ce que vous en pensez

Catherine Blanc, Paris

J'ai une clientèle essentiellement de passage et de bureau. Si un produit est manquant, elle se propose de repasser le lendemain. Le portage est donc exceptionnel et les demandes qui proviennent de personnes âgées sont insignifiantes. Un système de livraison comme Pharma Distribution (voir Le Moniteur n° 2666) n'a donc pas sa place dans mon officine. Le portage sur le lieu de travail pose des problèmes de confidentialité si le prestataire remet le paquet en main propre. S'il est déposé à l'accueil, le patient risque de l'oublier. En revanche, je pense que ce système peut rencontrer un succès dans les villes de province.

Pierre Aubert, Vitrolles (Bouches-du-Rhône)

J'assure avec plaisir un portage pour les clients habituels et qui en ont vraiment besoin. Je n'envisage pas de payer quelqu'un pour faire ce travail à ma place, d'autant qu'il faut pouvoir être certain qu'il ne détournera pas la clientèle. Un système comme Pharma Distribution peut être intéressant pour une pharmacie qui est soumise à une forte concurrence et qui cherche à se démarquer. Néanmoins, sa généralisation à toute la population me paraît dangereuse car elle n'irait pas dans le sens d'une responsabilisation du patient vis-à-vis de son ordonnance. A l'extrême, en livrant ainsi tout le monde le pharmacien pourrait travailler à guichet fermé, uniquement par Internet ou par téléphone.

Bertrand Gosselin, Thumesnil (Nord)

Il nous arrive de livrer des personnes âgées qui ne peuvent pas se déplacer. Ce service doit rester cantonné aux pharmacies de quartier qui n'ont pas de grandes distances à parcourir pour acheminer les médicaments. Mais le portage par un tiers peut aussi devenir une prestation et un moyen de différenciation entre officines et, si l'on n'y prend garde, de sollicitation et de détournement de clientèle. Le portage a aussi un coût pour le pharmacien qui pose le problème de sa rémunération et de sa prise en charge éventuelle par la Sécu, au même titre que les déplacements des médecins et des infirmières.

Yves Chabert, Chambéry (Savoie)

Les sociétés de portage peuvent rendre service aux pharmaciens et contribuer en campagne au maintien d'un service de proximité et à la lutte contre la désertification. Il est donc normal qu'elles soient rémunérées. Je ne suis pas opposé à leur existence à partir du moment où l'Ordre a défini les règles du jeu : remise d'un paquet scellé portant une étiquette avec le nom et le prénom du patient, le nom des spécialités, le mode d'emploi, etc. Le portage peut devenir un outil de défense professionnelle contre ceux qui cherchent à faire tomber notre monopole en misant sur ce même service.