Cosmétique : Emparez-vous du bio - Le Moniteur des Pharmacies n° 2630 du 27/05/2006 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2630 du 27/05/2006
 

MARCHÉ

Entreprise

A l'heure où l'argument marketing de la beauté au naturel a de plus en plus d'impact, la cosmétique bio s'invite en pharmacie. Phénomène de mode ou véritable marché d'avenir ? Seule certitude, le label bio attire aujourd'hui une clientèle élargie que l'officine peut désormais capter. Explications.

Historiquement, le marché du bio ne s'est pas joué dans la cour officinale. « Les pharmaciens ont depuis quelques années perdu des clientes. A la recherche d'une réponse cosmétique biologique, elles sont allées la chercher dans les magasins bio et en parapharmacie », avance Stéphane Richard, P-DG de Sanoflore. Ce laboratoire, producteur de matières premières biologiques (plantes, huiles essentielles) depuis vingt ans, a lui-même raccroché les wagons de la biocosmétique officinale en y distribuant sa propre gamme depuis septembre dernier. « Près de 10 % des consommatrices de cosmétiques lisent aujourd'hui les étiquettes et se posent des questions sur le contenu des formules », poursuit Stéphane Richard. Le réflexe bio n'est plus l'apanage d'une élite militante et des bobos écolos. Non pas pour des raisons de sauvegarde environnementale, mais parce que le « tout-chimique » fait peur.

L'effet média comme booster.

C'est l'émission Envoyé Spécial, sur France 2, diffusée en mars 2005 et remettant en question le contenu des produits de beauté, qui a réveillé la conscience écologique de madame Tout-le-monde. Du jour au lendemain, les sels d'aluminium, mais surtout les parabens - soupçonnés de développer les cellules cancéreuses -, sont devenus des ingrédients indésirables.

Le courant du « naturel certifié », repris par la presse écrite et notamment par Que choisir - qui en novembre dernier titrait « Crèmes hydratantes : votre santé en danger » -, n'a pas épargné les pharmacies. « Nous sommes convaincus qu'en 2005 le marché est venu à notre rencontre, nous progressons sur tous les circuits mais la création de nouveaux points de vente dans le milieu pharmaceutique s'est amplifiée au cours des derniers mois. Nous répondons même à des demandes spontanées d'implantation en officine », confie Françoise Kessler, responsable marketing chez Weleda. La marque au label bio allemand BDIH a vu ses ventes augmenter de près de 50 % l'an dernier. Et doit désormais faire face à une toute nouvelle concurrence à l'officine.

A commencer par Sanoflore, qui se développe au rythme de 60 implantations par mois, et qui vise les 1 000 pharmacies d'ici la fin de l'année. « Nous allons doubler notre force de vente et construire une seconde usine de production sur notre site », informe Stéphane Richard, tout en annonçant une croissance de plus de 80 % de ses ventes en France (tous secteurs et tous circuits confondus). Son credo ? Le bio technique et sophistiqué.

La dermato comme fer de lance.

De là à marcher sur les plates-bandes des marques leaders en pharmacie, il n'y a qu'un pas que Thierry Logre, P-DG des laboratoires Phyt's (leaders de la cosmétique bio en institut de beauté), compte bien franchir. Cet ancien responsable de Plantes et Médecines (Pierre Fabre) a choisi le secteur pharmaceutique comme réseau de diffusion exclusif pour sa nouvelle marque Gamarde « 100 % d'origine naturelle ». Exploitant le créneau dermatologique de l'eau thermale de Gamarde-les-Bains, la marque revendique une identité dermocosmétique haut de gamme. « Ce n'est pas parce qu'on est bio qu'on est forcément triste ! Au-delà de la présentation luxueuse, blanc et or, j'ai voulu développer une cosmétique bio soignante à prix abordable, à l'image de l'éthique en officine », explique Thierry Logre, qui prévoit de visiter les dermatologues d'ici 2007. En attendant, il augmente sa force de vente (1 000 à 1 200 distributeurs en fin d'année) et se tourne vers l'export. « Les pharmaciens se heurtent à un problème de place mais l'implantation de notre gamme est suivie dans les 3 à 5 semaines d'une nouvelle commande, équivalente à la première », assure Thierry Logre. Corinne Beauvais, installée à Ozoir-la-Ferrière (Seine-et-Marne), ne dément pas. Pour cette partisane de la cosmétique verte, le bio permet de valoriser le conseil officinal. « C'est un plaisir de pouvoir expliquer à la clientèle l'intérêt de la protection de l'environnement ou des contrôles effectués sur les ingrédients... »

La certification comme moteur.

L'organisme Ecocert a mis en place en 2002 un cahier des charges strict réglementant l'accès à son logo. Reprenant le même référentiel, l'association des fabricants Cosmebio a créé le label du même nom, dont se parent de plus en plus de compléments alimentaires tels la gamme de sirops infantiles Unadix (Laboratoires des Granions) ou les repellents bio (Repel Moustic).

Plus que jamais, la chasse aux parabens fait mouche et le mouvement général contre les ingrédients de synthèse n'a pas laissé les responsables Caudalie indifférents. Depuis janvier dernier, les produits de la marque défendant les vertus des polyphénols de raisin ont troqué leurs conservateurs classiques contre un extrait de chèvrefeuille japonais. Et l'affichent haut et fort en notant « no paraben » sur leur packaging. Une démarche « cosm'éthique » reprise par Plante System dont les derniers lancements sont, eux aussi, dénués de conservateurs chimiques.

Certains laboratoires l'ont compris, la « naturalité » devient un argument marketing, d'autant plus que les consommatrices sont désormais prêtes à entendre les messages sécuritaires. Profitez-en...

« Le bio permet de se différencier » Sophie Tainturier, titulaire à Vedène (Vaucluse)

« Pourquoi j'ai référencé une gamme bio ? C'est le côté 100 % naturel des produits Gamarde qui m'a séduite. C'est pour le moment la seule marque que je commande en direct. Avec mon mari, nous avons racheté la pharmacie en février. Nous avions envie qu'elle soit différente des autres en proposant des produits à forte valeur ajoutée. Nous sommes spécialisés dans la sous-traitance de préparations magistrales, nous travaillons déjà beaucoup les formules à base de plantes. Le positionnement du bio plaît beaucoup, les gens sont réceptifs, qu'il s'agisse de la jeune mère de famille ou de la coiffeuse d'en face. Pourtant, nous sommes installés dans un village où la clientèle n'est pas forcément sensibilisée à l'approche biologique. Mais nous avons des arguments de poids pour la convaincre, telle la sécurité des ingrédients. La vente de cosmétiques bio demande évidemment un effort de communication. On nous pose beaucoup de questions et, une fois sur deux, l'échange se transforme en achat. Le déodorant sans sel d'aluminium a remporté un franc succès, nous en avons écoulé une dizaine en deux mois. A terme, je compte diversifier mon offre dermocosmétique en proposant la gamme Ducray pour répondre aux prescriptions. Mais je compte pouvoir orienter vers les soins 100 % naturels les personnes qui ont l'habitude d'utiliser des produits comme Galénic ou Roc. »

Pourrez-vous respecter la minute de silence en mémoire de votre consœur de Guyane le samedi 20 avril ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !