Le petit bond en avant - Le Moniteur des Pharmacies n° 2652 du 25/11/2006 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2652 du 25/11/2006
 

PARTENAIRES - BIOTECHNOLOGIES

Cahier spécial

L'annuel

Les sociétés de biotechnologies françaises investissent des secteurs thérapeutiques porteurs tels la recherche sur les cancers, les maladies infectieuses ou le système nerveux central. Mais, faute de capitaux et de financeurs privés suffisants, nos industriels peinent à exister sur le marché mondial.

On dénombre 350 à 400 biotechs en France. Au total, 195 médicaments issus de recherches françaises sont au stade du développement.

Le premier biomédicament français, une insuline recombinante, a vu le jour en 1984. Plus de vingt ans déjà ! Selon les chiffres les plus récents - ceux du comité Biotechnologies du Leem -, 90 produits de ce type étaient en 2004 à la disposition des patients, à l'image de l'érythropoïétine pour le traitement des anémies dans l'insuffisance rénale ou les cancers, des anticorps monoclonaux ou des récepteurs solubles pour le traitement des maladies articulaires graves...

Pourtant, les biotechs restent toujours très mal connues du grand public, comme le révèle l'étude réalisée pour le salon EuroBio 2006 (lire p. 61). L'homme de la rue a tendance à penser OGM. Un Français sur deux pense même que ces recherches pourraient être à risque si elles étaient détournées par des apprentis sorciers. Les difficultés des sociétés de biotechs françaises à acquérir une taille importante et à breveter des produits ne contribuent sans doute pas à donner une vision claire du secteur.

Beaucoup de biotechs, peu de produits

La France compte pourtant un nombre significatif de biotechs : 350 à 400 selon les estimations. Au total, 195 médicaments issus de recherches françaises en sont au stade du développement. 87 produits sont arrivés aux essais cliniques, dont 41 en phase I, 39 en phase II et 7 en phase III. Leur nombre a même augmenté de plus de 13 % par rapport à 2004 et de près de 22 % par rapport à 2003.

Mais, entre les projets et la commercialisation, il existe un véritable gouffre. Sur le plan des AMM, les Français restent très en deçà des Américains voire des Britanniques. Seulement sept produits issus des entreprises hexagonales ont été commercialisés en 2005. Quatre produits de greffe autologue sont sortis des laboratoires de la société TBF, banque de tissus (cartilage et chondrocytes notamment). D'autres produits dans des indications orphelines ont été lancés par la société lyonnaise OPI. De son côté, BioAlliance Pharma déposait une demande d'AMM européenne pour le miconazole Lauriad dans le traitement de la candidose oropharyngée.

Ce n'est pourtant pas faute de s'orienter vers des secteurs thérapeutiques porteurs. Les sociétés s'intéressent à la cancérologie (17 % des médicaments en développement et 16 % des projets dans le diagnostic), aux maladies infectieuses (11% et 13 %), aux maladies du système immunitaires (10 % et 9 %) ainsi qu'au système nerveux central (10 % et 8 %). Mais les capitaux nécessaires à l'amorçage des projets de création d'entreprise et la levée de fonds lors d'un nouveau tour de table restent insuffisants. En 2005, on a même constaté en France un effondrement des fonds levés au stade de l'amorçage (51 MEuro(s) en 2005 contre 70 MEuro(s) en 2004) et des fonds obtenus lors de seconds tours de financement (30 MEuro(s) contre 159 MEuro(s) en 2004).

Un manque de fonds récurrent

Les investisseurs, privés pour la plupart, sont réticents à investir dans les sociétés françaises. Parmi les raisons, « la crainte, non fondée, de ne pouvoir sortir de leur investissement à l'occasion d'une introduction en Bourse », estiment les divs du Panorama des biotechnologies réalisé pour EuroBio 2006. Leur choix est donc très ciblé : Carex a obtenu 25 millions d'euros, Faust Pharmaceuticals, 16 millions, Innate Pharma, 15 millions et Neuro3D, 32 millions. Le reste s'apparente à du saupoudrage : un, deux ou trois millions accordés par-ci par-là à une myriade de sociétés.

La difficulté à trouver des fonds affecte directement les stratégies des entreprises, qui mettent ainsi plus de temps à achever leurs projets et à déposer leurs brevets. Forcément, le retour sur investissement tarde, incitant d'autant moins les financiers à participer à un nouveau tour de table... La quadrature du cercle !

Un soutien public indispensable

L'avenir passe par de nécessaires investissements publics, comme en Allemagne ou au Royaume Uni (500 MEuro(s)). L'effet du statut de « Jeune entreprise innovante », adopté en 2004, a été notable. Son intérêt : exonérer de charges sociales les entreprises dont le budget de recherche-développement dépasse 15 % de leurs dépenses totales. Mais ce premier pas est encore insuffisant. «L'Etat français, qui a déjà versé 160 millions en aides directes et indirectes en 2004, devrait poursuivre sa politique d'appui sectorielle. Plusieurs réformes restent à mettre en oeuvre pour faciliter le financement en fonds propres, la réforme du marché et le statut de la Jeune entreprise innovante cotée », souligne le Panorama des biotechnologies.

L'avenir passe aussi par les pôles de compétitivité qui rassemblent par région établissements de recherche publics et privés autour de thématiques. Exemple, la création de Medicen Paris, pôle dédié aux hautes technologies pour la santé, les nouveaux médicaments et les nouvelles thérapeutiques génétiques, moléculaires et cellulaires, ou encore le Biocluster Auvergne qui regroupe plus de 60 laboratoires dans les sciences de la vie-nutrition-aliments santé et qualité des aliments (http://www.invest-in-auvergne.com).

Au-delà de besoins de financement et d'un environnement favorable (fiscal, social, réglementaire...), les sociétés françaises ont besoin de s'allier à des groupes pharmaceutiques qui apportent compétences et expériences complémentaires. Aux Etats-Unis, cela représente 50 % des investissements d'amorçage. Un rapprochement indispensable quand on sait qu'il faut de 12 à 15 ans pour développer un nouveau médicament et de 300 à 800 millions de dollars d'investissement ! De fait, seule une dizaine d'entreprises de biotechnologies dans le monde ont atteint la profitabilité.

En savoir plus

- http://www.eurobio2006.com

- http://www.bioimpact.org (étude sur l'impact des biomédicaments sur la qualité de vie et la longévité des malades)

Une nébuleuse pour le grand public

En 2006, les biotechnologies restent une « nébuleuse » pour le grand public, selon une enquête réalisée auprès de 500 personnes*. 69 % des sondés les assimilent à des techniques pour améliorer la protection de l'environnement, seulement 36 % à l'utilisation de la génétique et 20 % aux nouveaux médicaments. Conséquence directe : leur champ d'actions est très mal connu. Plus d'un Français sur deux est incapable de citer un produit ou un dérivé issu des biotechnologies intervenant dans la vie quotidienne. Les sondés se disent pourtant confiants : si un médecin leur prescrivait un médicament en leur disant qu'il est issu des biotechnologies, ils le prendraient. Mais la moitié pense qu'il pourrait y avoir des risques pour notre santé et tout autant que les recherches pourraient être détournées par des apprentis sorciers.

* Enquête réalisée pour le salon EuroBio 2006, organisée du 25 au 27 octobre dernier, via le vivier de consommateurs IMS Consumer Panel.

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