Dans la peau d'un expert international - Le Moniteur des Pharmacies n° 2625 du 22/04/2006 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2625 du 22/04/2006
 

TRAVAILLER À L'OMS

Carrières

Pour un pharmacien français, intégrer l'Organisation mondiale de la santé n'est pas mission impossible. Il faut disposer d'une première expérience à l'international et être prêt à la mobilité géographique.

Tentaculaire. L'Organisation mondiale de la santé regroupe 192 États membres. Elle siège à Genève, mais dispose aussi de 142 bureaux nationaux. Inauguré en février 2001, le bureau de Lyon fait partie intégrante du siège, au sein du département Alerte et action en cas d'épidémie et de pandémie. Mais où qu'ils soient situés, tous les collaborateurs ont la même mission : définir des standards internationaux en matière de santé publique et apporter un soutien technique aux pays en développement.

Le nombre exact de pharmaciens salariés est impossible à chiffrer tant les entités sont dispersées dans le monde. Ils sont plus particulièrement présents dans les services dédiés aux maladies transmissibles et à la technologie des produits pharmaceutiques. L'OMS met régulièrement en ligne les postes vacants, mais les candidatures françaises ne sont pas prioritaires. La nationalité française, en effet, est aujourd'hui surreprésentée par rapport aux quotas qui lui sont attribués. Quel que soit le type de mission, l'expérience de plusieurs années dans le domaine de la santé internationale est de mise. Ne sont donc concernés que des pharmaciens experts dans leur domaine à l'échelle mondiale (professeurs d'université, directeurs de centres de référence...).

Le filon du contrat « Jeune expert ».

Dans ce condiv, comment un jeune diplômé peut-il avoir la prétention de proposer ses services ? « Il est possible d'obtenir un contrat de jeune expert associé aux Nations unies », informe Sébastien Cognat, jeune confrère de 33 ans en fonction à Lyon, qui a lui-même suivi cette voie mal connue de recrutement. En clair, la France, comme de nombreux gouvernements de pays développés, prend en charge le salaire de jeunes travaillant dans une organisation internationale (dont l'OMS). Conditions requises pour les pharmaciens : avoir moins de 32 ans, disposer d'une bonne connaissance dans le domaine considéré (si possible dans un cadre international) et maîtriser l'anglais.

Les postes (soit 5 à 6 par an pour l'OMS) sont proposés sur le site Internet du ministère des Affaires étrangères dans la rubrique Postes pour jeunes professionnels. C'est ainsi que Sébastien Cognat a été sélectionné par le ministère puis a rejoint l'OMS sous CDD d'un an, renouvelable une fois... avec l'espoir d'une embauche définitive, ou à défaut, d'un renouvellement de son statut de jeune expert.

Si son avenir se conjugue sous le mode de l'inconnu, Sébastien savoure en revanche la chance de pouvoir exercer dans un environnement qui le place comme observateur privilégié des systèmes de santé à travers le monde. Alors qu'en tant que biologiste, il se prédestinait à une carrière hospitalière classique. « Je participe au renforcement des capacités des laboratoires de santé publique pour améliorer la détection des épidémies. En pratique, je gère des projets comme la mise en place de programmes de contrôle qualité dans les pays en voie de développement, et je travaille beaucoup sur le terrain, en particulier en Afrique. » Il joue aussi un rôle de formation auprès des techniciens et biologistes des pays dans lesquels il intervient.

Fonctionnaires internationaux.

Côté salaire, il bénéficie, comme tous les salariés de l'OMS, d'un statut de fonctionnaire international dont les revenus sont exonérés d'impôts. La rémunération du stade « P staff » (c'est-à-dire « cadres » dans le système français) auquel les pharmaciens sont engagés va de 3 800 à 4 000 euros net en France. « L'évolution de carrière se construit essentiellement en postulant à des postes de grades plus élevés ou en changeant d'affectation géographique, d'où la nécessité d'une grande mobilité », informe la responsable de communication. Pour le moment, Sébastien apprécie l'ouverture exceptionnelle sur le monde dont il bénéficie : « J'ai le sentiment de pouvoir peser sur les décisions qui vont orienter le système de santé dans un pays. » Même constat de la part d'Olivier Gross, pharmacien en poste à Genève dans le service « Médicaments essentiels et politique pharmaceutique ». Inspecteur de santé publique, il a exercé six ans à l'Afssaps et fait partie des fonctionnaires détachés au ministère des Affaires étrangères pour une durée de deux ans renouvelable.

Depuis novembre 2003, il s'occupe du programme de préqualification (soit un « semblant d'enregistrement ») pour les médicaments génériques antirétroviraux, antituberculeux et antipaludéens destinés aux pays en voie de développement. Ce poste, créé à la demande de MSF, lui a été confié notamment en raison de sa participation à la Direction européenne de la qualité du médicament.

Le revers de la mobilité.

En sus de sa fonction de coordonateur, Olivier Gross exerce aussi un rôle de formation sur le terrain et d'inspection sur site (fabrication des matières premières et des produits finis). Avec ses deux collègues, il gère près de 500 dossiers. Et évidemment, il ne compte pas ses déplacements ! « Les premières années, je n'étais que deux ou trois jours par mois à Genève et je partais deux semaines pleines, le plus souvent en Inde et en Chine où se trouvent les plus importants sites de fabrication. C'est très enrichissant culturellement mais à la longue difficilement compatible avec une vie de famille. J'espère pouvoir ralentir le rythme de mes voyages», confie-t-il. « Les missions sur le terrain sont cependant indispensables pour sortir de notre tour d'ivoire bureaucratique », estime Sébastien Cognat qui a attrapé le « virus de l'international » durant ses 18 mois de coopération à l'Institut Pasteur de Madagascar. Et il ne semble pas prêt de s'arrêter. Le recrutement de 20 personnes supplémentaires en 2007 à Lyon, le nouveau Centre européen de contrôle et de prévention des maladies, et le développement du consulting auprès des laboratoires étrangers, offrent de belles perspectives aux professionnels du médicament sans frontières.

Site de l'OMS : http://www.who.int.

Site du ministère des Affaires étrangères : http://www.diplomatie.gouv.fr/mfi.

L'OMS EN CHIFFRES

- 8 000 salariés (2 500 au siège à Genève). - 22 personnes travaillent au bureau de Lyon dont 3 pharmaciens (2 juniors experts et un cadre de l'Institut Pasteur en détachement). Doublement des effectifs lyonnais prévu en 2007.

- 6 bureaux régionaux (pour l'Afrique, les Amériques, l'Asie du Sud-Est, l'Europe, la Méditerranée orientale et le Pacifique occidental) et 142 bureaux nationaux assurant un rôle de conseil technique auprès des ministères de la Santé.

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