La France n'est plus une terre d'accueil - Le Moniteur des Pharmacies n° 2607 du 10/12/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2607 du 10/12/2005
 

ÉTUDIANTS ÉTRANGERS

Carrières

Sur les 28 000 étudiants que comptaient l'année dernière les facultés de pharmacie, à peine plus de 2 000 provenaient de pays étrangers. En cause, les procédures administratives et le manque de structures d'accueil. Un constat valable pour l'ensemble des universités françaises.

En matière d'accueil des étudiants étrangers, la France ne brille guère au tableau des bons élèves. Selon un rapport remis au Sénat en juin dernier, 9 % des étudiants faisant leurs études en dehors de leur pays seraient inscrits en France, contre 30 % aux Etats-Unis ou 14 % au Royaume Uni.

Les étrangers bouderaient-ils la France ou seraient-ils rebutés par la lourdeur des procédures administratives ? Les deux apparemment. Selon le rapport annuel de l'OCDE, la France se situerait au 19e rang sur 26 en ce qui concerne l'enseignement supérieur. Le Sénat déplore la trop grande difficulté pour les étudiants à obtenir en temps voulu les autorisations et visas nécessaires pour venir étudier en France.

7,4 % d'étrangers inscrits en pharmacie.

Les facultés de pharmacie n'échappent pas à ce constat. Elles peuvent en principe accueillir 8 % d'étudiants étrangers en plus de leur numerus clausus. Le quota n'est pas atteint : ils étaient seulement 7,4 % l'année dernière, avec une répartition à peu près similaire dans chaque cycle : 7,8 % inscrits au premier cycle, 5,3 % au deuxième et 7,8 % au troisième.

Des motivations diverses.

Un tiers s'installent en France pour une partie seulement de leur cursus, suite à des accords internationaux interuniversitaires ou dans le cadre de Socrates ou Erasmus. Ils sont généralement intéressés par la confrontation de leur vision de la pharmacie à celle du pays d'accueil et ne dédaignent pas les arguments d'ordre touristique... Les deux tiers restants s'inscrivent de façon individuelle, pour des raisons linguistiques et en fonction des villes où ils connaissent quelqu'un susceptible de les héberger. « Ces candidatures individuelles sont le plus souvent originaires des pays africains francophones, note Michel Brazier, président de la Conférence des doyens et doyen de la faculté d'Amiens. Les onze étudiants d'origine étrangère inscrits à la faculté d'Amiens sur l'année 2004-2005 venaient du Liban, du Maroc, de Tunisie, du Cameroun, d'Algérie et du Congo. »

Autre cas de figure, relativement nouveau, celui des pharmaciens munis d'un diplôme de leur pays d'origine et qui souhaitent exercer en France. « Nous assistons en effet à l'inscription d'étudiants en première année qui, diplômés dans leur pays d'origine, souhaitent obtenir une équivalence en France, poursuit Michel Brazier. Ils s'inscrivent donc en première année et, s'ils sont classés, nous pouvons aménager leurs études sous certaines conditions, pour leur permettre d'accéder directement au troisième cycle professionnel. Au final, ils obtiennent un diplôme français qui leur permet d'exercer en France. »

Québécoise, Anne-Marie effectue sa cinquième année en option industrie à Grenoble. « Je suis venue à Grenoble car je voulais me spécialiser dans le domaine industriel et voir un peu ce que c'était. Je ne sais pas encore exactement ce que je veux faire dans le domaine pharmaceutique. Et la ville me plaisait car j'aime la montagne. »

Manque de structures d'accueil.

Selon le mode d'arrivée en France, le parcours est également plus ou moins aisé. Ce sont les candidatures individuelles qui rencontrent le plus de difficultés pour s'inscrire, obtenir les visas et s'intégrer au sein des facultés. « On constate, en visitant les sites Internet des universités, que c'est cette dernière catégorie d'étudiants à laquelle on accorde le moins d'attention, si l'on en juge par l'information disponible », note encore le rapport du Sénat.

Sur le terrain, cette tendance se confirme, comme le témoigne Emmanuel, étudiant camerounais : « Dans mon pays, il n'y a pas de facultés de pharmacie. J'ai choisi la France en raison de la langue et parce que j'y avais différents points de chute, ce qui facilitaient mon arrivée, le logement et mon intégration, explique-t-il. Mais la première année a été très dure. Je suis arrivé avec un mois de retard. J'ai envoyé ma demande au centre administratif français en janvier et la réponse n'est arrivé qu'en septembre. Ensuite, le temps d'effectuer les diverses démarches administratives, j'ai rejoint la faculté mi-octobre. Le manque de structure d'accueil à la faculté a aussi été un souci. Je ne savais pas comment m'orienter sur le site, récupérer les cours manqués, avoir les polycopiés, etc. Sans compter les problèmes de cartes de séjours, de froid, de solitude... »

Initiatives tourangelles.

Certaines facultés pourtant tentent de faciliter l'intégration des étudiants étrangers. « Nous sommes une petite faculté, c'est peut-être aussi ce qui facilite les contacts. Les étudiants étrangers nous rendent souvent visite à la scolarité, ce qui nous permet de les orienter au mieux dans leurs démarches, assure ainsi Marie-Christine Jossec, du service scolarité de la faculté de Tours. Durant leurs premières années, ils sont également pris en charge par les étudiants des années précédentes dans le cadre du tutorat. Deux enseignants sont aussi à leur disposition et proposent en début d'année une réunion pour mieux les accompagner. »

Venir étudier en France est donc loin d'être simple. Mais ceux qui en ont fait l'expérience ne le regrettent pas. « Je suis le seul Noir et étranger de ma promotion, et c'est pour moi un enrichissement culturel de tous les jours, je l'espère pour eux aussi », se réjouit Emmanuel.

« Ce voyage me motive énormément et je crois qu'il m'apportera beaucoup pour ma formation universitaire, pour l'expérience et pour la connaissance de moi-même », renchérit Anne-Marie, qui n'a pas l'air de faire de son avenir tout une montagne.

Priorité aux « hauts potentiels »

Chaque année, 50 000 étudiants étrangers arrivent sur les bancs des facultés. Le gouvernement a annoncé, le 29 novembre, que l'accueil deviendra plus sélectif qu'aujourd'hui. Les étudiants en mastère ou en doctorat (des « hauts potentiels ») pourront renouveler plus facilement leur visa et obtiendront une carte de séjour de six mois pour trouver un emploi. Pour les autres, seront vérifiés, en amont par les autorités, le cursus, les projets des étudiants ainsi que l'intérêt du pays d'origine.

Un premier tri sera réalisé par les centres d'études en France (CEF) qui accorderont un visa, la sélection finale restant aux universités.

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