Tant qu'il y aura des home tests

Avec un recul de 2,3 % en volume (16 millions d'unités vendues en 2004), identique à celui que l'on avait constaté en 2003, mais une progression en valeur de 8,3 % (364,6 MEuro(s)), le marché des autotests place la France au 3e rang des pays européens derrière l'Allemagne et l'Italie.

Premier segment sur le marché des home tests (63,1 % de parts de marché), l'autosurveillance glycémique (lecteurs et consommables) affiche une croissance de 4,4 % en unités et de 11 % en valeur pour un volume de 10 millions d'unités (dont 405 000 lecteurs), pour un CA de 295 MEuro(s). Une progression constante qui s'explique par l'augmentation du nombre de diabétiques (2,2 millions aujourd'hui) et le vieillissement conjoint de la population (la moyenne d'âge d'un diabétique est de 65 ans). Près d'un diabétique sur deux n'est pas équipé de lecteur, car il existe à la fois chez ces malades un problème d'observance des traitements et des règles nutritionnelles et un manque d'éducation à la surveillance glycémique.

Les leaders du marché sont Lifescan (44,4 % de parts de marché en volume) avec One Touch Ultra, muni d'un nouveau logiciel d'analyse de la glycémie plus simple d'utilisation, Roche Diagnostics (36 %) avec Accu Check Active et Accu Check Go, Abbott (5,4 %) avec Optium, Bayer (3,7 %) avec Ascensia.

En 2005, Abbott Diabetes Care a innové avec deux nouveautés : Optium Xceed, pour la mesure de la glycémie et de la cétonémie (mesure réservée jusque-là au milieu hospitalier), et Free Style Papillon Mini, le plus petit lecteur du monde, nécessitant une microgoutte de sang.

Les tests de grossesse ont doublé en cinq ans

Légèrement positif, avec une croissance de 5 % en volume et 5,8 % en valeur, le marché des tests de grossesse (3 millions d'unités et 30 MEuro(s)) est en constante évolution depuis 1993 (+ 100 000 unités par an). Un marché qui a presque doublé en cinq ans, même si l'évolution en France est moindre qu'en Europe pour cause de remboursement des tests en laboratoire (6 MEuro(s) par an) et même si la pratique de prix élevés (entre 9 et 12 Euro(s) pour un prix d'achat de 2,5 à 5 Euro(s)) est dissuasive.

Les tests sont devenus de plus en plus simples d'utilisation : lecture directe et parfaitement lisible en quelques minutes pour le test lancé en 2004 par Clearblue (Unipath), largement en tête des ventes (29,6 % de parts de marché) devant Predictor d'Omega Pharma (15,3 %). Suivent Elle Test (7 %), Primastick, New Test et Révélatest. Le cumul des micromarques (petits prix et moindre qualité) représente tout de même plus de 700 000 tests vendus et 6,4 MEuro(s) de CA.

Faire aussi bien que les Anglais

Du côté des tests d'ovulation, le marché est toujours aussi étroit (91 000 unités, 2,5 MEuro(s)) mais prometteur en raison d'une meilleure connaissance de ces produits, d'une baisse de la fertilité liée à l'âge de la femme au premier enfant (30 ans) et de l'impatience des futures mères. Clearblue affiche une progression en volume de 243 % et Primatime (Matara) devrait passer de 35 000 à 50 000 unités en 2005. Les laboratoires espèrent rejoindre la consommation anglaise qui est actuellement de 250 000 unités par an. Ce segment est monopolisé par Primatime et Clearblue qui détiennent à eux seuls 96 % du marché. Le test Persona (Unipath) est lui en recul de 28 % face à l'utilisation généralisée de la pilule. Menotime (Matara), pour le dépistage de la ménopause, s'écoule à 20 000 unités par an.

Le thermomètre auriculaire plébiscité

Le marché des thermomètres a fléchi de 12,8 % en volume (1 million d'unités) et 10,3 % en valeur (14,8 MEuro(s)) en 2004, après deux années fastes liées à la canicule et au SRAS. Le thermomètre auriculaire (230 000 unités dont 48 % en officine et 35 % de pénétration auprès des ménages), jugé plus pratique (la température est prise en 1 à 3 s), a désormais détrôné le thermomètre électronique classique. Neuf ans après le lancement du premier Thermoscan (Braun), leader devant Omron, on entre maintenant dans un marché du remplacement. Toutefois, les derniers modèles digitaux permettent l'affichage du résultat en 5 secondes, comme pour Baby Temp d'IDT France.

Le prix nettement moins élevé des thermomètres digitaux (10 Euro(s) pour les 60 s, 20 Euro(s) pour les 10 s, 25 Euro(s) pour les thermomètres frontaux, 45 à 55 Euro(s) pour les auriculaires) continue à s'écouler au rythme de 900 000 unités par an. Principaux fabricants : Pharmygiène, La Cooper, Marque Verte, Omron, Sabiluc et Evolupharm.

Les autotensiomètres bientôt 1 million en France

La norme CE « Medical », qui valide les dispositifs médicaux, n'a pas été accordée à tous les thermomètres, tels ceux à infrarouge à prise de température frontale.

Terraillon a lancé en 2004 un thermomètre « trois en un » (températures auriculaire, frontale, ambiante), considéré comme un gadget par ceux qui mise sur la technologie comme Braun dont le dernier Thermoscan, lancé en janvier 2004, a gagné en fiabilité (voyant lumineux et signal sonore permettant de bien positionner la sonde, réduction de l'effet de refroidissement des tissus par l'embout). Les thermomètres auriculaires ont aussi gagné en praticité avec par exemple un écran rétro-éclairé lisible la nuit pour le dernier-né de la gamme Scana (IDT France) et une sonde imperméable nettoyable à l'alcool qui évite l'usage des couvre-sonde.

Les ventes de balances continuent sur une bonne lancée, en particulier les impédancemètres à quatre électrodes (norme NF depuis avril 2005) permettant de mesurer la masse grasse grâce à un courant ultraléger parcourant le corps. Les impédancemètres ont un taux de pénétration de 50 % sur ce marché, soit au global 12 millions d'unités, dont 40 % vendus dans le milieu médical, y compris l'officine. Les leaders sont Tanita, Téfal et Terraillon.

Le segment des autotensiomètres présente cette année la plus forte progression du marché (+ 18,2 % en volume, +14,8 % en valeur) avec respectivement 167 000 unités vendues et 14 MEuro(s) de CA. Une croissance à deux chiffres constante depuis 5 ans. Les professionnels du secteur estiment que la France, sous-équipée à l'heure actuelle (un quart des 8 millions d'hypertendus possède un appareil, un tiers de la population adulte serait atteinte sans être dépistée), atteindra d'ici à trois ans le niveau d'écoulement de l'Allemagne, soit 1 million d'unités par an, pour l'essentiel des tensiomètres de poignet (deux tiers du marché français depuis deux ans).

Les narcotests arriveront à l'officine

Hartmann (40 % de parts de marché en volume, 48 % en valeur), avec la gamme Tensoval, et Omron (respectivement 20 % et 22 %) sont leaders sur le marché pharmaceutique devant Thuasne, Evolupharm, Cooper, Marque Verte, Naïs, IDT France et Braun. Le marché devrait encore croître en raison de l'adhésion des médecins, convaincus de l'importance d'une mesure régulière de la tension dans la bonne observance des traitements. L'avenir sera à l'accélération du temps de mesure, la réduction de la taille, l'augmentation de la capacité mémoire (essentielle) et la possibilité d'une utilisation familiale.

Cholescreen (Matara), seul test quantitatif de mesure de la cholestérolémie, pathologie asymptomatique, s'écoule à 55 000 unités par an. Hemocheck (38 000 unités par an), toujours de Matara, devrait connaître une croissance importante en 2005 grâce à la visite auprès des prescripteurs. ID Pharma travaille toujours sur les narcotests (cannabis, cocaïne, amphétamines, opiacés), institutionnalisés par la Sécurité routière. Certains groupements envisagent leur référencement pour répondre aux besoins des prévenus faisant l'objet d'une injonction thérapeutique.

On le voit, les possibilités de dépistage restent encore vastes. De nombreux autotests sont prêts à l'usage mais non commercialisables à l'heure actuelle : HIV, PSA (souffrance prostatique), streptocoques, chlamydia, traceurs de maladies cardiaques...