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MÉDICAMENT REMBOURSABLE
Cahier spécial
Marchés 2006
Parcours de soins, déremboursements, génériques... La maîtrise médicalisée et le plan médicament touchent de plein fouet le remboursable. Par ailleurs, même si la France demeure le premier producteur européen de médicaments, les industriels tirent la sonnette d'alarme.
Si le marché mondial a connu une croissance de 7 % en 2006 par rapport à 2005, pour atteindre 643 milliards de dollars selon IMS Health, ce n'est pas aux marchés matures qu'il le doit, et encore moins à la France. Cette dernière, selon le Leem (Les Entreprises du médicament), a connu l'année dernière une « rupture ». Après des hausses de 5,9 % en 2005 et de 6 % en 2004, les industriels ont enregistré un modeste + 0,7 % de CA sur le médicament remboursable en ville, et ce malgré les sorties de la réserve hospitalière. Pour un CA de 19,7 milliards d'euros.
Selon IMS Health, les chiffres sont un peu moins désastreux : + 1,7 % pour le médicament remboursable prescrit (en prix public) et + 2,6 % pour le remboursable prescrit et non prescrit (18,8 milliards en PFHT). A titre de comparaison, l'hôpital (4,4 milliards en PFHT) affiche un + 4,3 % (tous médicaments confondus).
En volume, on compte 2,4 milliards de boîtes prescrites, délivrées et remboursables chaque année en France. Un chiffre stable sur les quatre dernières années. Le nouveau parcours de soins explique pour partie ce passement. Ainsi, l'évolution du nombre de diagnostics posés a chuté de près de 20 % en ORL, de 13 % en rhumatologie, de 11 % en dermatologie et en pédiatrie ! Avec une baisse des prescriptions à la clé...
Les déremboursements de mars 2006 ont également fait beaucoup de dégâts. 175 molécules déremboursées, 39 classes thérapeutiques touchées, 80 laboratoires concernés et 106 millions d'unités volatilisées entre mars-décembre 2005 et mars-décembre 2006. Soit un recul des ventes en volume de 61 % et de 50 % en CA.
Le poids de la prescription des produits déremboursés est passé de 88 % à 56 %, alors que dans le même temps celui de l'automédication est passé de 12 % à 44 %. Bilan : 12 boîtes perdues en prescription... pour 1 gagnée hors prescription !
Autre facteur marquant : le générique ! Ils ont connu une accélération significative en 2006, pour atteindre une boîte délivrée sur cinq. Soit 20 % de pénétration à la fin de l'année dernière sur l'ensemble du marché à fin 2006.
Au niveau international, on a atteint l'an dernier le niveau le plus haut en matière de pertes de brevets. Selon IMS Health, c'est un chiffre d'affaires de 18 milliards de dollars qui a été exposé au « risque » générique. En 2008, on passera à 25 milliards.
Les industriels sont donc plus que jamais condamnés à innover. Ils l'ont fait en 2006 avec 31 nouvelles molécules mises sur le marché au niveau mondial, dont Acomplia, Champix, Gardasil, Januvia, Lucentis, Revlimid ou encore Sutent. Il faut remonter à 2002 pour observer un nombre de lancements supérieur.
Au niveau des classes thérapeutiques, les hypolipémiants vivent leur dernière année en tête des ventes (35,2 milliards de dollars), en dépit d'une croissance de 8 % par rapport à 2005. Pfizer et Merck, qui dominent ce marché, vont faire grise mine. Les anticancéreux (34,6 milliards), en progression de 21 %, fondent sur la première place, pour le plus grand bonheur de Roche et Sanofi-Aventis, très présents sur ce segment. Suivent les traitements de l'appareil respiratoire (24,6 milliards) et les inhibiteurs de la pompe à protons (24,1 milliards).
Les ventes d'immunomodulateurs progressent également fortement (+ 20 %), tout comme celles des antagonistes de l'angiotensine II (+ 15 %) et des antidiabétiques (+ 13 %), une classe où il y a encore de la place pour de l'innovation.
Autre tendance lourde : pour la première fois, la moitié des blockbusters (ces médicaments qui génèrent plus de un milliard de dollars de chiffre d'affaires annuel) sont prescrits par des spécialistes (contre un quart seulement en 2000). Logique, les spécialités prescrites par les généralistes sont de plus en plus attaquées par les génériques. Au niveau mondial, seuls Cialis, Jasmine et Cymbalta (un antidépresseur) sont prescrits par des omnipraticiens. Il est évident que les industriels vont porter de plus en plus d'attention aux spécialistes qui prennent en charge des pathologies lourdes (cancers, épilepsie, sclérose en plaques, infections respiratoires...).
Si la France n'est plus dans le peloton des pays innovants, en revanche, elle demeure le premier producteur européen de médicaments avec 8 % de gagnés au niveau des exportations en 2006, pour un CA de 18 milliards. Les importations, elles, ont progressé de 13 %, à 11,9 milliards. Le Leem estime que le condiv actuel « est moins favorable aux exportations », la France ayant perdu ces 18 derniers mois plusieurs arbitrages industriels de localisation, « ce qui, à moyen terme, risque d'éroder la croissance des exportations ». Autre sujet d'inquiétude pour le Leem : une rentabilité qui s'avère faible en France (en moyenne 5 % après impôts), comparée à celle de ses voisins (15 % au Royaume-Uni).
En 2006, les ventes de médicaments remboursables prescrits ont progressé de 1,7 % en valeur, correspondant à 2,4 milliards de boîtes délivrées.
Minirévolution sur le marché français du médicament avec la mise à disposition du premier médicament biosimilaire, à savoir l'Omnitrope (somatropine) de Sandoz. Il présente les mêmes caractéristiques que le médicament de référence, le Genotonorm, de Pfizer, mais il ne s'agit pas pour autant d'un générique.
Sandoz va donc se tourner vers les médecins (uniquement hospitaliers, sur le marché de l'hormone de croissance) - et non les pharmaciens - pour faire une place à Omnitrope. Avec des économies potentielles à la clé pour la collectivité. En effet, la spécialité a obtenu son inscription au remboursement à un prix inférieur de 20 % à celui des autres hormones de croissance disponibles en France. Ce segment de marché affiche une valeur de 140 millions d'euros.
Trois autres marchés possèdent des principes actifs « biosimilarisables » : les insulines, les facteurs de croissance hématopoïétiques et les érythropoïétines. Ils représentent au total un chiffre d'affaires de plus de 1,1 milliard d'euros en France.
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