Ce qui pourrait être amélioré - Le Moniteur des Pharmacies n° 2682 du 16/06/2007 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2682 du 16/06/2007
 

Témoignages

Astreintes : arrêtons de vétiller !

On pouvait croire le paiement des astreintes réglé et surtout rodé. L'exemple de la Gironde montre que ce n'est pas le cas partout ! « Nous sommes le département où l'Assurance maladie a mis le plus de bâtons dans les roues des officinaux concernant les astreintes, regrette François Martial, président du syndicat départemental. Ils ont tout essayé pour en arriver là où nous sommes. Par exemple, nous leur fournissons la liste des pharmacies de garde mais ils ne savent pas la traiter. C'est une grosse CPAM, c'est vrai, avec beaucoup de turnover, mais il n'est pas normal qu'elle se montre incapable de retrouver plus de 50 % de nos pharmaciens. La direction de la caisse nous a fixé toute une série de contraintes techniques. En plus d'un nouveau formatage des données, elle exige ainsi qu'on lui communique le numéro personnel des pharmaciens et non plus celui des pharmacies ! »

Autre grief retenu au titre des lourdeurs administratives, la difficulté d'adapter les secteurs de garde aux contraintes saisonnières. « J'ai des centaines de milliers de vacanciers pendant les mois d'été sur la côte. Il est donc normal que je diminue les secteurs à Bordeaux pendant l'été, pour les augmenter près des plages. Eh bien, tout ça secoue les fonctionnaires de la CPAM. Comme d'un seul coup on leur demande moins de sous à Bordeaux, ils ne comprennent pas... On a parfois l'impression de traiter avec une bureaucratie stalinienne », s'énerve le président, qui réclame le paiement des astreintes des mois de janvier et février dernier, avant de régler le cas de celles de l'été 2006. S'il admet que la CPAM-33 a été échaudée par l'escroquerie aux astreintes d'un pharmacien girondin, il entend que « les professionnels ne soient pas tous considérés comme des truands ».

En finir avec les prescriptions sans ordonnance

On connaît la difficulté posée par le médecin régulateur qui renvoie sur les officines des patients sans ordonnance. « Grenoble l'a fait un certain temps. Il a fallu taper du poing sur la table et demander aux centres 15 de faire marche arrière : il faut passer par la prescription », insiste Gilles Bonnefond, secrétaire général de l'USPO.

Ce problème de régulation, on le retrouve ailleurs, comme en Midi-Pyrénées, où elle est assurée par l'association régionale des médecins libéraux. « On ne peut pas continuer comme cela, la régulation pose trop de problèmes et j'ai interpellé l'ordre des médecins pour examiner ensemble comment on peut améliorer le système », indique Michel Laspougeas, président du conseil régional de l'ordre des pharmaciens.

Car, au bout de la chaîne, évidemment, les pharmaciens de garde se retrouvent face à des cas compliqués : ordonnances non transmises, difficultés d'interprétation des patients, confusions et problèmes légaux... « Je suis inquiet, affirme Bernard Champanet, président du syndicat du Tarn. Faudra-t-il attendre un drame pour réagir ? Les pouvoirs publics doivent prendre en compte cette réalité. Je ne veux pas jouer au médecin mais j'entends les gens, ils sont mécontents. Il faut discuter avec les médecins pour réorganiser un véritable système de garde de proximité. Je souhaiterais aussi que l'on réfléchisse à la création d'une maison médicale avec une pharmacie intégrée. »

Etre en phase avec les gardes médicales

Alain Gulleminot, président du syndicat de Loire-Atlantique, aimerait une harmonisation des permanences des pharmaciens et des médecins généralistes ou des maisons médicales. Un souhait largement partagé par ses confrères un peu partout en France. « Jusqu'à présent, nous n'avons officiellement pas le droit de connaître les numéros de garde des médecins et nous devons nous adresser au centre 15 », déplore-t-il, rappelant que les gardes sont une obligation de santé publique pour le pharmacien alors qu'elles sont effectuées sur la base du volontariat pour les médecins.

D'où le sentiment général d'injustice au regard du tarif d'astreinte de 75 Û offert aux pharmaciens contre 150 Û aux médecins. Plusieurs responsables syndicaux ont la même réaction : « Valons-nous seulement la moitié d'un médecin ? »

Enfin, une suggestion est émise par la Loire : une garde courant jusqu'à 22 heures en rapport avec la garde du médecin. Passé ce délai, serait envisagé le renvoi vers une pharmacie de ville ouverte toute la nuit. n

Se coordonner avec la maison médicale

Sur tout le territoire, la multiplication des maisons médicales (MMG) de garde posera des problèmes d'adaptation. Ainsi, en Seine-Maritime, le syndicat envisage un repositionnement du secteur en fonction de celui de la maison médicale de garde.

Autre cas de figure, à La Réole, à l'orée de la forêt des Landes, les pharmaciens, qui ont subi une série d'intimidations et de braquages, se sont coordonnés avec les médecins pour organiser les gardes. « Tout est centralisé à la maison médicale. Les consultations se font à la MMG. Jusqu'à minuit les appels passent par la pharmacie. Au-delà, la MMG prend le relais et c'est le médecin qui communique en cas de besoin le numéro de téléphone du pharmacien de garde au patient », résume François Martial, président du syndicat de la Gironde. n

La régulation par la police fait débat

Le système a fait ses preuves dans maints départements, comme dans le Haut-Rhin. Depuis le 1er janvier 2002, pour connaître le pharmacien de garde l'usager téléphone à la police (s'il réside en zone urbaine) ou à la gendarmerie (s'il réside en zone rurale). Plus de croix verte allumée donc, pas plus que de numéro de téléphone dans le journal. Les forces de l'ordre appellent le pharmacien pour lui annoncer que M. Untel arrive. Le patient est attendu et le sait, les rapports en ont été modifiés et les préparatrices qui redoutaient d'effectuer les gardes n'ont plus de réticence, affirment-elles. Depuis, « la majorité des clients vient entre 20 et 22 h, après avoir vu le médecin ». Si Alain Boetsch, responsable de la communication au syndicat des pharmaciens du Bas-Rhin, souhaiterait qu'on en fasse autant dans son département - « mais la préfecture bloque » -, Stéphane Robinet, membre du bureau du syndicat, y a toujours été opposé : « Les forces de l'ordre n'ont rien à voir avec la permanence des soins. » Un débat récurrent.

Banlieue : répondre au sentiment d'insécurité

En Seine-Saint-Denis, les 12 secteurs de garde ont été réorganisés il y a deux ans. « Depuis nous n'avons pas trop de problèmes », explique Bruno Lamaurt, président du syndicat. Mais à Montreuil, Pantin et Aulnay-sous-Bois, les mêmes pharmacies sont ouvertes tous les dimanches. Dans le 93, le volontariat prévaut. Certaines pharmacies refusent encore de prendre leur tour de garde dans ce département jugé parfois difficile du point de vue de la sécurité.

« Il s'agit davantage de la peur de l'insécurité que de l'insécurité elle-même », selon Bruno Lamaurt. Une ou deux officines, inscrites au tableau de garde, refusent d'ouvrir parce qu'elles ont été braquées. Chaque année, le syndicat prend rendez-vous avec la DDASS pour faire le point. C'est ainsi que l'année dernière le syndicat a pu gérer le problème qu'il rencontrait avec certaines mairies qui souhaitaient avoir une pharmacie ouverte les jours fériés dans leur commune.

Dans le Val-de-Marne, les soucis sont d'ordre différent. « Il y avait des difficultés à faire venir un véhicule de police à chaque fois, donc la préfecture a demandé que nous baissions le nombre de secteurs, explique Patrick Zeitoun, secrétaire général de l'Union des pharmaciens de la région parisienne. Nous ne sommes pas favorables à cette demande. Les secteurs seraient plus grands et nous aurions des problèmes avec les maires. Nous ne sommes pas enclins à avoir des secteurs gigantesques. » n

Ouverture le dimanche : radical 94 et insoluble 75

On connaît le principe du pharmacien qui, bien que n'étant pas de garde, ne joue pas le jeu et ouvre le dimanche matin pendant le marché, captant au passage une clientèle qui échappe à ceux qui s'astreignent à assurer leur tour de garde... Dans le département du Val-de-Marne, ce type de problème a été radicalement résolu : la préfecture a pris un arrêté interdisant l'ouverture des pharmacies en dehors du tableau de garde.

A Paris, le problème des gardes n'est pas un problème de désertification, bien au contraire. Il y a trop de pharmacies ouvertes les dimanches et jour fériés. « On peut en compter une centaine tous les dimanches », souligne Bruno Lamaurt, président de l'Union des pharmacies de la région parisienne.

La gestion des tableaux de garde dans la capitale n'est pas gérée par les syndicats mais par la direction départementale des Affaires sanitaires et sociales. « Et pourtant, c'est le syndicat qui reçoit les plaintes des pharmaciens concernant ce surplus d'ouvertures », se désole-t-il. n

Pas de mainmise hospitalière

Dans le cadre des projets qui se dessinent, au niveau de la permanence des soins, Alain Boetsch, responsable de la communication au syndicat des pharmaciens du Bas-Rhin, veut à tout prix « éviter un encadrement par l'hôpital ou une géographie qui collerait à celle des agences régionales de l'hospitalisation ». Globalement, en Alsace les gardes fonctionnent plutôt bien. « On pourrait peut-être améliorer un peu le système en évitant de faire une journée et une nuit d'affilée, comme cela arrive encore parfois, notamment après un jour férié », indique Stéphane Robinet. n

Et si l'Ordre s'en occupait ?

Je ne comprends pas pourquoi la gestion des gardes est assurée par le syndicat, estime François Géhin, président du syndicat des Hautes-Pyrénées. C'est une organisation lourde dont tout le monde bénéficie, alors que 35 % au moins des confrères n'adhèrent pas. Je n'y vois que des contraintes, c'est une perte de temps. Je pense que ce devrait être le boulot de l'Ordre qui est le seul dénominateur commun entre nous tous. Il faudrait pour cela, bien sûr, donner plus de moyens aux délégués départementaux, mais, pour moi, c'est la véritable solution. »

Le président du conseil de l'Ordre de Midi-Pyrénées, Michel Laspougeas, n'est pas du tout d'accord avec cette vision des choses. « C'est un problème matériel qui n'est pas du ressort de l'Ordre, argumente-t-il, et qui relève d'une convention nationale dans laquelle nous n'avons pas à intervenir. L'Ordre regarde en revanche s'il n'y a pas de carence dans l'application, mais le système est maintenant bien organisé. » n

SOS Gardes, la technologie Internet au service de la permanence des soins

La plus grande fierté de la Loire réside dans la création du site http://www.sosgardes.fr mis au point par Infoworks. Cette société stéphanoise a développé et mis en ligne un outil de gestion partagé des gardes qui permet aux responsables syndicaux de créer ou de modifier en direct les plages de gardes par secteur géographique. Les avantages sont multiples : tableau de gardes consultable en permanence, possibilité de télécharger les attestations à envoyer à la CPAM pour obtenir le paiement des astreintes effectuées. Le site permet enfin à tout le monde, patients comme services d'urgence, de connaître la pharmacie de garde la plus proche et de disposer d'un plan d'accès. En outre, il existe un service vocal (0 825 70 15 15). « Ça nous allège le travail de secrétariat », confirme Gilles Bonnefond, secrétaire général de l'USPO.

Actuellement testé dans la Drôme et l'Ardèche, SOS Gardes doit dans un premier temps être étendu dans l'Isère, la Savoie et la Haute-Savoie, l'Allier et le Puy-de-Dôme.

Résogardes au 32 37

Inspiré par le réseau varois PharmaGardes, le futur dispositif Résogardes, dont le principe a été voté en assemblée générale de la FSPF cet automne, pourrait être expérimenté courant juin dans le Morbihan et les Côtes-d'Armor, avant d'être étendu à la région PACA en septembre, aux Pays de la Loire en octobre, puis progressivement à l'ensemble de l'Hexagone.

Le principe : après avoir composé un numéro banalisé, vraisemblablement le 32 37, le patient tape son code postal pour obtenir l'adresse de l'officine de garde la plus proche. Le public aura plusieurs orientations possibles, décidées par les syndicats départementaux eux-mêmes. Soit une voix neutre indiquera l'adresse de la pharmacie la plus proche, soit la police ou la pharmacie de garde prendra l'appel.

Le 18 avril a été fondée la société anonyme Résogardes. Le recrutement d'une dizaine de personnes devrait être lancé d'ici quelques jours, principalement des opérateurs téléphoniques, informaticiens et pharmaciens. 50 000 euros vont être investis pour l'acquisition d'un numéro unique. Le coût du matériel, des logiciels et des interfaces devrait atteindre 40 000 euros.

Depuis quelques mois déjà, le pharmacien rennais Lucien Désert planche sur la réalisation de cet outil. « Nous étudions tous les systèmes de garde actuels et nous avons déjà réalisé vingt à trente maquettes différentes. Car, d'un département à l'autre, les situations diffèrent et il n'est pas question de détruire ce qui marche. En définitive, le système devra pouvoir se greffer aux dispositions locales particulières. Il faudra digérer moult informations, les diffuser par une voix anonyme, transférer l'appel à la gendarmerie - faudra-t-il encore qu'elle dispose alors de l'information ? -, gérer des contre-appels, etc. », explique Lucien Désert

Totalement gratuit pour les titulaires, le système Résogardes sera facturé 0,34 centime l'appel aux utilisateurs. L'information sera-t-elle gratuitement disponible sur Internet à l'adresse Resogardes.com, dont le nom de domaine est réservé ? Le pharmacien rennais préfère pour l'instant rester discret sur cette question.

Dès cet été, une importante campagne de communication devrait être lancée pour informer le grand public.

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