« Redonner du poids à la recherche » - Le Moniteur des Pharmacies n° 2595 du 17/09/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2595 du 17/09/2005
 

MICHEL BRAZIER, PRÉSIDENT DE LA CONFÉRENCE DES DOYENS

Carrières

CHU pharmaceutique, intégration de la pharmacie dans le dispositif licence-master-doctorat, revalorisation de la recherche pharmaceutique... A la veille de la rentrée universitaire, Michel Brazier, doyen de la faculté d'Amiens, nommé pour quatre ans président de la Conférence des doyens, fait le point sur les dossiers qu'il compte bien mener à leur terme.

« Le Moniteur » : Quelles sont vos priorités ?

Michel Brazier : Je prends la suite de mes successeurs sur les dossiers que la Conférence des doyens suit particulièrement. Trois nous tiennent particulièrement à coeur : l'intégration de la pharmacie dans le CHU, l'intégration des études de pharmacie dans le nouveau cursus des études universitaires, le LMD ou licence-master-doctorat et enfin la nécessité de redonner du poids à la recherche pharmaceutique dans les facultés.

Quel est le dossier le plus avancé ?

La loi de modernisation sociale de janvier 2002 a prévu l'intégration de la pharmacie au CHU. Nous attendons les décrets d'application très prochainement. Pour les étudiants en pharmacie, les stages hospitaliers, en 5e année, existent depuis quinze ans. Malheureusement les moyens d'encadrement manquent. Les stages doivent avoir lieu dans les services cliniques sous la conduite de médecins dont ce n'est pas le rôle. Cela se passe de mieux en mieux car des liens avec les médecins se tissent mais l'encadrement pharmaceutique fait défaut. Aujourd'hui la présence pharmaceutique dans les services cliniques se renforce et des initiatives pour créer des postes d'internes réservés aux pharmaciens (internes) voient le jour. Les décrets renforceront cette démarche en accordant aux pharmaciens un vrai statut de praticien hospitalo-universitaire alors que, jusqu'ici, ils ne bénéficiaient que de dérogations pour pouvoir exercer dans le secteur hospitalier et enseigner en faculté. La formation en milieu hospitalier pour les pharmaciens sera ainsi reconnue.

Où en est la réflexion sur l'intégration des études de pharmacie dans le dispositif LMD que mettent en place les universités européennes ?

Je suis ce dossier avec attention. La faculté d'Amiens joue d'ailleurs un rôle pilote en la matière. Nous avons mis en place des formations de licence et de master dans cette faculté. Il est important que la pharmacie intègre le nouveau cursus européen qui est appliqué dans toutes les universités : ce dispositif simplifie les structures de formations avec la mise en place d'une licence (bac + 3), d'un master (bac + 5) et d'un doctorat (bac + 8), et il prend en compte la professionnalisation des études avec une formation mieux adaptée aux métiers. En commun avec la Commission nationale pédagogique, nous avons élaboré un projet dans les grandes lignes que nous présenterons aux autorités ministérielles à la rentrée.

Comment le dispositif s'articulerait-il ?

Nous souhaitons que l'intégration dans le dispositif LMD se fasse avec la création de licences et de masters « santé » qui intègrent les sciences pharmaceutiques, médicales et odontologiques, pour favoriser l'émergence d'unités d'enseignement communes. Nous avons d'ailleurs entamé dans ce cadre des discussions avec les facultés de médecine et d'odontologie pour élaborer un projet commun. Avec le système LMD, qui fonctionne par semestres (il faut valider six semestres pour obtenir une licence)*, désormais l'étudiant construit sa formation avec le soutien d'une équipe pédagogique. Il aura des UE obligatoires pour arriver à la licence de pharmacie, mais il pourra également choisir des UE optionnelles, éventuellement hors pharmacie, pour diversifier sa formation. Nous souhaitons également que la réforme soit mise en place au niveau européen et nous avons pris contact avec l'Association européenne des facultés de pharmacie.

On parle de formation à la carte avec le LMD. Ne risque-t-on pas d'aller vers la fin de l'unicité du diplôme ?

La question ne date pas d'aujourd'hui, l'intégration éventuelle du cursus pharmacie dans le dispositif LMD rappelle cette question. L'application du système LMD n'entraînera pas de bouleversement dans les études de pharmacie car nous nous appuierons sur le cursus tel qu'il existe aujourd'hui. Mais un étudiant qui veut travailler en officine n'aura pas les mêmes besoins qu'un étudiant qui se destine à l'industrie ou à la recherche. Maintenir l'unicité du diplôme nécessitera que tous les étudiants en pharmacie possèdent un socle commun de connaissances le plus large possible, qui permette des passerelles entre les différentes formations. Sera-t-on capable de construire ce socle ou devra-t-on s'engager vers une spécialisation de plus en plus précoce dans les filières ? C'est un débat qui va s'ouvrir.

Comment renforcer et valoriser la recherche pharmaceutique ?

Nous avons mis l'accent sur une formation professionnalisante avec des stages qui nécessitent un suivi important des étudiants, mais nous avons délaissé en partie l'aspect scientifique qui doit être aussi développé dans nos facultés. Il existe aujourd'hui une recherche de bon niveau dans les facultés de pharmacie mais ces équipes ont besoin d'une plus forte visibilité. Le ministère de la Recherche ne souhaite plus disperser ses moyens. A l'exception des facultés avec des moyens humains importants, les équipes de recherche des UFR de pharmacie ne sont pas suffisamment densifiées. Il faut définir une masse critique, un niveau d'excellence pour que nos équipes soient compétitives, par exemple dans la mise en place des pôles de compétitivité. Cela ne pourra se faire que si nous structurons les équipes, soit au niveau local entre les facultés de pharmacie et les autres composantes des universités, soit en mettant les équipes de pharmacie en réseau. Cette réorganisation est d'autant plus nécessaire qu'aujourd'hui, la filière recherche attire insuffisamment nos étudiants. Il faut qu'elle redevienne attractive. De plus, n'oublions pas que les masters de recherche et professionnels doivent obligatoirement s'appuyer sur des équipes de recherche reconnues.

* Chaque semestre d'études est organisé en plusieurs unités d'enseignement (UE) et représente 30 crédits de formation. Il faut totaliser 180 crédits pour obtenir la licence et 120 crédits supplémentaires pour obtenir le master.

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