Processus de baisse - Le Moniteur des Pharmacies n° 2623 du 08/04/2006 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2623 du 08/04/2006
 

Actualité

Enquête

Un prix moyen qui se maintient, un nombre de cessions qui marque le pas et des SEL qui continuent de faire florès. Telles sont les principales caractéristiques du marché de la transaction en 2005. Cette année, les ventes devraient s'envoler mais le prix moyen de cession, logiquement, devrait baisser sur le marché cependant de plus en plus disparate.

Malgré l'augmentation progressive des départs en retraite, le marché, têtu, refuse pour l'instant toute logique de baisse. Comme en 2004, les transactions recensées l'année dernière par Interfimo se sont effectuées à un prix moyen de 88 % du chiffre d'affaires TTC. Cette moyenne cache comme toujours des disparités régionales importantes (lire page 28).

« On constate encore un emballement des prix sur les pharmacies importantes supérieures ou égales à 1,5 MEuro(s) de CA TTC, et peu de demandes pour les petites pharmacies de centre-ville inférieures à 800 000 euros », commente Luc Fialletout, directeur général adjoint d'Interfimo. « La taille de l'officine est devenue un critère déterminant du prix, c'est la première fois que le prix de cession est autant conditionné par le niveau de chiffre d'affaires », complète Serge Gilodi, directeur adjoint marketing et communication chez Interfimo.

Une part importante des officines cédées l'année dernière échappe aux règles classiques d'évaluation : une pharmacie sur cinq s'est négociée en dessous de 79 % ; la même proportion d'officines s'est vendue à prix « hors marché » de 100 % du CA TTC, voire plus. Le prix de cession moyen des grosses officines et de celles implantées dans les centres commerciaux se situe à 92 %.

Les décisions d'acquérir (seul ou à plusieurs) sont davantage conditionnées par le potentiel de développement de l'officine que sur sa valeur ou sa rentabilité immédiate. La dégradation du ratio du prix de l'officine exprimé en multiple de l'excédent brut d'exploitation (EBE) démontre que la logique patrimoniale a pris le pas sur la logique économique. Depuis 1999, le prix de cession moyen progresse plus vite (+ 6,7 % par an) que l'EBE (+ 4,3 %). « Depuis 2001, les valorisations de pharmacies sont plus fondées sur des flux de revenus futurs que sur une situation passée ou présente, confirme Serge Gilodi. Les pharmacies qui ont le plus de perspectives de développement sont donc celles qui se valorisent le mieux, aux alentours de 100-110 % du CA TTC et de 7 à 8 fois l'EBE. Mais attention, l'anticipation comporte des risques ! »

Les gros CA font le marché.

Le nombre des cessions est en hausse mais leur progression a marqué le pas (+ 3,5 % contre + 11 % en 2004). Interfimo a ainsi enregistré 1 315 ventes de fonds ou apports en société et, si l'on ajoute à ce chiffre les ventes de parts de société, un nombre total de transactions de 1 600 environ. Une estimation proche de celle du réseau de notaires Pharmétudes (+ 3 %) qui, dans ses statistiques établies d'après le BODACC, constate qu'après un premier semestre en forte hausse par rapport à la même période de 2004 (649 cessions), le second semestre a fléchi (592 cessions). Hubert Mathieu, notaire et consultant pour Pharmétudes, explique ce ralentissement par l'attentisme des vendeurs en instance de partir en retraite, qui attendaient de bonnes nouvelles en matière de plus-values professionnelles.

Au niveau des régions, le Poitou-Charentes, la Haute-Normandie et PACA ont été les plus dynamiques avec des taux de mutations supérieurs à 65 pour 1 000 officines. La moyenne nationale est de 58 pour 1 000.

Les prix n'ayant pas faibli en pourcentage et progressant en valeur, les acquéreurs regardent aussi à deux fois avant de se lancer. « Le prix moyen de rachat d'une officine était de 1 MEuro(s) en 2002. Il est passé à 1,211 MEuro(s) en 2005, soit une croissance de 20 % en seulement trois ans, ce qui est évidemment préoccupant au regard des capacités financières des acheteurs », considère Hubert Mathieu.

29 % des cessions se sont négociées entre 1 et 1,5 MEuro(s) et les transactions à des prix supérieurs à 1 MEuro(s) s'adjugent 54 % du marché. A l'inverse, le marché des petites officines (vendues à des prix inférieurs à 600 kEuro(s)) a encore régressé l'an dernier, ne représentant plus que 18 % du total des cessions.

Près de une pharmacie sur dix en SEL.

2005 a confirmé que la SEL est devenue la structure sociétaire de référence des acquéreurs. Au 1er janvier 2006, 2 000 SEL ont été recensées, représentant près de 9 % des officines. L'an dernier, son développement a été de l'ordre de + 27 % par rapport à 2004, la SEL représentant à elle seule 43 % des modalités d'acquisition. Pour la première fois en 2005, l'achat en SEL (420 installations sous cette forme en 2004 et 533 en 2005) a dépassé le nombre des achats en entreprise individuelle qui, lui, continue à régresser (- 15 %, 435 en 2004 contre 369 en 2005).

La SELARL rafle la mise (487 constituées en 2005) alors que la loi Dutreil II a porté un coup d'arrêt au second semestre aux SELAS (45 constitutions en 2005). Les acquisitions en SNC perdent encore du terrain (- 14,4 %, 201 en 2004 contre 172 en 2005). Les SARL et EURL progressent légèrement, ce qui peut s'expliquer par la motivation des pharmaciens à exercer à l'IS. Plus de 55 % des acheteurs font aujourd'hui ce choix.

La dynamique sur les SEL est entretenue par les cabinets de transactions. « Ils suggèrent à certains vendeurs de proposer à leur confrère voisin de racheter leur fonds avant de chercher à le vendre à autrui », indique Isabelle Adenot, présidente du conseil central A de l'Ordre.

Oui, les jeunes s'installent !

En dépit des idées reçues, faisant état des statistiques de l'Ordre, Isabelle Adenot maintient que les jeunes s'installent : « En 2003 et 2004, ce sont respectivement 35 et 100 jeunes diplômés jamais inscrits à une section de l'Ordre qui ont eu accès à la propriété et, en 2005, environ un millier de pharmaciens jamais inscrits en section A sont devenus titulaires, représentant près de 45 % des pharmaciens concernés par une mutation. » Le conseil central A s'est doté d'un nouvel outil statistique grâce auquel Isabelle Adenot espère avoir une vision plus juste de l'installation des jeunes. « Les chiffres qui ont circulé jusqu'ici ont été mal interprétés », précise-t-elle.

D'ailleurs, une récente enquête réalisée par la section D révèle que 56 % des adjoints envisagent « peut-être » ou « sûrement » de s'installer. En outre, les pharmaciens ne sont plus des individualistes invétérés. « 70 % des nouveaux titulaires s'installent en association dont 40 % en SEL, et les anciens inscrits privilégient également la forme sociétaire puisque seulement 10 % d'entre eux acquièrent une officine seul », poursuit la présidente ordinale. En six ans, l'exercice en société a connu une progression de 30 %. Aujourd'hui, 9 600 officines (42 %) sont exploitées sous cette forme.

Pour faciliter leurs recherches et les aider à mieux préparer leur installation, les acquéreurs peuvent depuis peu consulter en ligne sur le site de l'Ordre des cartes sanitaires simplifiées. L'instance ordinale dispose aussi de cartes complètes qui permettent de visionner le réseau des pharmaciens - mais aussi la répartition des autres acteurs ou établissements de santé (médecins, hôpitaux, maisons de retraite...) - et de suivre les évolutions démographiques.

Les exonérations fiscales vont doper 2006.

Les différentes mesures d'exonération de plus-values professionnelles sont un véritable cadeau fiscal dont on ne sait s'il sera durable, mais qui va avoir pour conséquence dans l'immédiat de créer un appel d'air qui va doper le marché de la transmission en 2006. Philippe Becker, expert-comptable, directeur du département pharmacie de Fiducial Expertise, s'attend « à un marché de la transaction animé avec des effets sur les prix si les taux d'intérêts remontent. Comme toujours, il y aura de la demande pour La Rochelle ou Montpellier et de l'incertitude pour les zones les moins attractives ! Si tous les pharmaciens veulent aller dans des régions recherchées, il n'y a pas de solution. Par contre, si les mêmes considèrent que le "bonheur est dans le pré", il y a peut-être un espoir de pouvoir s'installer à des conditions financières plus favorables. »

Pour l'heure, les taux d'intérêts n'ont jamais été aussi faibles. « Les pharmaciens qui bénéficient d'un allégement substantiel de la fiscalité sur les plus-values de cession pourraient faire preuve de solidarité intergénérationnelle en consentant des prix démarqués pour que des plus jeunes s'installent », espère Philippe Becker.

Quant aux tendances démographiques, c'est devenu une banalité de relever l'inéluctable départ en retraite de la génération du baby-boom. « La logique est à la baisse mais le moment où elle interviendra est une autre question », souligne Luc Fialletout. Quelques modifications conjoncturelles (mesures d'économie de santé, tensions sur les taux d'intérêt...) peuvent suffire à modifier les équilibres entre l'offre et la demande dans un sens parfois inattendu. Cette logique s'inversera le jour où les SEL se seront généralisées et arriveront sur le marché des cessions. Pour l'heure, il conseille aux seniors d'anticiper : « Ils ne sont pas à deux ans de revenus près et ont donc intérêt à réaliser leur patrimoine professionnel et à sortir du marché. »

Renouveler la profession.

Et l'avenir ? L'association en SELARL ou, peut-être demain, dans une SEL propriétaire de plusieurs pharmacies, les sociétés de participations financières de professions libérales (SPFPL), permettra aux futurs acquéreurs d'avoir une fiscalité équivalente à celle choisie aujourd'hui par les acheteurs de fonds. Cela paraît être de bons leviers pour gérer le choc démographique à l'horizon 2012, où 2 000 pharmaciens partiront alors à la retraite chaque année contre 1 000 environ aujourd'hui.

Il est important que les choix juridiques qui seront arrêtés par la profession et les montages permis par les décrets à venir soient simples et économiquement logiques. Dans le cas inverse, les pharmaciens auront toutes les peines du monde à sortir de montages juridico-financiers complexes, ce qui ira dans le sens contraire du but recherché : renouveler la profession.

A noter

L'Ordre et Interfimo se séparent

La complexité des analyses financières est devenue telle que, d'un commun accord, le conseil central A de l'Ordre et Interfimo ont décidé cette année de travailler chacun de leur côté et de se spécialiser dans leur domaine de compétences. Désormais, l'Ordre concentre ses efforts sur l'analyse

de la démographie pharmaceutique et des modes d'exercice, et Interfimo sur les aspects financiers qui réclament une expertise approfondie. Les approches sont donc séparées mais n'en demeurent pas moins complémentaires pour donner une vision plus complète et plus riche du marché des transactions.

Les entreprises se transmettent moins

Dans le monde des entreprises, le bilan 2005 est moins flatteur qu'en pharmacie. En effet, selon l'INSEE, en novembre 2005 le nombre de reprises d'entreprises sur 12 mois ressortait en diminution de 3 % par rapport aux 12 mois précédents. Un bilan qui explique les gros efforts qui viennent d'être consentis par le gouvernement pour atténuer la charge fiscale qui pèse sur les transmissions d'entreprises.

Selon une récente étude OSEO BDPME, en France, le repreneur est âgé de 41 ans en moyenne (45-50 ans en Ile-de-France), de formation supérieure à 73 %, ancien dirigeant ou cadre de direction à 67 %, et dispose de 30 % des fonds nécessaires pour l'opération.

Le cédant est dans 60 % des cas une personne qui part à la retraite, majoritairement âgée de plus de 60 ans. Les 40 % restants sont plus jeunes (45-50 ans) et transmettent pour des raisons personnelles ou pour changer d'activité.

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