La santé ne sera pas élue présidente - Le Moniteur des Pharmacies n° 2676 du 05/05/2007 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2676 du 05/05/2007
 

PRÉSIDENTIELLE

Actualité

La santé a été quasi absente du débat qui a eu lieu mercredi entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Demain les électeurs français éliront leur nouveau Président. Parmi eux, les pharmaciens restent très majoritairement en faveur du candidat de l'UMP.

Sarkozy : 63 % ; Royal : 37 %. Cette consultation réalisée pour Le Moniteur par Direct Medica auprès de pharmaciens titulaires la semaine dernière* montre que ceux d'entre vous qui avaient prévu de choisir un autre champion au premier tour de la présidentielle se répartissent à peu près également ici entre les deux finalistes. Pas évident en tout cas de se prononcer clairement au vu de leur programme santé, dont nous avons rappelé les principaux points la semaine dernière (voir Le Moniteur n° 2675 et notre spécial présidentielle du n° 2670). Le débat télévisé de mercredi soir entre les deux candidats l'a confirmé : la santé, ce n'est pas leur tasse de thé. C'était pourtant l'un des chapitres prévus par les journalistes. Il a à peine été effleuré, si ce n'est pour évoquer l'hôpital... et la dette. Le temps d'une passe d'armes sur les 35 heures, la promesse d'embauches à l'hôpital public et l'assurance des deux candidats de lutter contre le déficit.

« Démédicalisation » du débat

La France a-t-elle besoin d'une nouvelle politique de santé ? Finalement, ce ne sont pas les candidats mais leurs « sherpas », Dominique Paillé (député des Deux-Sèvres) pour Nicolas Sarkozy, et Jean-Marie Le Guen (député de Paris) pour Ségolène Royal, qui ont tenté de répondre à cette question. C'était mercredi matin, à Sciences-Po Paris, sous l'égide de Décisions santé, table ronde où tout le monde a admis que la santé était l'un des parents pauvres de cette campagne. « Pas sûr qu'il faille s'en désoler », y a lancé Alain-Gérard Slama, professeur à Sciences-Po. Car tous les intervenants, à commencer par Didier Tabuteau, titulaire de la chaire santé de Sciences-Po, le constatent : on assiste désormais systématiquement à une « démédicalisation » du débat sur la santé. Même la prévention investit sur certains sujets le champ du pénal plus que de la santé. « Et l'intrusion du financement dans ce débat a abouti à une défiance entre le malade et le professionnel de santé », relève Alain-Gérard Slama.

Sur le plan de l'organisation des soins, que prévoient les deux candidats concernant la loi de 2004 ? L'essai est à transformer pour l'UMP. « Nous la remettrons à plat, répond Jean-Marie Le Guen. Car face à la baisse de la démographie médicale, toutes les failles de notre système sont en train d'apparaître. La France n'a pas avancé sur l'évolution des pratiques médicales, ni sur le plan santé publique-politique d'offre de soins. » Aller plus loin ? « Oui, réagit le représentant de l'UMP. Mais la santé est un domaine compliqué à réformer. Il faut le faire étape par étape. »

Franchise : le financement de plus

Et puis que faire pour financer l'assurance maladie sans peser sur l'emploi ? La TVA sociale ? « Certes, cela permettra de transférer 0,75 point de cotisation patronale sur la TVA, mais ça n'apportera pas un sou de plus, réagit Jean-Marie Le Guen. Sauf si Nicolas Sarkozy nous dit qu'il s'agit de TVA - en plus - sans diminuer les cotisations. » En tout cas, personne ne conteste que le PLFSS 2008 sera très dur.

Forcément, les débatteurs auront évoqué la franchise proposée par l'UMP sur le médicament, les consultations, les analyses et l'hôpital : « Un élément structurel de l'évolution des dépenses. » Comprenez : pérenne et à géométrie variable. Histoire de responsabiliser mais aussi de combler les manques de financement subsistant après la réforme de 2004, admet Dominique Paillé. La crainte du PS : que la mesure soit contre-productive en maintenant les gens loin des soins primaires. Reste qu'il faudra agir sous peine de voir le taux moyen de prise en charge passer de 75 à 50 % dans les prochaines années, analyse Didier Tabuteau. Ou de réserver la Sécu pour la fin de vie et les maladies graves...

Enfin, la régionalisation est en marche de tous côtés : il faudra s'attendre à discuter un jour avec la Région pour avoir des dotations financières, dans un système qui sera géré et coordonné par des agences régionales de la santé incitant par ailleurs au travail effectif en réseaux. La différence entre les centaines de maisons médicales de Sarkozy et celles de Royal ? Les premières recevront juste un coup de pouce au démarrage, les secondes auront un soutien des pouvoirs publics dans le temps.

Quant à l'Europe, il faudra accepter une certaine forme de circulation, selon Dominique Paillé, rappelant par ailleurs que « les résultats de l'Allemagne avec ses réformes sont assez probants ».

* Du 23 au 27 avril sur un échantillon représentatif de 114 titulaires.

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