Dix idées pour petits budgets

Oui, il est possible de réagencer son officine avec un petit budget. Certains prestataires peuvent vous y aider à condition que la surface à rénover ne dépasse pas 50 à 70 mètres carrés. Mais il n'y a pas de secret ! Pour respecter l'enveloppe, il faut adapter le choix des matériaux au budget du pharmacien, en proposant par exemple des coloris plus standard, du mélaminé, une alternance de vrais tiroirs bas et de fausses façades de tiroirs décoratives, une uniformisation des tailles de meubles pour avoir le moins de chutes de bois possible, des tablettes en verre de 8 mm au lieu de 10 ou 15 mm...

« Un petit budget ne nous empêche pas de concevoir des agencements de qualité. Rendre un agencement très beau est une question d'astuces ! », affirme Bruno Chevalier-Chantepie (Agilys). Pour faire économique, il faut faire simple, renchérit Olivier Raffin-Pieri (Pierre Fabre), qui détaille : « Un mobilier droit - dès qu'on incurve, c'est plus cher -, classique, autoportant avec joues, un rangement en placard plutôt qu'en tiroirs bas, deux à trois fois moins chers (500 Euro(s) le module au lieu de 2 000 à 3 000 Euro(s)), des comptoirs de forme carrée ou rectangulaire sans tablettes de verre, trois fois moins chers (400 Euro(s) au lieu de 1 000 à 2 000 Euro(s)), une signalétique autocollante à 30 Euro(s) par module (plus élaborée, elle peut monter jusqu'à 400 Euro(s)) et le recours à des artisans locaux pas forcément spécialisés dans la pharmacie, pour faire le mobilier notamment... Bien sûr, ils ne proposent pas la variété, la technicité ou la créativité des grands agenceurs, mais ils font un travail propre et efficace qui ne diminue en rien l'impact commercial. Mais tout dépend aussi de l'environnement concurrentiel de l'officine et des contraintes liées au point de vente. De très grosses rotations, des étagères de 40 ou 50 cm de profondeur ne peuvent être réalisées que par des agenceurs spécialisés. »

Petit budget ne signifie pas non plus manque de modernité. Pour Olivier Raffin-Pieri, il faut être capable de jouer la carte de l'audace, dans les couleurs par exemple, pour minimiser l'obsolescence du style et faire durer l'agencement dans le temps. C'est ce que fit la Pharmacie Ville active à Nîmes (Gard), en optant pour une alternance d'orange et d'anis à une période où la tendance en pharmacie était au mélange de bois.

De 30 000 à 60 000 euros l'agencement.

S'il est possible de faire de l'économique sans tomber dans le rossignol, il est extrêmement difficile de trouver des agencements de pharmacie « d'occasion ». Les sociétés qui s'y sont essayées il y a quelques années ont fermé. « L'agencement est un produit de consommation et les pharmaciens ne souhaitent pas de l'occasion. De plus, les agencements d'occasion sont très difficiles à adapter : il manque toujours des modules qui doivent être faits en complément et qui, dès lors, reviennent cher. En outre, le coût de transport et les frais de pose des meubles sont souvent prohibitifs », indique Alain Billet (Boisson #amp; Partners). Les petits budgets représentent 20 % de son activité, « même si la tendance depuis les années 2000 est à de plus gros investissements ».

Il est donc possible aujourd'hui de réaliser un agencement commercialement efficace moyennant un investissement de 30 000 Euro(s) pour le mobilier, de 60 000 Euro(s) si l'on inclut le sol, les plafonds, l'électricité et un lifting de la façade. Les dix réalisations présentées ici le prouvent. De quoi rassurer les jeunes pharmaciens qui s'installent.

Sacrifier le back-office plutôt que la qualité

Pour tenir le budget, Jean Rolland (Jean Rolland Agencement) préfère réduire le budget du back-office plutôt que sacrifier la qualité. C'est ce qu'il a proposé à Frédéric et Isabelle Mascarau, titulaires de la Pharmacie des Calanques à Ensuès-la-Redonne (Bouches-du-Rhône), pour lesquels il a récupéré et remis en état de fonctionnement les colonnes-tiroirs, rhabillé entièrement les comptoirs à l'aide de panneaux aux nouvelles couleurs de la pharmacie et dotés d'intercomptoirs neufs. Budget total du mobilier (hors éclairage et carrelage) : 30 000 Euro(s).

« La qualité des meubles est très satisfaisante et j'ai apprécié la capacité de Rolland à recycler certains anciens meubles dont les comptoirs et les linéaires de médication familiale, qui ont été rajeunis par des insertions de panneaux en bois en partie basse, en partie haute et entre les modules, et la signalétique est rétro-éclairée. Il nous a également proposé des meubles de parapharmacie doubles qui servent de linéaires pour la vente et d'épis stockeurs côté back-office. Ces astuces nous ont permis de respecter notre budget initial, avec un rendu très qualitatif », commente Frédéric Mascarau.

La surface de vente est passée de 25 à 40 m2

JBCC (groupe Agilys) a agencé en neuf jours l'officine de Geoffroy et Marie-Stéphanie Bertho, à Saint-Macaire-en-Mauges (Maine-et-Loire). La surface de vente est passée de 25 à 40 m2. Résultat : une belle officine, moderne mais sobre, déclinée en bois acajou et métal argenté gris titane, des meubles à joues beiges en médication familiale, des linéaires sans joues à tiroirs bas de stockage pour la parapharmacie. L'officine, tous travaux inclus, a coûté 60 000 Euro(s), auxquels il faut ajouter 7 000 Euro(s) de colonnes-tiroirs. « JBCC a fait preuve de beaucoup d'écoute, de souplesse et de disponibilité. Ils ont été jusqu'à nous faire cadeau d'épis d'occasion pour le back-office. C'est au-delà de ce que nous attendions », commente Geoffroy Bertho.

Agilys réalise la moitié de ses agencements pour des budgets compris entre 25 000 et 40 000 Euro(s) pour le mobilier uniquement, et entre 35 000 et 70 000 Euro(s) tous travaux inclus.

Lifting de la façade et du back-office en prime !

Jean-Claude Magnien, titulaire à Toussieu (Rhône), n'avait pas refait son agencement depuis 1984. Un investissement de 60 000 Euro(s), confié à Boisson #amp; Partners, lui a permis de refaire complètement son officine, de façon originale. L'objectif était de rechercher un meilleur éclairage et d'obtenir un « mieux-être » dans le travail : signalétique géante en métal découpé rétro-éclairé, linéaires à crémaillère pour agrandir l'espace, petite gondole centrale pour créer un sens de circulation et trois banques de délivrance incluant une zone d'exposition composée de bois et de tablettes de verre incurvées. Plus un lifting de la façade et du back-office !

Un audit complet quelle que soit l'ampleur de l'investissement

Patrick Laurency (Actis Agencement) l'affirme : « Un audit complet est proposé quelle que soit l'ampleur de l'investissement. » Et parfois le budget est très faible, comme celui que Gérard Rosilio, titulaire de la Pharmacie du Sénat, à Paris, a investi (35 000 Euro(s)), back-office compris, dans l'aménagement intérieur de son officine de 40 m2. « Il s'agissait de réaliser un agencement clair qui majore la lisibilité de l'offre sur une surface de 25 m2. D'où un univers segmenté par des linéaires à joues et une signalétique forte rapidement repérable. L'espace, extrêmement lumineux, évite la sensation de confinement liée à de petites surfaces, minimisant l'impact de l'offre produits. Il a fallu mener une "opération commando" pour boucler le chantier très rapidement », commente Patrick Laurency. En quatre jours et demi, pose du sol incluse, la Pharmacie du Sénat était refaite à neuf.

Pour Patrick Laurency, on peut obtenir une efficacité commerciale comparable quel que soit le budget investi. Ce résultat est tout autant lié à l'effet de nouveauté, identique dans les deux cas, qu'à la réorganisation et à l'augmentation de la lisibilité de l'offre produits. « Comme pour une officine qui aurait investi plusieurs centaines de milliers d'euros, une officine qui a mis 60 000 Euro(s) dans son agencement peut espérer un retour sur investissement au bout de trois exercices », précise Patrick Laurency. Gérard Rosilio a choisi Actis après avoir contacté trois autres agenceurs, « pour son efficacité et sa compétitivité. Les autres propositions allaient jusqu'à 41 000 Euro(s), pour des concepts moins aboutis ».

Travailler l'identité visuelle

Delta Concept a agencé une trentaine de pharmacies depuis trois ans. Les budgets relatifs au mobilier étaient compris entre 30 000 Euro(s) pour une surface de vente de 50 m2 et 50 000 Euro(s) pour une surface de 80 m2. Pour François Dautais, on peut faire du très beau et de l'efficace pour pas cher. Pour cela, il travaille beaucoup sur l'identité visuelle, la présentation des produits et les flux de circulation. A ses yeux, 50 000 Euro(s) suffisent pour acquérir un mur d'images ou des caissons lumineux.

La Pharmacie Cheval, à Aubigny (Vendée), réagencée pour 60 000 Euro(s) dont 34 000 Euro(s) de mobilier, correspond bien à ces options : identité visuelle forte (déclinaison du mobilier en orange, jaune et bleu vif, hors des canons habituels de l'officine), signalétique rétro-éclairée métallique, mobilier à crémaillères sans joues en médication familiale, meubles de parapharmacie originaux avec une note exotique « asiatisante ». « Nous avons augmenté notre chiffre d'affaires de 15 à 20 % en un an dont la moitié est imputable au réagencement et en particulier à une exposition très claire et très lisible de la médication familiale », confirme Florence Cheval.

Un architecte pour du sur mesure

Même avec un petit budget, il est possible de faire appel à un architecte. Philippe Collin réalise des agencements en tant que maître d'ouvrage moyennant un budget de 50 000 Euro(s) auxquels s'ajoutent 5 000 Euro(s) d'honoraires. Anh-Dung Vovan, titulaire de la Pharmacie de Provence à Viry-Châtillon (Essonne), a sollicité Philippe Collin. « Cette pharmacie de quartier est devenue accueillante, avec son ambiance colorée, apaisante et chaleureuse, respectant les modules de présentation classiques pour l'implantation des univers, avec une lumière soignée », décrit l'architecte. Les titulaires, en accord avec leur environnement, ont utilisé le feng shui, avec prédominance de bois, couleurs pensées, orientation spécifique des comptoirs... « Du sur mesure pour un budget restreint. Faire appel à un architecte d'intérieur libéral, très présent, ce n'est pas inaccessible », assure Philippe Collin, qui reconnaît cependant ne pas avoir pu assumer les travaux de sol, de plafond et d'éclairage.

De fait, l'agencement est assez sophistiqué : signalétique rétro-éclairée, tablettes rétro-éclairées en linéaire, comptoirs courbes stratifiés sur mesure.

Un devis très détaillé

Actis a agencé la Pharmacie de Pascale et Tim May à Neuilly-Plaisance (Val-de-Marne) pour un budget global de 37 000 Euro(s). « Le problème lorsqu'on a un petit budget c'est que beaucoup d'agenceurs négligent les plans et le montage du dossier. Nous avons contacté cinq agenceurs avant de choisir Actis, certains nous ayant proposé des devis extrêmement vagues qui montaient jusqu'à 50 000 Euro(s). Actis nous a soumis un devis très détaillé et une prestation complète : meubles, sol, plafond, électricité, colonnes-tiroirs. Nous sommes très satisfaits du rapport qualité/prix. »

60 000 euros pour réagencer 80 mètres carrés

Selon l'agence Essor 3, pour qu'un agencement reste « décent » il ne doit pas descendre en deçà de 800 Euro(s)à 1 000 Euro(s) du mètre carré. Ainsi, Patrice Cattus, titulaire à Montmorillon (Vienne), a dépensé 60 000 Euro(s) pour aménager 80 m2 de surface de vente. « Le prix était on ne peut plus intéressant compte tenu de l'ampleur des travaux qui incluaient la chape, le carrelage, la peinture, le plafond, l'électricité, le back-office avec des colonnes-tiroirs neuves.... L'agenceur référencé par mon groupement, Népenthès, me demandait 10 000 euros de plus ! » Patrice Cattus a opté pour des couleurs originales, signant l'identité visuelle du lieu, dont un bleu assez soutenu pour le mobilier, en particulier les comptoirs, designés avec leur façade incurvée, et un carrelage bleuté marbré.

Des modifications ponctuelles mais essentielles

Petit budget oblige, il est aussi possible de redynamiser l'espace de vente et d'initier une nouvelle impulsion commerciale sans pour autant effectuer un réagencement complet. La Pharmacie Cotonat, à Toulouse (Haute-Garonne), en cours de réalisation par Pierre Fabre, fera l'objet de modifications ponctuelles mais essentielles, moyennant un budget de 50 000 Euro(s). Au programme : suppression du sas d'entrée, mise en place d'une circulation fluide (gondoles centrales), renouvellement de l'éclairage, restructuration de l'espace par repositionnement de nouveaux comptoirs, remplacement de certains matériaux de l'espace clients, redynamisation de la façade pour en majorer la visibilité.

Un visuel autocollant géant en vitrine

Petit budget n'est pas pour autant synonyme de moindre impact : la Pharmacie Ville active, à Nîmes (Gard), agencée par Pierre Fabre il y a cinq ans sur 250 m2 de surface client (70 000 Euro(s)) à la suite d'un transfert, a réalisé une impressionnante progression de son chiffre d'affaires, en passant de 535 000 euros à 3 millions d'euros. Aujourd'hui Véronique Van Sam s'apprête à donner une nouvelle attractivité à son officine en dynamisant sa façade grâce à un visuel autocollant géant, microperforé pour laisser passer la lumière. Un excellent impact pour seulement... 3 000 euros. -