Entre 50 et 70 MEuro(s) de pertes pour l'officine

La décision prise par le ministre de surseoir à un déremboursement total de ces spécialités et d'opter pour un déremboursement partiel à 15 % fait preuve d'une grande sagesse », commente la FSPF. « C'est une sage décision », renchérit le Collectif des groupements. « Une baisse de remboursement n'est jamais une bonne nouvelle, mais le choix du ministre est malgré tout satisfaisant », concède Gilles Bonnefond, secrétaire général de l'USPO.

L'ensemble des médicaments de cette troisième vague de réévaluation pèse 530,2 MEuro(s) au remboursement (309,7 MEuro(s) pris en charge par le régime obligatoire, 220,5 MEuro(s) par le régime complémentaires) dont 472,7 MEuro(s) pour les seuls vasodilatateurs. Compte tenu de leur prudence, les mesures annoncées (voir ci-contre) auront un rendement bien moindre qu'espéré (de 70 à 100 MEuro(s) d'économies), la Sécu n'étant pas capable, à ce jour, d'évaluer le montant des transferts de prescriptions lors des précédentes vagues.

Le rendement des baisses de prix (jusqu'à - 20 % sur les vasodilatateurs à SMR insuffisant, - 15 % pour les produits qui doivent être déremboursés début 2008) est, lui, beaucoup plus sûr ! Xavier Bertrand a d'ailleurs demandé au CEPS de les appliquer dès fin janvier 2007. « Les baisses de prix se négocieront au cas par cas avec les laboratoires, assure Gilles Bonnefond. Les pourcentages annoncés correspondent à un plafond maximum qui ne sera pas appliqué à tout le monde. » Mais, au final, entre les baisses de prix et de remboursement, volumes et chiffre d'affaires s'amenuiseront.

Cette troisième vague de réévaluation ne sera donc pas sans conséquence pour la profession. « Cela devrait coûter au réseau entre 50 et 70 MEuro(s), contre 200 à 250 MEuro(s) si tout avait été déremboursé », calcule Gilles Bonnefond. Un pis-aller, certes, mais qui pèsera lourd sur une économie officinale déjà bien fragile.

Quelles alternatives thérapeutiques ?

La question ne se pose pas pour les vasodilatateurs dans la mesure où leur remboursement est maintenu. Xavier Bertrand a justifié le maintien de leur prise en charge pour ceux ayant un SMR insuffisant dans toutes leurs indications en raison de l'absence d'alternative thérapeutique dans les troubles cognitifs des sujets âgés. Raisonnement plutôt étrange dans la mesure où il s'agit précisément d'une indication où la Haute Autorité de santé (HAS) n'a pu trouver aucun effet aux vasodilatateurs, sinon un effet placebo ! Pour les produits passant à 15 %, la HAS a pris la peine de préciser les alternatives possibles :

- Dans le cas du Praxinor, elle précise que l'hypotension peut être iatrogène, ne nécessitant alors qu'un ajustement thérapeutique (antihypertenseurs, psychotropes). La prise en charge repose sur des mesures hygiénodiététiques et posturales (éviter l'alcool, le sel, bien fragmenter ses repas, surélever la tête de lit...). Exceptionnellement, rappelle la HAS, on peut prescrire de la midodrine ou de la fludrocortisone.

- Concernant les diarrhées, l'Ercéfuryl ne s'impose pas. « On prendra garde à la déshydratation », note seulement la HAS.

- A propos du Surbronc et du Pneumorel, la Haute Autorité de santé rappelle que les bronchites sont la plupart du temps virales et guérissent seules ! Aucune recommandation ne préconise ici des expectorants - qui n'ont pas non plus « démontré clairement d'intérêt thérapeutique » dans la mucoviscidose.

- Même raisonnement concernant les angines en ce qui concerne le Thiovalone, jugé inutile. L'angine virale guérira d'elle-même tandis que l'angine bactérienne sera traitée par antibiotique.

- L'anxiété (Covatine), dans ses formes mineures, ne nécessite aucun traitement médicamenteux, note la Haute Autorité de santé. Là aussi les mesures hygiénodiététiques, complétées éventuellement par une prise en charge psychologique, sont préconisées. Les anxiolytiques d'efficacité démontrée (benzodiazépines, buspirone) n'ont pas leur place dans l'anxiété mineure compte tenu de leurs effets indésirables non négligeables.