Sortie de tunnel - Le Moniteur des Pharmacies n° 2684 du 30/06/2007 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2684 du 30/06/2007
 

MÉDICAMENT FAMILIAL

Cahier spécial

Marchés 2006

Après des années de galère, le marché de la médication familiale a renoué avec une croissance que l'on n'espérait plus. Point de satisfaction : les deux tiers de cette croissance sont indépendants des déremboursements et témoignent d'une dynamique propre au marché. Mais ne nous enflammons pas ! 2007 devra confirmer et prouver qu'il ne s'agit pas d'un « coup » sans lendemain.

Cette année, la prise de température du marché annonce un réchauffement. Certes, il ne s'agit que de l'amorce d'un dégel dont on ne sait pas encore s'il sera durable. Il n'empêche, en 2006, le marché de la médication familiale (médicament de vente libre non remboursable) a enfin renoué avec la croissance (+ 8,9 % en volume à près de 280 millions d'unités, + 9,7% en valeur à plus de 1,5 milliard d'euros). Le marché de l'automédication (médicaments de prescription médicale facultative non remboursables et remboursables, non prescrits) suit le même rythme : en 2006, il s'est vendu 406 millions d'unités (+ 8,4 % en volume versus 2005 à 406 millions d'unités, soit + 31 millions d'unités supplémentaires) pour un chiffre d'affaires de plus de 1,8 milliard d'euros (+ 8,8 % en valeur).

Cette renaissance a plusieurs explications. Tout d'abord, il y a des dynamiques qui ne se démentent pas. L'an dernier, 3 médicaments sur 4 ont été achetés en automédication pour le traitement du rhume ou de la grippe, 1 sur 2 pour le traitement de la diarrhée, 1 sur 3 pour des traitements contre la toux et 1 sur 4 pour des produits contre la douleur. Dans le lot, la part du vigneté reste importante, mais cela est bien la conséquence de prescriptions médicales qui deviennent une peau de chagrin dès lors qu'il s'agit de traiter le petit risque.

Les déremboursements n'expliquent pas tout

La vague de déremboursements du 1er mars 2006 (concernant 175 molécules, 309 médicaments, 39 classes thérapeutiques) a donné un sérieux coup de pouce en contribuant à nourrir mécaniquement la croissance du marché. Mais en y regardant de plus près, pas tant que cela, à hdiv d'un tiers seulement (+ 11 millions d'unités en année pleine). En effet, seule une partie des prescriptions perdues (représentant une baisse de 51 % en volume) a été remplacée par une prise en charge directe à la pharmacie. Le rendement est faible : pour 12 boîtes perdues en prescription, une seule est retrouvée en automédication. 106 millions d'unités sont ainsi passées à la trappe de mars à décembre 2006 versus la même période de 2005.

Mais le poids de l'automédication sur le marché de ces produits déremboursés a grimpé l'an dernier de 12 % à 44 %, tandis que celui de la prescription a chuté dans le même temps de 88 % à 56 %. La partie des prescriptions perdues s'est surtout reportée sur les marques leaders du conseil et de forte notoriété, avec un pourcentage important de transfert sur les hypnotiques et sédatifs et les suppléments minéraux, qui sont consommés habituellement au long cours par les patients.

Coup de chapeau aussi aux laboratoires de marques qui ont bien su négocier le virage du déremboursement. Capitalisant sur leur nom et leur notoriété, ils ont basculé dans l'univers de la médication familiale par des extensions de gamme (exemple : Ultra-levure) et oublié certaines stratégies du passé, rédhibitoires pour la survie de leurs produits. Contre toute attente, le passage en automédication ne s'est pas accompagné d'une flambée des prix. On constate avec satisfaction une stabilité du prix public qui a évolué de 4,53 euros en 2005 à 4,54 euros en 2006.

Les comportements changent

Autre fait marquant accueilli avec les honneurs : l'évolution du comportement des médecins en faveur du médicament de prescription facultative et non remboursable. 8,5 % de ces médicaments sont prescrits.

De son côté, l'usager a acquis un certain niveau de connaissance et ne souhaite plus recourir, en raison notamment de l'engorgement des cabinets médicaux, à une consultation pour soigner des symptômes qu'il connaît. Si ce fait se confirme en 2007, cela voudrait dire que le comportement d'achat du consommateur a également changé, qu'il accepte maintenant de se procurer contre paiement un médicament qui aurait pu être remboursé s'il avait été prescrit. Autrement dit, le comportement d'automédication des Français va enfin alimenter le marché puisque, jusqu'ici, les deux tiers de nos concitoyens affirmaient se procurer des médicaments sans ordonnance au moins deux fois par an, mais la moitié d'entre eux s'empressaient ensuite de se les faire prescrire pour qu'ils soient remboursés.

« Cette reprise du marché de l'automédication, qui amorce un changement de comportement des acteurs du système, ainsi que la prise en main du dossier automédication par le ministre de la Santé nous laissent espérer que l'automédication responsable trouve enfin sa place en France, à hdiv des autres pays européens », se félicite Eric Maillard, président de l'AFIPA (Association française de l'industrie pharmaceutique pour une automédication responsable). Le retard à combler est saisissant en chiffres : l'automédication ne représente qu'un peu moins de 7 % du marché total du médicament en ville, contre 14 % en Allemagne et 15,1 % en Espagne. Deuxième pays d'Europe par sa population, la France occupe le quatrième rang en ce qui concerne l'automédication. Autre écart éloquent : un Français consomme en moyenne pour 20 Euro(s)de médicaments d'automédication par an, contre 50 Euro(s)en Espagne et 60 Euro(s)Euro(s)en Allema-gne.

Au même moment que le marché décolle, un groupe de travail s'est penché sur les moyens à mettre en oeuvre pour le développer. « L'intérêt de ce rapport était avant tout de faire bouger les lignes de force », déclare Alain Coulomb, qui a présidé le groupe de travail sur l'automédication. Il a en effet permis de mettre le débat sur la place publique et de poser clairement un certain nombre de questions dont celle largement débattue de l'amélioration de l'accès aux médicaments d'automédication en pharmacie. L'AFIPA est persuadée qu'une expérimentation de libre accès comme préconisée dans le rapport ne pourra que contribuer aux évolutions de comportements et ainsi favoriser l'autonomie et la maturation des Français face à la gestion de leur capital santé. Mais le libre accès du médicament familial est encore loin de faire l'unanimité dans la profession.

Aucun marché ne reste à la traîne

La reprise de la croissance est soutenue par les valeurs sûres du marché. Dans l'univers du médicament familial (OTC strict), le top-10 des classes thérapeutiques, qui représente près de 91 % du marché en unités et près de 89 % en chiffre d'affaires, progresse de 9,8 % en valeur et de 11,1 % en volume. Arrivant largement en tête de ce classement, les voies respiratoires ont connu une progression à deux chiffres (+ 12,7 % en volume, + 13,6 % en valeur). Deuxième marché par ordre d'importance en CA, les voies digestives réalisent aussi un beau parcours (+ 8,9 % en volume, + 14,2 % en valeur) ainsi que l'ophtalmologie (8e marché, 8,8 % en volume, + 16,2 % en valeur) et les médicaments de la circulation (10e marché, + 10,5 % en volume, + 7,8 % en valeur). En revanche, quatre de ces dix premiers marchés évoluent beaucoup moins vite que le marché global. Il s'agit des antalgiques (+ 3,5 % en volume, + 7,4 % en valeur), des produits de dermatologie (+ 2,5 % en volume, + 4,7 % en valeur), du groupe des vitamines, minéraux et suppléments nutritionnels (+ 2,2 % en volume et en valeur), des produits traitants en hygiène buccodentaire (+ 2,2 % en volume, + 4 % en valeur).

La palme de la plus forte progression est décernée aux sédatifs et autres médicaments modifiant l'humeur (7e marché en CA) dont les ventes ont littéralement explosé (+ 47,8 % en volume, + 32,6 % en valeur).

Antalgiques : le vigneté garde la main

Marché phare de l'automédication, les antalgiques généraux de vente libre (remboursables + non remboursables) enregistrent une hausse des ventes de 7,3 % en 2006 (à 100 millions d'unités environ), conforme à la tendance générale du marché global. Le CA est lui en hausse de 5,9 % à 237,8 millions d'euros. Ce bon score ne se retrouve pas sur le segment qui nous intéresse, l'OTC strict, puisqu'il est en baisse légère à 0,5 % en unités. Le constat est donc toujours le même : le levier du marché reste la prescription, avec un dynamisme porté par les renouvellements d'achats d'antalgiques remboursables, suite à une prescription mais non présentés au remboursement. C'est particulièrement vrai avec le paracétamol, la molécule la plus médicalisée des trois grandes références en antalgie de niveau I. 80 % des ventes sont issues de la prescription, les 20 % restants faisant l'objet d'une demande spontanée du client.

Les antalgiques généraux de vente libre remboursables ou semi-éthiques, en progression de 10 % en unités par rapport à 2005, s'accaparent 70 % du marché. Par différence, le marché du non-remboursable tombe donc à 30 %.

L'ibuprofène conseil règne en maître sur le segment de l'OTC strict avec 40 % de parts de marché en unités (+ 6 % d'unités vendues en 2006 contre + 9 % pour les équivalents vignetés achetés sans ordonnance), devant l'aspirine (24 %), le paracétamol (21 %) et les associations antalgiques (15 %). Mais la première molécule d'automédication (remboursable non prescrit + non remboursable) reste de loin le paracétamol (64% de parts de marché) suivi de l'ibuprofène (17%), de l'aspirine (14 %) et des associations (5 %). Les évolutions restent très variables selon les catégories : progression pour le paracétamol (+ 6 %) et l'ibuprofène (+ 1 %), baisse pour l'aspirine (- 12 %). Les associations, qui ont enregistré début 2006 l'arrivée d'un renfort, Algicalm, des laboratoires Grünenthal, semblent condamnées à l'immobilisme. « L'intérêt et les limites de l'aspirine sont de mieux en mieux connus, les ventes devraient se stabiliser dans les années à venir, sans réel espoir de repartir à la hausse, une fois que le marché aura cerné les patients qui supportent bien cette molécule », prédit Laurent Céron, directeur marketing du département douleur-OTC chez Bristol-Myers Squibb. Enfin, concernant les associations paracétamol-codéine en OTC, il estime qu'elles ne sont pas suffisamment dosées en paracétamol (400 mg) et en codéine (moins de 30 mg) pour se prévaloir d'une plus grande efficacité sur la douleur que les spécialités de palier I, et être en mesure de créer un véritable marché intermédiaire entre ce palier et le palier II prescrit.

Efferalgan vitamine C fait de la résistance

Avec les déremboursements, les grandes marques du secteur n'empruntent pas les mêmes chemins de la reconversion et connaissent des destins divergents. BMS a réussi un virage difficile lorsque Efferalgan Vitamine C a perdu sa vignette en mars 2006. D'ordinaire, cette mesure couperet fait perdre au laboratoire au moins 60 % de ses volumes. Dans le cas présent, BMS a bien limité la casse puisque la baisse a été bien inférieure à 50 % (8 millions d'unités vendues en 2006 contre 15 millions d'unités en 2005). « La chute a été amoindrie par le lancement d'une forme plus fortement dosée à 500 mg de paracétamol + 200 mg de vitamine C avec un prix inchangé après déremboursement », explique Laurent Céron. La nouvelle politique de BMS, en termes de réponse efficacité/prix, et son expertise dans le procédé de l'effervescence ont été deux éléments déterminants dans le processus de fidélisation du public. Ceci malgré la présence d'alternatives remboursables du paracétamol : 90 % des ventes d'Efferalgan vitamine C correspondent aujourd'hui à des achats d'automédication.

Son concurrent, DoliactiC, moins dosé en vitamine C (150 mg), piétine quant à lui depuis son lancement et ne parvient toujours pas à contester la suprématie d'Efferalgan vitamine C (part de marché inférieure à 5 % en volume).

Leader au niveau des marques d'ibuprofène non remboursables, la gamme Nurofen semble indétrônable avec ses 70 % de parts de marché. Difficile, en effet, de rivaliser pour ses concurrents les plus directs que sont Upfen (8,40 % de part de marché), Spedifen (5,74 %), Intralgis (5,40 %) et Anadvil (2,48 %), tous nettement distancés. Dans ce peloton, les ibuprofènes en DC (tous génériques conseil confondus) font aujourd'hui bonne figure (6,46 %) grâce à une bonne pénétration en 2006 (+ 72 %).

Le marché des ibuprofènes conseil a été marqué ces dernières années par une innovation soutenue (Spedifen, Nuroflash, Nurofentabs...) mais qui marque le pas en 2006. « Le marché est mature et les besoins en antalgie sont assez bien cernés, ce qui explique le peu d'innovations », signale Sophie Complainville, chef de produit Spedifen chez Zambon. Cette spécialité contenant de l'arginine - qui accélère l'absorption de l'ibuprofène - a tiré son épingle du jeu l'an dernier par des investissements payants : augmentation de la taille du réseau commercial, formation des équipes officinales, actions de merchandising ciblées chez les « clients moteurs ». « Les ventes de Spedifen ont progressé de plus de 60 % et flirtent aujourd'hui avec le million d'unités et une part de marché de 7 % sur 2007, indique Sophie Complainville. Ce succès tient à sa formule qui répond aux attentes du consommateur. »

Les substituts nicotiniques mettent le paquet

Comme en 2005, les patchs perdent du terrain (- 4,4 % en volume, 39 % de parts de marché - 4,4 % aussi en valeur, 58,2 % de parts de marché) au profit des formes orales (+ 20,4 % en volume, 61% de parts de marché, et + 20,8% en valeur, 41,8 % de parts de marché) qui tirent le marché vers le haut (+ 3 % en volume et + 3,4 % en valeur). Cela fait plus d'un an que les ventes de gommes, de comprimés et de pastilles à sucer se sont intensifiées, un phénomène qui coïncide avec un changement de comportement des candidats à l'arrêt du tabac qui aspirent davantage à réduire progressivement leur consommation avant de se sevrer définitivement. Une flexibilité dans le sevrage tabagique que l'on ne retrouve pas avec les patchs.

Du fait notamment du retrait des cigarettes NTB du marché en 2006, les antitabac sans AMM sont en chute libre (- 22,6 % en volume et - 19,9 % en valeur). Au niveau des acteurs, le marché se partage de la façon suivante : Pierre Fabre Santé (34 %), Pfizer Santé Grand public (30 %, repris par Johnson #amp; Johnson), GSK (22%) et Novartis Santé familiale (14%).

Les Français ont bien réagi à l'interdiction de fumer instaurée le 1er février 2007 dans tous les lieux publics (ou presque, avec un délai de grâce jusqu'au 1er janvier 2008 pour les cafés-tabacs, restaurants et discothèques). Entre début janvier et début février, le CA des pharmaciens sur les substituts nicotiniques a augmenté de 30 % par rapport à la même période de l'année précédente, avec une progression des ventes de patchs de 34 % en valeur et des formes orales de 25 %. La mesure profite donc davantage aux patchs, en perte de vitesse sur 2005, qui semblent avoir retrouvé un second souffle.

« Entre patchs et formes orales, les parts de marché se stabilisent », constate Guillaume Randaxhe, chef de groupe Monde pour le sevrage tabagique chez Pierre Fabre Santé. Le patch reste, quoi qu'il en soit, la méthode d'arrêt de référence. Il progresse surtout par à-coups, lors des périodes de bonne résolution des fumeurs et de forte pression médiatique sur les nouvelles mesures d'interdiction de fumer ou en faveur de l'arrêt du tabac. A l'inverse, les formes orales connaissent une croissance plus constante.

Le sevrage tabagique se « remédicalise »

Les fumeurs semblent plutôt bien accepter la mesure puisque, selon une étude IFOP, près de 1 sur 2 (49 %) déclarent que l'interdiction les inciterait à arrêter ou à réduire leur consommation.

L'interdiction de fumer dans les lieux publics a provoqué un déclic chez 30 % des Français qui auraient pris la résolution d'arrêter de fumer en 2007, selon une étude du cabinet ACNielsen. Mais quelques mois plus tôt, d'après un sondage IFOP pour GSK à l'automne dernier, 63 % des fumeurs pensent pouvoir arrêter sans aucune aide médicamenteuse. Est-ce une question de prix ? Patrick Lanceau, consultant-formateur en pharmacie, estime qu'en baissant les prix publics moyens de 15 % cela multiplierait les ventes par 6.

Cerise sur le gâteau, l'Etat a décidé de subventionner les bonnes volontés avec la prise en charge des traitements de substitution nicotinique par la CNAM à hdiv de 50 Euro(s) par an et par bénéficiaire. On peut toutefois regretter que le gouvernement ait décidé de conditionner la prise en charge à la prescription médicale, reléguant ainsi au second plan le rôle du pharmacien. Mais, de l'avis de Guillaume Randaxhe, la place du pharmacien dans l'initialisation et le suivi du traitement nicotinique va rester toujours aussi prépondérante. « Tous les acteurs vont bénéficier de la remédicalisation du sevrage tabagique, assure-t-il. Par ailleurs, le taux de rechute à un an est important et les sous-dosages doivent être gérés en permanence, le pharmacien a donc un rôle essentiel à jouer dans l'accompagnement du patient pendant ces douze mois. »

Même si la gomme reste majoritaire au niveau des ventes du fait de son antériorité sur le marché (70 %), le comprimé à la nicotine va bien. « De nombreux fumeurs n'aiment pas les gommes à mâcher, à cause du goût très relevé de la nicotine », note Anne Vaillant-Keller, responsable marketing de la gamme médication familiale chez GlaxoSmithKline Santé Grand Public. Ceci explique que ce laboratoire ait lancé un nouveau comprimé à sucer à la menthe fraîche, dosé à 2 et 4 mg.

« La diffusion est également plus constante et il n'y a pas de contraintes masticatoires », ajoute Guillaume Randhaxe. Pierre Fabre, lui, a fait le choix de la pastille qui se dissout en bouche plutôt que du comprimé à sucer. Cette forme se décline sous six références Nicopass aromatisées à la menthe ou à la réglisse et dosées à 1,5 mg de nicotine. La gomme n'est pas oubliée, avec le lancement en 2006 de deux nouvelles références goût menthe et réglisse menthe.

Fort du même constat, Novartis Santé familiale emboîte le pas avec un lancement en début d'année également d'un comprimé à sucer Nicotinell 2 mg, au goût menthe léger.

En 2007, les substituts nicotiniques de vente libre vont devoir aussi composer avec les médicaments de prescription obligatoire et partager les fruits de la croissance avec Champix, un agoniste partiel et un antagoniste des récepteurs nicotiniques commercialisé par Pfizer. Il est encore trop tôt pour pouvoir chiffrer le manque à gagner pour les patchs et formes orales, mais on se souvient que l'arrivée sur le marché de Zyban avait, en son temps, provoqué un recul de 20 % des ventes de patchs. Guillaume Randaxhe n'est pas de cet avis et croit, au contraire, que Champix va élargir le marché : « C'est un traitement standardisé alors que les substituts nicotiniques correspondent à une réponse personnalisée, à un traitement sur mesure puisque, aujourd'hui, on associe le port du patch à des prises ponctuelles de formes orales pour gérer les envies de fumer du patient. »

Un souffle de renouveau pour les voies respiratoires

Même si une partie des volumes passe à la trappe, les déremboursements des produits contre la toux grasse (poids du segment : 29,5 millions d'unités) ont donné un coup de fouet au marché OTC des voies respiratoires qui pointe désormais à près de 85 millions d'unités sur l'année. Pour neutraliser la baisse consécutive au déremboursement, BMS a utilisé les mêmes recettes que précédemment en ne modifiant pas le prix « tarif pharmacie » de Mucomyst et a mis en place une communication mixte auprès des médecins et des pharmaciens. Résultat : - 4 % d'unités en moins dans un marché à - 50 % et un gain de deux places en parts de marché (18%). Mucomyst se hisse ainsi de la 5e à la 3e place du marché, juste derrière l'« agglomérat » des carbocistéines génériques (19 %-20 % de parts de marché) et Bronchokod (25 %) dont les ventes ont chuté environ de moitié après mars 2006. Malgré leur deuxième place, les génériques de carbocistéine et les équivalents thérapeutiques d'acétylcystéine (celle-ci n'est pas inscrite au Répertoire) sont à la peine. « Leur part de marché ne cesse de baisser depuis le déremboursement de cette classe thérapeutique », constate Laurent Céron.

Par ailleurs, un vent de renouveau souffle sur les fluidifiants bronchiques. A côté des lancements génériques (Acétylcystéine Sandoz granulés pour solution buvable), de nouvelles formes encore plus pratiques sont venues enrichir l'offre déjà très abondante du marché. Parmi elles, Solmucol 400 en dose, Solmucol 100 et Humex expectorant, deux comprimés à sucer en cas de toux grasse qui représentent une alternative intéressante aux formes classiques, sachet et sirop.

Les produits contre le rhume et les états grippaux se portent comme un charme (+ 5,1 % en unités, + 6,5 % en valeur). Plus mâture que d'autres, ce segment profite du changement de comportement du consommateur en faveur des produits de médication familiale. Sur ce marché dynamique et extrêmement concurrentiel, Fervex est solidement accroché à la première place (23,5 % de parts de marché). Viennent ensuite Actifed (19,4 %), Dolirhume et Oscillococcinum (13 % chacun) puis Humex (9 %).

A la rentrée de septembre, Sanofi-Aventis a accroché le suffixe « Pro » à son Dolirhume et a fait son entrée dans le rayon conseil du rhume de l'adulte. Une formule jour + nuit qui manquait dans l'arsenal conseil du laboratoire. « Il n'y pas eu de cannibalisation de Dolirhumepro sur Dolirhume, la combinaison de ces deux références a fait progresser notre part de marché », souligne Sanofi-Aventis.

Autre stratégie gagnante : sur Maxilase, le laboratoire a anticipé le déremboursement de mars 2006 en lançant deux formes pour l'automédication au prix de la forme remboursée, et ainsi lissé la baisse des volumes (entre - 30 et - 40 %) après la mesure.

Les voies digestives aiment la nouveauté

Flirtant avec les 44 millions d'unités en 2006, le marché des voies digestives est régulièrement alimenté en nouveautés. L'an dernier, Imonogas 240 mg a fait son entrée dans le rayon conseil contre les ballonnements intestinaux. Dans le traitement d'appoint des digestions difficiles et des troubles dyspeptiques, le dernier-né de la gamme Maalox développé par Sanofi-Aventis, Maalox Digestion difficile, a trouvé également sa place dans l'arsenal du conseil des pharmaciens grâce à une formulation très complète associant boldine, sulfate de sodium et phosphate monosodique. « Les ventes grimpent en douceur sur cette nouvelle référence, concède Sanofi-Aventis, mais la communication auprès des pharmaciens et du grand public a été profitable à la marque sur les autres segments notamment celui des maux d'estomac. » Les deux leaders que sont Citrate de bétaïne Upsa et Oxyboldine n'ont donc pas eu à souffrir de l'arrivée d'une marque forte sur le segment de la crise de foie. « 2006 est l'une de nos plus belles années de progression pour Oxyboldine », affirme Emmanuel Bernard, directeur marketing de Cooper, qui vient de fêter son centenaire et qui a gardé la vitalité de sa jeunesse : en 2006, son activité conseil (sorties fabricant) est en croissance de 27 % en CA et de 17 % sur les six premiers mois de l'année 2007. Son eau de jouvence ? « Des formules suffisamment intéressantes pour valoriser le conseil du pharmacien », répond-il. A l'image de Spasmocalm, une forme orodispersible du phloroglucinol, première référence du marché conseil devant les spécialités en DC de Merck Génériques et Sandoz.

Le pied d'athlète marche bien à l'officine

Le marché de la dermatologie accueille une offre variée qui devient de plus en plus spécifique. En avril 2006, les laboratoires Novartis Santé familiale ont trouvé le bon filon avec le lancement d'un switch sous forme de crème : Lamisilate 1 %, un antifongique fongicide conseil à large spectre contenant de la terbinafine, une molécule issue de la prescription. Son indication ? Le pied d'athlète, « une pathologie très contagieuse mais peu impliquante pour le patient », décrit Isabelle Comolet, chef de produit dermatologie chez Novartis. Il s'agit pourtant d'une maladie par nature récidivante. « Le traitement classique de cette mycose pose fréquemment des problèmes d'observance car les antifongiques locaux de la famille des imidazolés requièrent deux à trois semaines de traitement à raison de deux applications par jour, d'où un nombre de récidives en moyenne de 6 à 7 par an chez un patient. » Avec une seule application par jour pendant sept jours, Lamisilate 1 % révolutionne le traitement conseil du pied d'athlète. « Cette pathologie constitue un gros réservoir pour le conseil du pharmacien, explique Isabelle Comolet. Elle touche 9 % de la population française, soit 5 millions de personnes. Mais seulement 1 patient sur 10 se traite, et quand il décide de se traiter il est peu enclin à consulter (420 000 prescriptions par an). »

D'avril à décembre, cet antimycosique a été référencé par 8 000 officines et a gagné 19 % de parts de marché en unités, principalement au détriment du leader Mycoapaisyl. « Les remontées du terrain sont très qualitatives sur ce produit qui tire la croissance des antimycosiques conseil à + 20 % et représente d'ores et déjà 4 % du total des ventes d'antifongiques locaux en pharmacie. » En 2007, Novartis lance le Lamisilate monodose, qui permet un traitement unique et qui est appelé à devenir rapidement le produit leader de la gamme.

Concernant le marché de la forme, sur les 13,6 millions d'unités vendues en vitamines, minéraux et suppléments nutritionnels avec AMM, 4,9 millions sont le fait de la seule vitamine C, un marché qui a retrouvé la stabilité (+ 1 %) et qui se remet petit à petit de la vague de 2005 des complémentaires alimentaires.

Le marché des sédatifs conseil sans les produits modificateurs de l'humeur représente 12 millions d'unités par an, soit les trois quarts de ce marché qui totalise 16,4 millions de boîtes. Le changement de présentation de 30 à 10 comprimés sécables a été profitable à Donormyl qui détient 90 % des parts de marché en unités.

+ 9,7 %

En 2006, les ventes de médication familiale* ont représenté un CA de 1,5 MdEuro(s) pour l'officine (+ 9,7 % par rapport à 2005), correspondant à 280 millions d'unités vendues (+ 8,9 %).

* Non remboursable.

CA laboratoires Le top-10 En millions d'euros

1. Pfizer Santé Grand Public (107)

2. Boiron (96)

3. Bayer Santé familiale (89)

4. Sanofi-Aventis OTC (88)

5. Merck Médication familiale (66)

6. GSK Santé Grand Public (66)

7. Boots Healthcare (58)

8. Cooper (58)

9. Upsa Conseil (56)

10. Pierre Fabre Santé/OTC (54)

(Source : IMS Health .)

CA des marques Le top-10 En millions d'euros

1. Nicorette (32,5)

2. Humex (29,7)

3. Strepsils (28,6)

4. Nurofen (26,6)

5. Hextril (24,1)

6. Actifed (22,9)

7. Oscillococcinum (22,4)

8. Fervex (21,8)

9. Nicopatch (21,3)

10. Niquitin total (19,7)

(Source : IMS Health .)

LES MEILLEURES VENTES

Antalgiques généraux

1 Nurofen cp 200 mg

2 Efferalgan vit. C cp eff.

3 Aspirine Upsa C cp eff.

Sédatifs

1 Euphytose dragées (120)

2 Spasmine dragées (30)

3 Donormyl cp

Antitabac

1 Nicopatch 21 mg/24 h

2 Nicotinell TTS 21 mg/24 h

3 Nicorette gommes sans sucre 2 mg

Produits pour la digestion

1 Poly-karaya sachets

2 Maalox maux d'estomac sans sucre

3 Carbosylane gélule adulte

Laxatifs

1 Microlax

2 Dulcolax dragées

3 Contalax comprimés

Produits pour le foie

1 Citrate de bétaïne Upsa cp eff.

2 Oxyboldine

3 Canol

LES MEILLEURES VENTES

Antitussifs

1 Néo-Codion dragées

2 Bronchokod sirop sans sucre adulte

3 Exomuc sachets

Antigrippaux

1 Oscillococcinum

2 Actifed Jour/Nuit

3 Fervex sachets adulte

Produits pour le pharynx

1 Hexaspray collutoire

2 Lysopaïne

3 Strepsils miel

TOP

Dans la modeste moisson d'innovations 2006, le lancement de la crème Lamisilate 1 % a été remarquée. Une alternative aux dérivés imidazolés très appréciée par les clients qui souffrent de pied d'athlète.

FLOP

Avec l'annonce de la prise en charge de l'équivalent d'un mois de traitement de substitut nicotinique, on pouvait s'attendre à une ruée des candidats à l'arrêt du tabac dans les cabinets médicaux. Cela n'a pas été vraiment le cas selon les pharmaciens que nous avons interrogé.

Le changement de formulation du Locabiotal. L'huile essentielle de menthe poivrée n'a pas fait recette...

LES MEILLEURES VENTES

Désinfectants pour peau et plaies

1 Cetavlon crème

2 Cicatryl

3 Bétadine gel dermique

Toniques

1 Guronsan

2 Arcalion 200 mg (60)

3 Arcalion 200 mg (30)

Anti-irritants/ antiprurigineux

1 Apaisyl

2 Homéoplasmine

3 Onctose Hydracort

Antiallergiques

1 Réactine

2 Zyrtecset

3 Humex Rhinite allergique

Antinauséeux

1 Vogalib

2 Cocculine cp

3 Cocculine doses

Antihémorroïdaires

1 Sédorrhoïde crème

2 Titanoréïne crème

3 Phlébocrème

Coricides

1 Duofilm

2 Kérafilm

3 Cochon

LES MEILLEURES VENTES

Otologie

1 Cérulyse gouttes

2 Auri-gouttes

3 Otoralgyl

Modificateurs d'humeur

1 Mildac cp

2 Procalmil cp

3 Millepertuis Arkogélules

Multivitamines

1 Alvityl

2 Uvestérol

3 Hydrosol

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


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