« Mobilisez-vous » - Le Moniteur des Pharmacies n° 2611 du 14/01/2006 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2611 du 14/01/2006
 

INTERVIEW DE FRÉDÉRIC VAN ROEKEGHEM

Actualité

L'événement

Frédéric Van Roekeghem, directeur de l'UNCAM, a privilégié la voie conventionnelle pour sortir de la crise de cet automne. Reste à prouver qu'elle marche, met-il en garde : si on échoue à atteindre les 70 % de génériques en 2006, le CEPS devrait reprendre la main et ressortir les TFR.

« Le Moniteur » : Quelle est la portée des accords du 6 janvier entre les pharmaciens et l'Assurance maladie ?

Eric Van Roekeghem : Le ministre a privilégié la politique contractuelle, réservant le TFR aux molécules qui n'atteignent pas un minimum de substitution. Cette politique est potentiellement source d'accord gagnant-gagnant entre les professionnels et l'UNCAM, au profit des équilibres généraux et du maintien d'une assurance maladie solidaire. Nous pourrons, je l'espère, prouver en 2006 que ce choix est le bon mais des résultats ne pourront être obtenus que s'il y a une convergence des actions des caisses, des pharmaciens et des médecins. Si l'objectif n'est pas atteint, en particulier au point de passage de mi-année, nous pourrions basculer d'une politique coopérative à des mesures plus brutales de régulation.

Des TFR généralisés ?

Les TFR en sont un exemple. Il y a eu bien sûr des interrogations sur l'opportunité de mettre en place des sanctions individuelles en cas de non-atteinte de l'objectif. Je pense que la prise de conscience de la profession est suffisante pour comprendre qu'il y a nécessité impérieuse à ce que nous atteignions nos objectifs.

Quant au contenu de l'accord, 70 % de génériques fin 2006, cela vous paraît-il réaliste ?

Il y a encore un écart substantiel entre le potentiel de substitution et la réalité. Pour réaliser ce potentiel, il faut diminuer les disparités de comportement, qu'elles reposent sur des raisons géographiques (Ile-de-France, PACA) ou sur des raisons de comportement des acteurs (assurés, médecins ou pharmaciens). On atteindra 66 % en juin et 70 % en décembre uniquement s'il y a une mobilisation totale : ceux qui jusqu'ici ne se sont pas énormément investis dans la politique du générique ont une responsabilité vis-à-vis de leurs collègues. Ceux qui ne font pas leur part du chemin porteraient une part de responsabilité de l'échec.

Et vous, quel sera votre engagement ?

En ce qui nous concerne, nous allons réitérer d'ici à la fin du premier trimestre les actions déjà initiées en 2005 consistant à écrire individuellement aux assurés (350 000 envois). En quelques mois, dans 40 % des cas, les comportements face aux génériques évoluent positivement. Je ferai également de l'accord tripartite médecins-pharmaciens-Assurance maladie, un des points importants de la négociation qui va s'ouvrir sur la convention médicale.

Sur quoi portera la déclinaison locale de l'accord ?

Le plus important n'est pas d'avoir conclu un accord mais d'être capable de le mener au bout en atteignant l'objectif fixé. Le management et le suivi de l'accord seront délégués aux commissions paritaires locales qui vont être créées. Dans chaque commission, les représentants des pharmaciens et des caisses pourront suivre l'atteinte de leurs objectifs et déployer des actions locales complémentaires de celles menées au niveau national comme, par exemple, réunir des groupes de pairs chez les professionnels, organiser des actions conjointes médecins-pharmaciens-caisses.

Un syndicat a demandé un « bonus formation » pour les pharmaciens qui sont déjà au niveau de l'objectif de substitution. Cela figure-t-il dans l'accord ?

Il y a effectivement eu une demande de certains représentants de la profession pour qu'il y ait un mécanisme incitatif, en particulier en cas de réussite. Dans un premier temps, je me suis interrogé sur l'opportunité de mettre en place une telle clause sachant qu'il aurait été logique qu'elle soit assortie de sanctions pour ceux qui ne la respecteraient pas. J'ai accepté dans l'accord de faire référence à une sorte d'intéressement collectif qui serait déclenché dès lors que l'objectif national est atteint. A la convention de déterminer comment mettre en oeuvre ce principe.

D'autres molécules seront-elles ajoutées aux 20 listées pour le suivi de l'accord [voir page 10] ?

Attention : l'accord couvre l'intégralité du Répertoire ! Nous avons simplement décidé de nous intéresser plus particulièrement à une vingtaine de molécules pour mieux suivre l'effort réalisé.

Vous êtes optimiste ?

On voit bien dans l'évolution des données de 2005 une très forte montée du taux de pénétration à Répertoire constant (hors effet simvastatine) jusqu'en octobre. La baisse de deux points en novembre est liée à l'arrêt des commandes et des ventes, mais nous savons qu'elle est effacée en décembre. Nous sommes donc en situation d'aborder l'année 2006 avec toutes les chances de notre côté.

Comment expliquer qu'il ait fallu le clash du PLFSS pour relancer les discussions conventionnelles ?

D'abord, je crois qu'il faut toujours transformer les crises en opportunités. Il est clair que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2006 a généré des interrogations, mais elle a été une occasion inespérée de relancer la politique contractuelle. Nous allons, courant janvier, définir nos orientations sur le contenu de la convention pharmaceutique qui va déboucher. Elle comprendra notamment la reconnaissance du rôle des officines dans la continuité des soins. Première étape : la mise en place d'une astreinte rémunérée. C'est le second accord signé le 6 janvier.

Prise en charge du petit risque, prescription pharmaceutique... De telles évolutions pourraient-elles se faire de manière conventionnelle ?

Nous ne sommes pas opposés aux délégations de tâches qui peuvent se faire entre professionnels de santé. Mais pour les réussir, il faut trouver les conditions de l'équilibre politique entre les professions, et pas seulement discuter avec les pharmaciens. C'est la condition de la réussite et de l'acceptation de ce type d'évolution. De plus, cela ne relèverait pas que de discussions conventionnelles mais d'évolutions réglementaires.

Le non-respect de l'accord générique impliquerait-il une remise en cause du passage à 150 Euro(s) pour les astreintes en 2007 ?

Le lien entre les deux accords n'est pas un lien économique de donnant-donnant mais un lien politique. Mettons déjà en oeuvre la première étape en 2006. Sur la seconde étape [une nouvelle revalorisation de 75 Euro(s) des astreintes est notamment prévue en 2007, NdlR], les conditions de sa mise en oeuvre dépendront aussi de l'équilibre général. Et c'est dans le cadre d'un accord global que l'on concrétisera cette deuxième étape.

La mobilisation des officinaux a-t-elle joué pour passer d'un PLFSS calamiteux à une relance des discussions avec l'Assurance maladie ?

L'intervention du ministre de la Santé a pesé. De notre côté, nous avons fait l'analyse que nos relations avec les pharmaciens d'officine sont des relations de long terme. Nous n'avons pas oublié qu'ils nous ont aidés à mettre en place la dématérialisation des flux, notamment avec SESAM-Vitale. Le fait que la profession ait su de longue date nouer des relations contractuelles et montrer qu'elle était capable de s'organiser a aussi pesé dans les décisions. C'est indiscutable.

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !