Quitter l'officine pour l'industrie - Le Moniteur des Pharmacies n° 2604 du 19/11/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2604 du 19/11/2005
 

RECONVERSION

Carrières

Les candidats à l'officine venant de l'industrie ne rencontrent guère de difficultés pour effectuer une reconversion. Le chemin inverse est nettement moins aisé, mais possible. Témoignages.

Vous êtes plus de 52 000 diplômés (titulaires, adjoints, intérimaires) à travailler à l'officine contre quelques milliers dans l'industrie pharmaceutique. Un rapport inégal qui préjuge des difficultés à décrocher un poste dans l'industrie, qui plus est lorsque l'on vient de l'officine. Difficultés certes, mais pour ceux qui le désirent des opportunités existent, comme le prouvent les parcours de Valérie, Catherine, Tuong Van ou Jérôme.

Tous les quatre ont opté pour la filière officinale à la faculté et ont travaillé en officine à l'issue de leurs études avant de se tourner vers l'industrie. Leurs motivations sont assez semblables : le contact et le conseil leur ont plu mais l'exercice officinal est devenu, au fil des ans, routinier, émoussant leur intérêt pour le comptoir. La difficulté à s'installer, et par conséquent le peu de chances de voir leur carrière évoluer, a balayé leurs dernières hésitations et fait pencher la balance en faveur de l'industrie. « Pharmacien d'officine est un très beau métier, à condition de s'installer, note Tuong Van Montassier. Lorsque je suis sortie de la fac en 1994, je pensais devenir titulaire à plus ou moins long terme. J'ai abandonné cette idée en 2003, cela m'a paru trop risqué avec les moyens que j'avais... » Pour ces déçus de l'officine, l'industrie apparaît comme l'eldorado. Reste à trouver le sésame.

Des opportunités dans la répartition et l'homéo.

Tuong Van Montassier a choisi de suivre un DESS de droit de la santé à Châtenay-Malabry, une carte de visite non négligeable mais pour laquelle la sélection est rude. Elle l'était déjà pendant ses études... « Il y avait plus de 500 demandes par an pour la filière industrie pour seulement environ 70 places, et une vingtaine dans la filière hospitalière », se souvient-elle.

Un troisième cycle permet d'acquérir une spécialisation « monnayable » auprès des labos et de mettre un pied dans le monde de l'industrie par le biais des stages. Peu importe le libellé (MBA de l'IAE, mastère en management médical de l'ESCP, DEA de la faculté de pharmacie...) pourvu qu'il apporte un réel plus sur le CV.

« Même si l'on peut entrer directement dans l'industrie sans passer par un 3e cycle, celui-ci n'est pas à sous-estimer. Bien choisir son école est primordial car c'est elle qui permet d'acquérir les bases de marketing ou de gestion par exemple, remarque Valérie Callens, adjointe dans une officine pendant deux ans et actuellement responsable régionale chez Boiron. De plus, elle offre habituellement la possibilité de mettre un pied dans le monde de l'industrie par le biais du stage.» Un stage à choisir avec le plus grand soin car il peut aboutir à un premier emploi. C'est ainsi que Jérôme Albisetti, après six ans d'officine, un MBA de l'IAE en poche, a vu son stage chez Alliance Santé se conclure par un CDI.

« La répartition peut constituer une passerelle entre l'officine et l'industrie, explique Jérôme. Après deux ans de répartition j'ai pu trouver un poste de pharmacien responsable d'établissement dans un laboratoire d'homéopathie. Lors de l'embauche, j'ai mis en avant ma double compétence d'officinal et de management et logistique. » Outre la répartition, les laboratoires homéopathiques semblent en effet assez ouverts à l'intégration d'officinaux et offrent des opportunités non négligeables.

Compétition permanente.

Réussir dans l'industrie après quelques années de comptoir n'est donc pas insurmontable, à condition toutefois de jouer la carte de la motivation à tout crin face à vos employeurs potentiels. « Que le candidat vienne de l'officine ou de l'industrie, je m'intéresse d'abord à sa personnalité. Et à ses capacités d'adaptation », confie Didier Laloye, directeur « business unit » chez Roche, qui a débuté sa carrière à l'officine. Prouver que vous êtes vraiment motivé passe souvent par une grande capacité d'adaptation. « Il ne faut pas hésiter à être mobile pour élargir ses recherches », ajoute Jérôme Albisetti.

S'adapter permet aussi d'élargir la palette de postes convoités au sein d'un même labo. Après un premier CDD de six mois aux affaires réglementaires chez GSK, Tuong Van Montassier a pu décrocher un second CDD à la direction commerciale. « Beaucoup de postes sont pourvus directement par les candidatures internes, la compétition est très rude. Sur chaque poste il peut y avoir vingt à trente candidats », explique-t-elle. Car si l'industrie fait rêver lorsque l'on est derrière le comptoir, elle nécessite une bonne dose d'énergie et de pugnacité car les places y sont chères.

« Dans l'industrie on apprend constamment, mais on est aussi en compétition perpétuelle. Cela oblige à rester perpétuellement en alerte et à progresser plus vite que les autres », note Jean-Christophe Lauzeral, ex-directeur marketing Canada chez Upsa, qui a suivi le chemin inverse en devenant titulaire.

Une opinion partagée par Valéry Lefebvre, conseiller en développement pharmaceutique chez Boiron. Sorti de la filière industrie, il a repris une officine après avoir été chef de produit chez Roussel Uclaf puis consultant dans une société spécialisée durant huit ans. « Il est sans doute plus facile de passer de l'industrie à l'officine que le contraire. Pourtant, avoir les deux expériences est un réel atout lorsque l'on travaille dans l'industrie car elles sont très complémentaires et offrent une vision globale du monde pharmaceutique », conclut-il.

Donnez-vous les moyens de votre reconversion

- Un 3e cycle sera très apprécié. Ciblez-le en fonction des postes qui vous intéressent pour en faire un réel atout.

- Tapez aux bonnes portes et éventuellement procédez par palier. Un poste chez un grossiste avant de faire le grand saut peut servir de sésame. Choisissez plutôt les filières moins encombrées comme celle de la production. Délégué pharmaceutique est aussi un bon moyen de faire sa place.

- Mettez en avant les atouts de votre expérience officinale : connaissance du comptoir, bonne notion globale du marché, capacité d'écoute...

- Soyez très mobile pour mettre toutes les chances de votre côté.

- Attention : parler couramment l'anglais est obligatoire et une troisième langue est conseillée ! Elle pourrait vous permettre en effet de faire la différence face à d'autres candidats.

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