Blogbuster - Le Moniteur des Pharmacies n° 2680 du 02/06/2007 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2680 du 02/06/2007
 

LE BLANC-MESNIL

Initiatives

Les cabinets de transactions dédaignent son officine. Qu'à cela ne tienne : avec l'aide de son mari, Anne Caisman crée un blog pour tenter de la vendre. « On n'est jamais mieux servi que par soi-même » pourrait être la devise du couple.

Leur officine du Blanc-Mesnil fait partie de ces pharmacies mal vues des professionnels de la transaction. Vous savez, celles qui sont, par exemple, situées dans une banlieue de mauvaise réputation, en l'occurrence en Seine-Saint-Denis, et qui n'atteignent pas la « taille critique » de chiffre d'affaires prétendument requise pour présenter un potentiel de développement suffisant. « Après avoir contacté des cabinets de transactions, il y un an, deux seulement se sont vaguement intéressés à nous, témoigne Anne Caisman, titulaire de cette officine depuis 1991. Les autres nous répondaient, sans même se déplacer pour voir la pharmacie, de les rappeler si nous voulions vendre à 30 % ou 40 %. Hallucinant ! On n'a jamais rappelé... » D'autant que son officine, dont la gestion est en bonne partie assurée par son mari Thomas (non pharmacien), apparaît extrêmement rentable. Même si elle ne fait « que » un million de chiffre d'affaires. « Nous, on pensait vendre à 70 % au moins... Ces gens-là nous ont un peu refroidis. Mais on les comprend, après tout, ils sont là pour faire du business. »

Zéro euro d'investissement

Pas pressé, le couple finit par se dire qu'il faudra se débrouiller seul et que le meilleur moyen de faire savoir qu'ils veulent vendre est d'utiliser le canal d'Internet. Idée lumineuse et soudaine : un blog ! Pas cher, ludique, inédit... En effet, non seulement le monde de la pharmacie n'encombre pas la blogosphère - c'est le moins que l'on puisse dire -, mais une telle démarche semble être une véritable première. En fait, c'est le succès du blog Pharmaciensencolere, mis en place à l'occasion de la campagne présidentielle, qui fait germer l'idée. Les conseillers techniques ? Leurs enfants ! « Nous avons commencé par regarder les outils proposés par les radios pour ados, genre Skyrock. Mais comme nous voulions quelque chose de sobre, sans pub, nous avons fini par utiliser le site Zeblog, sur lequel nous sommes tombés en surfant. »

Quatre cents visites en deux mois

Quelques manipulations plus tard, http://pharmavendre.zeblog.com était né.

« Créer un blog, c'est très simple, rapide et ludique, indique Thomas Caisman. Nous avons choisi un modèle de présentation type. Le plus long, c'est ensuite de l'alimenter en rédigeant les billets. » Coût de la démarche : 0 euro, Anne et Thomas Caisman ayant opté pour un blog sans mot de passe avec un espace réservé de seulement 10 Mo (ils n'ont pas prévu d'y insérer des fichiers lourds, si ce n'est quelques images de la pharmacie). Pour un espace de 200 Mo, il leur en aurait coûté... 3 euros par mois.

Côté fréquentation, on dénombre quatre cents visites deux mois après l'ouverture du blog, mais, il est vrai, guère de touches du côté d'éventuels acquéreurs. « Nous aurions peut-être dû l'appeler plus explicitement "pharmacieavendre" pour qu'il soit mieux référencé par les moteurs de recherche, note Thomas. Mais n'étant pas pressés, notre objectif premier était de l'étoffer avant de le faire connaître. Avec l'existence du blog, nous pensions passer une petite annonce originale, sortant vraiment de l'ordinaire, pour attirer l'attention. Nous avons fait cette démarche en nous amusant. »

En attendant, visite de l'officine, de l'appartement et du jardin sont au menu du blog, photos à l'appui. Les principaux indicateurs économiques de l'officine ne sont évidemment pas oubliés, vu la finalité du site... « Avec Internet, l'envoi de toute information utile à une personne intéressée sous forme de fichier PDF devient un jeu d'enfant, souligne Anne. A commencer par des plans, les bilans ou le bail. Mais le blog est surtout une première approche qui permet de gagner du temps, à la fois pour nous et pour une personne intéressée. Inutile de se déplacer si notre officine ne correspond pas du tout aux souhaits d'un éventuel acquéreur... »

Quant au fond, on sait l'Ordre chatouilleux sur l'utilisation d'Internet. « Pourtant, ils ne m'ont pas répondu la première fois que je les ai contactés pour savoir ce que nous pouvions mettre sans problème sur le blog », note Thomas. La deuxième fois sera la bonne, avec enfin une réponse de l'institution, apparemment étonnée de cette démarche inédite : si l'information donnée sur le blog n'est pas discriminatoire pour des confrères, qu'il n'y a pas de prix et surtout pas de vente de produits, il n'y a pas de problème.

Certes, l'Ordre aurait préféré un accès via un mot de passe. Cela aurait été totalement contre-productif compte tenu de la démarché présente du blog ! Mais il est vrai qu'en l'absence de toute référence à des produits, le principe du mot de passe ne se justifiait pas vraiment a finalement admis l'interlocuteur ordinal.

Régime sans SEL

L'un des prochains billets d'humeur à être mis en ligne sera leur commentaire sur le marché des transactions, qu'ils ont du mal à cerner. « Les cabinets se concentrent sur les officines de plus d'1,5 million d'euros, analyse le couple Caisman. Mais si on a un peu partout l'opinion des professionnels, des agences, on n'a pas vraiment celle des acheteurs ! Du coup, on délaisse des officines qui méritent plus l'attention, comme la nôtre. » Anne Caisman admet très bien gagner sa vie dans cette zone pavillonnaire. « Je reçois un nombre restreint de clients mais pour un panier moyen supérieur à la moyenne, à près de 44 euros, mes frais de personnel atteignant à peine 2 % du CA. Conséquence, j'ai largement le temps de m'occuper de chacun de mes clients (dans les 70 par jour). J'ai le temps de discuter, de faire totalement mon métier de conseil et d'accueil sans être obsédé par le tiroir-caisse. Je vois maintenant les enfants des clients que j'avais il y a 15 ans », se plaît-elle à rappeler. « La grande mode, c'est gros CA et SEL. Mais on peut vivre sans SEL, non ? », ironise-t-elle, avant de se souvenir : « J'ai été assistante dans une officine où on était quinze. Le titulaire était en fait un businessman. »

Deux mois après la création du blog, Anne et Thomas Caisman n'avaient toujours pas éprouvé le besoin de prévenir leur expert-comptable ou de se rapprocher de « conseils ». « Nous nous sommes rendu compte au fil des années que quand nous faisions les choses nous-mêmes, ça se passait mieux. Cela avait déjà été le cas sur une étude de notre zone de chalandise. » Pour ça, le blog est idéal et Anne pense réutiliser ce type d'outil dans sa future vie pharmaceutique. « Espérons que cela donnera des idées à des confrères. Le blog peut être utile pour plein de choses, et même, pourquoi pas, pour de la formation continue », lance la titulaire, qui s'interroge d'ailleurs sur une « reconversion » du comptoir vers la formation, un domaine qui la passionne. « Et pourquoi pas imaginer un jour un portail de blogs pharmaceutiques ? » L'idée est lancée.

Envie d'essayer

Les plus

Comme le marché des transactions ne s'intéresse pas à certaines pharmacies, Internet et les blogs peuvent permettre de se faire connaître.

L'outil est d'une souplesse et d'une facilité rares pour échanger données et informations avant une éventuelle rencontre.

Créer un blog, c'est simple, rapide et ludique.

C'est gratuit !

Les moins

Réaliser le blog n'est pas le tout. Une fois l'outil créé, il faut le faire connaître et donc avoir des astuces de référencement.

Il faut aussi le faire « vivre », l'alimenter en billets d'humeur. Cela prend du temps.

L'Ordre reste finalement très flou sur ce qu'on peut y mettre ou pas. Il faut rester prudent, d'autant que l'accès est libre.

Conseils

« Faites les démarches vous-même plutôt que de déléguer. »

« Restez optimiste et ne prenez pas forcément pour argent comptant tout ce qu'on entend. Le discours ambiant dans le milieu pharmaceutique est pessimiste. Nous, nous ne l'avons jamais été. Même quand on a vu que les cabinets de transaction ne voulaient pas de nous ! »

« Quel que soit le sujet du blog que vous allez créer, amusez-vous pour le faire. »

Prévoyez-vous de fermer votre officine le 30 mai prochain en signe de protestation ?


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