Les potards déchoient - Le Moniteur des Pharmacies n° 2600 du 22/10/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2600 du 22/10/2005
 

L'EMPLOI EN ARDÈCHE

Carrières

L'Ardèche, département rural, vit dans l'ombre de l'aire urbaine lyonnaise. Elle a de nombreux atouts pour attirer les vacanciers... Mais pas les pharmaciens.

Rurale, enclavée, l'Ardèche présente beaucoup de handicaps pour le marché de l'emploi en officine.

Située sur la bordure orientale du Massif central, l'Ardèche est l'un des huit départements de la région Rhône-Alpes. En dehors de sa façade rhodanienne et de ses principales agglomérations comme Annonay ou Aubenas, elle reste, avec une densité de 52 habitants au km2, un département rural. Si la vallée du Rhône et la région d'Annonay sont bien desservies par les grands axes de communication, les temps de parcours sont très importants dans le reste du département pour se rendre d'un point à un autre, en raison du relief et de l'absence de voie rapide. Bref, rurale, en majeure partie enclavée, l'Ardèche présente des handicaps certains pour le marché de l'emploi en officine, la majorité des récents diplômés lui préférant le département du Rhône et la métropole lyonnaise.

« Nous souffrons d'une concurrence importante de la part de la région lyonnaise. Une fois sortis de la faculté de Lyon, les jeunes pharmaciens, qui ont désormais l'embarras du choix, préfèrent rester dans un environnement urbain, économiquement et culturellement dynamique, indique Bruno Catterini, président du syndicat des pharmaciens de l'Ardèche, installé à Bourg-Saint-Andéol, petite ville de 8 000 habitants dans le sud du département. Il y a quelques années, des pharmaciens en recherche d'emploi se présentaient spontanément. Désormais, c'est plus souvent le hasard d'une mutation professionnelle du conjoint sur l'Ardèche qui guide un pharmacien vers nos officines. »

Un an pour trouver un remplaçant.

Si dans le nord, et dans l'agglomération d'Annonay notamment, la situation est un peu plus facile, elle reste problématique à l'intérieur des terres. « Mon pharmacien assistant, qui était là depuis quinze ans, m'a quittée en mai. La seule personne qui s'est présentée n'avait pas travaillé depuis dix ans, relate Isabelle Neyrand, pharmacienne à Aubenas. Finalement, j'ai pris un préparateur expérimenté et une étudiante pour l'été. Nous sommes deux associées et notre chiffre d'affaires ne nous impose pas un troisième pharmacien. Mais c'est plus confortable pour nous. »

Jacqueline Laurent, installée à Lavilledieu, village situé à 10 kilomètres d'Aubenas, a attendu une année avant de trouver un remplaçant à son pharmacien assistant, alors à temps partiel. « J'étais prête si besoin à transformer le poste en temps complet ! », confie-t-elle. Finalement, Jacqueline s'est tirée d'affaire grâce à la vente d'une officine proche : elle a embauché l'adjointe du pharmacien.

Dans le département, les coefficients proposés à un débutant oscillent entre 450 et 550, voire 600 en campagne, avec parfois, en plus du salaire, une prime de fin d'année. Pour Bruno Catterini, il faut chercher les raisons de la pénurie bien au-delà du manque d'attractivité apparent du département : « C'est le métier qu'il faut rendre attractif, via les rémunérations, les conditions de travail, etc. De plus en plus, les étudiants préfèrent s'orienter vers l'industrie, à leurs yeux plus attrayante. »

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : la faculté de Lyon compte actuellement en sixième année une cinquantaine d'étudiants en filière industrie et un peu plus de quatre-vingt en filière officine, soit environ 60 % seulement de la promotion.

La pénurie touche aussi les préparateurs.

L'origine du déficit serait-elle également à chercher dans la progression insuffisante du numerus clausus (210 prévu en 2006) ? « Là n'est pas la question, répond Bernard Minne, président du conseil régional de l'ordre des pharmaciens. D'ailleurs, le terme de pénurie est trop fort pour l'Ardèche. On ne trouve plus en deux jours, c'est certain, mais on finit par trouver. Il est très rare qu'une officine n'arrive pas à répondre à la législation obligatoire concernant le nombre d'adjoints. Le problème concerne surtout les titulaires qui veulent embaucher un pharmacien supplémentaire. Et les difficultés sont majorées si les officines sont retirées des grands axes. Le constat est simple : les jeunes diplômés ne veulent plus venir travailler à la campagne. »

Pour les préparateurs, la situation est semblable à celle des adjoints : plus facile en ville, plus difficile à la campagne. Laurent Dumont, pharmacien à Vallon-Pont-d'Arc, bourg de 2 000 habitants situé à proximité des gorges de l'Ardèche, témoigne : « Rechercher un préparateur a été une vraie galère. Il m'a fallu des mois pour trouver. J'ai dû m'aligner sur les salaires pratiqués en ville. » Même son de cloche du côté d'Ucel, 2 000 habitants également. « Nous n'avons reçu aucune candidature. Finalement, et fort heureusement, notre apprentie a eu son BP. Nous l'avons gardée », raconte Michel Delpas.

Raisons des difficultés ? « Nous sommes loin de connaître l'engouement des jeunes d'il y a trois, quatre ans pour la profession. L'heure est plutôt à la baisse des effectifs, constatée dans tous les centres de formation. Mais on retrouve une situation d'équilibre entre l'offre et la demande. En 2005, 80 % des 65 inscrits ont obtenu leur BP. Parmi les reçus, 70 % restent dans la région, 30 % s'éparpillent... », commente Jean-Marc Lozano, directeur du CFA Drôme-Ardèche.

A l'ANPE, trois offres d'emplois en six mois...

Pour trouver leur personnel, les officinaux se tournent principalement vers les grossistes-répartiteurs. A l'OCP, par exemple, on observe qu'il y a moins de difficultés à trouver un préparateur qu'un adjoint. Le syndicat ? Pas d'offres déposées actuellement mais des demandes : trois pharmaciens (deux ont vendu leur officine) et trois préparateurs proposent leurs services par ce biais. Un phénomène qui ne s'était pas produit depuis bien longtemps, constate-t-on au syndicat.

Actuellement, pour les deux professions, offres et demandes transitent peu par l'ANPE. A Annonay, trois offres d'emplois ont été comptabilisées en six mois mais aucune candidature de pharmaciens.

La situation de l'emploi en officine ne devrait pas évoluer à court terme dans ce département. Comme toutes les zones rurales, l'Ardèche est confrontée à une pénurie plus générale qui concerne également tous les professionnels de santé.

L'Ardèche en chiffres

- 3 arrondissements (Privas, Tournon-sur-Rhône, Largentière), 33 cantons, 339 communes.

- 286 160 habitants.

- 107 officines (1 officine pour 2 674 habitants).

- Population de plus de 60 ans : 74 401 (26 %).

- Actifs : 124 168.

- Taux de chômage au 1er trimestre 2005 : 10,5 %.

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