Micropodium

Pas de quoi crier victoire. Mais rien d'alarmant non plus. L'homéopathie suit son bonhomme de chemin, malgré les déremboursements, les fusions, l'absence de nouveauté ou d'épidémie hivernale.

Le marché des spécialités homéopathiques avec AMM représente un peu plus de 124 MEuro(s) quand celui de l'OTC dépasse largement le milliard ! Et pour cause : Oscillococcinum, spécialité emblématique, reste le numéro un des antigrippaux OTC, devant Actifed et Fervex. Homéoplasmine détient la 2e place des anti-irritants et antiprurigineux derrière Apaisyl, tout comme Camilia derrière Pansoral pour les antalgiques buccaux ou Cocculine comprimés et doses, 2e et 3e meilleures ventes des antinauséeux derrière Vogalib.

C'est donc avec une certaine sérénité que les laboratoires analysent les chiffres 2006 en comparaison avec l'OTC. Avec une croissance de 6,6 % en unités et de 2 % en valeur pour les spécialités conditionnées en boîte bénéficiant d'une AMM, chacun s'estime satisfait. Le marché a-t-il profité des déremboursements ? « Leur effet reste encore flou car, suivant les stratégies des labos, un produit déremboursé pourra percer en OTC ou, au contraire, s'effondrer au profit d'un concurrent », commente Marc Bouchu, directeur marketing de la division Médication familiale de Boiron.

Pas facile donc de savoir si les vagues de déremboursements de 2005 et 2006 ont réellement profité à l'homéopathie. Seule exception, la très bonne performance des produits pour la circulation, même si ce segment reste peu important avec seulement 5 % de parts de marché (en volume) de l'ensemble des spécialités d'homéopathie (+ 57 % en volume et + 33 % en valeur).

La catégorie des produits pour voie respiratoire selon la classification IMS Health, qui représente désormais 38,5% des parts de marché en unité (en 2005 elle représentait plus de 40 % du marché des spécialités), enregistre un tout petit + 0,1% en volume et - 3,5 % en valeur. Oscillococcinum reste leader mais accuse un léger recul de ses ventes tandis que Stodal ravit au L.52 la seconde place.

Attention à la GMS !

La stratégie de communication du géant Boiron n'y est sans doute pas pour rien. « Si nous n'avons pas sorti de nouveaux produits en 2006, nous avons maintenu notre effort en communication, » explique Marc Bouchu. Le deuxième segment du marché, les sédatifs et les modificateurs de l'humeur, se montre dans sa globalité plus dynamique. Avec une croissance de 16,5 % en volume, il grignote des parts de marché et passe de + 16,5 % à + 18,5% en volume. Une croissance qui profite aussi à L.72, grâce notamment à une campagne pub dans la presse.

Même satisfaction vis-à-vis de Biomag chez Lehning, meilleure vente de la catégorie vitamines/minéraux/suppléments nutritionnels devant Rexorubia : entre mars 2006 et mars 2007, le conditionnement en 90 comprimés voit ses ventes augmenter de 62 % en valeur. Les spécialités dermatologiques sont moins à la fête et opèrent un léger recul de 1,4 % en volume et 1,5 % en valeur. Une petite performance pour le 3e acteur du marché des spécialités homéopathique (12,5 % du marché en volume) qui inquiète Marc Bouchu : « Même si ce léger recul ne semble pas se confirmer pour 2007, nous devons être très vigilants car des produits techniques, notamment des pansements, sont désormais disponibles en GMS et bénéficient d'une communication offensive. Il y a un effort à faire en pharmacie en termes de mise en avant de l'offre pour éviter que ce marché ne glisse vers la GMS. » Un risque qui ne touche pas encore les antalgiques, 4e segment des spécialités homéopathiques pour IMS Health. Avec une croissance régulière de plus de 10 % en volume depuis plusieurs années (presque 18 % cette année !), les antalgiques sont en passe de rattraper les spécialités dermatologiques (respectivement 11,1 % et 12,5 % de parts de marché en volume). De bons résultats en partie attribuables au n° 1 Camilia (+ 21 %). « Le bouche-à-oreille, le conseil en pharmacie et enfin le nombre de naissances record en 2006 en sont les moteurs », précise Marc Bouchu. Une réussite à méditer : la femme enceinte et le bébé constituent les deux entrées principales quant aux premières demandes d'homéopathie des consommateurs.