), sont plus adaptés. L'étui pénien et la poche de nuit doivent être changés tous les jours. La poche de jour peut se réutiliser 2 ou 3 jours si elle est vidangeable.

Les troubles sexuels

Nombre de patients opérés ou traités par médicaments souffrent d'impuissance, mais celle-ci peut s'atténuer avec le temps. En revanche, dans la plupart des cas, il n'y a pas d'éjaculation au moment de l'orgasme. Celle-ci est « rétrograde » : le sperme reflue vers la vessie et est éliminé avec les urines, sans conséquences particulières, mais empêchant toute fécondation.

Vous et les médicaments

u Si votre médecin vous a prescrit un médicament par voie injectable, vérifiez si celui-ci se conserve à température ambiante ou au réfrigérateur. En général, les injections n'ont lieu qu'une fois par semaine ou par mois. Commandez votre médicament quelques jours à l'avance car il n'est peut-être pas en stock à la pharmacie.

u Evitez toute automédication même avec des médicaments qui vous paraissent anodins comme les anti-rhume, les antiallergiques, les somnifères délivrés sans ordonnance. Ils peuvent provoquer un blocage urinaire.

Dr Jacques Montcalm Oncologue, Hôpital de l'Espoir Service d'oncologie-radiothérapie 328, avenue de l'Artillerie 92000 Nanterre Tél. : 01 41 00 00 00 92 1 99999 1

Zometa 4 mg/5 ml : 4 mg en perfusion dans 100 ml de NaCl à 0,9 % tous les mois pendant 3 mois.

Cacit Vitamine D3 (500 mg/440 UI) : 1 comprimé par jour pendant 3 mois.

Eligard 22,5 mg : 1 injection sous-cutanée tous les 3 mois.

Casodex 50 mg : 1 par jour à commencer 3 jours avant le traitement par Eligard et à poursuivre pendant 3 semaines.

Injections à faire par IDE.

Les médicaments prescrits

Zometa 4mg/5ml (acide zolédronique)

- Biphosphonate agissant spécifiquement sur l'os en inhibant la résorption ostéoclastique osseuse.

- Indiqué, entre autres, en prévention des complications osseuses chez des patients atteints de pathologie maligne à un stade avancé avec atteinte osseuse.

- La posologie recommandée chez l'adulte est de 4 mg en perfusion intraveineuse, toutes les 3 à 4 semaines.

Cacit Vitamine D3 500 mg/440 UI (carbonate de calcium, colécalciférol)

- Calcium associé à la vitamine D.

- Indiqué en association aux traitements de l'ostéoporose chez les patients carencés ou à haut risque de carence vitamino-D-calcique.

- La posologie recommandée est de un comprimé par jour chez les patients traités par Zometa.

Eligard 22,5mg (leuproréline)

- Analogue de l'hormone naturelle de libération de gonadotrophines (Gn-RH, ou LH-RH).

- Indiqué dans le traitement du cancer de la prostate hormonodépendant à un stade avancé.

- La posologie est de une injection sous-cutanée tous les 3 mois.

Casodex 50 mg (bicalutamide)

- Antiandrogène non stéroïdien.

- Indiqué dans le traitement du cancer de la prostate métastasé en association à une castration médicale.

- La posologie recommandée est de 1 comprimé par jour. L'administration doit être envisagée 3 jours avant le traitement par leuproréline et poursuivie pendant les 2 à 3 premières semaines.

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