Un nouvel atout dans les études - Le Moniteur des Pharmacies n° 2590 du 09/07/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2590 du 09/07/2005
 

ENSEIGNEMENT PHARMACEUTIQUE DANS LES CHU

Carrières

De prochains décrets devraient rendre enfin effective l'intégration de la pharmacie dans les centres hospitaliers universitaires, à l'instar de ce qui se passe en médecine. Voici ce que la réforme devrait changer.

La loi parue au Journal officiel en janvier 2002 a jeté les bases de l'intégration de la pharmacie au CHU. A l'instar de ce qui s'est passé en médecine, pour laquelle les facultés sont liées par convention aux centres hospitaliers depuis 1958, les facultés de pharmacie pourraient donc développer un partenariat avec les centres hospitaliers universitaires. La formation des étudiants en pharmacie serait ainsi intimement liée aux activités de santé développées à l'hôpital.

Pour l'heure, le div reste un voeu pieu faute de décrets d'application. Mais les choses pourraient changer rapidement. Après trois ans de négociations, un consensus est apparu et des décrets seraient quasiment rédigés et auraient dû être publiés en septembre, au dire de l'ancienne équipe ministérielle. Le récent remaniement retardera-t-il un peu plus l'échéance ? « Il y a urgence, insiste Gilles Aulagner, président du Syndicat national des pharmaciens hospitaliers et praticiens hospitaliers universitaires (SNPHPU). Attendre plus de trois ans et demi les décrets d'application de cette loi, qui avait pourtant fait l'unanimité, a des effets pervers. »

Enseignants biappartenants.

On peut déjà prévoir les grands bouleversements que suppose cette réforme, à commencer par une nouvelle génération d'enseignants « biappartenants ». « La pédagogie a beaucoup évolué ces dernières années, analyse Michel Brazier, doyen de la faculté de pharmacie d'Amiens et président de la Conférence des doyens de facultés de pharmacie, en particulier au regard de la formation hospitalière, obligatoire depuis dix ans. La formation des étudiants se doit d'être plus concrète, au chevet du malade et en complémentarité avec le médecin. »

Cette petite révolution est plutôt bien vue des étudiants eux-mêmes, comme l'affirme Geoffroy Léna, vice-président de l'Association nationale des étudiants en pharmacie de France : « La population enseignante bénéficiera d'une expérience pratique. Pour nous c'est un plus. »

Certains points de la réforme font encore l'objet de discussions, comme les conséquences directes du double statut sur le recrutement, la gestion des carrières universitaires (actuellement gérées par le Conseil national des universités, section pharmaceutique) et les grilles de salaires, mais aussi sur le caractère dérogatoire de la faculté de pharmacie vis-à-vis de l'université, à l'instar de la faculté de médecine.

En revanche, il semble acquis que les universitaires ou hospitaliers qui ne souhaiteront pas être biappartenants pourront garder leur statut d'origine. De même, les enseignants de formation scientifique mais non pharmaciens (environ 30 à 40% de la population enseignante en faculté de pharmacie) pourront être intégrés par le CHU pour des activités non pharmaceutiques. « A terme, pourtant, il est important que tous les enseignants soient biappartenants », souhaite Gilles Aulagner.

L'intégration de la pharmacie au CHU marque aussi une opportunité à saisir pour la recherche. « Le problème de la recherche clinique en France est très aigu, surtout en ce qui concerne le médicament, note Michel Brazier. L'intégration de la pharmacie au CHU permettra le développement de ce type de recherche et de trouver de nouvelles sources de financement. » Un second souffle donc pour la recherche, et une forte attente des CHU eux-mêmes vis-à-vis des pharmaciens, selon le président de la Conférence des doyens : « Les CHU souhaitent développer leurs activités de recherche. Les pharmaciens qui les intégreront pourront créer une synergie intéressante avec les médecins. »

Réflexion sur la formation.

Au-delà de ces conséquences directes sur l'enseignement universitaire, c'est aussi une réflexion sur une réforme plus globale de la formation du pharmacien qui est menée. « C'était l'un des deux objectifs de cette loi de 2002 : mieux former les pharmaciens, et en particulier les pharmaciens d'officine grâce à des enseignants de terrain », rappelle le président du SNPHPU. Ces objectifs conduiront à moyen terme vers d'autres changements. « Nous avons engagé une réforme du 2e cycle avec la mise en place d'enseignements coordonnés, aujourd'hui notre réflexion porte de façon plus globale sur la place de la faculté de pharmacie dans le dispositif licence-mastère-doctorat », ajoute Michel Brazier.

Ce dispositif, qui a pour but d'harmoniser les formations dans les différents pays européens, et surtout de rénover les formations en plaçant l'étudiant au coeur du système, ne s'applique pas pour le moment aux professions de santé. « Nous réfléchissons à la manière dont nous pouvons intégrer ce dispositif et rénover notre formation en fonction de l'évolution des différents métiers du pharmacien », conclut Michel Brazier. Un programme ambitieux qui tarde à voir le jour. « Il existe aujourd'hui un pic générationnel et nombreux seront dans les années à venir les enseignants qui partiront à la retraite. Si l'on veut recruter le corps professoral sur un nouveau modèle, c'est aujourd'hui qu'il faut le faire », clame Geoffroy Léna.

Ce que disent les divs de loi

Loi n° 2002-73 du 17 janvier 2002 parue au Journal officiel du 15-18 janvier 2002, page 1008.

- L. 6142-1 : les centres hospitaliers et universitaires sont des centres de soins où, dans le respect des malades, sont organisés les enseignements publics médical et pharmaceutique et postuniversitaires, ainsi que, sans préjudice des attributions des autres établissements de recherche et d'enseignement, la recherche médicale et pharmaceutique et les enseignements paramédicaux.

- L. 6142-3 : dans les villes sièges d'unité de formation et de recherche de médecine et de pharmacie, les universités, pour ce qui concerne ces unités, et les centres hospitaliers régionaux organisent conjointement l'ensemble de leurs services en centres hospitaliers et universitaires.

- L. 6142-17 : sont déterminées par décret en Conseil d'Etat les mesures transitoires nécessaires et les modalités du recrutement commun initial, hospitalier et universitaire, ainsi que les conditions dans lesquelles les enseignants des unités de formation de recherche de pharmacie ayant à la fois des fonctions hospitalières et universitaires peuvent demander à être intégrés dans le nouveau corps ou à conserver le régime du corps auquel ils appartiennent.

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