Salaires : Appâtez vos collaborateurs

1. Le salaire.

Eh oui ! Les gains perçus par le salarié sont le principal moteur de motivation et de fidélisation. C'est la contrepartie et la reconnaissance par l'employeur du travail accompli. « Depuis le 1er janvier 2001, sans tenir compte du maintien de la rémunération lors de la mise en oeuvre de la réduction du temps de travail, le salaire minimum de la grille des préparateurs et des adjoints a été revalorisé de 12 % », explique Patrick Le Métayer, secrétaire général de la branche officine de FO. Une augmentation légèrement supérieure à l'inflation, dont le taux entre le 31 décembre 2000 et le 31 décembre 2005 est d'environ 10 %. « L'effet de l'accord relatif à la réduction du temps de travail a été plus visible pour les salariés à temps partiel qui ont maintenu leur temps de travail effectif. Ils ont bénéficié d'une revalorisation de 23 % », précise Patrick Le Métayer.

La prochaine négociation sur les salaires aura lieu le 3 juillet 2006 et FO escompte bien, compte tenu du blocage des salaires au 1er janvier 2006, une augmentation de la valeur du point officinal de plus de 4 %. « Mais il ne faut pas oublier que la grille des salaires, c'est un minimum conventionnel. Et à salaire minimum, travail minimum, rappelle Patrick Le Métayer. 2006 est l'année de tous les dangers. La pyramide des âges va commencer à s'inverser. Si la profession ne donne pas aux jeunes une image attrayante et dynamique, ils s'orienteront vers d'autres secteurs d'activités. Et la pénurie de personnel qualifié ne fera que s'aggraver. »

2. Récompensez.

« La modulation de la rémunération et sa détermination au moyen des primes sont des actes de gestion extrêmement importants. Pour augmenter la productivité d'une entreprise, il s'agit de structurer la rémunération », explique Yves Buguet, avocat. Individuelles ou collectives, les primes d'équipe permettent de rémunérer la performance. La prime est vécue comme une récompense. Reste que le recours aux primes doit être manipulé avec précaution. « Le premier risque est que le versement de la prime devienne un usage et soit alors déconnecté des performances réelles. Le second est qu'une prime individuelle soit revendiquée par un autre salarié. Il importe donc que l'employeur communique clairement sur des critères de versement, objectifs, contrôlables et dénués de toute considération affective », souligne Yves Buguet. A défaut de conditions précises pour l'attribution d'un avantage, tous les salariés peuvent en bénéficier. C'est ce que la chambre sociale de la Cour de cassation a rappelé dans un arrêt du 18 janvier 2000. Alors, n'oubliez pas d'énoncer les règles du jeu !

3. Intéressez.

Lorsque la réussite d'une entreprise est le résultat d'une synergie de l'ensemble des collaborateurs, il est opportun de mettre en place une rémunération collective comme un contrat d'intéressement. C'est l'outil le plus intéressant au plan financier et fiscal. « D'une part, la prime d'intéressement n'est pas assujettie aux cotisations sociales (hors CSG et CRDS). D'autre part, le salarié bénéficie d'une exonération fiscale s'il choisit de verser sa prime sur un plan d'épargne entreprise, explique Jean-Paul Sécheresse, pharmacien consultant. Par exemple, pour récompenser un salarié d'un bonus de 1 000 Euro(s) net, cela coûte à l'entreprise environ 1 800 Euro(s) si l'employeur l'attribue sous la forme d'une prime classique. En revanche, ce même montant net sera obtenu par le versement d'un intéressement d'environ 1 080 Euro(s). » En pratique, pour mettre en place un système d'intéressement, l'employeur doit établir une formule de calcul de l'enveloppe collective au regard d'un élément économique de l'officine (une augmentation de marge ou une augmentation de CA...). Puis il déterminera une clé de répartition individuelle de cette enveloppe. « Les contrats d'intéressement sont un levier pour fidéliser une équipe. Ils donnent une image de modernité sociale de l'entreprise et créent une dynamique collective », conclut Jean-Paul Sécheresse.

4. Distillez.

Les chèques-vacances et les tickets-restaurant constituent des éléments attrayants. Même dans de petites structures comme les officines, il est possible de les mettre en place. Leurs avantages ? Ils font l'objet d'un cofinancement entre l'employeur et le salarié. Sous certaines conditions, la contribution patronale est exonérée de charges sociales. Côté salarié, c'est un complément de salaire qui n'est pas soumis à l'impôt sur le revenu.

Les remises sur produits ou les produits offerts sont aussi des gestes très appréciés. Si les remises dépassent 30 % du prix public TTC, il s'agit alors d'avantages en nature. « Dès lors, ils doivent être chiffrés et figurer sur la fiche de paye. Ils sont assujettis aux charges sociales et sont imposables », précise Yves Buguet.

Les vêtements professionnels contribuent aussi à valoriser l'image des salariés, et donc à les séduire. La Pharmacie Augé-Courset-Chatelus, à Pamiers (Ariège) a opté pour cet avantage. « Depuis ce printemps, les collaboratrices arborent une tunique blanc et vert pâle. Pour les hommes, ce sont des polos colorés. A chaque saison les tenues sont renouvelées », témoigne Frédéric Chatelus. L'image sympathique et dynamique du comptoir s'en trouve également renforcée. Cerise sur le gâteau, les cotitulaires ont maintenu la prime de blouse.

La flexibilité des horaires de travail peut aussi être un argument convaincant de fidélisation.

5. Formez.

Outre les aspects rémunérateurs, les salariés ont d'autres perspectives dans une entreprise. « Ils souhaitent aussi construire un parcours professionnel et l'entreprise se doit de leur en donner les moyens. La formation professionnelle n'est pas un bonus mais une obligation », rappelle Christine Caminade, consultante et formatrice (Christine Caminade Conseil). Plusieurs dispositifs coexistent dont le plan de formation (à l'initiative de l'employeur) et le droit individuel à la formation (à l'initiative du salarié). L'investissement est gagnant-gagnant. « La formation permet au salarié de développer des compétences. Au final, c'est plus de responsabilités à l'officine, plus de motivation et une fidélisation garantie », conclut Christine Caminade.

6. Partagez.

C'est aussi une façon de fidéliser ses salariés. Une ambiance conviviale et un climat de confiance entre le titulaire et son équipe renforcent la cohésion. C'est un élément à ne pas négliger. Brigitte Defoulny, consultante en communication (Héliotrope), suggère de fêter à l'officine quelques dates du calendrier : « Déboucher le champagne en début d'année, partager une galette des rois, etc. Nous célébrons ces fêtes dans notre vie personnelle, le faire dans le cadre de l'entreprise permet de s'extraire du travail. » En tout cas, ce sont autant d'occasions que le titulaire peut saisir afin de montrer sa considération pour ses collaborateurs et son envie de partager avec eux des moments de détente et de convivialité. « Mais attention ! Il faut faire la part des choses et ne pas profiter de ces intermèdes pour faire passer un message professionnel, car le moment n'est pas approprié », met en garde Brigitte Defoulny.