Les plus petites paient - Le Moniteur des Pharmacies n° 2673 du 14/04/2007 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2673 du 14/04/2007
 

BILANS 2006

Entreprise

L'étude des bilans 2006 réalisée par KPMG Entreprises confirme l'écart grandissant entre grandes et petites officines. Mais, fait nouveau, même les moyennes sont décrochées. Pour exemple, les pharmacies supérieures à 1,5 million d'euros voient leur CA progresser de 4,23 %. Et elles sont les seules à voir leur marge et leur rentabilité croître. Il ne fait pas bon aujourd'hui être petit !

Avec une année 2006 annoncée comme la pire de la décennie, il y avait urgence à sortir rapidement les bilans des pharmacies pour pouvoir confirmer, infirmer ou nuancer les estimations de la première heure. KPMG Entreprises l'a bien compris et vient de sortir avec plus de deux mois d'avance les moyennes professionnelles de ses clients. L'échantillon représentatif étudié est certes un peu plus restreint qu'à l'accoutumé (722 pharmacies), mais il reste significatif des tendances lourdes de l'économie des officines.

Un CA hors taxes en progression

Concernant l'activité, on s'attendait au pire : une stagnation du CA voire une légère régression. Il en est rien. Le CA hors taxes de la pharmacie moyenne a encore progressé en 2006 de 3,44 %, même si le rythme a été moins soutenu qu'en 2005 (+ 3,90 %). KPMG n'est pas le seul à constater une hausse aussi inattendue que correcte de l'activité des officines. Déjà Interfimo, dans sa plaquette des prix de cessions 2006, fait état d'une progression de 3 % environ, qui toutefois se ralentit.

Ce résultat en décalage avec les prévisions des cassandres peut s'expliquer par le lissage des effets délétères du plan médicament sur deux exercices (2006 et 2007), en raison du lancement différé de certaines mesures (l'arrivée des grands conditionnements par exemple) mais, surtout, par la méthodologie de l'étude. « Environ un tiers des exercices étudiés sont clos au 31 décembre 2006, les autres l'ont été en cours d'année. Les résultats sont donc anormalement bons puisqu'ils prennent en compte la fin de l'année 2005 ou le début de l'année 2006 où la croissance était encore au rendez-vous », précise Patrick Bordas, expert-comptable, responsable national du réseau santé de KPMG.

Ce qui n'est, en revanche, pas surprenant, c'est la dispersion de l'évolution de l'activité autour de cette moyenne. « Il y a une prime à la taille, l'écart devient de plus en plus significatif entre les moyennes et les grandes officines », constate Patrick Bordas. Même si les progressions se ralentissent, les officines de chiffre d'affaires supérieur à 1,5 MÛ prennent leurs distances - avec un taux de 4,23 % - sur les officines de CA compris entre 800 kÛ et 1,5 MÛ (+ 2,94 %). Les officines de moins de 800 kÛ font un peu mieux qu'en 2005 mais restent en deçà de 2,5%. Comme en 2005, « l'activité a été dopée par la sortie de médicaments de la réserve hospitalière à hdiv de 5 milliards d'euros ». KPMG Entreprises constate également un effritement du taux de marge après remises commerciales de 0,12 point en moyenne, passant de 27,65 % à 27,53 %. « Cette baisse peut sembler modeste, mais elle contribue encore à éroder la rentabilité des entreprises officinales », souligne Patrick Bordas.

Les disparités sur la diminution du taux de marge en fonction de l'importance du CA interpellent encore plus que les autres années. L'amplitude de la baisse avoisine 0,8 point (27,28 % contre 28,03 % en 2005) pour les petites officines (#lt; 800 kÛ), alors que les officines de plus de 1,5 MÛ ne perdent pratiquement rien (0,03 point).

En 2006, KPMG Entreprises a constaté une baisse du taux de marge (- 0,12 point en moyenne) et un recul marqué de la performance commerciale et de gestion (- 0,17 point). Quant au chiffre d'affaires hors taxes, il progresse plus lentement, à 3,44 %. Les frais de personnel, eux, restent stables.

Baisse de la marge en valeur pour les petites officines

Ce n'est pas tant le niveau du taux moyen de marge brute après remises qui inquiète mais ses perspectives d'évolution à moyen terme. Au cours de ces dix dernières années, l'augmentation du CA a toujours compensé la baisse du taux de marge, faisant que la marge ne baissait pas en valeur absolue. Ce n'est plus le cas pour les officines de moins de 800 kÛ de CA, qui enregistrent une perte de marge comprise entre - 2% et 0 %. L'effritement de la marge disparaît dans la tranche juste supérieure. Les pharmacies de 800 kÛ à 1,5 MÛ de CA dégagent une marge étale par rapport à 2005. Enfin, seules les pharmacies de plus de 1,5 MÛ voient leur marge progresser entre 0 % et 2 %.

A noter que ces résultats de marge tiennent compte de l'incidence du plafonnement des marges arrière à 20 % en 2006 qui a certainement amplifié la baisse chez les forts substitueurs. Avant 2006, la coopération commerciale sur le générique a eu, au contraire, un effet amortisseur sur la dégradation du taux de marge. Selon plusieurs observateurs, l'augmentation des volumes de substitution sur 2006 a permis de compenser les pertes de marge liées aux baisses de prix de 15 % à 19 % au sein du Répertoire, mais pas les pertes de marges arrière.

25 % dans trois ans ?

L'analyse par typologie d'officine montre aussi que les moyennes masquent des disparités importantes selon que le pharmacien exerce en milieu rural, urbain ou centre commercial. Là encore, l'effet de taille est présent puisque ce sont les pharmacies de centre commercial qui progressent le mieux en CA (+ 4,64 %), devant les pharmacies rurales (+ 3,65 %) et urbaines (+ 3,28 %).

De même, leur taux de marge est meilleur (27,71 %) en raison de la part importante en CA et en marge de la parapharmacie dans la structure des ventes. Avec respectivement des taux de marge de 27,48 % et 27,55 % en zones urbaine et rurale, l'érosion 2006 a placé durablement les officines, toutes catégories confondues, sous la barre des 28 %.

Indiscutablement, 2006 est une année charnière. Même si nul n'est prophète sur l'évolution de l'économie de l'officine, le scénario le plus vraisemblable est l'émergence d'un taux moyen de marge brute après remises qui se profile aux alentours de 25 % à 26 % dans les trois années à venir. Cette perspective pose clairement la question de la survie des petites officines et de la réorganisation du réseau officinal.

L'évolution du ratio « Performance commerciale et de gestion » (PCG = EBE corrigé des cotisations sociales du titulaire et de la CSG déductible) confirme cette crainte. « Après un recul de 0,55 point en 2005, la rentabilité s'érode à nouveau de 0,17 point en 2006, livre Patrick Bordas. La baisse est générale et les officines les plus petites sont les plus touchées avec une érosion de la performance supérieure à 4 points. »

Anticipant la dégradation des résultats, les pharmaciens ont serré la vis sur les frais de personnel qui restent stables (10,14 %), ce qui tranche avec les années précédentes. Les petites officines gagnent même 0,57 point sur ce poste par rapport à 2005.

Autre ratio à accuser le coup : le taux de résultat moyen qui, en quelques années, est tombé de 9,53 % en 2003 à 8,18 % en 2006 (- 1,35 point). Toutefois, la tendance s'est inversée pour les officines les plus importantes dont la rentabilité s'améliore de 0,37 %.

La palme de la rentabilité aux pharmacies à deux diplômes

Pour la première fois, KPMG a stratifié son échantillon en fonction du nombre de diplômés par officine, en filtrant selon le barème du décret de février 2006 : un diplômé par tranche de 1,1 MÛ de CA HT. Il ressort que les officines avec deux diplômés sont les plus rentables (8,32 % de résultat pour la tranche de 1,1 MÛ à 2,2 MÛ, contre 7,99 % pour la tranche inférieure à 1,1 MÛ et 7,07 % pour la tranche au-delà de 2,2 MÛ). L'explication de Patrick Bordas coule de source : « Plus l'officine est importante, plus le CA progresse et plus le taux de marge est fort. En revanche, et très logiquement, les frais de personnel augmentent avec la taille. »

Moralité : plus la structure est grosse, plus la progression du CA se fait rattraper par celle des frais de personnel.

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