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Actualité
Enquête
Rien ne prédestinait Pascal Noël à faire du vin. Pourtant, ce pharmacien partage son temps entre son officine et une exploitation viticole de 20 hectares, héritage de sa femme. Le couple en a repris les rênes en 1995. « En toute logique, car elle appartient à la famille depuis des siècles. » Pascal Noël a donc décider de vendre sa première officine montpelliéraine. « J'y travaillais 60 à 70 heures par semaine. En m'associant avec un confrère de Pignan, j'ai dégagé du temps libre que je consacre en partie aux vignes et à nos deux cents oliviers. » Chaque année, le nouveau vigneron produit environ 1 200 hectolitres de vin rouge, vendu en vrac aux négociants. Si Pascal Noël exerce avec un égal plaisir « deux métiers proches de la nature », cet ancien président de l'UNPF pour le Languedoc-Roussillon n'entend pas se disperser : « J'ai pris un régisseur à qui je donne chaque jour des instructions sur le terrain ou au téléphone, par exemple sur les traitements à employer ou les choix d'encépagement. »
Dans ce village viticole, les Noël ont réussi leur intégration : « Au comptoir, on parle facilement viticulture. On se rencontre entre propriétaires, on s'échange des adresses. » Un des fils est pharmacien-oenologue, l'autre restaurateur. Mais le métier devient de plus en plus difficile. « L'époque est révolue où l'exploitation rapportait plus au grand-père de ma femme que ses honoraires de médecin, soupire Pascal Noël. Malgré nos efforts pour faire évoluer le domaine, je ne gagne pas un centime, c'est ma danseuse. » Pour la première fois cette année, une partie de la récolte est restée dans les cuves. « Le jour où je serai obligé de renflouer le domaine avec la pharmacie, je prendrai certainement d'autres options. Mais j'aurai mal au coeur... »
« Dispenser un produit de santé, c'est vendre un produit à risque. Dans une logique de prévention des risques, les pharmaciens titulaires sont assujettis à une obligation d'exercice personnel. C'est une mesure de sécurité qui justifie le monopole pharmaceutique. A ce titre et du fait du principe de l'indivisibilité de la propriété et de l'exploitation des officines, les pharmaciens titulaires ne peuvent exercer par ailleurs une autre profession. Ce cumul porterait préjudice à l'activité officinale en interférant sur la qualité du service professionnel. Mais être propriétaire viticole n'est pas en soi une profession », souligne François Locher, professeur de droit pharmaceutique à Lyon.
Donc, rien n'empêche un pharmacien titulaire d'être également propriétaire de vignes. « Le pharmacien n'a pas le statut d'exploitant agricole dès lors qu'il loue ses parcelles de vignes à un viticulteur. Il perçoit alors un fermage qui correspond à des revenus fonciers. En revanche, si le pharmacien déclare un bénéfice agricole, ce revenu implique une activité en tant que viticulteur. Et être viticulteur, c'est exercer une profession ! », précise Marcel Bablon, juriste à la chambre d'agriculture de Côte-d'Or.
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